Ici, on peut réellement parler d'un lobby hôtelier. Les hôtels sont onéreux et offrent même, la plupart du temps, moins de services que les particuliers. Pour être passé à deux reprises par Airbnb, que j'ai connu grâce à un lien d'El Fredo, je recommande vivement de passer par ce service pour trouver une location de vacances. Même si tout dépend de l'hôte chez qui on est accueilli, j'ai été très satisfait de mon séjour : on a pu cuisiner à notre guise (les hôtels premiers prix ne mettant pas à disposition de frigo pour les produits frais et encore moins de plaque de cuisson).Quelle stratégie adopter face à Airbnb? C'est le casse-tête des mairies depuis que le site leader dans la locations de meublés touristiques est venu concurrencer sérieusement le secteur hôtelier et créer un appel d'air auprès des multipropriétaires. Présent dans 40.000 villes à travers 190 pays et ayant fait voyager plus de 17 millions de personnes depuis sa création en 2008, Airbnb voit de plus en plus de lois encadrant spécifiquement cette activité être adoptées pour éviter les abus.
Même s'il se refuse à avancer des chiffres, le site préférant rester discret sur le sujet, ces restrictions juridiques menacent la croissance d'Airbnb avec de lourdes amendes lorsqu'elles ne sont pas respectées. "Je suis désolé mais nous n'avons pas le choix. Ce n'est plus possible de vous louer l'appartement sans enfreindre la loi. Les amendes sont très élevées et les contrôles ont été renforcés ces derniers temps", a ainsi expliqué début septembre le propriétaire d'un appartement à Madrid à un internaute français qui avait réservé son 3-pièces plusieurs mois à l'avance sur Airbnb.
Depuis juillet un décret encadre la location de meublés touristiques dans la capitale madrilène. Désormais, un propriétaire n'a le droit de louer son bien que s'il ne s'agit pas de sa résidence principale et pour une période qui ne doit pas être inférieure à cinq jours. Les hôtes ont également l'obligation d'inscrire leur appartement sur un registre regroupant les hébergements touristiques et doivent clairement afficher les prix sur leurs portes. De quoi les inciter fortement à bien déclarer les revenus générés. Ils n'ont pas non plus le droit de louer seulement une chambre. Madrid comptait jusqu'alors près de 8.000 annonces, mais ce durcissement va inévitablement en réduire le nombre.
Airbnb touché directement au portefeuille
Toujours en Espagne, Barcelone est entrée en guerre avec Airbnb. La cité catalane a même été la première à infliger, en juillet, 30.000 euros d'amende au site pour refus de retirer des annonces jugées illégales car non inscrites dans leur registre touristique. Si Airbnb a payé cette amende, elle n'en a pas moins continué à diffuser les annonces, ce qui lui a valu une nouvelle amende de 1.500 euros en septembre de la part du gouvernement régional. Airbnb, qui juge cette loi obsolète, a fait appel de cette décision.
Sa ligne de défense? La plateforme ne fait que mettre en relation des voyageurs et des personnes qui veulent les accueillir dans leurs logements et c'est à chacun de se mettre en conformité avec la loi en vigueur dans chaque ville. En attendant, le site fait du lobbying auprès de responsables locaux pour "développer des règles adaptées permettant aux habitants de louer occasionnellement leurs logements". L'enjeu est important: Barcelone se situe dans le top 4 des villes qui accueillent le plus de touristes avec Londres, Paris et New York. (...)
A New York, la ville qui a vu débuter Airbnb, le site fait ainsi du surplace depuis trois ans et l'application d'une loi sur les "hôtels illégaux". Les particuliers ne peuvent tirer un revenu d’une location de moins de 29 jours s’ils ne se déclarent pas hôteliers ou s’ils ne sont pas présents dans le logement durant la location. Autrement il s'agit d'une concurrence aux hôtels. Et la pression ne fait qu'augmenter car selon une récente étude 2/3 des 20.000 annonces seraient toujours illégales dans Big apple. (...)
En Europe, Berlin a adopté en mai dernier une loi qui oblige ceux qui sont déjà sur Airbnb (près de 10.000 annonces) à s'enregistrer. Ils obtiennent un délai de grâce de deux ans leur permettant de constituer les pièces pour une demande de permis de louer définitive. (...)
Dans l'Hexagone, en principe, il n'y a pas d'autorisation préalable à obtenir pour louer tout ou partie de sa habitation dans la limite de quatre mois par an. Selon les derniers chiffres, 100.000 Français louent ainsi un logement, dont 83% leur résidence principale. Mais s'il s'agit d'une résidence secondaire, la règle change. A Paris (30.000 annonces), dans les Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne et, hors Ile-de-France, dans les villes de plus de 50.000 habitants, il faut obtenir l'accord de la mairie car il s'agit d'un changement d'usage du lieu. (...)
Amsterdam, un modèle?
La stratégie d'Airbnb est d'arriver dans une ville, même s'il faut placer ses hôtes dans l'illégalité, pour ensuite faire changer la législation en vigueur une fois que le service est devenu incontournable. C'est ce qui s'est passé encore dernièrement à Amsterdam. Une loi de février 2014 permet désormais de louer sa maison à quatre personnes à la fois jusqu'à deux mois à condition de payer impôts et taxes de séjour. Les locataires peuvent également le faire. C'est la première loi Airbnb-friendly à créer la catégorie de "location de vacances privée". Airbnb aimerait bien que beaucoup de municipalités s'en inspirent.
Challenges
Mes séjours se sont déroulés aux Pays-Bas, qui ont bien accueilli l'arrivée d'Airbnb. Pour le reste, les municipalités qui la refusent ont des œillères : ils sous-estiment les rentrées d'argent grâce au tourisme (moins d'argent dépensé pour les hôtels = plus d'argent pour les attractions touristiques). Ça ne m'étonne pas du tout de Madrid, administré par le parti de Rajoy... Certains qui font l'amalgame entre libéralisme et capitalisme ont ainsi un parfait exemple : le libéralisme vise à rendre l'offre plus large et à laisser les hôtels s'adapter à cette concurrence ; le capitalisme vise pour le lobby hôtelier à garder sa suprématie.
Quant à la France, elle aurait tout intérêt à laisser Airbnb agir.