Du droit à l'indifférence au droit à la différence

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johanono
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Du droit à l'indifférence au droit à la différence

Message non lu par johanono » 30 mai 2023, 17:36:18

yakiv a écrit :Non, toi tu te trouves des prétextes pour te positionner systématiquement contre la défense de minorités qui peuvent être opprimées.
Tu le fais peut-être parce que tu as en tête un modèle strictement "républicain" qui refuse d'admettre que certaines communautés peuvent être plus touchées que d'autres et qui considère "qu'un meurtre est un meurtre", quand bien même le sort semble bien s'acharner un peu plus en fonction des critères ethniques, sexuels ou de genre.
Je fais suite aux différents échanges que j'ai eus avec @Yakiv pour expliquer ce que, de façon générale, je reproche aux activistes communautaires.

Je désigne par "activistes communautaires" tous les groupes de défense de minorités considérées comme opprimées ou discriminées : les femmes, les Juifs, les musulmans, les Noirs, les homosexuels, les transsexuels, les non-binaires, les pansexuels, les gros, etc., bref, tout ce qui n'est pas un homme blanc, chrétien et hétérosexuel.

Ces activistes défendent des communautés différentes, mais se retrouvent autour de cette conviction qu'ils ont tous de défendre des minorités opprimées, conviction appuyée notamment par la théorie de l'intersectionnalité, très présente chez eux. Or ce concept de minorités opprimées doit être contesté, et ce pour plusieurs raisons :

1° Additionnées les unes aux autres, toutes ces minorités représentent une majorité de la population.

2° Ce concept s'appuie sur des erreurs d'analyse historique. Les Occidentaux n'ont jamais eu le monopole de l'esclavage. La France n'est pas les Etats-Unis : la ségrégation n'a jamais existé chez nous, les Noirs de France ne sont historiquement pas dans la même situation que les Noirs américains, Assa Traoré ne sera jamais Angela Davies.

Intéressons-nous maintenant aux méthodes et aux revendications de ces activistes. Pour ce faire, il peut être utile de consulter leur prose sur Internet (même si ça ne plaît pas à @Yakiv).

Jadis, le droit à l'indifférence constituait l'idéal d'intégration de toutes les personnes qui, de par leur origine, leur religion ou leur orientation sexuelle, n'entraient pas dans la norme sociale communément admise. Par exemple : "Je suis homo, et je demande juste à ce qu'on me foute la paix". Le droit à l'indifférence était obtenu lorsque la réponse était quelque chose du genre : "Tu es homo ? Et alors ?" Ce qui nous rassemble doit être plus important que ce qui nous sépare.

Les activistes exaltent désormais le droit à la différence. Dans leur logique, la société est constituée de nombreuses communautés différentes, chaque communauté demande que ses particularismes soient pris en compte et reconnus par les pouvoirs publics. Ils ne se contentent plus de revendiquer la fin de persécutions ou de discriminations, ils revendiquent des droits catégoriels spécifiques : la PMA, la GPA, l'éloge du transsexualisme, la manipulation de l'état civil, la revendication de menus séparés dans les cantines, la contestation de certains enseignements au nom de la religion, etc. C'est cela, le droit à la différence. Les individus sont essentialisés, distingués selon leur origine ou leur orientation, au mépris de tout universalisme républicain. Ce qui nous distingue est désormais plus important que ce qui nous rassemble.

Je refuse cette vision communautaire de la société qui heurte mon idéal républicain.

Je reproche aussi à ces activistes :

1° La confusion qu'ils entretiennent. Sous prétexte de beaux principes que l'on peut difficilement contester (la lutte contre le racisme, la lutte contre l'homophobie, la liberté religieuse, etc.), ils formulent des revendications tout à fait contestables : la PMA et la GPA sous prétexte de lutte contre l'homophobie, l'éloge du transsexualisme sous prétexte de lutte contre la transphobie, la manipulation de l'état civil sous prétexte de lutte contre l'homophobie et la transphobie, la revendication de menus séparés sous prétexte de liberté religieuse, les horaires séparés dans les piscines sous prétexte de liberté religieuse, etc.

2° Une forme de totalitarisme, et un mépris des règles les plus élémentaires de la démocratie. Si vous n'êtes pas d'accord avec eux, ils ont tôt fait de vous accuser de : racisme, antisémitisme, sexisme, homophobie, transphobie, etc., et le cas échéant, vous menacent, portent plainte contre vous, vous empêchent de tenir meeting, etc.

3° Leur tendance à réinterpréter et réécrire l'histoire à l'aune de valeurs actuelles : on déboulonne des statues, on réécrit certains livres, etc.

4° Leur volonté de s'attaquer à certaines normes et constructions sociales qui sont très utiles. Les enfants, notamment, ont besoin de repères : qu'est-ce qu'un homme, qu'est-ce qu'une femme, qui est mon papa, qui est ma maman... On ne leur rend pas service en leur expliquant qu'un homme peut être une femme, qu'une femme peut être un homme, qu'ils peuvent avoir deux mamans, ou deux papas, ou un parent 1 et un parent 2. De même, l'apprentissage du français est une étape souvent délicate pour eux. On ne leur rend pas service en ajoutant de nouvelles règles de grammaire et d'orthographe à une langue déjà très complexe. Les adultes aussi, ont besoin de repères dans leurs relations sociales. Or ça va être compliqué de discuter si on n'a plus le droit d'appeler un homme Monsieur ou une femme Madame, ou s'il faut utiliser de nouveaux pronoms...

5° L'indignation à géométrie variable qu'ils véhiculent, et dont ils bénéficient. Quand un Blanc trouve qu'il y a trop de footballeurs noirs, il se rend coupable de racisme. Quand un Noir trouve qu'il y a trop de Blancs quelque part, on ne lui dit rien...

6° Certains aveuglements coupables à l'égard de l'islam, liés notamment à la théorie de l'intersectionnalité : les militants de l'antiracisme qui copinent avec les islamistes, les féministes qui préfèrent s'exciter sur des sujets sans grand intérêt au lieu de dénoncer la condition des femmes dans les banlieues islamisées, etc.

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Yakiv
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Re: Du droit à l'indifférence au droit à la différence

Message non lu par Yakiv » 30 mai 2023, 18:59:02

Soyons donc très pragmatique sur ton idéal de société.

Sensibiliser les gens sur les féminicides, sur les agressions des homosexuels, sur l'antisémitisme, tout ça tu es contre si je comprends bien.
Un meurtre est un meurtre.
Une agression est une agression.
Un harcèlement est un harcèlement.
Peu importe que certains catégories prennent plus cher que d'autres (les femmes, les minorités ethniques ou sexuelles, les enfants dans certains cas, les forces de l'ordre aussi logiquement...), tout le monde doit être logé à la même enseigne et les motivations particulières des agresseurs quant au statut des victimes ne doivent donc jamais être prises en compte.
C'est bien ça ?

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johanono
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Re: Du droit à l'indifférence au droit à la différence

Message non lu par johanono » 30 mai 2023, 19:08:43

Yakiv a écrit :
30 mai 2023, 18:59:02
Soyons donc très pragmatique sur ton idéal de société.

Sensibiliser les gens sur les féminicides, sur les agressions des homosexuels, sur l'antisémitisme, tout ça tu es contre si je comprends bien.
Tu comprends mal. Il me semble pourtant avoir été clair, mais je peux me répéter.

Je ne nie pas l'existence de certains phénomènes de société, et je suis tout à fait d'accord pour sensibilise les gens (notamment les plus jeunes) à certaines problématiques.

Je refuse en revanche que la lutte contre certains phénomènes sociaux serve de prétexte à d'autres revendications plus contestables.
Un meurtre est un meurtre.
Une agression est une agression.
Un harcèlement est un harcèlement.
Peu importe que certains catégories prennent plus cher que d'autres (les femmes, les minorités ethniques ou sexuelles, les enfants dans certains cas, les forces de l'ordre aussi logiquement...), tout le monde doit être logé à la même enseigne et les motivations particulières des agresseurs quant au statut des victimes ne doivent donc jamais être prises en compte.
C'est bien ça ?
C'est ça.

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Re: Du droit à l'indifférence au droit à la différence

Message non lu par Yakiv » 30 mai 2023, 19:18:39

johanono a écrit :
30 mai 2023, 19:08:43
Yakiv a écrit :
30 mai 2023, 18:59:02
Soyons donc très pragmatique sur ton idéal de société.

Sensibiliser les gens sur les féminicides, sur les agressions des homosexuels, sur l'antisémitisme, tout ça tu es contre si je comprends bien.
Tu comprends mal. Il me semble pourtant avoir été clair, mais je peux me répéter.

Je ne nie pas l'existence de certains phénomènes de société, et je suis tout à fait d'accord pour sensibilise les gens (notamment les plus jeunes) à certaines problématiques.

Je refuse en revanche que la lutte contre certains phénomènes sociaux serve de prétexte à d'autres revendications plus contestables.
Un meurtre est un meurtre.
Une agression est une agression.
Un harcèlement est un harcèlement.
Peu importe que certains catégories prennent plus cher que d'autres (les femmes, les minorités ethniques ou sexuelles, les enfants dans certains cas, les forces de l'ordre aussi logiquement...), tout le monde doit être logé à la même enseigne et les motivations particulières des agresseurs quant au statut des victimes ne doivent donc jamais être prises en compte.
C'est bien ça ?
C'est ça.
Tes 2 réponses sont contradictoires.
Si on sensibilise les gens "à certaines problématiques", c'est bien pour tenir compte des motivations criminelles ou malveillantes et chercher à réduire les meurtres, agressions, harcèlement, visant certaines catégories spécifiques.
Donc tu ne peux pas répondre non en haut et oui en bas, c'est pas logique.

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Camille
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Re: Du droit à l'indifférence au droit à la différence

Message non lu par Camille » 30 mai 2023, 19:30:08

Yakiv a écrit :
30 mai 2023, 19:18:39
Tes 2 réponses sont contradictoires.
Si on sensibilise les gens "à certaines problématiques", c'est bien pour tenir compte des motivations criminelles ou malveillantes et chercher à réduire les meurtres, agressions, harcèlement, visant certaines catégories spécifiques.
Donc tu ne peux pas répondre non en haut et oui en bas, c'est pas logique.
Si je comprends bien le propos de johanono, il dit qu'il faut appliquer la même peine pour une agression, quelle que soit le motif, toutes choses égales par ailleurs. Et qu'il faudrait juste, en contrepartie, jouer la carte de la sensibilisation et de la prévention pour certains motifs pour espérer un changement de mentalités. S'il ne vient pas, tant pis, c'est qu'elle
johanono a écrit :
30 mai 2023, 19:08:43
Un meurtre est un meurtre.
Une agression est une agression.
Un harcèlement est un harcèlement.
Peu importe que certains catégories prennent plus cher que d'autres (les femmes, les minorités ethniques ou sexuelles, les enfants dans certains cas, les forces de l'ordre aussi logiquement...), tout le monde doit être logé à la même enseigne et les motivations particulières des agresseurs quant au statut des victimes ne doivent donc jamais être prises en compte.
C'est bien ça ?
C'est ça.
Si des dispositions spécifiques sont prises à l'encontre à de populations spécifiques, c'est parce qu'elles sont plus souvent ciblées que les autres par les violences, et parfois plus fragiles. Cela reviendrait dans ton exemple à condamner par la même peine le fait d'insulter quelqu'un de sale c.., de sale pédé ou de sale bougnoule. (Détail amusant, sur ce forum, il n'y a que "c.." qui est censuré)
Si les peines sont aujourd'hui plus lourdes pour les deuxième et troisième cas, c'est avant tout pour dissuader et ne pas normaliser certaines attaques (ce qui arriverait si on relative tout et si on traite tout le monde à la même enseigne). Je doute que la seule sensibilisation suffise dans leur cas, il faut jouer sur la méthode douce (sensibilisation) ET la méthode forte (coercition).

S'il est aussi décidé de prendre des dispositions spécifiques contre les agressions racistes ou homophobes par exemple, c'est parce qu'a priori, on touche en plus à l'intégrité morale de la personne et à son identité (qu'elle n'a pas choisie le plus souvent... être homo, naître femme ou avoir une peau basanée ne sont pas des choix). Ce qui n'est pas nécessairement le cas si on agresse quelqu'un pour lui voler son portefeuille.

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les orteils
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Re: Du droit à l'indifférence au droit à la différence

Message non lu par les orteils » 30 mai 2023, 19:41:32

johanono a écrit :
30 mai 2023, 17:36:18
1° Additionnées les unes aux autres, toutes ces minorités représentent une majorité de la population.
Appartenir à une minorité donne droit à la protection contre les discriminations.
johanono a écrit :
30 mai 2023, 17:36:18
2° Ce concept s'appuie sur des erreurs d'analyse historique. Les Occidentaux n'ont jamais eu le monopole de l'esclavage. La France n'est pas les Etats-Unis : la ségrégation n'a jamais existé chez nous, les Noirs de France ne sont historiquement pas dans la même situation que les Noirs américains, Assa Traoré ne sera jamais Angela Davies.
Oui : l'esclavage est aussi vieux que le monde, son berceau est la Mésopotamie et l'Afrique.
johanono a écrit :
30 mai 2023, 17:36:18
Jadis, le droit à l'indifférence constituait l'idéal d'intégration de toutes les personnes qui, de par leur origine, leur religion ou leur orientation sexuelle, n'entraient pas dans la norme sociale communément admise. Par exemple : "Je suis homo, et je demande juste à ce qu'on me foute la paix". Le droit à l'indifférence était obtenu lorsque la réponse était quelque chose du genre : "Tu es homo ? Et alors ?" Ce qui nous rassemble doit être plus important que ce qui nous sépare.
ça ne suffit pas dans la mesure ou la société discrimine ces minorités.
johanono a écrit :
30 mai 2023, 17:36:18
la PMA, la GPA, l'éloge du transsexualisme, la manipulation de l'état civil, la revendication de menus séparés dans les cantines, la contestation de certains enseignements au nom de la religion, etc. C'est cela, le droit à la différence. Les individus sont essentialisés, distingués selon leur origine ou leur orientation, au mépris de tout universalisme républicain. Ce qui nous distingue est désormais plus important que ce qui nous rassemble.
Tu n'es pas toujours objectif : parler de l'éloge du transsexualisme sans évoquer le mal être de la dysphorie du genre qui est tout sauf une vue de l'esprit. Il n'y a pas dans ce cas de manipulation de l'état civil.

johanono a écrit :
30 mai 2023, 17:36:18
2° Une forme de totalitarisme, et un mépris des règles les plus élémentaires de la démocratie. Si vous n'êtes pas d'accord avec eux, ils ont tôt fait de vous accuser de : racisme, antisémitisme, sexisme, homophobie, transphobie, etc., et le cas échéant, vous menacent, portent plainte contre vous, vous empêchent de tenir meeting, etc.
ça arrive mais tu généralises.
johanono a écrit :
30 mai 2023, 17:36:18
la revendication de menus séparés dans les cantines, la contestation de certains enseignements au nom de la religion, etc.
Sur les menus, je suis d'accord pour éviter le porc mais pas davantage : la communauté n'a pas à se soumettre aux religions. La science passe avant la religion, notamment quand ils s'agit d'enseignement.
johanono a écrit :
30 mai 2023, 17:36:18
On ne leur rend pas service en leur expliquant qu'un homme peut être une femme, qu'une femme peut être un homme,
Présenté comme ça, oui...
johanono a écrit :
30 mai 2023, 17:36:18
qu'ils peuvent avoir deux mamans, ou deux papas,
Si, on leur rend service car la lutte contre l'homophobie passe par là.
johanono a écrit :
30 mai 2023, 17:36:18
Les adultes aussi, ont besoin de repères dans leurs relations sociales. Or ça va être compliqué de discuter si on n'a plus le droit d'appeler un homme Monsieur ou une femme Madame, ou s'il faut utiliser de nouveaux pronoms...
Oui
C'est toujours hier que commence le futur, mais la France continue de penser que tout commence demain. (Boualem SANSAL)

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Re: Du droit à l'indifférence au droit à la différence

Message non lu par johanono » 30 mai 2023, 19:58:32

@Yakiv :

Pas de contradiction. Je distingue la prévention et la répression. Je veux bien qu'on fasse de la prévention sur certains problèmes de société (et à condition que la prévention ne serve pas de prétexte à du militantisme politique). Mais s'agissant de la répression, je refuse toute approche pénale différenciée.

@Camille :

Je suis d'accord sur la nécessité d'incriminer les insultes racistes, car ces insultes constituent un délit à part entière, pouvant frapper tout un chacun : un Blanc peut être traité de sale blanc, un Noir peut être traité de sale Noir, etc. En théorie, le racisme contre les Blancs est tout aussi grave que les autres formes de racisme. Dans la réalité, je trouve qu'il y a une forme d'indignation à géométrie variable. Les prétendus militants anti-racistes sont en réalité des racistes de première, puisqu'ils passent leur temps à opposer les gens selon leur couleur de peau.

@les orteils :

Encore faut-il se mettre d'accord sur le concept de discriminations... Comme indiqué plus haut, le concept de lutte contre les discriminations peut donner lieu à des revendications tout à fait contestables. Par exemples :
- Si j'appelle "Monsieur" le copain d'un nouveau genre de Daniel Schneidermann (évoqué dans un autre topic), suis-je coupable de discrimination ?
- Si je dis qu'un enfant a le droit d'avoir un papa et une maman, suis-je coupable de discrimination ?
- Si en tant que patron, je licencie un salarié qui veut faire sa prière pendant le service, suis-je coupable de discrimination ?
- Si un entraîneur de foot écarte de son équipe un joueur qui veut faire le Ramadan un jour de match, est-il coupable de discrimination ?

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Re: Du droit à l'indifférence au droit à la différence

Message non lu par les orteils » 30 mai 2023, 20:33:46

johanono a écrit :
30 mai 2023, 19:58:32
@les orteils :

Encore faut-il se mettre d'accord sur le concept de discriminations... Comme indiqué plus haut, le concept de lutte contre les discriminations peut donner lieu à des revendications tout à fait contestables. Par exemples :
- Si j'appelle "Monsieur" le copain d'un nouveau genre de Daniel Schneidermann (évoqué dans un autre topic), suis-je coupable de discrimination ? Oui si c'était une femme (je ne connais pas l'histoire...) qui a dû changer de sexe.
- Si je dis qu'un enfant a le droit d'avoir un papa et une maman, suis-je coupable de discrimination ? Non, mais il a aussi le droit d'avoir deux mamans ou deux papas (couple homo)
- Si en tant que patron, je licencie un salarié qui veut faire sa prière pendant le service, suis-je coupable de discrimination ? Non
- Si un entraîneur de foot écarte de son équipe un joueur qui veut faire le Ramadan un jour de match, est-il coupable de discrimination ? Non
C'est toujours hier que commence le futur, mais la France continue de penser que tout commence demain. (Boualem SANSAL)

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Re: Du droit à l'indifférence au droit à la différence

Message non lu par Yakiv » 30 mai 2023, 21:42:42

johanono a écrit :
30 mai 2023, 19:58:32
Pas de contradiction. Je distingue la prévention et la répression. Je veux bien qu'on fasse de la prévention sur certains problèmes de société (et à condition que la prévention ne serve pas de prétexte à du militantisme politique). Mais s'agissant de la répression, je refuse toute approche pénale différenciée.
Là je peine un peu à te suivre car il me semblait que c'était surtout les sensibilisations et donc les démarches de prévention "communautaires" qui te posaient problème. Chaque fois qu'une association (un "lobby" :mrgreen:) anime un tel projet, tu vas systématiquement lui chercher des poux dans la tête. À moins que tu tolères ces interventions à la condition que les associations n'aient pas le droit de citer...

Sur les approches pénales différenciées, je ne sais pas. Les arguments de Camille ont du sens, mais j'hésite pour ma part.
Par contre, juste pour vérifier l'impartialité de ton raisonnement, tu rejettes bien la circonstance aggravante en cas de violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique, n'est-ce pas ? :roll:

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Re: Du droit à l'indifférence au droit à la différence

Message non lu par Camille » 30 mai 2023, 23:42:40

johanono a écrit :
30 mai 2023, 19:58:32
Je suis d'accord sur la nécessité d'incriminer les insultes racistes, car ces insultes constituent un délit à part entière, pouvant frapper tout un chacun : un Blanc peut être traité de sale blanc, un Noir peut être traité de sale Noir, etc. En théorie, le racisme contre les Blancs est tout aussi grave que les autres formes de racisme. Dans la réalité, je trouve qu'il y a une forme d'indignation à géométrie variable. Les prétendus militants anti-racistes sont en réalité des racistes de première, puisqu'ils passent leur temps à opposer les gens selon leur couleur de peau.
Je n'ai pas de problème à condamner également le racisme anti-blanc quand il existe. Par contre, je me dis que ça aurait moins de force dans un pays où la majorité de la population est blanche. Un peu comme si on insultait quelqu'un de "sale hétéro", cette insulte manque clairement de brutalité et sans doute d'impact par rapport à un "sale pédé".

C'est la raison pour laquelle il faut apprécier le contexte et les rapports de force, et que je parlais de la nécessité de protéger davantage par la loi les populations jugées plus faibles, les moins aptes à pouvoir se défendre. Dit autrement, "sale riche" et "sale pauvre" sont toutes les deux des insultes, mais dans l'une des situations, on vient tirer sur l'ambulance, enfoncer le clou.

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Re: Du droit à l'indifférence au droit à la différence

Message non lu par johanono » 22 juin 2023, 09:14:23

Voici une nouvelle aberration qui illustre bien la tendance woke contemporaine.

Dans un nombre croissant d'écoles, la célébration de la fête des mères et de la fête des pères est remplacée par une "fête des gens qu'on aime". A priori, l'initiative ne vient pas du Ministère de l’Éducation nationale, mais d'enseignants. Selon les enseignants concernés, il s'agit, en gros, de s'adapter à la diversité des situations familiales.

Alors le sujet peut sembler anodin. En apparence, cette pratique d'un bon sentiment, mais elle contribue finalement à remettre en cause nos traditions, à diluer notre sens commun, à effacer les repères qui structurent notre société, au détriment de nos enfants. Les enfants, notamment, ont besoin de repères : les repères de la filiation sont une condition de leur développement psychologique, il est important qu'ils aient à l'esprit qu'ils sont le fruit de l'union d'un papa et d'une maman, ils ont besoin de repérer qui est qui au sein de la famille. Si on casse ces repères, si on casse la représentation structurelle du père et de la mère, alors on crée forcément un trouble chez les enfants. Or on ne peut pas, d'un côté, déplorer la perte de repères, et de l'autre, tout faire pour démolir ces repères, au nom de la possible susceptibilité d'une minorité.

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Re: Du droit à l'indifférence au droit à la différence

Message non lu par Camille » 22 juin 2023, 12:00:21

Tu prends le problème du mauvais bout, comme toujours, celui du maintien des traditions. Mais il ne t'aura pas échappé que les familles nucléaires prennent l'eau depuis des décennies, au profit de familles monoparentales (divorce ou décès) ou recomposées.

Autour de moi nombreuses sont les personnes qui n'ont pas eu une famille épanouie, et qui peuvent trouver des substituts chez des amis par exemple. Et pour ce qui est de mon cas personnel, mon fils n'est pas forcément en bons termes avec son père pour des raisons que je ne vais pas évoquer.

Voilà l'état de fait. Maintenir cette tradition pour honorer les liens du sang n'a pas d'intérêt. Certains s'épanouissent davantage en gardant une distance avec leur famille.

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Re: Du droit à l'indifférence au droit à la différence

Message non lu par johanono » 22 juin 2023, 12:20:36

Je ne défends pas les traditions par principe. Des traditions peuvent être combattues si elles sont jugées néfastes : je n'ai pas de problème avec ça.

Le problème, ce sont les repères que l'on offre aux enfants. Un enfant a besoin de repères : il a besoin de savoir qui il est (un garçon ou une fille), il a besoin de savoir qu'il est le fruit de l'union d'un homme et d'une femme, il a besoin de savoir qui est son père et qui est sa mère, même si les vicissitudes de la vie font qu'il ne vit pas forcément avec son père et sa mère. Or sous prétexte d'inclusivité, on est en train de casser tout ça : on explique désormais aux jeunes qu'ils peuvent changer de sexe, qu'ils peuvent même être non binaires, qu'ils peuvent avoir un parent 1, un parent 2, un parent 3, et des gens qu'on aime, et finalement, tout se vaut et tout est dans tout. C'est dangereux pour le développement et la construction psychique des enfants.

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Re: Du droit à l'indifférence au droit à la différence

Message non lu par les orteils » 22 juin 2023, 15:15:57

Il ne faut pas tout mélanger les cadeaux fêtes des pères/mères posent de plus en plus de problèmes comme ta l'a expliqué @Camille : parfois c'est l'inconséquence des gens qui est en cause, parfois c'est simplement la faute à pas de chance. Quoi qu'il en soit, avoir devant soi des enfants d'autant plus malheureux à confectionner un cadeau que ses copains s'en réjouissent pose problème aux enseignants et c'est bien naturel.
Si les enfants ont besoin de repères, ils ont aussi besoin d'apprendre qu'il y a des familles homosexuelles, que certains enfants sont malades et doivent changer de sexe. Tout n'est pas rose dans la vie, l'enfant doit comprendre que sa situation personnelle n'est pas universelle. Je me souviens que dans ma classe il y avait un Noir ce qui était exceptionnel dans mon village, un autre enfant avait perdu son papa, ce qui m'avait beaucoup angoissé, mais la vie est ainsi faite et il faut bien l'affronter.
C'est toujours hier que commence le futur, mais la France continue de penser que tout commence demain. (Boualem SANSAL)

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Re: Du droit à l'indifférence au droit à la différence

Message non lu par Camille » 22 juin 2023, 17:12:07

johanono a écrit :
22 juin 2023, 12:20:36
Je ne défends pas les traditions par principe. Des traditions peuvent être combattues si elles sont jugées néfastes : je n'ai pas de problème avec ça.

Le problème, ce sont les repères que l'on offre aux enfants. Un enfant a besoin de repères : il a besoin de savoir qui il est (un garçon ou une fille), il a besoin de savoir qu'il est le fruit de l'union d'un homme et d'une femme, il a besoin de savoir qui est son père et qui est sa mère, même si les vicissitudes de la vie font qu'il ne vit pas forcément avec son père et sa mère. Or sous prétexte d'inclusivité, on est en train de casser tout ça : on explique désormais aux jeunes qu'ils peuvent changer de sexe, qu'ils peuvent même être non binaires, qu'ils peuvent avoir un parent 1, un parent 2, un parent 3, et des gens qu'on aime, et finalement, tout se vaut et tout est dans tout. C'est dangereux pour le développement et la construction psychique des enfants.
Les enfants sont beaucoup moins c... que tu le laisses entendre. Ils savent très bien qu'ils sont issus d'une relation entre deux personnes homme et femme "biologiques". Ce qu'il faut maintenant leur faire comprendre, c'est que ce n'est pas parce que des gens autour d'eux ne partagent pas de lien de sang avec eux qu'ils ne peuvent pas être considérés comme la famille aussi. Tu prends tout par le spectre LGBT mais il y a des motivations plus prosaïques.

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