Après l'annonce du référendum en Grèce par Tsípras sur les propositions des créanciers de son pays, l'avenir d'Athènes au sein de la zone euro s'écrit en pointillés.
Si Aléxis Tsípras pensait faire plier ses partenaires de la zone euro, ou au moins les diviser, en annonçant, dans la nuit de vendredi à samedi, un référendum (le 5 juillet) sur un compromis qui n’existe pas, c’est totalement loupé. C’est exactement le contraire qui s’est passé au cours de l’Eurogroupe (les 19 ministres des Finances) convoqué samedi dans l’espoir de boucler un accord avec la Grèce destiné à lui assurer à nouveau une nouvelle aide financière de plus de 15 milliards d’euros, un plan d’investissement de 30 à 35 milliards, le tout assorti d’un calendrier de renégociation de la dette grecque en échange de réformes structurelles, de hausses d’impôt et de coupes dans les dépenses publiques. Ce référendum «ferme la porte à la poursuite des discussions», a tranché le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, patron de l’Eurogroupe. La Vouli, le parlement monocaméral grec, a adopté la loi autorisant le référendum dans la nuit de samedi par une très large majorité de 178 voix contre 120 (sur 300 sièges). Le Grexit redouté est désormais au bout de la semaine, voire avant, sauf rebondissement en Grèce.
QUE S’EST-IL PASSÉ ?
Personne ne comprend le brutal raidissement d’Aléxis Tsípras : «On était à deux doigts d’un accord», affirme une source proche des négociations. «Tout le monde pensait qu’on allait conclure. A la demande des Grecs, on a convoqué, lundi, un Eurogroupe et un sommet de la zone euro, puis un nouvel Eurogroupe mercredi, puis jeudi. Le Conseil européen de jeudi et vendredi a aussi permis de progresser et c’est pour ça qu’on a convoqué un nouvel Eurogroupe samedi.» Mais, à la surprise générale, Tsípras a annoncé au milieu de la nuit de vendredi à samedi la tenue d’un référendum sur le texte de compromis tel qu’il existait jeudi, après avoir prévenu quelques minutes auparavant François Hollande et Angela Merkel, (Jean-Claude Juncker, lui, plongé dans un profond sommeil, n’ayant pas décroché).
«Or, ce texte a changé vendredi pour tenir compte des demandes grecques. Ce référendum est sans objet», ajoute cette même source. Pire, «les Grecs sont partis au pire moment, avant qu’on parle de la soutenabilité de la dette, de l’extension du programme», au-delà du 30 juin, et du plan d’investissement, s’est étonné Jeroen Dijsselbloem.
(...)
VERS LE GREXIT ?
«Il n’y a pas de mode d’emploi pour une sortie de la zone euro, car personne n’avait prévu une telle situation. On est dans les figures libres», confie une source européenne. On peut donc très bien imaginer que la Grèce reste formellement dans la zone euro, mais ne dispose plus d’euros fournis par la BCE. Il faudra donc qu’elle émette en parallèle une nouvelle monnaie (après avoir repris le contrôle de sa banque centrale, ce qui l’exclura de facto de la BCE) afin de payer les salaires des fonctionnaires et les retraites. Mais cette nouvelle drachme, qui circulera parallèlement à l’euro, n’aura de valeur que pour les biens et les services produits par la Grèce, ce qui limitera considérablement son pouvoir d’achat : tous les produits importés (ou comportant une part d’imports) devront être payés en euros sonnants et trébuchants.
Et la Grèce importe beaucoup, des produits agricoles aux produits technologiques, en passant par les médicaments. La Grèce serait dans la situation de Cuba qui connaît aussi une double circulation monétaire, le peso local qui ne vaut rien et le peso convertible (CUC) dont la valeur est proche de celle du dollar qui permet seul l’accès aux produits de «luxe»… La Grèce, privée d’accès à l’euro, peut aussi choisir de partir d’elle-même. Dans les deux cas, sa situation ne sera guère brillante, car elle n’aura pas accès avant longtemps aux marchés financiers : elle devra vivre avec ce qu’elle produit.
(...)
L'intégralité de cet article à lire sur Liberation.fr
Qu'en pensez vous ?La Grèce va-t-elle bel et bien sortir de la zone euro ? Ce scénario de Grexit paraît désormais probable, même s'il peut encore être évité. Vendredi soir, Alexis Tsipras (et son gouvernement de gauche radicale allié à la droite nationaliste) a pris ses partenaires de court en annonçant un référendum à son peuple. Le Premier ministre grec a refusé les dernières propositions de réformes et de consolidation budgétaire exigées par ses créanciers (Commission européenne, BCE, Fonds monétaire international) pour poursuivre l'aide financière à son pays. Le vote doit avoir lieu le 5 juillet, mais la question précise qui sera posée aux Grecs reste incertaine. Voteront-ils sur l'appartenance de leur pays à la zone euro ? Sur les exigences des créanciers ? Nul ne le sait.
(...)
Vers un Grexit ?
Imaginer la BCE fermer son robinet à liquidités pour les banques grecques sans un signal extrêmement clair des responsables politiques semble difficile. C'est pourquoi les ministres des Finances de la zone euro vont devoir prendre leurs responsabilités lors d'une nouvelle réunion samedi en fin d'après-midi, cette fois sans leur homologue grec. En refusant de prolonger le plan d'aide jusqu'au référendum et au-delà comme le leur demandait Alexis Tsipras, l'Eurogroupe semble se préparer au Grexit. Aucun ne souhaite céder à ce que beaucoup considèrent comme un chantage de la Grèce.
(...)
http://www.lepoint.fr/economie/crise-gr ... 496_28.php