Je vais te donner quelques exemples.Logos a écrit : ↑13 sept. 2017, 00:45:37Donc en matière de politiques économiques on aurait que deux choix sur Terre : soit la gabegie, soit les réformes "libérales" ?johanono a écrit : ↑11 sept. 2017, 10:59:03Ceux qui disent "on est pour les réformes, mais pas les réformes libérales" sont des hypocrites. Ils sont pour les réformes qui permettraient d'avoir encore plus d'avantages sociaux, tout en travaillant moins et en payant moins d'impôts. Mais ça n'est pas possible.
Pourtant sur les privatisations tu considères que la France a bien un autre choix. Pourquoi pas sur d'autres sujets comme le travail, la monnaie, la fiscalité, l'investissement etc ? Nous sommes dans le même environnement économique mondial. Et pourtant on voit bien que tous les pays développés n'y répondent pas avec la même politique. Et n'ont pas exactement le même modèle de société.
Ce que je reproche au gouvernement, ce n'est pas qu'il demande des efforts. C'est le type de politique économique qu'il a choisi, en lien avec ses choix européens et le modèle de société qu'il semble défendre.
Par exemple nous n'avons pas besoin de faire des 3% notre priorité n°1 en ce moment. Ça n'est pas nécessaire à la compétitivité, ça n'est pas exigé par la situation du marché de la dette (les taux ne vont pas s'envoler parce qu'on fait temporairement du -5%). Ni par les risques d'inflation (on est plus dans les années 60). Même le Royaume-Uni qui n'est pas "protégé" par l'Euro n'a pas vu ses taux flamber quand il a creusé son déficit jusqu'à des -10%. La courbe des taux est quasiment la même que la France depuis 10 ans.
Je suis partisan d'un retour au franc, pour permettre à la France de retrouver sa souveraineté monétaire et, notamment, de monétiser sa dette. Mais je dois me faire une raison : l'abandon de l'euro n'est pas d'actualité. Dans ces conditions, la France continuera pendant encore longtemps à financer sa dette sur les marchés financiers. C'est regrettable, mais c'est ainsi, il faut donc en tirer les conclusions qui s'imposent. Les déficits sont tels qu'une petite augmentation des taux d'intérêts sur les marchés financiers peut engendrer un coût de plusieurs dizaines de milliards d'euros. Donc oui, la France doit réduire ses déficits, pour ne plus être à la merci d'une augmentation des taux d'intérêts, et plus généralement pour alléger le poids des intérêts de la dette qui pèse sur son budget.
Et sachant que les prélèvements obligatoires atteignent déjà un niveau très élevé, la baisse des déficits ne pourra passer que par une baisse des dépenses publiques. Je n'ai jamais été favorable à un système libéral à l'anglo-saxonne, avec des écoles privées, une Sécu privée, etc. Mais je pense qu'il faut faire des économies importantes, et qu'on peut les faire, même si ce sera impopulaire. Pas forcément sur le budget de l’État (où la marge de manœuvre me semble très faible), mais sur la protection sociale, les retraites, les aides au logement, etc. Je sais bien que ça risque d'être impopulaire, mais ça me semble nécessaire. Et je suis très agacé par tous ces Français qui se plaignent de payer trop d'impôts, mais qui quémandent sans cesse des subsides publics supplémentaires, ou qui viennent gueuler dès qu'un gouvernement veut faire quelques (timides) mesures d'économies budgétaires.
S'agissant plus spécialement des retraites, je pense qu'on ne peut plus éternellement augmenter les cotisations pour financer les besoins des retraités : il n'y a donc pas d'autre solution que de baisser les pensions et d'augmenter l'âge de départ en retraite, et de supprimer tous les régimes spéciaux par la mise en place d'un système de retraites unique, universel, par points. Mais ce sera impopulaire, je sais bien.
Sur la structure de la fiscalité, au-delà même de la question du niveau général des prélèvements obligatoires, je suis partisan de réorienter le financement de la protection sociale de la main d’œuvre sur la consommation (TVA sociale). Cela me semble nécessaire si on veut préserver autant que possible la compétitivité de nos entreprises dans un contexte de libre-échange mondialisé. Je suis moi-même favorable à une forme de protectionnisme, mais je sais que ce protectionnisme n'est pas d'actualité. A partir du moment où nous acceptons le libre-échange, il faut en tirer les conclusions qui s'imposent et faire en sorte de préserver la compétitivité de nos entreprises. La TVA sociale sera impopulaire, je sais bien, parce qu'elle a l'image d'un impôt injuste, mais elle me semble nécessaire.
De façon plus générale, je suis favorable à une simplification de notre fiscalité et de notre protection sociale, parce que notre système fiscal et notre système social sont devenus trop complexes, sources de fraudes, d'injustices, trop coûteux à gérer, etc. Mais je sais aussi que ce sera impopulaire, parce que c'est bien connu, dans chaque niche se cache un chien prêt à mordre.
Concernant le droit du travail, il me semble devenu inutilement complexe, source de tracas pour les entreprises, sans pour autant protéger les salariés. Je pense donc qu'on peut le simplifier, histoire de faciliter la vie des chefs d'entreprises, sans pour autant porter préjudice aux salariés. Je ne parle pas de supprimer le SMIC ou d'instaurer des contrats "zéro heure" comme dans certains pays voisins : je n'y suis pas favorable, et ça tombe bien, il n'est pas question de ça dans le projet d'ordonnance.
Donc je pense que, si on commençait par faire toutes les réformes que je propose, la France irait mieux, beaucoup mieux. Sauf que ces réformes sont impopulaires...