La lente transformation du lycée général et technologique

[politicien]

Bonjour,

La réforme du lycée a les encouragements du jury. Des "encouragements", pas plus... Présenté lors d’une conférence de presse vendredi 9 mars au ministère de l’éducation nationale, le deuxième rapport de suivi des inspections générales montre que si "le processus de la réforme est réellement engagé" dans tous les lycées généraux et technologiques - à quelques exceptions près -, celle-ci suscite encore beaucoup d’"interrogations", de "réticences" voire de "désarroi". "Cette réforme induit des transformations si profondes qu’elle a besoin de temps", estime Jean-François Cuisinier, rapporteur de la mission au côté de Catherine Moisan.

Avec une équipe de 25 inspecteurs généraux de l’éducation nationale et de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche, les deux rapporteurs ont visité 40 lycées dans sept académies, rencontré 400 enseignants et presque autant d’élèves, observé 120 séances d’accompagnement personnalisé, pour mesurer les effets et l’avancement de la réforme du lycée.
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Sauver la série L. L’un des objectifs de la réforme est de "rééquilibrer" les trois séries scientifique (S), littéraire (L) et économique et social (ES), au profit d’une série L que les inspections générales estimaient, en 2007, être "menacée d’une extinction rapide". De ce point de vue, l’avancée est timide, mais réelle : 10,2 % des élèves de la nouvelle seconde l’ont choisi à la rentrée 2011, contre 9,5 % ces cinq dernières années. "C’est un début de tendance qu’il faudra confirmer par la suite", prévient Catherine Moisan.

La série S garde sa prédominance. "Elle est toujours, aux yeux des élèves et de leurs famille, la filière des bons élèves, celle qui ouvre toutes les portes", relève l’inspectrice générale. Les candidats à la série S sont chaque année plus nombreux : un tiers des élèves de seconde l’ont choisi en 2011 (32,6 %), contre 29,1 % en 2006. Quant à la série ES, elle continue également son ascension et a attiré, l’an dernier, près d’un élève sur cinq (19,5 %).

La grande inquiétude des inspections générales porte sur la série "sciences et technologie de l’industrie et du développement durable" (STI2D). La chute de ses effectifs est stoppée, mais la filière n’attire que 5,3 % des élèves de seconde. Soit un taux inférieur à ceux de 2006, 2007 et 2008 (5,6 %). Celle-ci bénéficie d’une image ancienne, "on la confond encore avec la voie professionnelle", note Mme Moisan. "Or, elle n’est plus professionnalisante, mais vise la poursuite d’études."

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Les autres dispositifs prévus par la réforme – le tutorat, les stages de remise à niveau, les stages passerelles pour les élèves qui souhaitent changer de séries en cours de route – sont rares, si ce n’est inexistants.

Pratiques professionnelles. Si les nouveautés de la réforme peinent à s’installer, c’est parce qu’elles "touchent aux repères traditionnels des enseignants", lit-on dans le rapport : notes, conseils de classe, programmes qu’il faut "boucler" à tout prix… La réforme implique d’autres missions (accompagnement personnalisé, travail en équipe, conception des enseignements d’exploration, participation aux conseils…), d’autres pratiques pédagogiques que celle du cours magistral. Et heurte ainsi l’identité professionnelle des enseignants.

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De fait, si l’autonomie grandissante que la réforme du lycée a accordé aux établissements renforce leur "identité", "elle renforce aussi la concurrence entre eux", relèvent les inspecteurs. Cela est d’autant plus vrai dans les zones en baisse démographique, "où chacun se bat pour recruter ses élèves". Retrouvez l'intégralité de cet article sur Le Monde.fr

Qu'en pensez vous ?

A plus tard,

[Alegre]

En gros, l'article nous dit une nouvelle fois que les professeurs sont incapables de changer leurs habitudes et que c'est de leurs fautes si les dispositifs n'ont pas été mis en place!

[Nombrilist]

La réformite des crânes d'oeuf de l'éducation nationale y est pour beaucoup.

[Golgoth]

Pour ce qui de l'accompagnement personnalisé, c'est tout simplement une réforme inapplicable. En effet tous les élèves ont droit à toutes les heures, ce qui dans les faits signifie qu'on a une classe entière pour faire du "personnalisé". Impossible de prendre un groupe une semaine, un autre la suivante. Ca fait 3 ans qu'on essaie de mettre en place le truc chez nous, impossible. Au final rien n'est personnalisé... Le pire c'est que je me suis investi dans des formations là dessus et les inspecteurs sont les premiers à nous demander comment on fait

Pour que ce truc fonctionne, il faudrait enlever pas mal d'heures de l'emploi du temps des élèves et proposer du temps de travail en autonomie avec des profs disponibles sur des thèmes (par exemple : soutiens en maths, faire un CV...) mais il faudrait que ce soit à l'élève de faire la démarche de venir bosser avec le prof. Quand c'est l'élève qui vient de lui même, il bosse 20 fois plus.

[politicien]

D'ailleurs avoir un peu moins d'heure de classe et un peu plus d'heure en petit groupe (4-5) est-ce que n'est pas plus constructif d'un point de vue pédagogique ?

[Mouarfs]

Le déséquilibre entre les trois filières est aussi une conséquence de la très mauvaise information dont on dispose au lycée. Me concernant, j'ai passé deux années de fac inutiles, faute de savoir quoi faire et faute d'avoir été renseigné sur les formations plus professionnalisantes que proposaient certains établissements. Actuellement, je suis en DUT d'information-communication. Sans doute je n'y aurais été pas accepté sans la culture générale acquise à la fac mais si j'avais pu profiter de ces deux ans autrement, je l'aurais fait.

Si j'en parle, c'est pour revenir au choix qui s'impose à la fin de la seconde. Personnellement, j'ai fait un bac ES, estimant à l'époque que la filière ouvrait à tous les domaines. Ce fut une grave erreur, que j'ai payée au prix de nombreuses heures de cours ennuyeuses. Je n'avais pas encore idée de ce que voulais faire mais un lycéen qui se prédestine déjà à des études semblables risque de faire le raccourci suivant : Communication = Publicité = Economie = ES. Alors que je me prédestine, de mon côté, à de la communication territoriale, qui n'a rien de publicitaire, qui exige un esprit de synthèse, une sensibilité artistique et des compétences un peu plus techniques (pour la création d'affiches notamment). Autant de qualités que l'on peut développer en L.

Personnellement, j'estime que si l'on fait le choix de s'orienter pour son bac et que l'on a parfois une idée déjà préconçue de son orientation post-bac, on a aussi une idée des cours qui nous seront plaisants ou utiles. À ce titre, j'estime que le tronc commun est utile au collège mais qu'il doit s'amincir au fil du lycée. C'est-à-dire décharger les cours de tronc commun pour permettre des créneaux dans la semaine pour des modules choisis par les lycéens. Cela suppose une meilleure formation des profs, à défaut d'en embaucher spécifiquement assignés à cette tâche. Mais je ne pense pas qu'il soit insurmontable pour un prof de français, par exemple, d'enseigner également une initiation à l'art ; de même pour un prof de philo ou d'histoire d'enseigner une initiation aux sciences politiques dans le cadre de ces modules.

[Ayahuasca]

Faire du travail en petit groupe, comme on a essayé de le faire avant tout en langues, ça demande, il faut être clair, des moyens supplémentaires. Ce n'est absolument pas vers quoi on se dirige. Pour l'enseignement de la maternelle à l'université, le credo du président a été: "faire plus avec moins". On voit où ça a mené.