Comment les Américains fantasment la puissance chinoise

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Cobalt

Message non lu par Cobalt » 19 janv. 2011, 10:35:00

Dr. Obama and Mr. Hu
Image | 18.01.11 | 15h40  •  Mis à jour le 19.01.11 | 07h18

Basketteur de 2,30 mètres, Yao Ming, vedette des Houston Rockets, a été choisi par Shanghai Lintas Advertising pour être la guest star d'une campagne de publicité lancée aux Etats-Unis, mardi 18 janvier, au moment où le président chinois Hu Jintao devait y commencer sa première visite d'Etat. Objectif : "Promouvoir vigoureusement le développement et la prospérité de la culture socialiste et de notre soft power national", selon les propos d'un employé du Bureau d'information du Conseil d'Etat chinois, commanditaire de l'opération.



Il n'est pas certain que les Américains, quelle que soit la qualité du spot, seront sensibles à ses appâts. Pas seulement parce que, en choisissant Yao Ming, les Chinois montrent combien ils restent éloignés de leur quotidien : star absolue dans l'empire du Milieu, ce basketteur régulièrement blessé voit sa notoriété fondre aux Etats-Unis. Surtout, en ces temps difficiles, cette campagne a peu de chances d'enrayer une sinophobie de basse intensité alimentée par un sentiment diffus du déclin de leur pays associé, dans beaucoup d'esprits américains, à un irrésistible ascendant de la Chine qui suscite de multiples débats et... des fantasmes irrationnels.

Le centre de recherches Pew a ainsi diffusé, mercredi 12 janvier, la dernière version d'un sondage annuel. A la question : "Quelle est la première puissance économique au monde ?", 47 % des sondés répondent "la Chine", 31 % seulement leur propre pays ! Avant l'effondrement financier de 2008, l'opinion plaçait les Etats-Unis nettement devant, à 41 %, contre 30 % seulement à la Chine. Ce basculement reflète les traces profondes laissées par la crise et la "wal-martisation" du pays : de plus en plus d'Américains paupérisés constatent que les produits les moins chers sont souvent étiquetés "made in China". Ils concluent que celui qui leur permet si massivement de s'habiller et de se meubler est devenu le plus fort. Ils ont tort, évidemment : la Chine reste loin des Etats-Unis en termes de richesse. Mais en fantasmant une superpuissance économique chinoise, les Américains accréditent l'idée de leur propre déclin.

Les "anti-déclinistes" rappellent que ce n'est pas une première. Dans les années 1980, une blague parcourait le pays. Que ferait Washington si la troisième guerre mondiale éclatait ? Réponse : d'abord, bombarder Pearl Harbour ! A l'époque, en plus de Columbia et du Rockefeller Center, les Américains voyaient les Nippons acheter tout Hawaï. Leur économie paraissait invincible. Aujourd'hui, personne ne s'en souvient ; ni de la nippophobie qui l'accompagna. Les "anti-déclinistes" notent que, pareillement, la hantise de la Maison Blanche et du Congrès vis-à-vis du "yuan dévalorisé" est un faux débat. L'appréciation de la devise chinoise de 5 % aurait un impact sur le PIB américain de "0,00 quelque chose", nous disait récemment Jan Hatzius, chef économiste de Goldman Sachs.
De même contestent-ils la réalité du déséquilibre commercial sino-américain. Les vieux critères de calculs, disent-ils, sont devenus inopérants. Un exemple : catalogué made in China, l'iPhone pèse officiellement pour 1,9 milliard de dollars dans le déficit commercial américano-chinois. Or des chercheurs de Palo Alto ont calculé qu'en réalité la Chine n'entre que pour 3,6 % dans sa valeur (elle ne fait que l'assembler). Certes, les Etats-Unis ne font pas beaucoup mieux (6 %), mais les entreprises japonaises y contribuent pour 34 %, les allemandes 17 %, les sud-coréennes 13 %, etc. Assimiler l'iPhone à un "produit chinois" est donc un leurre. La Chine, combien de prix Nobel scientifiques ? demandent-ils encore (la réponse est : zéro).

Ces voix notent avec satisfaction que le secrétaire au Trésor, Tim Geithner, dans son dernier discours, a minoré la question du yuan pour insister sur des thèmes plus importants : la fin des "pratiques qui violent les engagements internationaux" (vol de propriété intellectuelle, rétro-ingénierie et copiage des brevets systématique, protection de "l'innovation autochtone"...), et l'amélioration de la demande intérieure chinoise. Ces enjeux - avec le recul de la domination stratégique des Etats-Unis - alimentent aussi la vision "décliniste", que Gideon Rachman résume ainsi dans le dernier Foreign Policy : "Le déclin américain, on connaît la rengaine. Sauf que cette fois c'est différent." L'argumentaire de ce camp apparaît à l'opinion plus convaincant parce que plus simple : alors que l'influence globale des Etats-Unis recule, celle de la Chine, même si elle en reste loin, progresse - et à un rythme plus rapide que prévu.

La sortie prochaine d'un avion de ligne et d'un porte-avions chinois est venue renforcer ces craintes. D'autant que le régime de Pékin instille chez les Américains un doute quasi identitaire. Liberté et initiative individuelle sont les mamelles de la prospérité, clame leur doxa officielle. Or le capitalisme rouge, dominé par un Etat planificateur et antidémocratique, s'avère économiquement plus efficace. Au sortir de la crise, alors que la Réserve fédérale prévoit 3,4 % de croissance aux Etats-Unis en 2011, à Pékin, l'agence de planification économique table sur 8 % (après 10,1 % officiels en 2010). L'agence de planification ? Brrr... C'est dans ce pays désorienté que débarque Mister Hu. Au docteur Obama, Henry Kissinger conseille dans le Washington Post de ne pas oublier ces évidences : "L'exceptionnalisme américain considère naturel de conditionner son attitude vis-à-vis d'autres sociétés à leur acceptation des valeurs américaines. (...) En situation de blocage, les négociateurs américains deviennent agités et impatients..." Avec les Chinois, ce n'est pas la bonne méthode, juge l'homme qui a procédé aux retrouvailles historiques avec la Chine de Mao.

J'ai mis cet article dans détente car la lecture m'a fait rire aux éclats,d'autant que je suis moi même assez encline à la panique icon_biggrin

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 19 janv. 2011, 20:22:00

Les "anti-déclinistes" rappellent que ce n'est pas une première. Dans les années 1980, une blague parcourait le pays. Que ferait Washington si la troisième guerre mondiale éclatait ? Réponse : d'abord, bombarder Pearl Harbour ! elle est excellente celle là , non ? icon_biggrin

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