Une prof vide son sac : 15 jours de suspension

[Golgoth]

Le député transmet un courrier au recteur, la prof est exclue 15 jours

La prof agrégée d'allemand s'appelle Karine. Elle enseigne dans le Nord à Gondecourt. En février 2011 elle envoie un courrier à son député, Sébastien Huyghe (UMP).

Sur deux pages, elle déplore les suppressions de postes, les heures sup' « quasi obligatoires », « toute cette ambiance délétère » avec des mots énervés « votre savoir-faire de petit perroquet sarkozyste », « une destruction programmée et systématique de la fonction publique », « la m....sarkozyenne », « j'en ai assez de perdre une journée de salaire (...) pour entendre dire après coup par un trou du c.. gouvernemental quelconque que la rue ne gagnera pas ».

Le député fait passer le courrier à l'employeur de la prof, c'est à dire la rectrice de l'académie de Lille. Pourquoi cet acte de délation ? Il a été « choqué ».

« En tant que député mais aussi père, je ne voudrais pas que des enfants subissent un enseignement venant d'un professeur capable d'écrire un tel torrent de grossièretés. »

Le 1er juillet, la sanction du rectorat est tombée : 15 jours d'exclusion. D'après le rectorat, Karin serait sortie de son devoir de réserve en « critiquant la politique gouvernementale de manière très agressive » et en « mettant en cause le président de la République, le ministre de l'Éducation nationale et le recteur en des termes particulièrement grossiers et offensants »...

http://www.rue89.com/2012/02/19/le-depu ... urs-229522

Cette dame est soit stupide soit elle a des coucougnettes. Je peux vous dire en tout cas que 90 % des profs pensent exactement pareil, mais ne l'écrivent pas à leur député.

[El Fredo]

C'est totalement scandaleux. Le devoir de réserve ne consiste pas à taire ses opinions politiques hors du cadre de ses fonctions (c.a.d. en salle de classe devant ses élèves). Si l'auteur de la lettre avait été un chasseur s'exprimant dans les mêmes termes, on peut douter que la lettre eût connu le même chemin. Au contraire elle aurait certainement atterri sur le bureau du ministre de l' "environnement" et son auteur reçu cordialement à la permanence UMP locale voire au ministère.

[artragis]

C'est une honte ! Qu'un élu ai fait ça est totalement scandaleux ! D'une part la lettre lui était accordée à lui et pas au rectorat et d'autre part s'il se sentait insulté, la police est faite pour ça. Une sanction professionnelle est une honte!

[Cobalt]

Ce type est un minable représentant de son Maître.
Peut être que ça ne se fait pas,mais bon c'est un cri d'exaspération à mettre dans le contexte de ce qu'elle vit,si en plus c'est comme le dit Golgoth c'est un sentiment très répandu,que les enseignants la défendent,en descendant dans la rue,non ?

[Baltorupec]

On s'étonne que les profs se suicident ensuite.

[Nombrilist]

Rien que pour ça, les profs devraient décider d'une grève générale de solidarité.

[Bocian]

Bienvenus dans le monde réel...

Bon, il est vrai que la collègue s'est montrée pour le moins discourtoise. Et qu'il y avait sans doute moyen de dire à peu près la même chose, mais autrement.

« En tant que député mais aussi père, je ne voudrais pas que des enfants subissent un enseignement venant d'un professeur capable d'écrire un tel torrent de grossièretés. »

MDR. J'imagine que l'arbitre des élégances que voilà, quand il se tape les doigts avec un marteau, il dit juste "flute" et pas plus.

Bon ben voilà, désormais je pense qu'il sera décidément bien difficile de ne pas admettre que tout poste administratif au sein de l'éducation nationale, du principal ou du proviseur au recteur d'académie, et jusqu'au ministre, est aussi un poste éminemment politique.

Et une partie du grand public sera sans doute là absolument ravie de "découvrir", subitement, que ces "privilégiés" d'enseignants peuvent donc se faire saquer à la discrétion de leurs supérieurs.

La pauvre Karin est donc peut-être passée en conseil de discipline (?!) avec présence d'avocats et tout le toutim. Bah, elle ne savait sans doute pas - l'inconsciente - qu'elle avait sans doute le droit de penser ce qu'elle pensait, mais de là à l'écrire à son député...

Ah, la la : si seulement l'administration de l'éducation nationale était aussi sévère et aussi exigeante à l'égard des élèves les plus chiants (et aussi impitoyable et intraitable à l'égard des parents d'élèves les plus revendicatifs...) qui pourrissent le système, qu'elle ne l'est avec ses propres enseignants, on n'en serait sans doute pas là.

That's life.

[Vincendix]

On peut exprimer son mécontentement dans des termes moins agressifs et moins « vulgaires ».
Je ne sais pas si beaucoup d’enseignants, malgré leur légitime rancœur approuvent ce genre d’intervention qui véhicule une image négative de leur profession.
Le député pouvait s’abstenir de faire suivre, un entretien avec l’auteure de cette « prose » aurait été plus judicieux.

[Nico37]

Je ne suis pas étonné, j'ai fait suivre à mes camarades nordistes pour avoir plus d'infos...
La répression n'a jamais été aussi forte, soyons solidaires :!:

[artragis]

Que le député se sente insulté je le comprends. Qu'il en informe la police sera logique.
Mais là il demande une sanction professionnelle, ce qui est contraire à la loi, et c'est une honte !

[Nico37]

Que le député se sente insulté je le comprends. Qu'il en informe la police sera logique.
Mais là il demande une sanction professionnelle, ce qui est contraire à la loi, et c'est une honte !

Pire : la plainte pour manquement au code de déontologie de l'Assemblée nationale a été classée - sans surprise - sans suite :
http://www.nordeclair.fr/Actualite/2012 ... me-a.shtml

[Lucas]

Je partage totalement tes propos Vincendix

[artragis]

Soit dit en passant, un recours en justice a été lancé par la prof, en effet ce qu'à fait le député est illégal.

[Nico37]

Soit dit en passant, un recours en justice a été lancé par la prof, en effet ce qu'à fait le député est illégal.

La meilleure sanction c'est le dégager lui aussi aux prochaines élections. Et puis tant qu'à faire ce M. qui est si docte pourrait même involontairement et de temps à autre franchir une bande blanche, se garer à moitié sur deux place (voire en double file ou peut être sur une place handicapée), griller une priorité ou encore traiter une vendeuse de façon condescendante (ou pire), se permettre de passer devant tout le monde dans une queue quelconque ou toute autre chose.
Il suffit de monter un HuygheWatch...

[Bocian]

Bah, encore un prof qui craque parce qu'on lui demande de faire un peu n'importe quoi, un peu n'importe comment, un peu dans n'importes quelles conditions, dans un climat d'hostilité et de défiance sociale rarement atteint, sous les demi-insultes de ses ministres et de ses propres chefs, sous le matraquage de sa hiérarchie et - par dessus le marché - sous les quolibets du public. Bilan de la révolte : au pilori.

Pourtant c'est clair (dans le contrat ?!) : un prof ça doit surtout apprendre à serrer les dents et les fesses, se faire injurier nuit et jour par un peu tout le monde, s'asseoir - la rage au coeur - sur sa vocation (et la haute idée qu'il s'en fait) et - surtout - fermer sa g......

Mais enfin - sérieux et blague à part - qu'est-ce que la société française d'aujourd'hui croit pouvoir jamais obtenir de son système scolaire si elle continue de traiter ainsi ses enseignants ?!

J'avoue que je ne comprend pas très bien l'objectif poursuivi : s'il s'agissait seulement de complètement "flinguer" le système à force de lui taper dessus à bras raccourcis, à la rigueur ça pourrait se comprendre (vu que c'est en effet le résultat auquel finalement on approche, bon gré / mal gré, lentement mais sûrement...).

Mais non, il semble qu'il ne s'agisse pas de ça : il s'agit juste de cogner sur le truc, pour - visiblement - le seul plaisir malsain, morbide et limite sado-maso de se faire plaisir à bouffer du prof, pour (?!) se venger de "je-ne-sais-pas-quoi" sur le premier "intello" qui passe.

(vu qu' "intello", ou "fayot", c'est ainsi que dans nos classes de collèges les élèves médiocres et envieux insultent ceux d'entre leurs camarades qui ont le mauvais goût d'être sérieux, opiniâtres, travailleurs, appliqués, peut être plus doués, et d'avoir - en définitive - peut être de bien meilleurs résultats qu'eux...).

Au point qu'on va presque finir par croire que la seule utilité sociale du système scolaire français est de servir ainsi de punching ball défouloir à une société de médiocres, de jaloux et de frustrés rancuniers qui auraient été épouvantablement traumatisés (?!) par leurs instits durant leur petite enfance, et/ou atrocement humiliés par leurs mauvaises notes au collège... et qui - plein de rancoeur et d'amour-propre mal placé blessé - n'auraient finalement en fait, a posteriori, absolument rien trouvé de mieux à faire que de s'adonner à leur petit péché mignon en forme de vengeance de nains : bouffer du prof.

Bon ben autant alors rappeler quelques fondamentaux : les enseignants sont des fonctionnaires de l'Etat, de la nation et de la république, missionnés pour diffuser dans la société la culture et le savoir (pas plus, pas moins). Leurs supérieurs leur doivent le respect : car, dans aucune armée du monde, on n'insulte ses subordonnés (à moins de souhaiter la mutinerie). Leurs "chefs" se doivent également de leur fixer des missions et objectifs raisonnables et de leur donner les moyens de réaliser la dite mission, pas de leur demander d'obtenir l'impossible, sans même les moyens de faire l'essentiel.

Le public leur doit également le respect, car insulter les fonctionnaires de l'Etat en mission, c'est insulter l'Etat. En conséquence de quoi, les services de l'Etat se doivent de protéger les serviteurs de l'Etat et de leur garantir des conditions acceptables pour l'exercice de leurs missions.

Et pas de jouer "perso", comme dans l'ambiance individualiste actuelle de chacun pour soi généralisé, où - dans l'administration de l'Education nationale, depuis le ministre en charge jusqu'au petit CPE de collège - plus personne ne semble sérieusement croire en la mission de l'Ecole ; ambiance d'hyper individualisme où chacun ne semble plus être guidé que par un seul objectif : progresser financièrement dans sa petite carrière perso, ne pas se fâcher avec ses supérieurs administratifs, ne pas se faire rayer sa voiture et - surtout - ne pas avoir d'emmerdes avec les parents.