Il y a ceux, comme le député PS Jacques Cresta, qui croient discerner un lien entre les jeux vidéo dits violents et les attentats de janvier 2015. Et puis il y a le gouvernement, qui s'apprête à réformer les subventions accordées à l'industrie du jeu vidéo, de manière à y inclure les jeux destinés aux plus de 18 ans, qui en étaient jusqu'à présent exclus.
La secrétaire d'Etat au numérique, Axelle Lemaire, a annoncé mercredi 29 avril sur son compte Twitter avoir apposé sa signature à un décret en ce sens, qui fait suite à deux amendements votés en décembre 2013 et dont l'industrie attend toujours la mise en application.
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Quels jeux sont concernés ?
Le gouvernement est sur le point d'élargir le dispositif de crédit d'impôt aux « jeux vidéo spécifiquement destinés à un public d'adultes et qui sont commercialisés comme tels, sous réserve du caractère significatif de leur contribution au développement et à la diversité de la création française et européenne ».
Concrètement, les jeux vidéo français étiquetés « + 18 » par l'organisme de classification européen, le PEGI, pourront désormais bénéficier d'une prise en charge de leurs coûts de développement à hauteur de 20 % de ceux-ci. Des titres comme Dishonored (développé par les Français d'Arkane Studios), Heavy Rain (Quantic Dream), ou encore ZombiU (Ubisoft Montpellier) auraient été concernés si la mesure avait été en place au moment de leur développement.
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Pourquoi financer des jeux vidéo dits violents ?
Essentiellement pour des raisons économiques : la France, qui comptait à la fin des années 1990 parmi les principaux producteurs mondiaux de jeux vidéo, a depuis reculé au huitième rang, tandis que le Québec drainait les talents hexagonaux, jusqu'à s'imposer aujourd'hui comme la plus grosse usine à blockbusters du monde.
Le Québec a bâti son industrie sur une politique fiscale agressive. C'est la raison pour laquelle la France a mis en place un système similaire, quoique de moindre ampleur, en 2007. Néanmoins, ce dernier n'a eu qu'un impact limité, car les jeux vidéo « +18 », qui correspondent souvent aux grosses productions générant le plus d'emploi et de ventes, en sont exclus.
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Les jeux vidéo « +18 » sont-ils si violents ?
Selon le descriptif du PEGI, cette classification s'applique « lorsque le degré de violence atteint un niveau où il rejoint une représentation de violence crue et/ou inclut des éléments de types spécifiques de violence », et de manière générale, « les représentations de violence qui donnent au spectateur un sentiment de dégoût ».
La production de jeux adultes est hétérogène et certains de ces titres sont bel et bien capables de susciter un sentiment de malaise par leur violence morale gratuite.
Néanmoins, il serait exagéré de réduire l'ensemble de la production estampillée « +18 » à ces cas extrêmes. ZombiU est avant tout un simple jeu de zombie, Mortal Kombat patauge depuis longtemps dans l'humour gore, et des jeux de guerre d'apparence bas du front cachent parfois des vraies réflexions pacifistes, comme Spec Ops : The Line.
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