[/align]Il y a un peu plus d’un an, le 10 mars 2014, nous lancions la rubrique « Les Décodeurs » sur LeMonde.fr, dédiée à un travail sur les données, le contexte, les vérifications. Saluée par les uns, contestée par d’autres, notre méthodologie a – souvent nous l’espérons – permis de belles réalisations éditoriales. Avec parfois des déceptions. Surtout, nous avons beaucoup expérimenté. Et on s’est bien amusés, j’avoue.
En fait, je voulais ici partager un retour d’expérience : comment on déploie une cellule et une pratique quotidienne en « data ». Et lister les quelques idées et bonnes pratiques qui émergent au bout d’un an.
1. Vérifier, expliquer, montrer, écouter
Le point de départ de la réflexion autour des Décodeurs est simple : les questions que se pose l’audience ne sont pas celles que se posent les journalistes. Nous manipulons chaque jour une information faite d’éléments techniques, de notions complexes, de subtilités. Ne pas les expliquer, ne pas les questionner, ne pas les définir, c’est laisser subsister erreurs d’interprétation, clichés, voire rumeurs ou intox. Et ne pas écouter son audience, une plus grande erreur encore. En un an, nous avons fait des dizaines de sujets inspirés par des questions ou des réactions d’internautes, qui ont rencontré une audience massive.
Le travail des décodeurs, ce n’est plus seulement de chercher et de diffuser l’information. L’information, en 2015, elle coule naturellement. La plupart des ados ne lisent pas la presse, ne regardent pas le JT, mais ils connaissent généralement les grandes actus du jour, ne serait-ce que via les réseaux sociaux. Et si on n’est plus maîtres de la diffusion de l’info ni de sa production, on peut rester ceux qui la vérifient, la valident, l’explicitent, la rendent accessible. C’est cela, l'« explainatory journalism », avant d’être des papiers à graphes. C’est revenir aux faits. Et lutter contre les clichés, les intox, les idées reçues, les mensonges.
>> En voici 40 exemples
2. Oui, on peut utiliser la data au quotidien
Une autre leçon de cette année, c’est qu’on peut avoir une approche du datajournalisme qui ne se limite pas aux « grosses » productions interactives. Je n’ai rien contre ces productions, au contraire, nous en faisons régulièrement. C’est parfois bluffant, souvent extrêmement intéressant, mais long à produire, encore trop souvent peu compatible avec les mobiles, et parfois difficile d’accès pour un public non initié.
On peut aussi utiliser la donnée et les graphes de manière plus simple, avec des outils qui permettent de produire très rapidement une courbe, une carte, un treemap (c’est ceci) même, qui souvent résument rapidement des points complexes à expliquer en texte. Et qui sont produits au rythme d’un site d’info en continu, et réutilisables pour d’autres articles.
Ce qui n’empêche pas de développer également des productions plus ambitieuses régulièrement. Si je me lance dans le catalogue de toutes celles dont je suis fier on ne va jamais finir ce billet, donc allez voir ce « best of » de nos dataviz.
(...)
10. Et maintenant ?
Nous attaquons donc la saison 2. Avec un peu plus d’assurance, évidemment, et avec pas mal d’idées et d’ambitions, de développements en cours. Notamment celle d’aller beaucoup plus loin en matière d’utilisation, mais aussi de collecte, de stockage, de traitement automatique des données.
Les projets sont nombreux – mobile, présidentielle, déploiements en matière de data, dialogue avec l’audience – et avec eux les réflexions qui les accompagnent Ce pôle pose plein de questions à différents niveaux, que ce soit dans la production éditoriale ou sur son positionnement dans de la rédaction. Et, se poser des questions, pour un média, ce n’est jamais un mal.
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