Interview de Guillaume DUVAL

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Golgoth
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Re: Interview de Guillaume DUVAL

Message non lu par Golgoth » 27 nov. 2013, 14:19:09

Chuuuuut Nombrlist, les retraités allemands te lisent.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

pierre30
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Re: Interview de Guillaume DUVAL

Message non lu par pierre30 » 27 nov. 2013, 14:20:55

C'est ce que fait la FED sans modération. Et pourtant l'inflation US n'est pas très élevée.

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Nombrilist
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Re: Interview de Guillaume DUVAL

Message non lu par Nombrilist » 27 nov. 2013, 14:31:38


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johanono
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Re: Interview de Guillaume DUVAL

Message non lu par johanono » 27 nov. 2013, 15:04:31

Merci à Guillaume Duval.

Mais il fait partie de tous ces spécialistes qui admettent que la politique d'austérité imposée au niveau européen est contre-productive, mais qui ne veulent pas sortir de l'euro. Il faudra donc que Guillaume Duval et ses amis nous expliquent comment il serait possible de mener une autre politique, tout en restant dans le cadre européen actuel. Bien sûr, techniquement, il est tout à fait possible que la BCE monétise, ou qu'elle prête directement aux Etats. Tout est possible techniquement. Le problème est évidemment politique. Mais c'est là que le bas blesse : les Européens ne parviendront jamais à se mettre d'accord sur un tel changement de cap (notamment à cause du refus allemand). Et de façon générale, le fait est qu'une monnaie unique implique d'appliquer une même politique monétaire à des pays aussi différents que l'Allemagne et la Grèce, or ces deux pays n'ont pas besoin de la même politique monétaire. Une même politique monétaire pour tout le monde ne peut pas donner satisfaction.

Certains économistes nous alertent sur le risque d'inflation induit par une politique monétaire un peu souple (monétisation ou prêts par la BCE). Ce risque doit être relativisé. Certes, il y a une théorie économique qui dit que si la banque centrale crée de la monnaie, cela augmente la masse monétaire en circulation, et qu'une augmentation de la masse monétaire en circulation a des effets inflationnistes, toutes choses égales par ailleurs. Mais il faut replacer les choses dans leur contexte. A une époque où les entreprises ont des carnets de commande vides, elles ne seront pas tentées d'augmenter leurs prix. Ce n'est que quand l'économie tourne à plein et que les entreprises ont des carnets de commande pleins qu'elles peuvent être tentées d'augmenter leurs prix.

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albert
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Re: Interview de Guillaume DUVAL

Message non lu par albert » 27 nov. 2013, 16:00:57

El Fredo » 27 Nov 2013, 14:04:25 a écrit :
albert » 27 Nov 2013, 11:23 a écrit :Je vois une contradiction dans les propos de Guillaume Duval. Car d’un côté, il critique les politiques d’austérité (à juste titre car elles ont des effets catastrophiques), mais il rejette également la sortie de l’euro. Or, les pays d’Europe du Sud n’avaient pas d’autre alternative pour rééquilibrer leur balance : soit ils sortaient de l’euro pour dévaluer, soit ils devaient faire une dévaluation interne. Il n’existe pas de troisième solution (il y a la solution fédérale mais elle n'est pas réaliste.)
Si, il y a une troisième solution : un objectif d'inflation de un à deux points supplémentaires. Paul Krugman a détaillé cette solution à de nombreuses reprises. Mais là, le problème devient politique et non plus économique.
Voici ce que dit Paul Krugman dans une interview au Monde :
Pour restaurer la compétitivité en Europe, il faudrait que, disons d'ici les cinq prochaines années, les salaires baissent, dans les pays européens moins compétitifs, de 20 % par rapport à l'Allemagne. Avec un peu d'inflation, cet ajustement est plus facile à réaliser (en laissant filer les prix sans faire grimper les salaires en conséquence).
Cela reviendrait bien à une politique d’austérité puisque les salariés perdraient 20% de leur salaire. Et c’est une solution difficile et risquée car tous les pays européens n’ayant pas le même taux d’inflation, cela pourrait creuser les écarts. Et bien entendu, la BCE et l’Allemagne n’accepteraient pas une inflation de 4 %.
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albert
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Re: Interview de Guillaume DUVAL

Message non lu par albert » 27 nov. 2013, 16:16:04

pierre30 » 27 Nov 2013, 13:53 a écrit : La croissance de la France est à peu près régulière (avec des hauts et des bas) depuis la fin des 30 glorieuses. Cela n'a rien à voir avec l'euro. Il s'agit d'une politique assumée qui consiste à donner la priorité au social sur l'économique.
La croissance diminue au fil du temps, en France comme dans les autres pays européens, mais elle a davantage baissé dans la zone euro.
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Re: Interview de Guillaume DUVAL

Message non lu par pierre30 » 27 nov. 2013, 16:20:51

Krugman explique la thèse de l'autérité. Je ne suis pas sûr qu'il la recommande, car il me semble qu'il se prononçait contre dans ses interventions.

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Re: Interview de Guillaume DUVAL

Message non lu par Nombrilist » 27 nov. 2013, 16:31:17

De toute façon, le gouvernement prend aux ménages pour redonner aux entreprises. On est bien actuellement dans un contexte de baisse drastique des salaires.

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El Fredo
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Re: Interview de Guillaume DUVAL

Message non lu par El Fredo » 27 nov. 2013, 16:50:14

albert » 27 Nov 2013, 16:00 a écrit :
El Fredo » 27 Nov 2013, 14:04:25 a écrit :
albert » 27 Nov 2013, 11:23 a écrit :Je vois une contradiction dans les propos de Guillaume Duval. Car d’un côté, il critique les politiques d’austérité (à juste titre car elles ont des effets catastrophiques), mais il rejette également la sortie de l’euro. Or, les pays d’Europe du Sud n’avaient pas d’autre alternative pour rééquilibrer leur balance : soit ils sortaient de l’euro pour dévaluer, soit ils devaient faire une dévaluation interne. Il n’existe pas de troisième solution (il y a la solution fédérale mais elle n'est pas réaliste.)
Si, il y a une troisième solution : un objectif d'inflation de un à deux points supplémentaires. Paul Krugman a détaillé cette solution à de nombreuses reprises. Mais là, le problème devient politique et non plus économique.
Voici ce que dit Paul Krugman dans une interview au Monde :
Pour restaurer la compétitivité en Europe, il faudrait que, disons d'ici les cinq prochaines années, les salaires baissent, dans les pays européens moins compétitifs, de 20 % par rapport à l'Allemagne. Avec un peu d'inflation, cet ajustement est plus facile à réaliser (en laissant filer les prix sans faire grimper les salaires en conséquence).
Cela reviendrait bien à une politique d’austérité puisque les salariés perdraient 20% de leur salaire. Et c’est une solution difficile et risquée car tous les pays européens n’ayant pas le même taux d’inflation, cela pourrait creuser les écarts. Et bien entendu, la BCE et l’Allemagne n’accepteraient pas une inflation de 4 %.
Non ce n'est pas de l'austérité, c'est une inflation différentielle entre l'Espagne et l'Allemagne par exemple, aboutissant à une baisse relative de 20% des salaires espagnols par rapport aux salaires allemands, ou plutôt (car cette phrase est trompeuse, sa série d'articles est bien plus claire) un renchérissement de 20% des salaires allemands par rapport aux salaires espagnols.

Pour y arriver il suffit de pratiquer une modération salariale en Espagne (au lieu d'une baisse forcée comme actuellement) et une stimulation de la demande en Allemagne. Il n'y a pas de perte de salaire nominal côté espagnol, juste un renchérissement des biens importés. Avant la crise on a fait le contraire : modération salariale et faible inflation en Allemagne, forte inflation et augmentation des salaires en Espagne.

Le problème de la zone c'est que les salaires allemands sont trop bas par rapport aux autres pays et qu'on fait tout pour qu'ils n'augmentent pas, ce qui reporte la charge sur les autres pays contraints de faire de la désinflation salariale pour absorber leur déficit de balance courante.

Si on suggère de viser un taux d'inflation supérieur à celui actuel, c'est parce que l'inflation actuelle est trop faible pour opérer ces rééquilibrages : celle-ci devrait avoir un taux négatif dans les pays moins compétitifs, ce qui est extrêmement difficile à réaliser (en plus d'être dangereux). C'est un problème comparable à celui de la trappe à liquidités quand les taux d'intérêts sont proches de zéro.

Au passage, si on commence à appeler "austérité" toute politique qui tend à rééquilibrer les balances courantes dans la zone euro, on n'est pas sortis de l'auberge. Une politique basée sur l'augmentation de la demande, ce n'est pas une politique d'austérité.
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albert
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Re: Interview de Guillaume DUVAL

Message non lu par albert » 27 nov. 2013, 17:44:48

En fait, les salaires allemands sont élevés dans l’industrie où il y a une forte productivité et faibles dans les services du fait des lois Hartz. Et les salaires sont plus bas en Europe du sud parce qu’il y a surtout des services et peu d’industrie haut de gamme. D’autre part, il y a structurellement moins d’inflation en Allemagne qu’en Europe du sud. Avoir une inflation différentielle avec plus d’inflation en Allemagne et moins en Europe du Sud, et cela avec une seule et unique politique monétaire, me semble assez difficile à réaliser. Ensuite, même si l’Allemagne passe pour le bon élève, c’est un pays qui est aussi très endetté et il est illusoire de s’imaginer qu’elle va se lancer dans une politique de relance pour aider les pays d’Europe du Sud. C’est en fait une autre façon de penser le fédéralisme en demandant aux Allemands de payer pour les autres. Ils ne le feront pas.
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pierre30
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Re: Interview de Guillaume DUVAL

Message non lu par pierre30 » 28 nov. 2013, 07:53:29

Non ce n'est pas de l'austérité, c'est une inflation différentielle entre l'Espagne et l'Allemagne par exemple, aboutissant à une baisse relative de 20% des salaires espagnols par rapport aux salaires allemands, ou plutôt (car cette phrase est trompeuse, sa série d'articles est bien plus claire) un renchérissement de 20% des salaires allemands par rapport aux salaires espagnols.
C'est beau, la syntaxe selon Krugman :P . A la fin le niveau de vie des espagnols baisse de 20% par rapport à celui des allemands et baisse aussi par rapport aux pays de l'UE qui sont plus compétitifs que l'Espagne. Et comme les Allemands et les autres n'ont pas les moyens de manger du caviar à tous les repas, ce sont les espagnols qui se serrent la ceinture.

C'est précisément ce qui se passe actuellement. Krugman doit certainement être heureux qu'on applique ses préconisations :ok:

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El Fredo
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Re: Interview de Guillaume DUVAL

Message non lu par El Fredo » 28 nov. 2013, 09:37:51

Vous passez à coté de la question du pouvoir d'achat. Une variation de 20% dans un sens ou dans l'autre n'a aucun impact sur la vie quotidienne si la PPA évolue dans le même sens, PAR DEFINITION.

Qu'est-ce qui pèse le plus en général dans le budget des ménages ? L'immobilier, qui est un marché local. Ce n'est pas l'inflation allemande qui va faire monter l'immobilier espagnol. Par contre on sait très bien que les déséquilibres de balance des paiements ont alimenté la bulle spéculative immobilière espagnole (flux de capitaux du centre vers la périphérie de la zone). Donc les réduire, c'est indirectement réduire le prix de l'immobilier en Espagne, même si c'est un effet secondaire à terme.

Qu'est-ce qui pèse ensuite le plus dans le budget ? La bouffe. Or là aussi c'est un marché essentiellement local, et en Espagne c'est encore plus vrai. Idem pour les services (les plombiers espagnols ont des niveaux de rémunération espagnols).

Ensuite vient l'énergie, mais de ce point de vue tous les pays de la zone euro sont à égalité quand il s'agit d'acheter du pétrole en dollars, donc aucune différence de ce point de vue entre les pays de la zone.

Le reste, ce sont des biens d'équipements souvent importés. Ceux de la zone euro produits dans des pays à coût élevé augmenteront (mais augmenteront partout) ce qui améliorera la compétitivité de ceux produits dans les pays à bas coût (dont l'Espagne). Quant aux biens provenant de l'extérieur de la zone, en particulier de la Chine, leur prix ne variera pas ceteris paribus car ici c'est le taux de change avec l'Euro qui compte, et là encore tous les pays sont logés à la même enseigne.

Donc qu'est-ce qui diverge entre Espagne et Allemagne ? Le prix des biens et services produits localement, qui est directement fonction du coût du travail.

Au final, une baisse ou hausse relative de 20% entre Espagne et Allemagne ne va pas impacter le pouvoir d'achat des Espagnols, sauf sur le prix des biens importés du centre de la zone (les bagnoles allemandes vont sûrement augmenter en valeur relative, quoique, vu la faible proportion du coût du travail dans le prix de vente l'impact sera certainement limiter). En termes économiques, l'évolution de la PPA va suivre l'évolution des salaires.

Si les Espagnols devaient faire leurs courses dans les supermarchés allemands, ils verraient cette différence de 20% en terme de perte de pouvoir d'achat, mais ce n'est pas le cas.



A contrario, si on ne joue pas sur l'inflation, on doit jouer sur les salaires, comme maintenant. Or là ce n'est plus du tout la même histoire : quand le gouvernement Rajoy provoque la baisse de 7% des salaires en augmentant les cotisations, c'est une perte sèche et brutale pour le pouvoir d'achat qui est ressentie sur le marché local. Ça c'est de l'austérité. Et le problème empire avec la rigidité des salaires à la baisse : faute de pouvoir baisser suffisamment les salaires en valeur nominale, le chômage augmente.


@pierre30 : baisser le niveau de vie absolu est justement le but de la manœuvre, vu que c'est la source du problème. La différence entre les politiques réside dans leur impact sur le niveau de vie relatif (= le pouvoir d'achat). Tu confonds causes et conséquences quand tu compares les deux solutions.
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Nombrilist
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Re: Interview de Guillaume DUVAL

Message non lu par Nombrilist » 28 nov. 2013, 09:47:29

"Qu'est-ce qui pèse le plus en général dans le budget des ménages ? L'immobilier, qui est un marché local."

Si c'est comme en France, en moyenne c'est faux:selon l'INSEE, le loyer ne représente que 6% des dépenses. Même si il y a un gros écart-type et que ça peut monter à 40 voire 50% pour certaines personnes (ce sera bientôt mon cas).

http://www.insee.fr/fr/indicateurs/indi ... ip/sip.htm

Pour l'alimentation, c'est déjà plus exact: resto+bouffe = 23% des dépenses

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albert
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Re: Interview de Guillaume DUVAL

Message non lu par albert » 28 nov. 2013, 10:06:56

En résumé, vous demandez à l'Allemagne d'augmenter ses salaires de 20 % sans rapport avec ses gains de productivité ? Mais pourquoi ferait-elle une chose pareille ?
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pierre30
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Re: Interview de Guillaume DUVAL

Message non lu par pierre30 » 28 nov. 2013, 11:57:05

El Fredo » Jeu 28 Nov 2013 - 10:37 a écrit :
@pierre30 : baisser le niveau de vie absolu est justement le but de la manœuvre, vu que c'est la source du problème. La différence entre les politiques réside dans leur impact sur le niveau de vie relatif (= le pouvoir d'achat). Tu confonds causes et conséquences quand tu compares les deux solutions.
Tu voudrais donc que le PA relatif des espagnols baisse par rapport au PA relatif des allemands. En même temps, tu ajoutes que le PA absolu des espagnols ne doit pas bouger, il faut donc que celui des allemands augmente de 20%.

Mais comme la zone euro n'est pas constituée de 2 pays seulement, il faut que le PA Hollandais augmente de 18%, celui des autrichiens de 19%, celui des français augmenterait de 10%, etc ...

Je ne vois pas comment on pourrait globalement augmenter le PA européen moyen de 10% (la moitié de 20% en moyenne) alors que le PIB de la zone stagne. La zone devienrait immédiatement non compétitive vis à vis du reste du monde et surtout s'endetterait à peu près d'autant.

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