Qu'en pensez vous ?Si la fraude au bac reste un phénomène marginal, la pratique de la triche à l’école est plus inquiétante : 70% des élèves ont triché au moins une fois dans leur scolarité.
Le spectre de la triche a encore plané sur les épreuves du bac. L’an dernier, la fraude avait jeté un voile noir sur le sacro-saint examen et provoqué un séisme dans le monde de l’éducation, certains n’hésitant pas à mettre la tête du bachot sur l’échafaud. Cette année, quelques incidents ont émaillé les épreuves, mais aucun n’a eu l’ampleur de la fuite au bac S de l’édition 2011 : le 18 juin au soir, un internaute recommande aux élèves de première S de réviser la guerre d’Algérie sur un forum du site jeuxvideo.com, le lendemain, le sujet figure bien au menu. Le 22 sur le même site, un message donne les trois thèmes de l’épreuve de sciences du bac L et ES. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire sur ces soupçons de fuites.
Le ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, juge que la fraude au bac est "un phénomène extrêmement marginal". Il n’a pas tort au vu des chiffres : seuls 0,04% des élèves ont tenté de tricher l’an dernier. C’est au quotidien que la pratique inquiète. Selon une étude de deux sociologues*, 70% des élèves déclarent avoir triché au moins une fois dans leur scolarité : 4,7% en primaire, 48,3% au collège et 35,6% au lycée.
(...)
L’usage du copier-coller
Les professeurs sont de plus en plus démunis face aux tricheurs et à leur ingéniosité. "Les calculatrices programmables et les smartphones sont des plaies, peste Sylvain, professeur de mathématiques à Rennes. J’ai chopé plusieurs élèves qui avaient téléchargé des logiciels qui permettent de résoudre les problèmes. Deux d’entre eux se passaient les résultats par calculatrice à infrarouge".
(...)
Faire de la pédagogie plutôt que sanctionner, telle est la solution prônée par Valérie, prof de SVT à Paris : "J’explique que la triche nuit à l’apprentissage, que je préfère que mes élèves ne se présentent pas à un contrôle plutôt que de venir en ayant l’intention de tricher." Pour ces enseignants, la tentation de la triche pose la question de la pression scolaire et d’un système d’évaluation trop axé sur la compétition. Pour Marie-Estelle Pech, auteur de L’École de la triche (l’Éditeur), la fraude à l’école serait le symptôme d’une société en faillite morale : "La triche met à jour les contradictions inhérentes à la société. Nos obsessions de la vitesse, de la performance, nous pervertissent. Elles nous poussent à emprunter des raccourcis dangereux, des solutions simplistes."
L'intégralité de cet article sur Le Jdd.fr
A plus tard,