Le FN prêt à revoir son programme économique

[Narbonne]

"La question de la sortie de l'euro transcende le clivage gauche/droite, mais elle est pourtant très importante. "
C'est fondamental.

[les orteils]

En revoyant son programme économique, le FN va échapper à de nombreuses critiques auxquelles il n'était pas capable de répondre en étant crédible.
Le discriminant principal vis à vis des autres partis sera alors peut-être simplement l'immigration, la sécurité aux frontières....
Mais c'est bien ce qui séduit les foules et il faut reconnaître qu'avant le chômage, la sécurité est la préoccupation numéro 1. Terriblement d'actualité.

[albert]

Je rappelle ce que disait JF Kahn à propos du succès du FN :

« La présidente du FN a pris conscience de cet électorat-là, de ses aspirations et de ses craintes. Elle a inventé une doctrine qui est à 50% plus à droite que celle de Philippe de Villiers et à 50% plus à gauche que celle du Parti socialiste. Ainsi, elle tiré le tapis sous les pieds de ce qui pourrait être aujourd'hui Syriza. »

C’est ce court-circuit gauche/droite qui a fait son succès et lui a permis de passer des 15% que faisait son père à plus de 25 % en prenant des voix tant à la droite qu’à la gauche. Mais les régionales ont montré qu’elle continuait à faire peur et à être diabolisée, ce qui la bloque à un certain stade. Cependant ce n’est pas son programme économique qui fait peur à cet électorat qui s’est mobilisé au second tour mais bien son programme anti-immigrés.

[Cheshire cat]

Ah bon ! le FN avait un programme économique ?

[wesker]

C'est plus stratégique que cela....Comme d'autres formations politiques, le FN constate que nombre de citoyens se montrent lucides sur les difficultés et les besoins des entreprises, ils préfèrent les soutenir et c'est ce qui explique la virage libéral que préconisent nombre de familles politiques.

Cependant, si le représentant des entreprises est le champion des chouineries en tout genre, une politique repose sur la nécessité de faire fonctionner ensemble des acteurs qui ont des intérêts, parfois différents. L'Allemagne, en Europe est austéritaire et se veut imposer ses intérêts en guise de politique européenne....Chacun peut s'en émouvoir, le déplorer mais il n'est pas interdit de construire et promouvoir, avec d'autres une alternative.

[Papibilou]

Un des arguments majeurs du FN était, si ma mémoire ne me trahit pas, une sortie de l'euro:
- parce que l'euro est trop fort
- parce que la BDF ne peut financer l'état français.
Or, ces 2 raisons se sont effondrées puisque l'euro a sérieusement baissé et que les prêts à l'état français sont à intérêt très bas.

A partir du moment ou ces arguments, qui se tenaient, ont disparu, il me paraît normal qu'ils revoient leur politique économique. Et du coup , ils vont beaucoup moins parler de la sortie de l'euro et, partant, de l'UE.

Le problème est que, ce faisant, ils vont allègrement marcher sur le programme des LR.

[albert]

Un des arguments majeurs du FN était, si ma mémoire ne me trahit pas, une sortie de l'euro:
- parce que l'euro est trop fort
- parce que la BDF ne peut financer l'état français

Non, la critique de l’Euro est beaucoup plus sérieuse, et le FN s’est souvent inspiré des analyses de Jacques Sapir.

Le problème n’est pas seulement que l’Euro est trop fort mais que les parités sont fixes au sein de l’Eurozone alors que les écarts de compétitivité évoluent, ce qui oblige certains pays à faire des dévaluations internes par la baisse des salaires, ce qui conduit à la déflation et à une baisse de la demande globale qui pèse sur la croissance.

Ensuite, l’autre problème, c’est que pour maintenir la cohésion de la zone euro, tous les pays doivent adopter les mêmes politiques d’austérité, même si dans certains pays les citoyens en décident autrement (comme on l’a vu en Grèce), ce qui pose un gros problème démocratique.

[wesker]

L'Allemagne a bien envisagé l'impact qu'aurait, sur son économie, une sortie de l'euro et un retour aux monnaies nationales....

A noter que le ministre des finances allemands se propose de promouvoir une taxe européenne sur l'essence pour financer l'accueil des réfugiés, dont son pays a le plus besoin. Comment nos dirigeants peuvent accepter de rester aussi impassible devant ce qui ressemble à de l'arrogance ?

[Jean]

C'est assez bien vu.

Le FN a pompé la plus grande partie de l'électorat prolétaire de la gauche .

Le reste des électeurs de la gauche à savoir les bobos et les fonctionnaires ou assimilés (grosses boites) est fortement accroché à ses candidats historiques. Les premiers parce que cela leur permet de déculpabiliser le fait d'être des favorisés, les seconds pour défendre leurs avantages.

Donc les seuls gains possibles sont à droite notamment les retraités et les artisans/commerçants qui sont un peu agacés par les taux de prélèvements.

Il est donc à parier que le prochain programme économique visera en priorité cette population.

[Ramdams]

À noter que les "prolétaires" peuvent tout à fait défendre des idées libérales, si elles sont bien énoncées. La classe populaire n'est pas automatiquement acquise au dogme de l'Etat-providence-social-stratège-superfort.

[les orteils]

L'Etat tempère quand même la dure loi du marché. Les prolétaires et à fortiori le sous-prolétariat regretterait vite le désengagement de l'Etat redistributeur et protecteur.

[wesker]

Jean les professions libérales, aisés, les cadres sup et autres entrepreneurs avec beaucoup de liquidités se reconnaissent chez les Républicains qui défendent ardemment leurs intérêts, les fonctionnaires se reconnaissent, également dans les candidats que la gauche leur présente....Cela étant, le monde populaire, du privé ou du public, les petits entrepreneurs, commerçants, artisans etc... qui se battent, au quotidien, ont ils une représentation ou une famille politique dans laquelle ils puissent se reconnaître ?

Je crois que ce n'est pas le cas et c'est, entre autre ce qui explique l'audience d'une formation qui mets en avant des thèmatiques en vue de s'adresser aux oubliés ou déçus des sociaux démocrates, des Républicains ou de ceux qui n'adhèrent pas vraiment aux thèses d'une autre gauche qui, on peut le voir se déchire sur des questions stratégiques ou de structure.

[politicien]

Le Front national se réunit du vendredi 5 au dimanche 7 février pour un séminaire en Essonne en forme de remue-méninges généralisé, première étape vers la présidentielle qui vise à parler communication plutôt qu'à remettre en cause le programme du parti. Le ban et une partie de l'arrière ban frontistes sont convoqués à Etiolles par Marine Le Pen pour réfléchir à huis clos à la stratégie à tenir pour dépasser en 2017 les 50%, après une année 2015 (départementales, européennes) aussi riche de hauts scores que maigre en succès effectifs. Le flou entoure ce séminaire: le lieu n'a été confirmé que du bout des lèvres mardi soir par Florian Philippot sur Public Sénat et l'ordre du jour est inconnu.

Entre 50 et 100 personnes sont annoncées: membres du bureau politique, parlementaires, mais aussi certains maires, cadres du parti ou proches de Marine Le Pen (Philippe Péninque, d'après plusieurs sources) ainsi que des compagnons de route (le maire de Béziers Robert Ménard, le patron du petit parti Siel Karim Ouchikh), etc.

Mais de l'avis général, aucun "grand soir" programmatique n'est à attendre, pour le bonheur de certains et le malheur d'autres.

(...)

http://www.challenges.fr/politique/fron ... ogene.html

[albert]

Si je comprends bien, le FN reste favorable à la sortie de l’euro mais n’en parlera plus parce que ce serait anxiogène chez certains électeurs notamment âgés. C’est une erreur. Il faut au contraire en parler davantage, faire de la pédagogie. C’est ce que fait le Parti de Gauche en lançant le débat sur le plan B. Il n’y a aucune raison pour que la sortie de l’euro soit anxiogène, bien au contraire.

[wesker]

Si le Fn décide de conserver son projet, en l'ajustant, certes aux variations conjoncturelles, c'est donc qu'il s'interroge sur les thèmes à mettre en avant pour élargir son électorat, notamment en vue du second tour où il ne parvient qu'à fédérer une majorité de suffrages que dans de très rares cas.

Cela pose la question de la mobilisation électorale de citoyen qui, outre la colère et l'insatisfaction rejoindraient le FN, dans les urnes afin de construire une alternative. Pour se faire il faudra que le FN change ses pratiques et permettent, aussi à des candidats populaires de parvenir aux responsabilités et de les accompagner dans l'exercice de responsabilités, que cette formation ne connaît encore que dans de rares cas.