Drame de Pornic

Venez nous parler de notre justice française ( les prisons, les procès en cours... )
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GIBET
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Message non lu par GIBET » 10 févr. 2011, 15:14:00

Nombrilist a écrit : Très bel article qui devrait être lu par tout le monde, au même titre que la lettre de Guy Moquet.
Je suis d'accord, c'est à en pleurer !
GIBET
Le silence est un ami qui ne trahit jamais

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johanono
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Message non lu par johanono » 12 févr. 2011, 10:08:00

«Je rends chaque jugement en tremblant»

Il est juge d'application des peines. JAP dans le jargon. Il intervient une fois la condamnation prononcée pour décider d'éventuels aménagements de peine (bracelet électronique, mesure d'éloignement, etc). Il aime se définir comme «juge de quartier», loin d'une «supposée tour d'ivoire» et adepte du pragmatisme.

Furieux contre les récentes attaques de Nicolas Sarkozy envers les juges dans l'affaire Pornic, il ne tiendra pas les audiences ce jeudi (sauf urgences), en signe de protestation. A quelques heures d'une mobilisation des magistrats qui s'annonce historique, il prend le temps de nous raconter son quotidien.

«Ma journée type ? Euh, il n'y en a pas. Le lundi, je reçois les personnes qui viennent d'être condamnées mais qui sont laissées en liberté. Elles arrivent dans mon bureau avec leur vie, leur histoire parfois lourde et leur condamnation. En pratique, je n'ai qu'une dizaine de minutes à leur accorder, c'est très peu mais je n'ai pas le choix. Parfois, je ne parviens même pas à recevoir tout le monde, ça déborde sur le lendemain...

Le mardi en principe, je suis censé écrire les jugements. L'année dernière, j'en ai rédigé 400. Bien entendu, je n'ai pas de secrétaire. Je tape tout, tout seul. En parallèle, je fais le point sur les entretiens de la veille. Je contacte les travailleurs sociaux pour prendre des avis, je saisis les services de police pour vérifier une adresse... J'ordonne au besoin des expertises psychiatriques. Sans tarder parce qu'il faut compter trois mois en moyenne pour avoir un rapport, tellement les experts sont peu nombreux et débordés. Quand on parle du manque de moyens dans la justice, c'est aussi d'eux qu'on parle, toutes ces personnes qui gravitent autour de nous: les travailleurs sociaux qui ne comptent pas leurs heures. Les greffiers qui turbinent comme des dingues à défaut d'être en nombre suffisant...
«C'est la liberté des personnes qui est en jeu»

Arrive le mercredi. Je me retrouve avec des piles de dossiers (plus ou moins énormes) sur mon bureau. C'est l'ensemble des cas sur lesquels je vais devoir statuer en audience le lendemain. Entre le premier entretien et l'audience, il faut compter deux mois à peu près dans mon tribunal, ailleurs c'est parfois plus (la loi limite à quatre mois maxi).

En pratique, j'ai sur les bras une vingtaine de dossiers judiciaires à décortiquer en une demi-journée. Entre les condamnations, le casier judiciaire, les enquêtes faites par la police, l'enquête menée auprès des victimes... certains font parfois 200 ou 300 pages. Comment voulez-vous que je fasse? On nous impose une logique de rendement, c'est pourtant la liberté des personnes qui est en jeu.

Jeudi. Les audiences ne sont pas publiques, elles se tiennent à huis clos. Contrairement à ce que voudrait faire croire Nicolas Sarkozy, ce ne sont pas des monstres qui arrivent en face de moi pour demander un aménagement de peine. Non, le plus souvent sont des personnes dans un état de détresse et de misère sociale. Je les écoute. Puis la décision est mise en délibéré. Je rends mon jugement une semaine ou deux après. Je ne leur annonce pas dans la salle du tribunal, mais dans mon bureau, seul à seul. Sans bouton d'alarme, ni service de sécurité prêt à intervenir en cas de problème. Ma plus grande crainte c'est que l'un d'eux se jette par la fenêtre.
Le bracelet électronique, par exemple...

On pourrait penser qu'une fois la décision rendue, j'ai fini mon travail. C'est tout le contraire. Là, les ennuis commencent. Cas typique : je décide de libérer un détenu à condition qu'il porte un bracelet électronique, avec des consignes strictes: il est autorisé à quitter le domicile uniquement pour se rendre au travail. Très bien. Sauf que quand la personne travaille chez Mc Do, avec des horaires qui changent d'une semaine à l'autre, cela devient vite infernal. A chaque fois, je suis obligé de faire une ordonnance modificative. Le truc à la c.. par excellence, je peux me retrouver avec des journées entières à faire que ça. Et je ne vous parle pas de tous les signalements que l'on reçoit dû à des défaillances techniques. Du genre, le bracelet qui se met à sonner alors que la personne est dans sa salle de bain.

Et puis, il y a les urgences. Certains jours ça n'arrête pas. Un exemple récent. Un homme, condamné quatre fois pour violences dont trois commises contre sa mère, âgée de 85 ans. Fin de sa peine, il est en sursis avec mise à l'épreuve. Sauf qu'aussitôt dehors, il fonce au domicile de sa vieille mère. Je suis alerté par un travailleur social. J'arrête tout, je téléphone dans la seconde à la police pour leur donner un mandat d'arrêt. S'ensuit entretien dans mon bureau et retour à la case prison. Voilà à quoi ressemble mon quotidien. Chaque décision est une prise de risque. C'est tout le temps sur le fil du rasoir. Croyez-moi, je rends chaque jugement en tremblant. En permanence, je me pose des questions. On ne peut jamais être sûr, il y a toujours un risque. Que Nicolas Sarkozy arrête de faire croire que l'on peut empêcher la récidive. Si on nous en donne les moyens, on peut la prévenir, oui. L'empêcher, non.»
http://www.liberation.fr/societe/010123 ... ment-en-tr…

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Nombrilist
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Message non lu par Nombrilist » 12 févr. 2011, 11:50:00

Encore un beau témoignage.

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 12 févr. 2011, 11:57:00

La vérité ,des témoignages comme ça je les ferais avaler à nos élus...je sais de quoi je parle,ils sont avertit parfois par les familles qu'un drame se noue,mais il n'en ont rien à carrer.

lambertini
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Message non lu par lambertini » 12 févr. 2011, 13:03:00

le drame, c est que le malheur et recuperé a des fins politique..
la caravane passe et les chiens aboient

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Ilikeyourstyle
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Message non lu par Ilikeyourstyle » 12 févr. 2011, 13:43:00

Il n'y a pas de drame, la politique ne se nourrit que de réalités (et pas de Proudhon, Marx et autres).  icon_cool

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politicien
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Message non lu par politicien » 14 févr. 2011, 18:29:00

Bonjour,

Le meurtre de Laëtitia aurait-il pu être évité ? Impossible de le dire mais un rapport des services judiciaires pointe de nombreuses défaillances dans le suivi judiciaire de Tony Meilhon, principal suspect du meurtre de la jeune femme qui a tenté de mettre fin à ses jours dimanche.
La teneur des 25 pages du service de probation de Loire-Atlantique doit être dévoilée lundi aux syndicats de la magistrature par le Garde des Sceaux Michel Mercier. Le contexte est délicat : révoltés par les critiques de Nicolas Sarkozy sur leur supposé laxisme, les magistrats se sont mobilisés de façon sans précédent ces dernières semaines.
D’après les informations d’Europe 1, l’un des dysfonctionnements pointé est le manque de communication. Il y aurait ainsi trop peu de liens entre le suivi psychologique et le suivi judiciaire.

31% d'absentéisme au sein du service de probation
La qualité du suivi en milieu ouvert, c'est-à-dire hors des murs de la prison, laisserait aussi à désirer selon les inspecteurs qui notent que les agents les plus chevronnés exercent en prison. Les fichiers informatiques ? Insuffisamment renseignés, dénonce le rapport.
Autre point noir qui aurait particulièrement fait tiquer le ministre de la Justice : les 31% d'absentéisme au sein du service de probation de Loire-Atlantique.

Des sanctions disciplinaires ?
Selon le Figaro, qui s'est également procuré le rapport, d'autres approximations sont relevées par les inspecteurs. Ainsi, en 2001, après sa condamnation par la cour d'assises des mineurs, une erreur est commise sur la durée de sa mise à l'épreuve, écrit le quotidien.
En février 2010, Tony Meilhon sort de prison "sans que le suivi prenne effet", relève aussi le Figaro. Dans une affaire parallèle d'outrage à magistrat, un juge d'application des peines inscrit dans le dossier de Tony Meilhon qu'il faut saisir d'urgence les services pénitentiaires mais cela ne sera pas suivi des faits.
Quelle suite sera donnée à ces conclusions ? D'après les informations d’Europe 1, Michel Mercier jugera dans la semaine si une saisie des instances disciplinaires s’impose ou non.
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire » Le débat ne s'arrête jamais sur Actu-Politique

lancelot
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Message non lu par lancelot » 14 févr. 2011, 20:01:00

Que peut on attendre d'autre, comme réaction, du Gvt et de son organe de propagande ?

C'est forcément de la faute des autres.

Si ils veulent jouer à ce jeu, pas de soucis. Le seul Hic c'est qu'ils sont entrain de se foutre une partie de leur électorat à dos, car mis à part le syndicat de la magistrature (300% de résultats aux élections professionnelles selon nabot-naute, (et plus d'élus que de candidats)) cette profession fortement libérale (au niveau de la profession, rêve pas ILYS) est plutôt à droite, mais aussi terriblement attachée à la justice.

le fait d'être désigné comme victime expiatoire va leur plaire énormément.

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keserasera
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Message non lu par keserasera » 15 févr. 2011, 18:31:00

Tout ce charabia pour nous faire chialer sur une pauv'juge qui s'est suicidée la pauvre parcequ'elle n'a pas eu la chance de me connaître ! Franchement !
Mais en l'espèce comme disent les avocats, moi ce qui m'interesse dans cette affaire c'est cette pauvre jeune fille assassinée et tronçonnée par un violeur récidiviste remis en liberté. Il y a eu disfonctionnement au niveau local. C'est maintenant une évidence. Qu'un petit juge n'ait pas lu le dossier avant de signer, c'est tout à fait probable. Mais c'est une faute ! Et elle doit être sanctionnée. Point !
"je me suis souvent demandé et me le demande souvent encore, ce qui peut bien différencier une mauvaise bronchite d'une bonne" Pierre Dac

lancelot
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Message non lu par lancelot » 15 févr. 2011, 19:15:00

Charabia étayé par strictement rien, à part ton jugement qui n'est pas celui des autres ni de la raison. Une caricature de plus.

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 15 févr. 2011, 19:41:00

Suivi de Tony Meilhon: "Il fallait trouver un coupable"

Les magistrats manifestent devant le palais de Justice de Paris ce jeudi 10 février contre les attaques de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Laetitia.

LEXPRESS/F. Koch

Les rapports des inspections judiciaires et pénitentiaires sur le suivi de Tony Meilhon ont blanchi les magistrats. Les dysfonctionnements concernent uniquement les services d'insertion et de probation (SPIP) mis en cause pour "des carences au niveau de l'organisation" et un "manque de coordination" entre les services. Réactions de Véronique Didier, conseillère d'insertion et de probation à Corbeil-Essonnes et militante CGT.

Que pensez-vous des conclusions des deux rapports qui ont été réalisés par les services de l'Inspection?

Je suis assez interrogative car j'ignore encore s'il y aura des sanctions et, le cas échéant, leur destinataire. Mais une chose est sûre: il fallait trouver un coupable. Or il semble plus facile de "taper" sur les services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP) que sur les magistrats. D'ailleurs, la rédaction du rapport de l'inspection pénitentiaire est assez éloquente: elle permet d'identifier nominativement des personnels car leurs initiales sont détaillées. Pourtant, nous sommes des fonctionnaires de l'Etat, cela signifie que l'on ne peut pas mettre en cause des gens pour des problèmes qui relèvent de l'organisation d'un service ou de moyens.

Pourquoi le dossier de Tony Meilhon "dormait-t-il dans un placard" du service d'insertion et de probation de Nantes?

Ce ne sont pas les conseillers d'insertion et de probation (CIP) qui choissisent les dossiers qu'ils ont à traiter. Les directeurs fonctionnels pénitentiaires d'insertion et de probation ont rédigé une note, à l'attention de leurs services, dans laquelle ils expliquent que la priorité doit être donnée aux dossiers sensibles: suivis socio-judiciaires, affaires de moeurs, libérations conditionnelles, enquêtes pour aménagement de peine. Ce sont les secrétaires qui répartissent alors les dossiers parmi les conseillers d'insertion et de probation. A Nantes, la peine de Tony Meilhon était une mise à l'épreuve pour outrage. La mise à l'épreuve pour viol était, quant à elle, classée. Cela explique que le dossier n'ait pas été jugé sensible.


Véronique Didier, conseillère d'insertion et de probation (CIP).

LEXPRESS/Julie Brafman
Les effectifs du SPIP de Nantes sont-ils en cause dans l'absence de suivi du dossier de Tony Meilhon?

Il n'y a pas suffisamment de conseillers d'insertion et de probation à Nantes pour que le service fonctionne correctement. Il manque au moins 4 personnes. Cela reflète un manque de moyens beaucoup plus général.

Un rapport de la Cour des Comptes préconisait la création de 1000 postes supplémentaires de conseillers d'insertion et de probation. Or cette année, 29 postes ont été ouverts au concours du 10 février dernier. On ne peut pas bien travailler dans ces conditions. Et si l'on augmente le nombre de dossiers suivis en n'en laissant plus aucun en attente, on nous reprochera un travail mal fait. Il faut du temps pour évaluer les gens.

Allez-vous continuer le mouvement malgré la fin de la grève des magistrats?

Dans l'Essonne où je travaille, les magistrats continuent de nous apporter leur soutien. Mais sur l'ensemble du territoire, le sentiment d'être tous ensemble, SPIP et magistrats, derrière une banderole s'est un peu dissipé. Nous nous sentons un peu seuls mais nous allons continuer la mobilisation sous d'autres formes. Nous souhaitons communiquer davantage auprès des élus, de la presse et du grand public pour expliquer en quoi consiste notre métier et les conditions dans lesquelles nous l'exerçons. Nous espérons obtenir le soutien des magistrats, mais nous nous battrons jusqu'au bout quoiqu'il arrive.

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Message non lu par keserasera » 16 févr. 2011, 18:36:00

Militante CGT... C'est déjà tout un programme !
"je me suis souvent demandé et me le demande souvent encore, ce qui peut bien différencier une mauvaise bronchite d'une bonne" Pierre Dac

lancelot
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Message non lu par lancelot » 17 févr. 2011, 16:09:00

Oui enfin en tout cas il est maintenant évident que l'on est sur qu'aucun juge, fusse t'il petit, ou rouge, n'a  fait de faute, ce qui n'est pas le cas de l'administration pénitentiaire.

http://www.lexpress.fr/actualite/societ ... ilhon-la-s…

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Ilikeyourstyle
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Message non lu par Ilikeyourstyle » 10 avr. 2011, 06:07:00

Le reste du corps de Laetitia Perrais retrouvé ?


En attendant, Meilhon a été interné en hopital psychiatrique aux frais du kon-tribuable.  icon_mrgreen

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mps
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Message non lu par mps » 10 avr. 2011, 09:24:00

Je viens de lire le témoignage "humain" du JAP, que je trouve particulièrement lamentable, auto-attendri, et dévié.

Il a devant lui un type qui n'a pas commis une bêtise, mais qui est un danger manifeste pour la société.

Qu'il s'amuse à la jouer compréhensive s'il le veut, mais son premier devoir n'est pas là.
Il doit avant tout protéger la société.

Dans le cas évoqué, (meurtre par un multirécidiviste), le JAP devrait tout simplement être poursuivi comme complice, voire comme co-auteur icon_evil
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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