Il est vrai que beaucoup de pays ne connaissent pas la distinction entre filière universitaire et grandes écoles. On peut débattre de la pertinence de cette distinction. Mais qu'est-ce qui te fait dire que les grandes écoles ne sont plus adaptées au monde actuel ? Et supprimer les grandes écoles (ou les classes préparatoires uniquement) ne risque-t-il pas d'entraîner une baisse des exigences ?El Fredo » Mar 3 Nov 2015 - 12:02 a écrit :J'ai la chance de côtoyer des ingénieurs issus de filières universitaires et de cursus prépa-grandes écoles, les seconds ne sont pas particulièrement meilleurs que les premiers. Je pense que le système des CPGE est un peu en bout de course compte tenu de la globalisation du milieu académique, ça n'a rien à voir avec une quelconque volonté gouvernemental, et AMHA il vaudrait mieux intégrer les écoles et les prépas dans des structures universitaires comme cela se pratique ailleurs plutôt que de vouloir conserver à tout prix un système volontairement distinct, qui certes a donné de bons résultats dans le passé mais ne me semble plus adapté au monde actuel.
Quel avenir pour les classes préparatoires ?
Re: Quel avenir pour les classes préparatoires ?
- El Fredo
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Re: Quel avenir pour les classes préparatoires ?
Parce que la filière des CPGE est ultra-élitiste et orientée sur la théorie fondamentale, avec comme objectif d'intégrer Polytechnique (le temple de la pensée unique technocratique dont sont issus la plupart des faiseurs de catastrophes de ces dernières années), ou à défaut les concours Centrale ou Mines-Pont. La plupart des enseignements qu'on y dispense sont oubliés quelques années plus tard car jamais appliqués dans un vrai environnement professionnel. Or ce qu'on cherche de nos jours ce sont des praticiens et des experts de leur domaine, et pas des cranes d’œufs capables de résoudre de tête une équation différentielle. On a des ordinateurs pour ça. Ou alors les gars s'orientent vers la recherche, mais dans ce cas pourquoi faire une CPGE ?
Le gros problème du système des CPGE c'est qu'on inculque un savoir académique à de futurs praticiens qui ne s'en serviront jamais, tandis qu'on relègue les moins brillants (en apparence...) à des études académiques qui sont faites pour ça. Ça fonctionne à l'envers.
Full disclosure : je suis ingénieur diplômé des Mines.
Le gros problème du système des CPGE c'est qu'on inculque un savoir académique à de futurs praticiens qui ne s'en serviront jamais, tandis qu'on relègue les moins brillants (en apparence...) à des études académiques qui sont faites pour ça. Ça fonctionne à l'envers.
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Re: Quel avenir pour les classes préparatoires ?
Je pense qu'un des fondements du système français est le suivant : oui à une élite qui peut raisonner et résoudre des problèmes types, emmagasiner des connaissances, non à une élite qui peut débattre et réfléchir aux fondements des choses. C'est un moule républicain qui accouche de beaucoup de nos decideurs. Les CPGE en sont le fer de lance.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI.
Re: Quel avenir pour les classes préparatoires ?
Vous êtes quand même durs avec le contenu des programmes de préparatoire. Autant je suis plutôt contre l'existence de ces classes, leur organisation, la compétition induite par le concours, la pression scolaire qui y règne, autant ce qu'on y apprend est intéressant et d'un bon niveau scientifique. Et je trouve que ces programmes, même si perfectibles, mériteraient d'être généralisés dans les filières universitaires.
Alors certes, c'est souvent des connaissances théoriques, mais il en faut pour former des esprits intellectuellement capables, qui peuvent débattre ou trouver des solutions pratiques. Et le fait que ces connaissances ne servent pas dans un environnement professionnel (ce qui est plutôt une bonne chose, si vous voulez mon avis) me parait complètement hors de propos : ne voir l'enseignement qu'au travers de ce qui servira dans un futur emploi est clairement une perspective sclérosante, qui ne peut mener qu'à la ruine du savoir et à une dégradation de la formation des esprits.
Alors certes, c'est souvent des connaissances théoriques, mais il en faut pour former des esprits intellectuellement capables, qui peuvent débattre ou trouver des solutions pratiques. Et le fait que ces connaissances ne servent pas dans un environnement professionnel (ce qui est plutôt une bonne chose, si vous voulez mon avis) me parait complètement hors de propos : ne voir l'enseignement qu'au travers de ce qui servira dans un futur emploi est clairement une perspective sclérosante, qui ne peut mener qu'à la ruine du savoir et à une dégradation de la formation des esprits.
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Re: Quel avenir pour les classes préparatoires ?
Si on supprime nos prépas, d'où sortiront nos prochaines médailles Fields ?
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Re: Quel avenir pour les classes préparatoires ?
Et d'où sortent les Fields des autres pays ?
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Re: Quel avenir pour les classes préparatoires ?
Harvard et Princeton. On a ça en France ?
- El Fredo
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Re: Quel avenir pour les classes préparatoires ?
Ils ont des CPGE pour Harvard et Princeton ?
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Re: Quel avenir pour les classes préparatoires ?
Les anglos-saxons ont une culture du débat contradictoire en classe assez poussée. Chez nous ce n'est pas du tout le cas (même en philo).
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Re: Quel avenir pour les classes préparatoires ?
Les CPGE sont une méthode de sélection, on peut en revoir le programme. Du temps ou les élèves de prépa passaient les DEUG, ils avaient le diplôme avec mention TB pour la plupart (et 100% de réussite...). Ne peut on en déduire que l'enseignement en fac suit grosso modo le même programme mais avec des élèves moins performants ?
Idem avec les masters passés en parallèle par les élèves d'écoles d'ingé : là encore 100% de réussite et surtout des mentions TB. Alors cet enseignement prépa/gdes écoles est il différent de celui des facs ou d'un meilleur niveau parce que les élèves sont meilleurs ?
Les premiers stagiaires de l'école 42 ont déçu les entreprises : du coup les exigences de l'école ont été revues à la hausse pour envoyer les élèves en stage... La sélection est toujours imparfaite mais il en faut une. On verra comment s'adapte l'école 42 qui tâtonne encore.
Les années de maths sup commencent par un rattrapage pendant l'été d'après des fichiers ou des photocopies de ce que les élèves, selon les profs, devraient avoir appris en terminale... En fac, on démarre en suivant, ce qui n'empêche pas 50% d'échec.
Idem avec les masters passés en parallèle par les élèves d'écoles d'ingé : là encore 100% de réussite et surtout des mentions TB. Alors cet enseignement prépa/gdes écoles est il différent de celui des facs ou d'un meilleur niveau parce que les élèves sont meilleurs ?
Les premiers stagiaires de l'école 42 ont déçu les entreprises : du coup les exigences de l'école ont été revues à la hausse pour envoyer les élèves en stage... La sélection est toujours imparfaite mais il en faut une. On verra comment s'adapte l'école 42 qui tâtonne encore.
Les années de maths sup commencent par un rattrapage pendant l'été d'après des fichiers ou des photocopies de ce que les élèves, selon les profs, devraient avoir appris en terminale... En fac, on démarre en suivant, ce qui n'empêche pas 50% d'échec.
C'est toujours hier que commence le futur, mais la France continue de penser que tout commence demain. (Boualem SANSAL)
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Re: Quel avenir pour les classes préparatoires ?
L'admission est sur dossier + concours.El Fredo » Mer 4 Nov 2015 - 09:14 a écrit :Ils ont des CPGE pour Harvard et Princeton ?
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Re: Quel avenir pour les classes préparatoires ?
Oui je sais, mais il n'y a pas d'équivalent de nos classes prépas aux USA.
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Re: Quel avenir pour les classes préparatoires ?
Les collèges américains s'en rapprochent sur bien des points
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Re: Quel avenir pour les classes préparatoires ?
Sauf qu'ils sont généralistes et que les filières préparatoires sélectives sont suivies avant le diplôme final. Chez nous elles sont spécialisées et post-bac.
Entendons-nous bien, ce que je critique n'est pas l'existence de filières sélectives mais le fait qu'elles soient détachées des structures académiques et qu'elles ne soient destinées qu'aux cursus d'ingénierie et pas aux cursus universitaires (recherche, professorat) qui sont pourtant tout aussi exigeants. Par exemple un élève brillant en maths qui se destine à la recherche fondamentale doit forcément en passer par les CPGE pour atteindre ce niveau d'enseignement, ce qui est à contre-emploi par rapport à l'objectif affiché des CPGE : intégrer une grande école. On pourrait imaginer des filières universitaires d'élite admissibles sur dossier en première année post-bac en parallèle des DEUG ouverts à tout le monde.
Une autre illustration du problème : les profs de prépa forment un monde à part avec un statut particulier (enseignement secondaire), peu d'entre eux enseignent dans des écoles d'ingénieur ou à la fac. Et pourtant il font partie de ceux qui affichent le meilleur niveau dans leur matière.
Entendons-nous bien, ce que je critique n'est pas l'existence de filières sélectives mais le fait qu'elles soient détachées des structures académiques et qu'elles ne soient destinées qu'aux cursus d'ingénierie et pas aux cursus universitaires (recherche, professorat) qui sont pourtant tout aussi exigeants. Par exemple un élève brillant en maths qui se destine à la recherche fondamentale doit forcément en passer par les CPGE pour atteindre ce niveau d'enseignement, ce qui est à contre-emploi par rapport à l'objectif affiché des CPGE : intégrer une grande école. On pourrait imaginer des filières universitaires d'élite admissibles sur dossier en première année post-bac en parallèle des DEUG ouverts à tout le monde.
Une autre illustration du problème : les profs de prépa forment un monde à part avec un statut particulier (enseignement secondaire), peu d'entre eux enseignent dans des écoles d'ingénieur ou à la fac. Et pourtant il font partie de ceux qui affichent le meilleur niveau dans leur matière.
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Re: Quel avenir pour les classes préparatoires ?
"On pourrait imaginer des filières universitaires d'élite admissibles sur dossier en première année post-bac en parallèle des DEUG ouverts à tout le monde."
On peut toujours imaginer, mais en France ça ne fonctionne pas comme ça et ce serait trop de changement d'un coup pour aboutir à ce modèle.
On peut toujours imaginer, mais en France ça ne fonctionne pas comme ça et ce serait trop de changement d'un coup pour aboutir à ce modèle.
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