Les concours de l’enseignement toujours en manque de bons candidats

[politicien]

Bonjour,

Les syndicats parlent de « crise des recrutements » et d’« hémorragie ». Le ministère de l’éducation nationale d’une « amélioration ». Mais on le sait maintenant, la campagne de recrutement dans l’enseignement secondaire public ne remplira pas, une fois encore, tous ses objectifs.

Mathématiques, lettres classiques et modernes, anglais, allemand ; les résultats des épreuves d’admissibilité du certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement (Capes) font craindre que de nombreux postes ne seront pas pourvus à la rentrée prochaine. De quoi relativiser, au moins dans ces disciplines, la politique volontariste du ministère. Les yeux rivés sur la promesse du candidat Hollande de créer 60 000 postes – là où la droite en avait supprimé 80 000 –, il a multiplié depuis 2012 campagnes de communication et concours « exceptionnels » de recrutement. En 2013, près de 1 000 postes étaient restés vacants, soit 16 % des postes offerts.

Augmentation du nombre de postes
Une discipline est d’ores et déjà déficitaire pour cette session 2015 : les lettres classiques. 114 candidats seulement se présenteront aux épreuves d’admission pour 230 postes ouverts. Un résultat encore inférieur à celui de l’année 2013 – les comparaisons avec l’année 2014 sont plus ardues car deux concours simultanés étaient organisés. L’augmentation du nombre de postes – 200 en 2013 – n’a donc pas attiré assez de candidats ayant le niveau requis. En plein débat sur la place des options latin et grec au collège, ce résultat ne laisse pas indifférente la présidente de la Société des agrégés, Blanche Lochmann. « Au lycée, si on avait une filière littéraire qui reposait vraiment sur les langues anciennes, comme la série scientifique repose sur les maths, le niveau des étudiants à la fac, et donc des candidats, en serait amélioré », estime l’enseignante de lettres classiques.

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« Attractivité » : le mot est dans toutes les bouches dès qu’on parle métiers de l’enseignement. Car à l’image des mathématiques, d’autres disciplines pourraient ne pas faire le plein à la rentrée malgré une amélioration du nombre d’inscrits – donc d’admissibles et d’admis. C’est le cas de l’anglais – 1 486 candidats pour 1 225 postes – ou encore de l’allemand – 386 admissibles pour 340 postes. « Augmenter le nombre de postes est primordial. Mais combien de temps encore va-t-on accepter de payer les nouveaux profs à hauteur de 1,1 smic ? », interroge Caroline Lechevallier, en guise d’explication.

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L'intégralité de cet article à lire sur Le Monde.fr

Qu'en pensez vous ?

[Nombrilist]

1.1 SMICs ? Je pensais que prof, c'était payé 1.3-1.4 SMICs en début de carrière.

[Ramdams]

La mastérisation, voilà le problème.

[El Fredo]

Où l'on voit que la droite a totalement massacré l'Education Nationale et que la gauche a toutes les peines du monde à recoller les morceaux. Plus personne ne veut devenir prof de nos jours, on se demande bien pourquoi...

[Nombrilist]

La gauche aurait peut-être pu revenir sur la mastérisation pour l'enseignement au moins jusqu'en terminale.

[Golgoth]

La "gauche" ne fait pas grand chose à part remettre des postes en sabrant ailleurs. Pour le reste on est sur le même registre.

[johanono]

La difficulté à recruter des (bons) profs constitue probablement la menace la plus grave pour l'avenir de notre école. Car s'il n'y a plus assez de profs, et si les profs recrutés sont médiocres, alors les savoirs transmis à nos élèves seront médiocres également.

En fait, on s'aperçoit qu'il y a une pénurie dans beaucoup de métiers importants pour la société française ou l'avenir de notre économie : pénurie de profs, pénurie de certains artisans, pénurie de médecins, etc. Pendant ce temps, il y a abondance de diplômés en psycho ou en histoire de l'art, et abondance de bac-10 en provenance d'Afrique... Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que la France décline.

[Ramdams]

Pour être prof, un bac +3 devrait suffire. Cela redonnerait de la valeur à la licence et avec un plus grand nombre de candidats, le concours se chargerait de sélectionner les meilleurs. Si ensuite un prof veut obtenir l'agrégation, alors là un bac +5 pourrait être exigé mais seulement dans ce cas.

La gauche n'a pas la volonté d'agir. Personne ne s'opposerait à une telle réforme.

[johanono]

Donc en gros, tu demandes moins d'exigence pour devenir prof... Après, il ne faut pas s'étonner que le niveau baisse.

[Baltorupec]

Tu peux être une pointure dans ta matière et une m.... en pédagogie.

[johanono]

Certes. Mais tu crois qu'en exigeant seulement une licence, on aura la garantie d'avoir des profs bons pédagogues ? Une licence ne garantit pas davantage de qualités pédagogiques qu'un bac + 5. Mais elle garantit en revanche une moins bonne maîtrise de la matière. J'incline à penser que, pour être un bon pédagogue, il faut d'abord maîtriser sa matière avec perfection : cette condition, sans être suffisante, est nécessaire.

[Baltorupec]

La masterisation des enseignants est très récente, elle date de Sarkozy en fait. La grande majorité des enseignants actuels n'ont pas de master.

Disons que cela pose aussi un problème vis à vis des matières scientifiques, les personnes qui entament un parcours scientifique sur 5 ans ont des parcours beaucoup plus intéressants financièrement que prof, pourquoi tu te ferais 1600 net euros si tu peux te taper des salaires à 3000 euros ou 3500 en faisant le même temps d'étude ?

Après, c'est avant tout une question de pognon, si tu veux engager des gens qui ont un master, il faut parfois mettre l'argent sur la table.

Enfin, le problème de la masterisation de l'enseignement, c'est qu'à mon sens, cela encourage des personnes à perdurer leurs études dans des facs qui ne mènent qu'à prof comme métier. Dans ma ville, il y a une fac d'anglais, et 80 % des personnes veulent devenir prof, pas par amour du métier ni par compétence particulière, mais c'est parce qu'ils ne peuvent espérer que ce métier. Pire encore, si le métier ne leur plait pas, ils ne peuvent pas facilement démissionner et rechercher un emploi dans un autre domaine. A mon sens quand tu veux devenir prof, il faut avoir un minimum de liberté par rapport à cela si le métier t'exaspère, pour ton bien personnel et celui des élèves.

[Ramdams]

Donc en gros, tu demandes moins d'exigence pour devenir prof... Après, il ne faut pas s'étonner que le niveau baisse.

Tu es de très mauvaise foi puisque le niveau baisse alors que les choix politiques qui ont été faits sont à l'inverse même de ceux que je préconise.
Les titulaires de Master sont moins prompts à candidater pour être enseignants, ils ont - on peut les comprendre - des ambitions différentes ou plus grandes que d'enseigner au collège et au lycée. Conséquence : le nombre de candidats baisse. Et comme il s'agit d'un concours et non d'un examen, ce sont les moins mauvais qui réussissent. Si le concours était ouvert aux bac +3, il y aurait une réelle compétition et je suis sûr que nombre de titulaires de licence auraient de bien meilleurs résultats au CAPES que certains titulaires de master.

Le master ne convient pas du tout aux métiers de l'enseignement, il se destine ou à la recherche dans l'enseignement supérieur ou à l'insertion professionnelle. Tu te méprends largement sur le contenu d'un master. Pour obtenir son Master, il faut rédiger un mémoire sur un objet de recherche parfois très précis. Penses-tu vraiment qu'un titulaire d'un master d'histoire, qui a rédigé son mémoire sur les "mignons d'Henri III", soit plus à même d'enseigner qu'un titulaire d'une licence ?

[Mewtow]

J'incline à penser que, pour être un bon pédagogue, il faut d'abord maîtriser sa matière avec perfection : cette condition, sans être suffisante, est nécessaire.

Les études réalisées sur le sujet ne corroborent pas cette affirmation. Entre les études qui trouvent une relation négative (moins la maitrise disciplinaire est bonne, meilleur est le professeur), celle qui ne montrent aucun effet, et celles qui trouvent un effet tellement faible qu'il en est risible, on a le choix.

Par exemple, je peux te citer cette méta-analyse, réalisée en 2004 par Ahn et Choi : Teachers’ subject matter knowledge as a teacher qualification: A Synthesis of the quantitative literature on students’ mathematics achievement. La corrélation globale entre matrise disciplinaire et résultats des élèves est de 0.06, ce qui est extrêmement faible.

[omega95]

Quand j'étais étudiant, je considérai que j'avais compris un cours, au moment où j'étais capable de l'expliquer à l'un de mes camarades...
Celui qui ne maîtrise pas une matière ne peut pas l'enseigner correctement. On ne demande pas à un prof de math d'être un demi-Dieu dans sa matière, ni d'avoir un Nobel de math (ce qui est extrêmement difficile, voir impossible, d'après M. NOBEL....).
Mais il faut être à l'aise avec sa matière pour pouvoir se concentrer sur la pédagogie et pas sur la matière elle même !
Je vois difficilement un jeune conducteur apprendre à un autre à conduire... il sera trop absorbé par la conduite elle même pour avoir une pédagogie digne de ce nom, alors qu'un conducteur expérimenté fera les gestes de manière automatique, sans y penser, et pourra facilement se concentrer sur l'apprentissage de l'autre...

Les études, ont leur fait dire ce que l'on veut (la preuve, on peut toujours en trouver une qui contredit la première).
Moi je me contente de suivre mon instinct et mon expérience, c'est plus sûr !!!