Drame de Pornic

Venez nous parler de notre justice française ( les prisons, les procès en cours... )
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GIBET
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Message non lu par GIBET » 06 févr. 2011, 22:39:00

Tiens d'habitude c'est moi que tu accuses de cela.
Décidément Ilikeyourstyle cela devient ton seul argument? icon_biggrin icon_biggrin
Le silence est un ami qui ne trahit jamais

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keserasera
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Message non lu par keserasera » 07 févr. 2011, 08:31:00

Comme d'hab' les pisse-copies "branchés" généralisent à toute une profession des propos qu'ils ne prennent pas la peine d'analyser, s'en tenant aux oukazes du "Syndicat de la Magistrature".
Sarko s'est exprimé sur un cas bien précis: la remise en liberté d'un sadique multirécidiviste qui a commis un nouveau crime sadique. Point. Il y a eu effectivement un disfonctionnement quelque part des instances judicaires. Il a donc dit que la lumière devait être faite sur ce cas et que des sanctions devraient être prises.
A-t-il mis en cause la globalité de la Magistrature ? Non !
Et encore une fois, le SM met en avant le "manque d'effectifs", comme la CGT au Port de Marseille... Mais j'insiste là-dessus, un juge décide en fonction d'un dossier et de ses convictions personnelles. Je ne vois pas ce que pourrait apporter la présence de quatre ou cinq magistrats de plus autour du dossier, sinon une plus grande confusion et donc plus de temps passé à "réfléchir"...
"je me suis souvent demandé et me le demande souvent encore, ce qui peut bien différencier une mauvaise bronchite d'une bonne" Pierre Dac

lancelot
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Message non lu par lancelot » 07 févr. 2011, 09:05:00

 
Mais j'insiste là-dessus, un juge décide en fonction d'un dossier et de ses convictions personnelles. Je ne vois pas ce que pourrait apporter la présence de quatre ou cinq magistrats de plus autour du dossier, sinon une plus grande confusion et donc plus de temps passé à "réfléchir"...
Encore un qui a tout compris .... icon_cheesygrin

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 07 févr. 2011, 09:42:00

keserasera a écrit :Comme d'hab' les pisse-copies "branchés" généralisent à toute une profession des propos qu'ils ne prennent pas la peine d'analyser, s'en tenant aux oukazes du "Syndicat de la Magistrature".
(...)
Et encore une fois, le SM met en avant le "manque d'effectifs", comme la CGT au Port de Marseille...
C'est l'USM qui appelle à la grève, pas le SM. Il faut lire la presse pépé.
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keserasera
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Message non lu par keserasera » 08 févr. 2011, 07:55:00

Au départ c'est le Syndicat de la Magistrature le Fred ! L'USM a suivi, comme tous ces "syndicats" dits "de droite" par ta presse torchon, qui ont peur de perdre des adhérents !
Cette façon d'exploiter un drame horrible qui méprise la douleur d'une famille est tout simplement pitoyable !

En l'occurence, pour ce drame là il y a eu disfonctionnement des instances judicaires. C'est incontestable. Et s'il y a eu faute, elle doit être sanctionnée !
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johanono
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Message non lu par johanono » 08 févr. 2011, 08:11:00

En l'occurrence, c'est Sarkozy qui exploite le drame. On peut dire qu'il a eu raison, car aujourd'hui, l'attention médiatique se polarise sur les magistrats et plus sur la médiocrité de sa politique depuis 9 ans. 

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 08 févr. 2011, 09:14:00

keserasera a écrit :Cette façon d'exploiter un drame horrible qui méprise la douleur d'une famille est tout simplement pitoyable !
Tout à fait d'accord, je trouve le comportement de l'UMP inadmissible.

http://elfredo.posterous.com/observatoi ... uche-quand
En l'occurence, pour ce drame là il y a eu disfonctionnement des instances judicaires. C'est incontestable. Et s'il y a eu faute, elle doit être sanctionnée !
Là aussi je suis d'accord. Le vrai responsable, c'est-à-dire le Ministre de la Justice, devrait en tirer toutes les conséquences et pourvoir les moyens réclamés depuis des années ou alors démissionner.

Deux fois d'accord en un seul message, mais dis-moi, on va finir par être copains !
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Message non lu par Ilikeyourstyle » 08 févr. 2011, 13:48:00

keserasera a écrit : Au départ c'est le Syndicat de la Magistrature le Fred ! L'USM a suivi, comme tous ces "syndicats" dits "de droite" par ta presse torchon, qui ont peur de perdre des adhérents !
Cette façon d'exploiter un drame horrible qui méprise la douleur d'une famille est tout simplement pitoyable !

En l'occurence, pour ce drame là il y a eu disfonctionnement des instances judicaires. C'est incontestable. Et s'il y a eu faute, elle doit être sanctionnée !
C'est vrai que Marine Le Pen vire maintenant très à gauche. Nationalistes, votez Carl Lang ou Bloc Identitaire ... icon_cheesygrin

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johanono
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Message non lu par johanono » 08 févr. 2011, 23:19:00

Voici un petit aperçu de la vie des magistrats français, à l'attention de ceux qui croient que les magistrats sont des feignants de fonctionnaires corporatistes qui n'en rament pas une : 

Il y a 836 dossiers sur le bureau d’une juge d’Alençon

Au Tribunal de grande instance d’Alençon, les mesures de « sursis mise à l’épreuve », suivies par le juge d’application des peines, ont presque doublé en cinq ans.

Cette magistrate occupe ce poste à mi-temps, faute de moyens. Elle suit 836 dossiers. Elle dit ne pas tous les connaître. 740 de ses dossiers sont liés à des sursis avec mise à l’épreuve. Elle dit regretter que les journées ne fassent pas « trente-six heures ». Elle ironise sur les moyens dont dispose le Service pénitentiaire d’insertion et de probation de l’Orne : « Au SPIP, il n’y a que deux bureaux : les conseillers d’insertions ne peuvent tenir plus de deux entretiens à la fois alors qu’ils sont 5 équivalents temps plein et qu’ils devraient être 8 ! Il y a une seule voiture de service. Donc, quand je décide d’un placement sous surveillance électronique, ils ne peuvent se rendre sur place. » Dans son bureau, il n’y a même pas de fax. Il lui est aussi arrivé de suspendre des mesures de placement sous surveillance électronique qu’elle avait prises car il n’y avait plus assez de bracelets !

« Consciente de mes responsabilités »

Aurélie Bail avoue avoir peur. « La peur de se tromper faire partie de notre travail. À chaque fois que je prends une décision, je me penche sur le dossier. Si je lève une interdiction d’entrer en contact avec la victime, et si le condamné la tue le lendemain… Eh bien, cette décision, c’est moi qui l’aurais prise. Je suis consciente de mes responsabilités. J’ai le souci de me dire : ce dossier fait partie d’une pile. Mais par rapport au condamné qui est face à moi, ce dossier est peut-être celui de sa vie «, explique cette juge à mi-temps sur le poste de juge aux affaires familiales…

« Une peine de prison ferme est devenue exceptionnel »

Elle rappelle qu’aujourd’hui « peu de gens savent que prononcer une peine de prison ferme est devenu exceptionnel. Si peine ferme il y a, on l’aménage. Un sursis avec mise à l’épreuve est, là encore, personnalisé et éventuellement modifiable ».

http://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-I ... filDMA.Htm
La misère des tribunaux

1 Faute de greffier, il faut neuf mois pour taper un jugement à Montpellier.

2 Le TGI d'Aix-en-Provence est accueilli " provisoirement " depuis trente et un ans dans une ancienne clinique.

3 Des seaux sont indispensables en cas de pluie à Béthune ou à Grenoble.

4 Les dossiers en retard à Pontoise (photo) représentent 400 heures d'audience.

5 Des fientes de pigeon chutent parfois sur la table de délibération de la cour d'assises à Reims.

6 Un plafond est tombé à Toulouse, heureusement pendant un week-end.

7 Une partie du tribunal de Caen est interdite à cause de risques d'effondrement.

8 Quatre magistrats occupent le même bureau à Paris, deux par deux à tour de rôle.

9 Interdiction de planter des clous dans les cloisons, bourrées d'amiante, à Dunkerque.

10 Les toilettes pour handicapés sont au 2e étage à Strasbourg, mais il n'y a pas d'ascenseur.

11 On a annoncé à un magistrat de Tarascon que la peinture de son bureau ne pouvait être financée que pour 2 des 4 murs.
http://www.lepoint.fr/la-misere-des-tri ... 956_19.php
L’Etat de la justice : le livre blanc de l’USM est sombre

Il s’agissait de montrer « l’état réel de la justice en France » et l’Union syndicale des magistrat (USM, majoritaire) a fait le tour en neuf mois de 165 juridictions avant de publier un livre blanc, qui s’avère assez noir.

Il manque évidemment des juges un peu partout (200 postes ont été supprimés ces deux dernières années, 76 autres devraient l’être en 2011), ce qui ne facilite pas la rapidité des procédures : à Pontoise, les dossiers en retard représentent 400 heures d’audience. Un juge d’instruction de Senlis a attendu six mois un greffier, tellement rares à Montpellier qu’il faut neuf mois pour taper un jugement, contre sept à Béthune.
Fientes de pigeons

A Digne-les-Bains, le tribunal s’affaisse : les fenêtres du bureau du président ne s’ouvrent plus, celles du procureur ne ferment pas, les volets de la salle d’audience servent à maintenir les fenêtres. Le tribunal d’Aix n’a pas été rénové depuis 1970, il est vrai qu’il est accueilli (provisoirement) dans une clinique depuis 31 ans.

A Caen, une partie du tribunal est interdite à cause des risques d’effondrement, à Toulouse, un plafond est tombé, mais les magistrats étaient contents, c’était le week-end. A Reims, des fientes de pigeons tombent sur la table où délibère la cour d’assises. A Béthune, Grenoble, Avesnes-sur-Helpe, il pleut dans les palais de justice et des fonctionnaires sont affectés à la garde des seaux.

A Compiègne, les deux personnes chargés des scellés se partagent un bureau de 5 m2, au Puy-en-Velay deux juges des enfants s’échangent leurs bureaux pour recevoir les familles, à Paris des magistrats peuvent être à 4 dans le même bureau, mais jamais plus de deux à la fois, faute de place : c’est déjà mieux qu’à Arras, où un substitut a guetté des mois le départ des collègues pour pouvoir s’asseoir.
Savez-vous planter des clous

A Dunkerque, on demande aux magistrats de ne pas planter de clous dans les cloisons, parce qu’elles sont bourrées d’amiante ; à la cour d’appel de Douai de ne pas bouger les meubles pour la même raison. A Strasbourg, les toilettes pour handicapés sont au 2e étage, mais il n’y a pas d’ascenseur. Ricanement à Saint-Omer, où le tribunal d’instance a a une rampe d’accès pour handicapés, des toilettes et un ascenseur. C’est la porte d’entrée qui n’est pas assez large pour un fauteuil roulant.

C’est que la justice est selon l’USM « en quasi faillite ». Le ministère ne paie depuis 2006 que 60% de ses factures dans l’année. En 2009, les tribunaux de Montargis ou Montluçon ont été en cessation de paiement en octobre, à Beauvais, il restait l’an passé en septembre 27 euros dans les caisses, à Compiègne, on ne voit pas comment on va régler la prochaine facture de chauffage.

Les peintures de Tarascon

Il manque 2 millions à la cour d’appel de Pau pour finir l’année, le tribunal de Saint-Quentin doit 40 000 euros aux légistes, celui de Nancy 80 000 euros à SOS Médecins. On a annoncé à un magistrat de Tarascon que la peinture de son bureau ne pouvait être financé que pour 2 des 4 murs. A Sarreguemine, les stylos sont distribués à l’unité, à Rennes, il faut rendre le crayon usagé pour en avoir un neuf, à Vannes, on a manqué de papier-toilettes pendant une semaine en 2009.

« Le ministère feint l’ignorance et va même jusqu’à se féliciter de l’augmentation du budget de la justice », conclut tristement l’USM. L’ancien garde des sceaux Michèle Alliot-Marie a jugé les conclusions du livre blanc « ridicules ». Le syndicat a jugé la réaction du ministre « navrante ».
http://libertes.blog.lemonde.fr/2010/11 ... -livre-bla…

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johanono
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Message non lu par johanono » 10 févr. 2011, 13:41:00

Un juge d'instruction s'est suicidé, accablé par le travail

Alors que les magistrats manifestent jeudi, nouvelobs.com publie la lettre de Philippe Tran-Van, qui a mis fin à ses jours le 16 septembre car il ne parvenait plus à faire face à sa charge de travail. En 2010, au moins quatre magistrats se sont suicidés.

«J'ai tout donné à la justice et à la magistrature», affirme Philippe Tran-Van, 45 ans, juge d'instruction au tribunal d'instance de Pontoise (Val d'Oise), dans sa lettre d'adieux. Alors que les magistrats descendent jeudi dans la rue pour protester contre la mise en cause de la justice et de la police par Nicolas Sarkozy dans l'affaire Laëtitia, le site internet du Nouvel Observateur publie la lettre de ce magistrat qui s'est suicidé le 16 septembre dernier, accablé par sa charge de travail.

«J'ai donné le meilleur de moi-même, j'ai sacrifié ma vie de couple (…) On dit que je suis incompétent pour gérer mon cabinet alors qu'avec la meilleure volonté du monde, il est impossible de faire face à la charge de travail. Alors, je préfère en finir car me battre contre ma hiérarchie pour faire valoir mes moyens de défense me semble vain», explique ainsi Philippe Tran-Van, dans un courrier retrouvé à son domicile par ses parents. «J'ai toujours été loyal vis-à-vis de ma hiérarchie et mes précédentes évaluations le démontrent. [On] m'accable de tous ces maux et mes propres collègues ne m'ont soutenu qu'en apparence. Que mes proches et notamment mes enfants me pardonnent ce que je vais faire et la peine que je vais leur causer. Je les aime de tout mon cœur. Pardon». Quelques heures plus tard, Philippe Tran-Van se couchait sur les rails d'une gare en attendant qu'un train passe.

Quatre ou cinq suicides depuis 2010

Ce témoignage, bouleversant, illustre parfaitement le malaise exprimé par la magistrature depuis plusieurs années. Sur le bureau du juge, à Pontoise, 150 dossiers s'empilaient, indique Nouvelobs.com. Quatre-vingt-dix concernaient des faits criminels. Philippe Tran-Van en était rendu à devoir faire le tri. «Le même qu'ont dû faire les juges d'application des peines à Nantes (dans l'affaire Laëtitia, ndlr), et tous les magistrats débordés que compte le pays», explique Isabelle Tran-Van, sa femme. «Pour lui, avoir à établir des priorités, devoir choisir, abandonner des gens à leur détresse, c'était insupportable». Avec, en plus, cette crainte constante de commettre une faute. «Il faisait des courriers pour dire qu'il n'en pouvait plus, qu'il était débordé», assure sa femme. «Il alertait, mais rien ne changeait».

En novembre 2010, les magistrats, réunis à l'occasion d'un congrès à Rennes, s'étaient inquiétés de l'augmentation du nombre de suicides depuis le début de l'année dans la profession, signe selon eux d'une «souffrance» accrue au travail. Le président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), Christophe Régnard avait fermement souligné que «quand la désespérance est profonde, elle conduit parfois à des extrémités terribles». Selon les membres du bureau du congrès, il y a eu «au moins quatre ou cinq (suicides) depuis début 2010». C'est au moins le double de ce dont ils avaient eu connaissance les années précédentes.

Pour autant, aucune mesure n'est prise. Après le drame, Isabelle Tran-Van a reçu les condoléances de la directrice des services judiciaires, pour la «disparition» de son époux. «Disparition», et non «suicide». Le courrier précise que «l'institution judiciaire gardera le souvenir d'un magistrat très investi dans l'exercice de ses missions». Un témoignage de sympathie loin d'apaiser la souffrance de la femme du juge. «Le cas de mon mari est le paroxysme de la souffrance au travail, et je veux qu'il soit reconnu comme tel», insiste-t-elle. Le 2 février 2011, elle a donc envoyé une lettre à Nicolas Sarkozy et au garde des Sceaux Michel Mercier, demandant que toute «la lumière soit (…) faite sur cette tragique affaire». Contacté par le nouvelobs.com, la chancellerie reconnaît que «les métiers de la justice sont difficiles». Mais indique qu'aucune «inspection n'est diligentée à ce jour».
http://www.lefigaro.fr/actualite-france ... ARTFIG0050…

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 10 févr. 2011, 14:06:00

Encore une feignasse de juge rouge du syndicat gauchomarxiste SM.
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 10 févr. 2011, 14:07:00

http://www.maitre-eolas.fr/post/2011/02/07/Les-boules
Les boules

Appelons le Kevin[1].
Je le connais depuis que j’ai pris mes fonctions de juge des enfants il y a un peu plus de quatre ans. Il aura 18 ans en 2011.
La première fois que je l’ai condamné, c’était en qualité de présidente du tribunal pour enfants statuant en matière criminelle, pour sa participation à un viol en réunion. Il avait moins de 13 ans lors de ces faits et j’ai ordonné sa mise sous protection judiciaire jusqu’à sa majorité.
J’ai découvert un gamin, pas très futé mais pas idiot, qui a grandi entre deux parents toxico qui ont d’après ce que je sais tous deux connu la prison. Il avait été placé très jeune mais l’opposition massive de la famille et la relative amélioration de la situation des parents avait conduit le juge des enfants à mettre un terme au placement. Il était, à 14 ans, déscolarisé de fait après une exclusion de plusieurs collèges.
Je l’ai revu quelques mois plus tard, quand il a essayé avec d’autres gamins du quartier une recette de cocktail molotov sur un parking. Pas de dégât, pas de blessé. Je l’ai mis en examen quand il a été déféré, je l’ai confié à un établissement de la Protection Judiciaire de la Jeunesse dont il a très vite fugué. Le temps de le juger devant le tribunal pour enfants quelques mois plus tard, il avait commis de nouveaux délits, des vols en réunion si je me souviens bien.
Le tribunal pour enfants l’a condamné à une peine d’emprisonnement avec sursis mise à l’épreuve. Qui a été partiellement puis totalement révoqué quand il a fugué du Centre Educatif Fermé où les éducateurs avaient fini par trouver une place puis quand il a commis d’autres délits.
Le tribunal pour enfants a prononcé des peines fermes, des peines avec sursis mise à l’épreuve. Il a été incarcéré plusieurs fois. On a tenté des aménagements de peine. La dernière incarcération, durant laquelle il a purgé plusieurs peines, a duré plus de dix mois.
Avant même sa majorité, il a une quinzaine de condamnations à son casier judiciaire. La prison a fini de l’endurcir et j’ai vu disparaître au fil des condamnations ce qui lui restait d’enfance. Cela fait des années qu’il est suivi (et de près) par la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Les éducateurs se sont relayés pour tenter de nouvelles approches. A son palmarès, des infractions contre les biens, des outrages, des violences au sein des différents établissements où il a été placé. Hormis la première condamnation, pour des faits criminels pour lesquels nous n’avons jamais craint de récidive, ce qu’on appelle de la délinquance de voie publique.

Kevin, je n’en ai pas encore fini avec lui. Je suis à peu près certaine que je le condamnerai encore avant sa majorité, ne serait-ce que pour ces procédures qui datent d’avant sa dernière incarcération mais qui viennent seulement d’arriver sur le bureau du substitut des mineurs. Les policiers traitent les affaires au rythme qu’ils peuvent en fonction des urgences, les fonctionnaires du greffe enregistrent ensuite les procédures transmises comme ils le peuvent vu les piles qui s’accumulent.
En ce moment, ça va à peu près pour Kevin : pas de nouvelle garde à vue depuis sa sortie de détention, un début de projet professionnel grâce à l’acharnement de son éducateur, qui suit plus de vingt autres jeunes. Ca durera ce que ça durera, je me dis que toute période d’ accalmie est bonne à prendre et lui permet de faire quelques pas en avant, même s’il doit ensuite reculer un peu.

Je n’ai pas de boule de cristal, mais je peux raisonnablement penser que Kevin commettra à nouveau des délits et sera jugé un jour, peut être très vite après sa majorité, par le tribunal correctionnel pour de nouveaux faits de vols avec violence ou d’outrage, ceux qui, il faut bien le dire, sans présenter une gravité extrême, empoisonnent la vie des gens. Vu son casier, il sera condamné à une peine plancher, peut être avec une partie avec sursis mise à l’épreuve.
Il rejoindra peut être la cohorte des “19000 personnes qui ont plus de 50 affaires” dont Bruno Beschizza, l’inénarrable ancien dirigeant de Synergie et nouveau conseiller régional UMP en Ile de France, nous rebat les oreilles à longueur de plateau télé.

Je n’ai pas de boule de cristal mais je peux raisonnablement penser que le risque que Kevin étrangle un jour une jeune femme ou commette un acte qui le fasse qualifier par le même Bruno Beschizza de “monstre prédateur” est, non pas nulle, peut être même un peu plus élevée que le reste de la population, mais tout de même assez proche du néant. De même que Bafodé, Steven ou Muhammat, que je connais bien aussi. Ou leurs grands frères que j’ai condamnés en correctionnelle.
Et si une part significative de ceux qui ont “plus de 50 affaires” se mettaient à tuer des jeunes filles, je pense que ça se verrait un peu.

Je n’ai pas de boule de cristal, mais je peux raisonnablement penser que Djamel, que je connais aussi bien que Kevin, passera un jour en Cour d’assises. Oh, rassurez-vous il est en prison. Il n’a pas seize ans. Il n’existe aucune structure qui le “supporte” plus de quelques mois. La prison non plus ne le supporte pas d’ailleurs. Il est dangereux pour lui et pour les autres, mais tous les experts m’écrivent qu’il ne relève pas d’une hospitalisation. Et bientôt il sortira de prison. Parfois ça m’empêche de dormir. Mais je n’ai aucune solution durable à ma disposition. Alors, quand je le condamne, je le condamne à des peines un peu plus lourdes que celles que je prononcerais pour d’autres. J’en ai un peu honte, mais je ne sais pas quoi faire d’autre.
Je n’ai pas de boule de cristal mais je me doute que, le jour où il commettra un acte encore plus grave, on viendra me demander pourquoi je ne l’en ai pas empêché. Je répondrai que je ne pouvais pas faire grand chose d’autre que tout ce que nous avons tenté depuis des années. On me dira sans doute que c’est quand même ma faute, parce que le Président avait dit “plus jamais ça”. Et s’il se suicide en prison, ce sera sans doute aussi de ma faute.

Je n’ai pas de boule de cristal mais je sais, depuis bientôt 10 ans que je suis magistrat, qu’un vrai suivi social et judiciaire ça n’empêche pas la récidive mais ça en diminue la probabilité. Que quand on a un logement, un travail, une famille, on a quelque chose à perdre et ça peut aider à réfléchir avant de commettre un délit. Parce que quand on est incarcéré, on ne perd pas que la liberté pour un temps. Souvent on perd bien plus. Quand on a rien a perdre, on réfléchit beaucoup moins.
Je sais aussi que quand un conseiller d’insertion et de probation “suit” 135 condamnés, il ne suit rien du tout. Il gère comme il peut, il priorise, il tente de marquer à la culotte ceux qui ont commis les faits les plus graves, ceux qui sont en aménagement de peine.

Je ne fais pas d’angélisme. Des peines d’emprisonnement j’en prononce régulièrement au tribunal pour enfants, en correctionnelle et aux assises.
La douleur des victimes je la connais. J’en ai vu assez pour toute une vie, notamment quand j’étais juge d’instruction.
J’ai assisté à des autopsies de victimes de meurtre, j’ai rencontré leurs parents, j’ai tendu des boîtes de kleenex à des victimes de viols.
Le Président de la République n’a pas de leçon à donner aux magistrats sur la douleur des victimes, celle que nous nous prenons en pleine figure. La douleur brute d’une mère à qui on annonce que le corps de sa fille a été retrouvé. Celle, mêlée d’incompréhension, d’enfants dont “Papa a tué Maman”. Celle, sourde, de parents auxquels on explique, pour qu’ils l’apprennent avec précaution dans la quiétude du cabinet d’instruction plutôt qu’en recevant notification d’un rapport d’expertise ou à l’audience, combien de véhicules ont probablement roulé sur le corps de leur fils après son accident de moto. Celle, paralysante, d’une jeune fille de 17 ans traitée de P.... par ceux qui l’ont violée.

Et pour moi ce qui est indécent c’est de s’approprier la douleur de ces victimes pour faire de la désinformation. Pour promettre l’intenable : “plus jamais ça”.
Je n’ai pas de boule de cristal, mais je sais que d’autres victimes seront tuées, violées, agressées. Et que ce sera d’abord la faute du meurtrier, du violeur, de l’agresseur. Pas de ceux qui n’avaient aucun moyen de prédire un passage à l’acte ou même parfois de l’empêcher.
Ou alors c’est Elizabeth Teissier qu’il faut nommer Garde des Sceaux.

Ce qui est décent et responsable, c’est de dire la vérité.
Non, le risque zéro n’existe pas. Dans n’importe quelle société humaine, il y a des crimes.
Non, les magistrats, les policiers, les conseillers d’insertion et de probation ne considèrent pas la récidive comme une fatalité. Ils luttent chaque jour pour la prévenir, avec les moyens matériels et juridiques qu’on veut bien leur donner.
Non, les magistrats ne sont ni irresponsables ni intouchables. Ils répondent de leurs fautes. Mais seulement de leurs fautes,


Je n’ai pas de boule de cristal.
Là, j’ai juste les boules.

Notes

[1] les prénoms des mineurs sont modifiés
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Message non lu par Nombrilist » 10 févr. 2011, 14:16:00

Très bel article qui devrait être lu par tout le monde, au même titre que la lettre de Guy Moquet.

Invité

Message non lu par Invité » 10 févr. 2011, 14:31:00

Bien que probablement ce n'était pas la seule cause à son suicide, si cela a été l'élément déclencheur,très certainement d'ailleurs une lettre faite dans des moments pareil ne peut être remise en cause,c'est très grave et très malheureux.

Cobalt

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Vilaine
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Message non lu par Vilaine » 10 févr. 2011, 14:46:00

Peut-être que ses parents étaient divorcés
Le FN c'est caca.
One two three viva l'Algérie.

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