La politique de Sarkozy porte un nom, inventé par les néolibéraux américains : "Starve the beast". Elle consiste à sous-financer et dégrader progressivement les services publics tout en diminuant les impôts, les deux s'alimentant mutuellement : les contribuables acceptant de moins en moins de payer des impôts pour des services qui ne sont pas rendus, se tourneront de plus en plus vers le privé pour assurer leurs besoins, justifiant de nouvelles baisses d'impôts. Et tous les ans, les politiciens néolibéraux nous ressortiront une réforme en forme de saignée, en jurant la main sur le coeur qu'il ne s'agit que de "sauver" ledit service public alors qu'il s'agit en réalité de le détruire au profit du privé, qui comme chacun le sait est naturellement supérieur au public sur tous les points.L'état dans lequel Sarkozy a laissé mon école (ou la prof de philo introuvable)
Ma fille est dans un lycée public d'un quartier populaire du Nord de Paris. Le lycée Colbert. Pas un mauvais lycée mais très loin d'être excellent.
Les profs misent sur une modeste mixité sociale pour que les meilleurs aident ceux qui peinent à décoller un peu.
Ma fille est en première littéraire. L’année prochaine, elle passe le bac général. Et notamment l’épreuve de philosophie. Une des matières les plus importantes : coefficient 7 au bac. Une mauvaise note en philo et c’est l’échec garanti.
Mais dans son lycée, une terminale littéraire et deux terminales ES n’ont pas de prof de philosophie. Impossible, illégal me direz vous… Apparemment, l’école n’a plus les moyens matériels de respecter la loi.
En début d’année, il y avait une prof de philo. Puis, elle a disparu. Requise par l’Académie de Paris pour des « ordres de mission » puis victime d’arrêts maladie à répétition.
Et l’administration du lycée ne parvient pas à trouver un remplaçant durable. Quelqu’un est venu pendant un mois puis est reparti. Un mois de philo en tout et pour tout, fin février…
Malgré les missives désespérées des associations de parents d’élèves au rectorat, malgré le proviseur qui se remue aussi, à quelques semaines du bac, il n’y a pas de prof de philo.
Si ça avait été un lycée de l’élite, je n’ai aucun doute : on aurait trouvé.
Sarkozy a renforcé la France des « fils de ». Les héritiers d’abord (et plus particulièrement les siens). Les autres peuvent bien couler à pic. Du moment que ça ne suscite pas trop d’émotion à la télé et dans les journaux, c’est gérable.
Si le gouvernement de Sarkozy n’avait pas taillé violemment dans le budget de l’Education Nationale, peut être le rectorat aurait ils trouvé un prof de philo dans le lycée de ma fille… Mais le président est très fier d’avoir saigné l’école : 50 000 postes en moins depuis son arrivée au pouvoir. Cela nous est présenté comme l’un des aspects les plus positifs du bilan du Sarkozyme (ne jamais oublier Georges Orwell : « La communication politique a été inventé pour que les mensonges aient l’air vrai et pour donner l’apparence de la solidité à du pur vent »).
Pour cette année, les gosses du lycée dont les parents n’auront pas pu payer un prof de philo privé connaitront donc un échec annoncé au Bac. Ils seront notés sur une matière que l’école ne leur aura pas permis d’acquérir, faute de professeurs. Sans voie de recours.
Y’aura-t-il un prof de philo, l’année prochaine ?...
Impossible à dire.
J’ai commencé à me demander si je ne vais pas chercher une école privée, une école que je paye, même cher, mais où je sais qu’il y aura des professeurs. Parce que je gagne suffisamment ma vie pour lui acheter une chance.
Les autres, je ne sais pas ce qu’ils feront.
Dans la France de Sarkozy, le pacte républicain s’est peu à peu dissous dans un grand « chacun pour soi ».
Si ça ressemble à un complot, c'est parce que c'en est un. La seule question est de savoir à quel degré les politiciens qui pratiquent ces politiques en sont conscient : totalement s'ils sont cyniques, partiellement s'ils sont naïfs ou incompétents, pas du tout s'ils sont aveuglés par l'idéologie.