Comment assurer le maintien de l’ordre public face à « des foules sans leaders, plus polycentriques et moins prévisibles que celles qui se sont constituées pendant plus d’un siècle autour de corps intermédiaires ? » Un rapport commandé par la Défenseure des droits à six universitaires – de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice, du Centre de recherches et d’études sur le droit et les institutions pénales, de l’université de Lausanne et du Centre Marc-Bloch de Berlin – estime que la France répond essentiellement à cette question par une « logique du face-à-face », c’est-à-dire une approche répressive, pour ne pas dire punitive.
Pendant trois ans, ces spécialistes de la question policière ont non seulement étudié les manifestations, dont certaines se sont déroulées sous leurs yeux, mais aussi visité les services spécialisés étrangers en Allemagne, en Irlande, au Royaume-Uni notamment, et pu abondamment échanger avec les forces consacrées au maintien de l’ordre en France, compagnies républicaines de sécurité et gendarmerie mobile.
Leurs conclusions évoquent une gestion du maintien de l’ordre à la française désormais dépassée et peu efficace, marquée par une « vision dominante de la foule comme entité hostile par nature » et « négligeant la portée positive d’une action collective qui porte en son sein les fondements de toute société démocratique ». Or, l’efficacité d’une telle approche est aujourd’hui remise en cause par les violences et les dégradations des protestataires, que les services de sécurité se montrent bien en peine, parfois, de contenir.
Le Monde
L'étude note que les forces de l'ordre en France semblent "fortement marquées par un prisme confrontationnel" et enclines à appliquer la loi avec une "approche principalement punitive". Elle se fait l'écho du "stress développé" par les forces de l'ordre avec "l'hyper-médiatisation contemporaine" qui "entretient la mobilisation collective" et incite "le politique à se mêler de la conduite des opérations" ce qui réduit, selon elles, le temps de la réponse policière.
Dans le schéma national de maintien de l'ordre (SNMO), l'institution de la Défenseure des droits pointe une "dichotomie" entre la gestion des "manifestations pacifiques" et celle "très réactive voire brutale" des "désordres" qui contraste avec les pratiques de pays voisins. Selon elle, l'approche belge du maintien de l'ordre, "entièrement fondée sur le principe de la désescalade", fait figure de modèle à l'échelle européenne. Elle s'articule autour des notions de dialogue et de concertation.
France Info
L'étude complète est à lire ici
"Le Défenseur des Droits est une institution gauchiste, un comité Théodule payé par nos impôts" : vous l'avez lu en premier. Maintenant, on peut débattre entre adultes.