Si la défense du "made in France" peut s'imposer comme l'un des principaux sujets de la campagne présidentielle, ce sera une bonne chose.La défense du «made in France», figure imposée pour les présidentiables
LE SCAN POLITIQUE - POLITIQUES & ENTREPRISES (5/5) - Cet été, Le Scan vous raconte l'histoire, parfois compliquée, des politiques et du monde de l'entreprise. Aujourd'hui, zoom sur le made in France, que plusieurs responsables politiques de tous bords vantent au nom de la réindustrialisation et de la protection de l'emploi.
En octobre 2012, l'ancien ministre vantait le «made in France» en une du Parisien magazine avec une marinière Armor Lux, une montre Michel Herbelin et un robot Moulinex, des marques françaises.
Avec cette photo, il est devenu l'égérie du «made in France». En octobre 2012, alors ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg pose en couverture du Parisien magazine vêtu d'une marinière Armor Lux et d'une montre Michel Herbelin, tenant dans ses bras un mixeur Moulinex. «Le “made in France”, il y croit, on l'a testé», peut-on lire sur cette une barrée du drapeau tricolore. Pour le socialiste, qui a fait campagne à la primaire de la gauche en 2011 sur le thème de la «démondialisation» et a obtenu 17% des voix, le «made in France» est «une cause nationale». Un an après sa sortie du gouvernement, en septembre 2015, Arnaud Montebourg, accompagné de son désormais acolyte Yves Jégo - pourtant centriste -, a lancé les Assises du Produire en France, dont la deuxième édition se tiendra à Reims les 8 et 9 septembre prochains. «Je suis un militant, un porte-drapeau, au cœur d'une bataille qu'il faut mener sur le long terme», assurait l'ancien ministre il y a quelques mois.
En 2012, Marine Le Pen s'était fait remarquer en arborant un béret dans les allées du Salon du made in France, à Paris.
À côté des nombreux labels et associations qui mettent en avant le produire en France, un autre événement est très couru des politiques: le Salon des produits made in France, à Paris. Tous les ans, au mois de novembre, plusieurs centaines de représentants de tous les secteurs exposent leur production garantie 100% française. L'occasion pour les politiques de défendre et vanter le positionnement de ces entreprises. La cinquième édition se déroule cette année à la veille du premier tour de la primaire de la droite. La présidente du Front national, prompte a défendre les entreprises tricolores, est une habituée de ce rendez-vous. En 2012, alors candidate à l'élection présidentielle, elle était venue, coiffée d'un béret, présenter ses propositions sur le «protectionnisme intelligent», à savoir l'instauration de barrières commerciales pour favoriser les entreprises nationales.
Preuve que le thème séduit largement et dépasse les clivages politiques, François Bayrou, président du MoDem, en avait fait lui aussi un thème de sa campagne. Différemment compris et interprété par les uns et les autres, le «made in France» permet tout à la fois de s'adresser aux ouvriers qui craignent pour leur emploi, mais aussi aux dirigeants et entrepreneurs français qui cherchent à innover sur le territoire. Le discours est relativement consensuel et permet dans le même temps de prendre ses distances avec la mondialisation, qui a mauvaise presse, et d'occuper le terrain de l'emploi. Réel engagement politique ou slogan purement marketing? En juillet 2015, la Fédération indépendante du Made in France (FIMIF) avait enquêté sur l'origine de fabrication des produits dérivés des partis politiques. Le FN apparaissait comme le plus respectueux du made in France, loin devant le PS et Les Républicains.
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Cependant, il faudra bien faire attention à une chose : tous les candidats ne seront pas pareillement crédibles pour défendre cette thématique. Par exemple, tous les mondialistes qui, à l'instar de Bayrou, ont signé et ratifié des traités internationaux exposant nos producteurs à la concurrence étrangère déloyale, sont très mal placés pour défendre aujourd'hui le "made in France". Ils ne sont absolument pas crédibles. Il faudra bien faire attention à ça pendant la campagne, et ne pas se laisser bercer par leurs doux discours.