El Fredo » Dim 3 Aoû 2014 - 12:01 a écrit :La valeur ajoutée de n'importe quel service public peut parfaitement se mesurer au niveau macroéconomique. Une population en bonne santé générera par exemple un PIB plus important qu'une population malade, et si la différence est supérieure aux dépenses de santé du pays alors la valeur ajoutée du système de santé est positive. En gros.
Sans doute, mais c'est très difficile à quantifier. Pour une entreprise, le bénéfice, le chiffre d'affaires, l'excédent brut d'exploitation, sont des choses qui se mesurent précisément, avec des critères comptables précis. Pour une école, c'est plus difficile à évaluer. Comme le souligne Brighelli, la rentabilité future de l'école est extrêmement élusive.
Assimiler l'école à une entreprise, qui aurait donc une exigence de rentabilité, est donc extrêmement contestable. Brighelli a bien raison de dénoncer la logique consumériste qui participe de cette assimilation de l'école à une entreprise.
En revanche, il est permis de s'interroger sur l'efficacité de l'école. Ce n'est pas tout à fait la même qu'assimiler l'école à une entreprise. On peut, par exemple, constater que l'école coûte toujours plus cher, qu'elle représente une part très importante du budget de l'Etat, alors que le niveau scolaire des élèves ne cesse de se dégrader, et que la reproduction sociale est toujours plus forte.
A part ça, Brighelli figure parmi mes maîtres à penser : je ne peux donc qu'approuver son propos.
Je me permets notamment de bien citer ce paragraphe, qui me semble capital pour bien comprendre ce que doit être l'école :
Jean-Paul Brighelli a écrit :À trop vouloir techniciser l'enseignement, que ce soit en privilégiant les "sciences de l'éducation", qui bafouent l'art magique de la transmission, ou en favorisant un enseignement si étroitement pratique qu'il ne débouche plus sur rien, sinon du vide, au point que certains ne peuvent le supporter, on oublie ce qui fait l'essentiel de la fonction enseignante : former des citoyens doués d'une culture commune, d'un langage commun (et pas d'un langage a minima, mais d'une langue riche et variée), de références communes.
Si on a ces principes à l'esprit, alors on comprend d'avoir des exigences fortes en matière de programmes et de transmission des savoirs, on comprend que l'école ne doit pas être réduite à un simple lieu d'épanouissement, et on comprend aussi que l'Education nationale doit être gérée de façon relativement centralisée : les mêmes programmes, les mêmes valeurs, les mêmes références pour tous les jeunes de France.