Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

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johanono
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Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par johanono » 16 mai 2014, 13:37:37

Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

FIGAROVOX/TRIBUNE- Jacques Sapir réagit au documentaire de France 2 présentant le «roman de l'euro». L'économiste nous livre une autre version de l'histoire, celle d'un «cauchemar», dont il est , selon lui, urgent de sortir.

Le «roman de l'Euro», quel beau titre pour une soirée de propagande sur France-2! On nous a présenté donc comme un «roman» ce qui est, pour la majorité des Français, mais aussi des Italiens, des Espagnols, des Portugais et des Grecs, un véritable cauchemar. Notons que les réalisateurs n'avaient pris aucun risque. Les voix discordantes étaient réduites au strict minimum. Et si l'on doit saluer le courage d'un Philippe Villin, toujours très battant sur ce terrain, le spectateur moyen est laissé dans l'ignorance du nombre important d'économistes qui ont exprimé, ou qui expriment aujourd'hui, leurs doutes quant à la survie et surtout l'efficacité de l'Euro. Des Bernard Maris, conseiller économique à la Banque de France, Bernard Mazier, Alain Cotta ou Frédéric Lordon, il ne fut donc pas questions, ni des quelques soixante-dix noms d'économistes européens ou américains. De «débat», il n'y eut que le nom, et cela est indigne, mais hélas très habituel, de la télévision publique mais aussi de la France en général.

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Jacques Sapir a bien raison de dénoncer le manque de neutralité de France Télévisions et de rappeler quelques vérités concernant l'euro.

pierre30
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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par pierre30 » 16 mai 2014, 13:49:53

Pour la neutralité, il faut reconnaître que c'est pas top.

Si on considère FT dans son ensemble, on s'en rapproche un peu plus : ARTE est l'organe des alter-mondialistes (ou presque), un peu comme le monde diplo; tandis que F2 est plus orienté pensée unique.

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El Fredo
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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par El Fredo » 16 mai 2014, 15:19:16

Arte ne fait pas partie de France Télévisions, c'est une filiale à 45% avec sa propre organisation.
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Roosevelt 2012
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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par Roosevelt 2012 » 19 mai 2014, 09:05:05

Nouvelle Donne est évidemment contre une sortie de l'Euro, car selon ses propres économistes, nous en avons tiré plus d'avantages que d'inconvénients.

Ceci-dit, le mouvement vient d'ajouter à son programme la création d'une monnaie nationale parallèle à l'Euro : l'Euro-franc (€F), calquée sur les monnaies locales déjà utilisées en France ou en Suisse par exemple.

Il serait émis par la Banque de France au taux de 1€F=1€, et distribué à tout citoyen français de plus de 18 ans sous forme d'un revenu universel, en plus des minima sociaux (et non en remplacement). Non utilisable pour des investissements immobiliers ou financiers.

150 €F/mois par personne à vie, sauf si la conjoncture économique et sociale s'améliore très nettement, auquel cas il serait supprimé.

Juridiquement c'est apparemment tout à fait faisable, et en pratique assez rapide à mettre en place (quelques mois).

Ca générerait une création monétaire d'environ 11 mds d'€/an, ce qui n'est rien à côté des 2500 milliers de Mds créés par les banques privées depuis 30 ans.

Voir les détails ici :
http://www.nouvelledonne.fr/wp-content/ ... eDonne.pdf
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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par El Fredo » 19 mai 2014, 09:30:25

Intéressant. Non convertible je suppose ? Est-ce qu'on a modélisé les éventuels effets inflationnistes ? Pour que ça ne se transforme pas en bulle il faut bien évidemment que ce revenu soit exclu des revenus considérés pour les calculs de solvabilité lors de la souscription de crédits par exemple.
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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par johanono » 19 mai 2014, 09:53:34

On en revient à la question de la création monétaire, soit pour financer les déficits publics, soit pour financer de nouvelles dépenses sociales.

En période de crise grave, les effets inflationnistes de la création monétaire sont assez faibles, le problème n'est pas là.

La vraie question est : notre appartenance à l'euro nous autorise-t-elle à faire cela ? La BCE laissera-t-elle faire ? Si une seconde monnaie (l'euro-franc) vient s'ajouter à la première (l'euro), alors les prix seront-ils désormais exprimés en euros ou en euros-francs ? La dette de l'Etat sera-t-elle exprimée en euros ou en euros-francs ? On sait la BCE attachée à la lutte contre l'inflation : peut-elle accepter de lutter uniquement contre l'inflation en euros tout en laissant filer les prix exprimés en euros-francs ?

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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par pierre30 » 19 mai 2014, 10:19:40

Si ce n'est pas convertible, ça me parait très limité. Quelle entreprise acceptera cette monnaie ?

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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par El Fredo » 19 mai 2014, 11:13:09

On a déjà un certain nombre de moyens de paiements alternatifs comme les tickets restaurants, chèques voyage et autres SEL, donc je ne pense pas qu'il y ait de blocage juridique ou pratique à ce niveau. Le vrai problème vient de la non-convertibilité ultime et des risques de thésaurisation qui vont avec. On peut toujours décréter une convertibilité en bons du Trésor par exemple, mais ça commence à ressembler furieusement aux assignats. De façon générale la monnaie fiduciaire est un titre de créance. Ici qui détient cette créance et qui est le débiteur ? Bref, je serais curieux d'avoir un peu plus d'infos techniques sur la question histoire d'éviter de se faire de fausses idées.
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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par Nombrilist » 19 mai 2014, 20:20:43

Les commerçants échangent les tickets resto et voyage contre des euros. Est-ce que ce sera le cas pour les euros français ? Logiquement, non.

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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par Roosevelt 2012 » 20 mai 2014, 08:57:34

El Fredo » 19 Mai 2014, 08:30:25 a écrit :Intéressant. Non convertible je suppose ? Est-ce qu'on a modélisé les éventuels effets inflationnistes ? Pour que ça ne se transforme pas en bulle il faut bien évidemment que ce revenu soit exclu des revenus considérés pour les calculs de solvabilité lors de la souscription de crédits par exemple.
Convertible dans certaines conditions par certaines entreprises (la grande distribution par exemple).

1% max d'inflation du à cette mesure, mais vraisemblablement nettement moins (et de toute façon nous sommes en quasi déflation donc...)

Pour les calculs des crédits ce n'est pour l'instant pas précisé, mais ce revenu de base ne sera en tout cas pas imposable.
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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par Roosevelt 2012 » 20 mai 2014, 09:04:24

johanono » 19 Mai 2014, 08:53:34 a écrit :On en revient à la question de la création monétaire, soit pour financer les déficits publics, soit pour financer de nouvelles dépenses sociales.

En période de crise grave, les effets inflationnistes de la création monétaire sont assez faibles, le problème n'est pas là.

La vraie question est : notre appartenance à l'euro nous autorise-t-elle à faire cela ? La BCE laissera-t-elle faire ? Si une seconde monnaie (l'euro-franc) vient s'ajouter à la première (l'euro), alors les prix seront-ils désormais exprimés en euros ou en euros-francs ? La dette de l'Etat sera-t-elle exprimée en euros ou en euros-francs ? On sait la BCE attachée à la lutte contre l'inflation : peut-elle accepter de lutter uniquement contre l'inflation en euros tout en laissant filer les prix exprimés en euros-francs ?
Les textes des traités européens ont été épluchés par les juristes de ND : aucun interdit.

Moins de 1% d'inflation supplémentaire estimée du à cette mesure.

L’€-franc va circuler dans l’économie sans alimenter de bulles boursière ou immobilière. Sa bonne circulation dans l’économie réelle (1 €-franc sert plusieurs fois dans une même année, c’est-à-dire est à l’origine de plusieurs achats et ventes), est favorable à l’État qui engrange au passage des taxes et des impôts supplémentaires libellés en €-francs.
L’État pourra payer une partie de ses dépenses courantes en €-franc.
Il faut donc s’attendre à une réduction – toutes choses égales par ailleurs – du déficit public en €, celui qui engage la France dans les traités européens.
L’€-franc n’est pas douloureux pour les citoyens et plus efficace que l’austérité pour alléger la dette publique.
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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par Roosevelt 2012 » 20 mai 2014, 09:11:33

pierre30 » 19 Mai 2014, 09:19:40 a écrit :Si ce n'est pas convertible, ça me parait très limité. Quelle entreprise acceptera cette monnaie ?
Tous les commerces et entreprises auront l'obligation d'accepter les €-F car ils auront cours légal sur tout le territoire.

Voir l'exemple de l'Eusko qui circule partout au Pays Basque depuis 1 an et demie.

http://www.euskalmoneta.org/le-projet-en-40-points/
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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par johanono » 20 mai 2014, 09:19:54

Roosevelt 2012 » Mar 20 Mai 2014 - 09:04 a écrit :
johanono » 19 Mai 2014, 08:53:34 a écrit :On en revient à la question de la création monétaire, soit pour financer les déficits publics, soit pour financer de nouvelles dépenses sociales.

En période de crise grave, les effets inflationnistes de la création monétaire sont assez faibles, le problème n'est pas là.

La vraie question est : notre appartenance à l'euro nous autorise-t-elle à faire cela ? La BCE laissera-t-elle faire ? Si une seconde monnaie (l'euro-franc) vient s'ajouter à la première (l'euro), alors les prix seront-ils désormais exprimés en euros ou en euros-francs ? La dette de l'Etat sera-t-elle exprimée en euros ou en euros-francs ? On sait la BCE attachée à la lutte contre l'inflation : peut-elle accepter de lutter uniquement contre l'inflation en euros tout en laissant filer les prix exprimés en euros-francs ?
Les textes des traités européens ont été épluchés par les juristes de ND : aucun interdit.

Moins de 1% d'inflation supplémentaire estimée du à cette mesure.

L’€-franc va circuler dans l’économie sans alimenter de bulles boursière ou immobilière. Sa bonne circulation dans l’économie réelle (1 €-franc sert plusieurs fois dans une même année, c’est-à-dire est à l’origine de plusieurs achats et ventes), est favorable à l’État qui engrange au passage des taxes et des impôts supplémentaires libellés en €-francs.
L’État pourra payer une partie de ses dépenses courantes en €-franc.
Il faut donc s’attendre à une réduction – toutes choses égales par ailleurs – du déficit public en €, celui qui engage la France dans les traités européens.
L’€-franc n’est pas douloureux pour les citoyens et plus efficace que l’austérité pour alléger la dette publique.
Je me suis déjà exprimé plusieurs fois sur les méfaits des politiques d'austérité, et sur les avantages de la monétisation de la dette. J'ai déjà expliqué qu'en période de crise, les risques inflationnistes de la création monétaire sont assez faibles. De ce point de vue, tu prêches à un converti. C'est juste que j'ai un peu de mal à imaginer comment, en pratique, deux monnaies différentes pourront cohabiter.

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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par Roosevelt 2012 » 20 mai 2014, 11:04:16

johanono » 20 Mai 2014, 08:19:54 a écrit :C'est juste que j'ai un peu de mal à imaginer comment, en pratique, deux monnaies différentes pourront cohabiter.
Oui, moi aussi pour tout dire, mais lorsqu'on sait que de telles monnaies locales existent en Suisse depuis 20 ans et depuis 1 an et demie au Pays-Basque (l'Eusko), ça doit donc être faisable.
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Re: Le roman (noir) de l'euro, par Jacques Sapir

Message non lu par El Fredo » 20 mai 2014, 16:40:11

Roosevelt 2012 » 20 Mai 2014, 08:57 a écrit :1% max d'inflation du à cette mesure, mais vraisemblablement nettement moins (et de toute façon nous sommes en quasi déflation donc...)

Pour les calculs des crédits ce n'est pour l'instant pas précisé, mais ce revenu de base ne sera en tout cas pas imposable.
Roosevelt 2012 » 20 Mai 2014, 09:04 a écrit :L’€-franc va circuler dans l’économie sans alimenter de bulles boursière ou immobilière.
Justement tout dépend si ces revenus sont pris ou non en compte dans les calculs de solvabilité. Si c'est le cas alors ça augmentera d'autant la solvabilité des ménages, donc leurs capacités de crédits, ce qui aura un effet inflationniste sur les biens immobiliers. C'est ce qu'il faut à tout prix éviter, en interdisant aux banques et organismes de crédit d'en tenir compte (surtout si la pérennité de ce revenu n'est pas garantie en cas d'amélioration des conditions économiques), sinon la masse monétaire nouvellement créée sera absorbée sous forme de capital immobilier d'un côté et d'endettement privé de l'autre.
Sa bonne circulation dans l’économie réelle (1 €-franc sert plusieurs fois dans une même année, c’est-à-dire est à l’origine de plusieurs achats et ventes), est favorable à l’État qui engrange au passage des taxes et des impôts supplémentaires libellés en €-francs.
L’État pourra payer une partie de ses dépenses courantes en €-franc.
Pour éviter les risques de thésaurisation et améliorer la fluidité des transferts je pense qu'il faudrait aussi rajouter une date d'expiration à ces titres ou à défaut une érosion de sa valeur. Un titre resterait valable par exemple un an après son émission, et ne serait convertible que par un nombre limité d'agents économiques, ce qui obligerait les ménages à privilégier ce moyen de paiement avant les autres. Si on ne veut pas définir une date buttoir on peut toujours décréter qu'un titre perd la moitié de sa valeur chaque année, donc 150 €F deviennent 75 au bout d'un an, 37.5 au bout de 2, etc., mais ça complique inutilement le système.
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