Billet d'humeur :

Ici on parle de tout, sauf de politique
Cobalt

Billet d'humeur :

Message non lu par Cobalt » 22 août 2011, 18:30:18

Conseils d'un restaurateur contre le déficit : commencez par la TVA

Par Xavier Denamur


En qualité de restaurateur appartenant aux 0,01% des Français les plus riches, Xavier Denamur, opposé à la baisse de la TVA dans la restauration, fait part à Nicolas Sarkozy de ses suggestions pour l'aider à prendre de bonnes décisions sur les arbitrages fiscaux.

Monsieur le Président,

Bien que mon dernier courrier concernant la baisse de la TVA dans la restauration ne vous ait pas empêché de choisir la mauvaise option pour mon secteur comme pour la France, je me permets, compte tenu du contexte économique et social actuel, de renouveler ma démarche et de vous formuler quelques conseils de bon sens pour éviter à notre pays de perdre à plus ou moins long terme son triple A et de s'enfoncer dans une longue récession.

Le 24 août [date à laquelle le gouvernement dévoilera ses pistes pour réduire les déficits publics, ndlr], au lieu de gratter quelques milliards d'euros à droite et à gauche pour tenter de garder la confiance des marchés et risquer de désagréger encore plus la cohésion sociale, vous feriez mieux d'envoyer un signal fort aussi bien au marché qu'à nos concitoyens. Faites des arbitrages dont les incidences permettront effectivement de trouver au moins 10 milliards d'économies mais surtout conduiront à dynamiser la croissance et à réduire la fraude sociale et fiscale qui s'élève à plusieurs dizaines de milliards d'euros par an.

Le discours populiste et électoraliste selon lequel on n'augmente pas les impôts relève d'une idéologie archaïque qui prend son inspiration dans le modèle mis en place aux Etats-Unis à l'époque du président Reagan, cela a mené la première puissance économique du monde au bord du gouffre.

Il est temps de vous affranchir de cette pensée unique dictée par les grands lobbies financiers et industriels. En attendant qu'un candidat à la présidentielle propose enfin un projet de société novateur pour 2012, et si vous êtes encore un minimum concerné par l'avenir de notre pays, vous pourriez tout de suite décider quatre mesures simples pour soulager nos finances publiques et orienter notre économie vers une croissance durable.

1
La TVA sur la restauration

► Récupérer 3 milliards d'euros en remontant la TVA pour toute la restauration dont la vente à emporter et l'hôtellerie, dont le chiffre d'affaires était de 84,8 milliards d'euros en 2008 d'après l'Insee.

Cette mesure permettrait de rentrer près de 10 milliards d'euros par an dans les caisses de l'Etat. Naturellement, il ne s'agirait pas d'allouer l'ensemble de cette manne fiscale à la réduction du déficit public et du remboursement de la dette, mais d'en consacrer une grande partie (7 milliards) pour dynamiser durablement ce secteur en élaborant un certain nombre de propositions qui permettraient :

d'améliorer les salaires et le contenu des assiettes ;
d'attirer un grand nombre de jeunes ;
d'endiguer la fraude sociale et fiscale, très élevée dans ce secteur ;
d'aider principalement le développement de TPE et PME ;
ou encore de favoriser l'investissement.

Cette mesure n'aura que peu d'incidence sur le pouvoir d'achat de la majorité des Français, les restaurateurs n'augmenteront pas leur prix de peur de voir encore leur image se détériorer et la clientèle hôtelière est principalement composée de touristes, de femmes et d'hommes d'affaires qui récupèrent la TVA et de citoyens aisés.

2
Les allègements de charges

► Récupérer 3 milliards d'euros sur les 22 que perçoivent les entreprises grâce aux allégements de charges accordés par Raffarin suite au passage aux 35 heures. Vous pourriez utiliser les 19 milliards restants pour enfin mener une politique salariale dynamique en incitant les entreprises, principalement les TPE et PME, à bien rémunérer et former leurs salariés.

Permettez-moi, monsieur le Président, de vous rappeler que c'est l'activité qui crée des emplois et non la distribution à l'aveuglette de deniers publics. Il n'a jamais été démontré que cette trappe à bas salaires, comme la nomment souvent certains représentants politiques éclairés, ait eu une quelconque incidence sur l'embauche. Il est temps d'agir dans l'autre sens et d'inciter avec cette somme rondelette les patrons à mieux payer leurs salariés, à investir et à innover.

3
La niche Copé

► Récupérer 4 milliards d'euros de la niche Copé sur les exonérations sur les plus-values de cessions de filiales, dont aucune étude n'est venue prouver l'efficacité.

Les grandes entreprises que vous aimez tant cajoler bénéficient déjà d'une fiscalité très avantageuse, il n'y a aucune raison de maintenir ce dispositif.

4
La défiscalisation des heures supplémentaires.

► Récupérer 4 milliards d'euros sur la défiscalisation des heures supplémentaires, dont le dispositif a principalement servi dans certains secteurs comme la restauration ou le bâtiment à officialiser des heures non déclarées, comme l'a décrit le rapport du comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques. Il n'y a aucune raison de favoriser les mauvais élèves et de freiner les embauches.

Naturellement, vous pourriez allouer quelques centaines de millions d'euros sur ces sommes à la lutte contre la fraude sociale et fiscale en redonnant les moyens de contrôle aux différentes administrations concernées qui souffrent de vos coupes budgétaires et de votre programme du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux.

Comme vous le savez le président de la Cour des comptes a estimé dernièrement à 3 milliards d'euros les économies réalisées par le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux pendant huit ans, soit le même montant que le coût annuel de la baisse de la TVA dans la restauration.

Permettez-moi enfin, monsieur le Président, de vous rappeler que selon une étude de l'Insee, les contribuables dont les revenus dépassent 687 862 d'euros payent en moyenne 20% d'impôts.
Il serait donc grand temps de faire le ménage dans les niches fiscales et de mettre en place pour cette poignée de privilégiés dont je fais partie un dispositif pérenne qui empêche de descendre son taux d'imposition réel sous 40%, voire 50% pour ceux qui gagnent plus d'1 million par an et 60% pour les rares contribuables dont les revenus dépassent 10 millions annuellement.

Espérant que contrairement à 2007 et 2009 pour ce qui concerne mon secteur, vous saurez prendre les bons arbitrages et que contrairement à votre ancien ministre, monsieur Hervé Novelli, vous ne trouverez pas que je crache dans la soupe, je vous prie, monsieur le Président, de croire en l'expression de mes salutations distinguées.
Je ne sais pas où poster cela alors je le mets là.

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Nombrilist
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Re: Billet d'humeur :

Message non lu par Nombrilist » 22 août 2011, 18:39:42

Ben dis-donc. Je suis à 100% d'accord avec ce mec, et pourtant je suis sur qu'il vote à droite. Il y en a un de nous deux qui se goure de bulletin icon_cheesygrin

Cobalt

Re: Billet d'humeur :

Message non lu par Cobalt » 22 août 2011, 18:42:31

Il y a un moment où les gens finissent par se rendre compte que trop c'est trop,et à force ça va péter !

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Mara-des-bois
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Re: Billet d'humeur :

Message non lu par Mara-des-bois » 22 août 2011, 20:11:00

Cobalt a écrit :(...)

Je ne sais pas où poster cela alors je le mets là.

Je ne suis pas assez au fait pour savoir si ce billet ets juste ou non, mais s'il l'est, je suis d'autant plus d'accord qu'autour de moi, on paye 50% d'impot sans toucher les revenus de Mamyy Gaga, pardon, mâme Bettencourt.


Mab -l'ai-je bien orthographiée ?-

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Golgoth
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Re: Billet d'humeur :

Message non lu par Golgoth » 22 août 2011, 20:13:13

Un résumé de tout ce que ce dit en ce moment chez les gens éclairés. On verra ce que fera le prochain président, mais les marges de manœuvre existent.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

Cobalt

Re: Billet d'humeur :

Message non lu par Cobalt » 22 août 2011, 20:27:06

C'est bien pourquoi,j'ai du mal à comprendre qu'il reste encore des sarzistes....Cela dit de moins en moins encore pour l'instant.

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Re: Billet d'humeur :

Message non lu par Nombrilist » 22 août 2011, 21:01:09

Il y a de moins en moins de Sarkozystes, mais ces gens croient qu'avec Fillon ou Copé, les choses seraient différentes.

lancelot
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Re: Billet d'humeur :

Message non lu par lancelot » 22 août 2011, 22:01:24

C'est une erreur , le fonds de commerce de la droite qu'elle soit fillonesque, copéiste, dupont teigneuse ou borléenne , c'est les gros riches .... il faut donc leur faire plaisir.

J'ai volontairement évité sarkozienne car , à l'instar de l'affaire Dsk .... vu du coté du procureur, 2012 nous montrera que l'on peut être le plus mauvais président de l'histoire de france, en s'en rendant compte le dernier, c'est à dire une fois que tout le monde vous a laché, afin de sauver sa peau ... ou du moins tenter de sauver sa peau.

Cobalt

Re: Billet d'humeur :

Message non lu par Cobalt » 24 août 2011, 13:56:03

Un autre petit billet d'humeur pour la route^^
Communication de crise

Par Jacques Rosselin, directeur de la rédaction de La Tribune

Le terme "communication de crise" est habituellement utilisé pour évoquer les efforts d'une entreprise dans la tourmente et la mise en oeuvre d'un plan média subtil et minutieux. La crise est bien là, massive. La subtilité en revanche l'est moins. Il est vrai que les périodes électorales ne la favorisent guère. La récente prestation du duo Sarkozy-Merkel ("Merkozy" pour les espiègles) en est une navrante illustration.

La très médiatique "taxe Tobin" sur les transactions financières fait toujours son petit effet, même si, City oblige, elle n'a aucune chance d'aboutir. Plus fort encore, la Règle d'Or. Non, il ne s'agit pas d'un jeu télévisé mais d'un produit rudement efficace. Voyez plutôt : vous l'appliquez avec soin sur une vieille Constitution et la vilaine tache de la dette disparaît, comme par magie ! Dommage que les "marchés" n'achètent pas...

Mais la palme revient sans conteste à l'opération récemment lancée par deux grands communicants, Warren Buffett et Maurice Lévy, relayée (bien entendu) par un grand hebdomadaire de centre gauche. Une brochette de 16 patrons y lancent un appel vibrant : "Taxez-nous !" s'écrient ces « très riches », main sur le coeur. Plaident-ils pour une tranche supplémentaire de l'impôt ? Un élargissement de son assiette ? Que l'on se rassure, il s'agit d'une « contribution exceptionnelle » accordée du bout des doigts. Une obole fiscale en quelque sorte au moment même où, ironie du sort, se remplissent les demandes de remboursement liées au bouclier fiscal.

Personne n'est dupe, y compris au sein de la majorité. Jean Arthuis, président de la commission des Finances du Sénat, appuyé par de nombreux parlementaires, propose par exemple de créer une nouvelle tranche marginale de l'impôt sur le revenu, à 46% contre 41% aujourd'hui, pour les revenus supérieurs à 150.000 euros, comme en Allemagne ou plus récemment au Royaume-Uni. Voilà qui est plus sérieux. Et autrement plus convaincant que cette dangereuse "communication de crise".
jrosselin@latribune.fr -

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Nombrilist
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Re: Billet d'humeur :

Message non lu par Nombrilist » 24 août 2011, 14:25:17

Tout à fait d'accord avec Jean Arthuis.

Cobalt

Re: Billet d'humeur :

Message non lu par Cobalt » 24 août 2011, 14:28:50

+ 1^^

Cobalt

Re: Billet d'humeur :

Message non lu par Cobalt » 27 août 2011, 15:30:28

Tous ruinés dans dix mois?

Si les hommes politiques se conduisent enfin en hommes d'Etat et prennent la mesure de la gravité de la situation, les solutions existent pour sortir l'Europe de la crise.
- Un homme donne de l'argent à une mendiante de Managua au Nicaragua. Oswaldo Rivas/Reuters -
L'AUTEUR
Jacques Attali Jacques Attali est un des fondateurs de Slate.fr. Il en préside le conseil de surveillance. Economiste, écrivain, éditorialiste à l'Express, Président de PlaNet Finance. Il est l'auteur de nombreux essais, biographies, pièces de théâtre et romans dont récemment «Demain, qui gouvernera le monde?» Site: http://www.attali.com Ses articles


Les marchés ne laissent aucun répit aux peuples aussi longtemps que les hommes politiques ne se conduisent pas en hommes d’Etat.
Cette vieille loi, valable depuis des siècles, est aujourd’hui d’une cruelle actualité.

Il ne sert a rien de refaire l’Histoire; de répéter que si les décisions prises au dernier sommet européen l’avait été 18 mois plus tôt , il n’y aurait pas de crise de l’euro aujourd’hui, car l’eurozone disposerait de l’outil technique et de l’arme juridique pour contrer la spéculation. En particulier, les banques ne pourraient plus, en même temps et au sein du même établissement, constater des pertes sur les emprunts d’Etat d’un pays et vendre à découvert ces mêmes obligations.

Il est désespérant d’avoir à répéter qu’existe aussi une solution aux problèmes structurels de l’Eurozone; une solution que beaucoup proposent depuis des années: la mutualisation d’une part plus grande de la TVA entre pays de l’Union, pour financer le service d’eurobonds émis par une entité ad hoc de l’euro zone. Ces eurobonds pourraient utilement se substituer à une partie des dettes nationale et permettre à l’Europe de réinventer son avenir industriel, entrepreneurial et technologique; et de rembourser sa dette par la seule manière raisonnable, la croissance. Cela ne dispenserait pas d’effort les pays les plus endettés ; c’est à leur portée: il suffirait par exemple de taxer pendant dix ans de 1,5% la fortune privée des Italiens (qui est, en proportion, près de 25% supérieure a celle des autres européens) pour faire disparaître la dette publique de ce pays.

Seulement voilà: les dirigeants européens, sous l’influence de groupes de pression a courte de vue, et incapables de penser la politique hors des exigences de la finance, n’ont pas cru à la gravité de la dynamique en marche depuis la fin de 2007. Ils se sont contentés de naviguer au plus près, d’illusoires sommets européens en G20 de pacotille, repoussant les échéances par des mesures minuscules et de déclarations contradictoires.

S’ils ne veulent pas rester dans l’Histoire comme les fossoyeurs de l’euro, et de l’Union, les dirigeants européens doivent agir très vite. Ils doivent convoquer un nouveau sommet de l’eurozone, qui décidera enfin de ce pas nécessaire vers le fédéralisme en Europe. Et qui, en attendant que cela puisse entrer en vigueur, après le vote des parlements nationaux, qui devront pour cela être convoqués au plus tôt, autoriserait la BCE à défendre la valeur de l’euro et la liquidité du système bancaire par tous les moyens a sa disposition, même les moins orthodoxes.

S’ils ne le font pas, ou s’ils ne réussissent pas à convaincre leurs partenaires de le faire avec eux, les événements continueront de s’enchaîner vers le pire. Ceux qu’on accusait, il y a peu encore, de pessimistes, passeront alors pour de doux rêveurs. En particulier, dans ce cas, les élections présidentielles françaises se dérouleront dans un contexte de débandade, de remise en cause de l’existence même de l’union et d’une récession plus grave encore que celle de 2008.

Alors, les peuples rappelleront à ceux de leurs dirigeants qui n’auront pas su maintenir l’Europe comme la région économique la plus riche et la plus prospère du monde la dimension tragique de l’Histoire.

Jacques Attali

Cet article a été également publié par L'Express
http://www.slate.fr/story/42211/tous-ru ... ois-attali

Cobalt

Re: Billet d'humeur :

Message non lu par Cobalt » 28 août 2011, 13:31:44

Croissance économique : une obsession absurde

L'idée semble faire consensus : la croissance nous sortira de la crise. Reste deux questions majeures : qu'entend-on précisément par "croissance" ? Ne faisons-nous pas fausse route ?





Crédit Reuters

Lorsque les marchés financiers auront achevé de dévaster nos sociétés et nos esprits, ce sera un jeu de reprendre une à une les obsessions quasi-religieuses qui nous trottaient dans la tête, du temps de leur omnipotence. Celles qui nous hypnotisaient et nous faisaient admettre que les cours de la Bourse étaient la quintessence même du cours de notre vie.

Par exemple, la prévision de croissance. Depuis des années, plus aucune décision politique ne se prend sans consulter les augures économiques sur la croissance à venir. Et ces pythies se livrent entre elles, dans leurs temples modernes appelés INSEE, Rexecode, OCDE, FMI, à des formules et des incantations mystérieuses pour finalement rendre un verdict implacable, qui autorise ou non nos gouvernements à mettre en oeuvre les politiques pour lesquelles ils sont élus.

La France vient encore de donner le spectacle grandiose de cette consultation antique des augures, en bordant à la hâte un plan de rigueur pour tenir compte de l’abaissement de la prévision de croissance à 1,75%. De quel vol d’oiseau ? De quelle entraille de pigeon ? de quel marc de café? Les économistes autorisés par le pouvoir à lire l’avenir collectif ont-ils tiré cet enseignement qui pousse un gouvernement démocratiquement élu à prendre des mesures à 12 milliards d’euros ?

Je mets ici au défi n’importe quel député qui devra adopter la loi de finances 2012 : qu’il m’explique précisément quelle méthode est suivie pour prévoir la croissance et je vote pour lui jusqu’à la fin de mes jours. En vérité, nous avons collectivement depuis des années renoncer à maîtriser notre destin et, à la manière des anciens Romains, nous nous remettons à des dieux anthropomorphes et à leurs augures plus ou moins malveillants le soin de choisir pour nous les grandes décisions collectives.
La croissance : dogme religieux radicalement impensé...

Dans la prise de conscience que nous devons mener vis-à-vis de nos croyances religieuses modernes, la compréhension de la croissance doit jouer un rôle essentiel. Car, depuis 30 ans, nous vivons sur un dogme religieux radicalement impensé : le bonheur de l’après-guerre, le sel des Trente Glorieuses, s’explique tout entier par la forte croissance de nos économies. C’est donc en retrouvant la croissance que nous résoudrons tous les problèmes de la société française. La croissance est en soi le projet de société qui dicte les discours de droite comme de gauche.Et qu’est-elle au juste cette croissance?

Dans son espèce d’ambiguïté paroxystique vis-à-vis de l’argent et des marchés, Nicolas Sarkozy a eu le mérite de poser politiquement la question à Joseph Stiglitz et d’autres. Il est probablement l’un des seuls chefs d’État à avoir aussi clairement laissé transparaître ses doutes sur le foi officielle et sur l’existence des dieux du Panthéon. Et depuis le fameux rapport Stiglitz sur la croissance, c’est-à-dire depuis 2009, la France ne peut plus dire tout haut qu’elle ignore ce que les économistes savent tout bas depuis longtemps.

D’abord que la croissance n’a jamais fait le bonheur. Comme l’avait dit Christine Lagarde : « on sait depuis les années 1970 que la hausse du PIB n’entraîne pas mécaniquement une hausse du bien-être ressenti par les individus ».

Ensuite, que la croissance, c’est un simple agrégat économique qui mesure l’évolution de la valeur ajoutée. Autrement dit, la somme des chiffres d’affaires des entreprises. Pour le meilleur comme pour le pire. Une école se construit ? Le PIB augmente. L’école est gratuite ? Le PIB stagne. L’école est payante ? Elle dégage du chiffre d’affaires, et le PIB augmente. On construit une maison ? Le PIB augmente. On la garde de père en fils ? Le PIB stagne. Un tremblement de terre la détruit et il faut la reconstruire ? Le PIB augmente.

Ce n’est que cela la croissance. La somme des échanges économiques, pour le meilleur lorsque cela apporte du bien-être, pour le pire lorsque ces échanges correspondent à des événements négatifs.
... responsable en partie de l'endettement français

Pour relancer cette fameuse et mystérieuse croissance, nous nous endettons constamment depuis 30 ans. Jusqu’à l’excès. Jusqu’à la déraison. C’est le propre des dogmes religieux que de pousser les croyants à agir en toute bonne foi, mais en dépit du bon sens. En réalité, n’importe quel gouvernement, de droite comme de gauche, se serait damné, et même s’est damné, pour gagner ne serait qu’un demi-point de croissance, comme une concession qu’on arrachait aux dieux à force de libations et d’offrandes. Résultat ? La somme des dettes contractées pour ces offrandes non seulement est infiniment supérieure aux résultats obtenus, mais même est si coûteuse que nous sommes au bord de la faillite.

Les vieux sceptiques, comme moi, se régaleront à la lecture de la tribune de Christine Lagarde dans le Financial Times du 16 août : « Le moment est venu de raviver cet esprit, non seulement pour conjurer tout risque de rechute, mais aussi pour mettre l’économie mondiale sur la voie d’une croissance robuste, soutenue et équilibrée.». Les anciens disaient: errare humanum est, perseverare diabolicum ("l'erreur est humaine, persévérer relève du diable").
http://www.atlantico.fr/decryptage/indi ... 69759.html

pierre30
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Re: Billet d'humeur :

Message non lu par pierre30 » 29 août 2011, 08:12:31

Apparemment c'eest pas le bon lien.

Sur le fond j'adhère. Surtout si la croissance a pour but associé de permettre l'endettement.


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