L’historien Jean Garrigues explique à Europe1.fr en quoi cette campagne présidentielle est "incontestablement" la plus folle de la 5ème République.
INTERVIEW
À l'heure où les rebondissements de l'affaire Fillon se multiplient à deux mois de l'élection présidentielle, l'issue de l'élection demeure incertaine. De quoi faire de cette campagne, démarrée avec la primaire de la droite, en novembre, un moment charnière de la vie politique française, comme l'analyse l'historien Jean Garrigues, auteur avec Jean Ruhlmann de "Elysée Circus. Une histoire drôle et cruelle des présidentielles", paru aux éditions Tallandier.
Est-ce la campagne présidentielle la plus folle de la 5ème République ?
Oui, incontestablement. Elle est d’abord inédite car deux anciens présidents et deux anciens Premiers ministres ont déjà été éliminés, alors qu’ils étaient tous des poids lourds de la politique. Les deux grands partis ont organisé des primaires dans lesquelles les candidats de l’opposition, le frondeur Benoît Hamon et l’antisarkozyste François Fillon, l’ont emporté. Ce jeu de massacre, on l’a aussi vu chez les écologistes : Cécile Duflot a été écartée de la présidentielle dès le premier tour de la primaire.
(...)
Qu’est-ce qui explique la situation que nous connaissons aujourd’hui ?
Quelque chose de profond : l’état de la relation entre citoyens et acteurs politiques a changé. Il y a désormais une rupture entre eux, qui survient car les Français ont le sentiment de ne plus être représentés par les partis, tandis qu’ils aspirent au renouveau. C’est ainsi que de nombreux mouvements de démocratie participative sont apparus ces dernières années, comme Nuit debout, Nous citoyens ou laprimaire.org.
Les Français délaisseraient donc une vieille forme de politique ?
La crise de confiance émane de l’échec des différents présidents à résoudre le chômage de masse. On sort d’une période d’alternance, c’est la raison pour laquelle la campagne est fluctuante, incertaine et imprévisible."
(...)
Au point de faire vaciller un prétendu "système" ?
Aujourd’hui, la critique du système est polymorphe : quand l’extrême-droite dénonce d’abord la bureaucratie européenne, l’extrême-gauche pourfend les élites politiques et économiques. Quant à Emmanuel Macron, il s’oppose au système des partis qui paralysent l’hypothèse d’une majorité d’idées. C’est un des symboles du divorce entre les Français, les acteurs politiques et la manière de faire de construire le jeu politique.
http://www.europe1.fr/politique/preside ... er-2981051
Qu'en pensez vous ?