La campagne pour 2017 a commencé. Comment, vous ne le saviez pas ? Vous n'avez reçu aucun prospectus dans votre boîte aux lettres ? Normal, le coup d'envoi vient d'être discrètement donné par le président de la République lui-même. Depuis quelques semaines, François Hollande a entamé le long travail de sa "reconstruction personnelle", comme le disent ses proches. L'interview qu'il vient de donner à Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV n'est que le troisième épisode de cette difficile tentative d'auto-réhabilitation. Oui, même au fond du gouffre des sondages, François Hollande croit encore en son étoile, cette baraka légendaire qui l'a conduit des soutes du socialisme à l'Élysée.
Les deux épisodes précédents ont été de fâcheux fiascos. La visite à Clermont-Ferrand chez Michelin, où il lâche cette petite phrase sur le chômage et sa propre candidature. "En conditionnant sa candidature aux résultats sur la baisse du chômage, le message qu'il souhaitait faire passer était vous d'abord, moi après", explique Jean-Christophe Cambadélis, le nouveau patron du PS. L'affaire Morelle, tombée le jour même, a sabordé ce coup de com'... Mais Nicolas Sarkozy, lui, a tout de suite compris que François Hollande entamait sa campagne présidentielle. Il fut alors question que l'ancien chef de l'État intervienne durant la campagne européenne. Finalement, Sarkozy préfère attendre l'issue du scrutin. Si le FN est en tête le 25 mai, Sarkozy pourrait alors à son tour entrer dans l'arène...
Sortir de la mare visqueuse de l'impopularité
Deuxième étape de la "reconquista" hollandaise : la visite à Carmaux, chez Jean Jaurès, le 23 avril, pour le centenaire. Une plongée aux sources du socialisme pour panser les plaies d'un parti moribond dans les urnes aux municipales. Avec toujours chez Hollande cette recherche du contact avec les Français. Manque de chance, sa "déambulation" dans les rues de la ville est interrompue par une inconnue, avec des lunettes de soleil, qui lui fait la leçon devant les caméras. Alpagué, Hollande ne sait plus comment se défaire de cette main qui l'agrippe... Et la séquence tourne en boucle toute la journée. On ne retiendra que cette image et les huées de la foule.
En fait, l'opération "Hollande 2017" a commencé dès le mois de novembre 2013, quand François Hollande réalise que, sans gain d'efficacité dans la marche de l'État, il ne pourra pas s'extraire de la mare visqueuse de l'impopularité où toute décision, bonne ou mauvaise, fait un flop. Il lui faut donc reconstruire une ligne entre trois postes-clés : son cabinet, Matignon et le parti. Première erreur : il attend la déculottée des municipales pour mettre en oeuvre son plan. Jouyet, son ami, remplace Lemas au secrétariat général de l'Élysée ; Manuel Valls prend Matignon et Cambadélis le parti. Ce faisant, il néglige un rouage essentiel : le groupe PS à l'Assemblée nationale, toujours aussi mal dirigé par Bruno Le Roux. Autre négligence : dans son gouvernement, pas de ministre chargé du Parlement, mais simplement un secrétariat d'État...
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Le repositionnement de François Hollande vers le centre oblige Nicolas Sarkozy à répondre, maintenant rapidement, à cette question : vers qui se tourner pour revenir ? Vers les électeurs du FN en durcissant encore son discours de l'entre-deux-tours avec les thèmes de l'immigration, de Schengen ? Ou bien se tourner vers les électeurs du centre en proposant un programme de réformes modéré qui tienne compte de la question européenne en termes positifs ?...
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C'est dans ce contexte que doivent s'analyser les deux annonces faites par le chef de l'État ce matin sur BFM TV : accélérer la réforme territoriale (un souhait du centre) et, ce faisant, repousser à 2016 les élections régionales. C'est malin. Les régionales seront certes un scrutin ravageur pour le PS mais également délicat pour l'UMP qui sera confrontée à la question du soutien ou non du Front national. Hollande espère que l'épisode de 1998 se reproduise.
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