Rapport divulgué et aussitôt enterré... La commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale a voté, mercredi 6 juillet, contre la publication du rapport d'information sur la formation initiale et le recrutement des enseignants.
Le rapport a recueilli 11 voix pour, 15 contre et deux abstentions.
"Des députés de la majorité ont voté contre", rapporte
Frédéric Reiss, député UMP du Bas-Rhin. Principale raison de ce rejet : la proposition n° 20 de supprimer les concours enseignants.
"Elle a cristallisé les tensions et mis mal à l'aise beaucoup de députés", ajoute M. Reiss.
"Cette situation est inédite. Je suis député depuis 1988 et n'ai jamais vu la publication d'un rapport d'information être rejetée en commission, a réagi le député PS du
Nord Yves Durand.
A mon avis, la proposition 20 est un ballon d'essai lancé par l'UMP, et une tentative du gouvernement d'ouvrir une brèche dans le statut de la fonction publique". Ce vote pourrait mettre un terme aux travaux de la mission sur le recrutement des enseignants. Ou bien celle-ci pourrait proposer ultérieurement une nouvelle version du rapport.
"On ne sait pas ce qu'il va arriver", poursuit le député PS.
DÉMANTÈLEMENT DU SERVICE PUBLIC D'ÉDUCATION ?
La proposition de supprimer les concours avait soulevé une vague de contestations du côté des syndicats d'enseignants. Ces derniers y voient l'amorce d'un démantèlement du service public d'éducation, à travers la remise en cause de l'appartenance des professeurs à la fonction publique d'Etat.
Luc Chatel, le ministre de l'éducation nationale, n'avait pas réagi à la proposition du député
Jacques Grosperrin au moment de la divulgation de son rapport dans la presse, le 30 juin. Dans une interview accordée à
Libération du 6 juillet, il a déclaré que la suppression des concours
"n'était pas d'actualité". Mais, a-t-il ajouté,
"c'est le rôle des députés de faire des propositions et de la prospective à quinze ans".
Pour le député UMP du
Doubs Jacques Grosperrin, la suppression des concours enseignants est l'
"aboutissement inévitable de la réforme de la formation des enseignants", qui a élevé, depuis 2010, le niveau de qualification des enseignants à bac + 5. Selon lui, les concours du capes, de l'agrégation et le concours de professeurs des écoles, n'ont plus lieu d'être, car
"ils forment avec le master deux voies d'entrée dans le métier, parallèles et autonomes, aucune n'ayant prise sur l'autre".
Le Monde.fr