Cette affaire rappelle le cas de la prison de Séquedin, qui avait été le théâtre, il y a quelques années, d'une spectaculaire évasion. Suite à cette évasion, les media avaient révélé que de nombreuses armes circulent dans cette prison :Quatre détenus islamistes d'Osny préparaient une nouvelle agression
INFO LE FIGARO - À peine deux semaines après l'agression de deux surveillants, quatre détenus de l'unité de déradicalisation de la prison du Val-d'Oise ont été transférés après «des menaces».
De justesse. Sans la vigilance des surveillants lors de leur ronde de nuit, vendredi, le scénario qui a conduit à l'agression sauvage de deux personnels il y a quinze jours dans l'unité de déradicalisation de la prison d'Osny, aurait pu se reproduire ce week-end. C'est en faisant en effet leur inspection que deux gardiens ont entendu quatre détenus évoquer leur plan d'attaque. Ces quatre mandats de dépôts terroristes - des retours de Syrie et des individus en lien avec l'Etat islamique - «discutaient entre eux de la manière de dévisser les tiges d'aluminium entourant les bouches d'aération de leurs cellules», apprend-on parmi les personnels de l'établissement pénitentiaire.
Le lendemain matin, au cours d'une fouille de cellule, deux tiges dévissées ont bien été retrouvées dans deux cellules. «Ils n'avaient pas eu encore le temps de les aiguiser. Mais c'est exactement le même mode opératoire qu'il y a deux semaines. Y compris dans le choix de la date du week-end, car les effectifs sont toujours un peu moins nombreux. Cela tend bien à prouver que la première agression n'était pas un acte isolé, mais bien concerté entre les détenus de cette Unité dédiée».
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Il apparaît donc que les prisons françaises sont des lieux où les armes en tous genres circulent assez librement, si bien qu'il est aisé, pour les détenus, de préparer, du fond de leur cellule, des évasions, des casses, des agressions, voire des attentats.Prison de Sequedin : "Un véritable supermarché aérien"
"Dans la nuit, des équipes de surveillants arrivent dans la prison, repèrent les lieux et se positionnent. Au matin, les détenus sont sortis des cellules, fouillés à corps, et dirigés vers la cour de promenade. On passe ensuite chaque cellule au peigne fin, notamment à l'aide de chiens". C'est ainsi que se déroule une "fouille générale" en prison, selon le secrétaire adjoint du syndicat Ufap-Unsa justice dans le Nord Etienne Dobremetz. Jeudi 18 avril, environ 300 surveillants, des brigades cynophiles, des gendarmes mobiles et des membres de l'équipe régionale d'intervention et de sécurité (Eris) ont été mobilisés à la maison d'arrêt de Sequedin pour une fouille générale de l'établissement accueillant quelques 800 détenus.
Jusqu'à samedi dernier, le braqueur multirécidiviste Redoine Faïd était l'un d'eux. Sa spectaculaire évasion a soulevé de nombreuses questions, notamment celle concernant la façon dont il s'est procuré l'arme et les explosifs... Lors de son déplacement sur place après l'évasion, la ministre de Justice Christiane Taubira a demandé à ce que cette fouille générale soit réalisée. Pas trop tôt, estiment des membres du personnel pénitentiaire, qui l'attendaient depuis longtemps. "On la demande depuis deux ans", rappelle Etienne Dobremetz. Si la maison d'arrêt n'a jamais été fouillée depuis son ouverture en 2005, c'est, selon lui, avant tout en raison du coût de l'opération : "On nous a toujours dit que ça coûtait trop cher..."
Toutes sortes d'objets envoyés par-dessus les murs de la prison
Le personnel de l'établissement ne peut que saluer l'initiative, mais déplore qu'elle intervienne maintenant. "C'est quand même un peu dommage qu'on attende un événement comme celui-là pour que ce soit fait", soupire aussi Didier Caudry de la CGT pénitentiaire. Si cette fouille était tant attendue par le personnel, c'est avant tout "pour prévenir l'éventuelle présence d'armes ou d'autres substances ou objets dangereux", avance encore Etienne Dobremetz. Des objets qui pour la plupart entrent en prison par les "parachutages", ces paquets envoyés de l'extérieur par-dessus les murs de la prison avant d'être récupérés par les détenus. "Surtout le week-end, quand les surveillants sont moins nombreux pour tenter de les intercepter" ajoute le syndicaliste.
Ces "parachutages" contiennent un peu de tout : "des clés USB, des couteaux, du shit, de la cocaïne, des bouteilles d'alcool, des consoles de jeux, et, bien sûr, des téléphones". "Un détenu passe commande, il reçoit..." : un véritable "supermarché aérien", selon le syndicaliste. Mardi, trois jours après l'évasion de Redoine Faïd, un téléphone portable et du plastique entrant dans la composition d'explosifs ont été découverts dans les toilettes de la prison. Des sanitaires situés sur la coursive, utilisés par le personnel et un détenu "auxiliaire" en charge de l'entretien des locaux. Ce détenu, qui aurait été entendu dans le cadre de l'enquête sur l'évasion, aurait indiqué aux enquêteurs où se trouvaient ces objets. Ce que le parquet de Lille se refuse à confirmer.
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Je me pose donc des questions. Est-il si compliqué de sécuriser les prisons ? Est-il si compliqué d'édifier des murs suffisamment hauts pour que l'on ne puisse plus lancer des objets depuis l'extérieur de la prison ? Est-il si compliqué de fouiller les détenus après chaque promenade et après chaque séance au parloir ? Est-il si compliqué de fouiller les intervenants extérieurs à chaque fois qu'ils rentrent dans une prison ?