Alors que ce sont davantage les questions économiques qu’identitaires qui préoccupent les Français, Nicolas Sarkozy est parvenu à placer ce thème au cœur de la campagne de la primaire présidentielle de la droite.
► Pourquoi la question identitaire revient-elle dans le débat ?
Nicolas Sarkozy en avait fait l’un des deux thèmes, avec la défiscalisation des heures supplémentaires (« travailler plus pour gagner plus »), de son élection en 2007 à la présidence de la République. La traduction concrète en fut la création d’un « ministère de l’immigration et de l’identité nationale » puis le lancement, en 2009, d’un « grand débat sur l’identité nationale ».
Aujourd’hui, son objectif est double : s’adresser aux classes populaires et siphonner l’électorat d’extrême droite, ce qui le conduisit à la victoire en 2007 – mais pas en 2012. Pour les uns, cette ligne droitière lui avait permis de distancer Marine Le Pen et de réduire l’écart avec François Hollande. Pour les autres, au contraire, elle explique sa défaite : c’est cela qui aurait rebuté l’électorat centriste.
« Identité heureuse » défendue par Alain Juppé
Quoi qu’il en soit, dans le contexte d’une primaire, il s’agit aujourd’hui pour Nicolas Sarkozy de mobiliser le noyau dur de son camp. En parlant d’« identité heureuse », son rival Alain Juppé n’entend cependant pas lui laisser le monopole du concept, tout en apportant sa propre définition, tournée vers un avenir à construire et non vers un passé à conserver.
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Ce débat rejoint-il une profonde attente des Français ?
Les études d’opinion démontrent avec constance que ce ne sont pas les questions de société mais les sujets économiques qui détermineront le vote des Français au printemps 2017. Le thème dominant de la sécurité lors de la présidentielle de 2002 avait fait à cet égard figure d’exception.
Toutefois, la succession d’attentats commis en France depuis 2015 crée un contexte totalement nouveau. « Les Français constatent qu’on n’arrive pas à arrêter un mouvement qui en veut à notre société en tant que telle, observe le sociologue Alain Mergier. Ce n’est plus d’un sentiment d’insécurité au sens de 2002, mais d’une insécurité existentielle qu’il s’agit. »
Cet été, plusieurs études ont montré que ce sujet arrivait en tête des préoccupations, bien avant les enjeux économiques. Pour Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique-opinion chez Harris Interactive, cela pourrait bien dominer les débats jusqu’en 2017 : « Mondialisation, terrorisme… ce ne sont pas les changements du monde qui font peur aux Français, c’est l’incapacité des politiques à les aider à se projeter dans l’avenir. »
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http://www.la-croix.com/France/Politiqu ... 1200791020
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