Le Front national a réalisé un score historique au premier tour des élections municipales. Une montée en puissance qui coïncide avec le délitement du « front républicain » et pourrait bénéficier du brouillage créé par la droite, avec le « ni-ni » de Jean-François Copé : ni gauche ni extrême droite. Retour sur les étapes de la construction de ce concept et de sa disparition.
Une origine : les régionales de 1998
Le concept de « front républicain » avait connu une première expérimentation avec les régionales de 1998. A cette occasion, plusieurs présidents de région de droite se maintiennent grâce aux voix du FN. Jacques Chirac demande que cette situation cesse et il radie du RPR les récalcitrants. C'est le début d'un dogme, à droite : pas d'alliance avec le Front national.
Le second tour de la présidentielle de 2002
Après l'arrivée au second tour de l'élection présidentielle du candidat FN Jean-Marie Le Pen, la gauche appelle « à faire barrage », voire à voter pour son concurrent, Jacques Chirac. Ce que les électeurs de gauche font massivement, lui offrant une réélection avec 78 % des voix et seulement 20 % d'abstention.
Régionales de 2004, le « pacte républicain » profite surtout à la gauche
Lors des élections régionales qui suivent, le « pacte républicain » reste d'actualité et profite à la gauche, le report des voix creusant encore davantage l'écart au second tour.
Pourtant, les électeurs (de droite comme de gauche) ne s'y étaient pas montrés très favorables dans un premier temps, et les candidats du sud-est de la France avaient affiché leur intention de se maintenir quoi qu'il arrive. Pour le député (UMP) des Alpes-Maritimes Jérôme Rivière, « un front républicain fait disparaître les convictions ». « Faire le jeu du FN, c'est montrer que droite et gauche c'est bonnet blanc et blanc bonnet, et c'est ce que l'on fait en se retirant. »
2011, la remise en cause des cantonales
Lors des élections cantonales de 2011, « ni vote FN ni vote PS », c'est la consigne pour le second tour des cantonales donnée par Nicolas Sarkozy devant l'état-major de l'UMP. Un tournant définitif avec le chiraquisme, dicté entre autres par la stratégie de « droitisation » suivie par le chef de l'Etat sur les conseils de Patrick Buisson.
Résultat, le Front national voit leur nombre augmenter par rapport à 2004, malgré le faible nombre d'élus finalement obtenus par le parti de Marine Le Pen. Et, signe que les deux partis traditionnels sont concernés par la porosité de leur électorat aux idées d'extrême droite, les niveaux des scores du FN sont quasi identiques dans les cas de duels face à la droite et à la gauche.
2012, l'UMP toujours en faveur du « ni-ni »
L'UMP, qui adopte à nouveau la ligne édictée par Nicolas Sarkozy un an plus tôt aux cantonales, « demande à l'ensemble de ses candidats » qualifiés pour le second tour « de se maintenir » et oppose une fin de non-recevoir au PS, qui appelle, lui, au « désistement républicain » entre les deux principaux partis de gouvernement pour « faire barrage au FN ».
Le « ni-ni », « c'est la continuité d'une volonté de ne pas aller avec les extrêmes », affirme le président sortant de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer. L'électorat semble d'accord : deux électeurs de l'UMP sur trois sont partisans d'un accord de désistement mutuel entre un candidat de droite et un du FN, quand il s'agit de battre un candidat de gauche au second tour des législatives, selon un sondage Ipsos-Logica Business Consulting réalisé jusqu'à la veille du premier tour.
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