Pour moi, c'est vraiment une question de rapport à la valeur travail et au mérite individuel. L'héritage, qu'on le veuille ou non, c'est la négation de la valeur travail et du mérite individuel : vous héritez juste parce que vous vous êtes donné la peine de naître et de survivre à vos parents. Et de ce point de vue, l'idée qu'on puisse être davantage taxé quand on gagne une certaine somme par son travail plutôt que par l'héritage est assez choquante.
Au surplus, il apparaît que, d'après le CAE, "en France, la part de la fortune héritée dans le patrimoine total représente désormais 60%, contre 35% au début des années 1970"
(source). Donc le mythe du "petit couple qui travaille toute une vie pour transmettre à ses enfants le fruit d'une vie de labeur" ne résiste pas l'analyse des faits : en moyenne, quand des gens décèdent, la valeur de leur patrimoine est majoritairement le fruit de ce dont ils ont eux-mêmes hérité, et non de leur travail. C'est ainsi que se perpétuent les rentes de situation.
Du point de vue de la valeur travail et du mérite individuel, il conviendrait donc de taxer plus lourdement les successions et moins taxer le travail, quitte, éventuellement, à réserver un traitement particulier, inspiré du Pacte Dutreil, pour les transmissions d'entreprises familiales (pour permettre la perpétuation de ces entreprises familiales).