Voici l'article du Figaro :
Émeutes de juin: le rapport qui pointe l’ultraviolence du désœuvrement
INFO LE FIGARO - La statistique des profils des interpellés montre un simple opportunisme, sans lien avec la mort de Nahel.
In vivo. Désormais c’est prouvé: face à une grande jacquerie, la fermeté judiciaire paie. Le 25 août dernier, l’Inspection générale de l’administration (IGA), conjointement avec l’Inspection générale de la justice (IGJ), a rendu, en toute discrétion, sa mission flash sur «les profils et motivations des délinquants interpellés à l’occasion de l’épisode de violences urbaines », qui s’est déroulé entre le 27 juin et le 7 juillet dernier.
Dix jours d’émeutes d’une ampleur que n’avaient même jamais atteinte celles de 2005, référence du genre. Soixante-six départements métropolitains - dont 13 durant toutes les nuits - et 516 communes ont été touchés, contre respectivement 25 et 200 en 2005. Cette expansion a concerné «des secteurs périurbains, des villes moyennes, des petites communes urbaines isolées ou encore des communes rurales mais aussi des centres-villes» et non plus seulement les quartiers sensibles des agglomérations urbaines comme il y a vingt ans: 15% des infractions ont été commises dans des unités urbaines de moins de 50.000 habitants.
D’emblée, les auteurs estiment comme «causes possibles» à la décrue soudaine de l’embrasement initial «l’efficacité d’une stratégie de rétablissement de l’ordre ayant consisté à vider la rue». «La réponse judiciaire rapide, cohérente et forte, autour de laquelle plusieurs chefs de juridiction n’ont pas hésité à communiquer, a pu participer de cette décrue».
58.297 infractions en 10 jours
Pourtant, l’autorité judiciaire a travaillé à flux tendu, attesté par des «chiffres considérables». Sur cette période de dix jours, les experts ont totalisé «58.297 infractions en France métropolitaine» pour «12.233 personnes mises en cause», tandis que la Direction des affaires criminelles et des grâces «fait état de 4481 mesures de gardes à vue». Dans 81% des dossiers, «les condamnés ont agi en coaction». «En l’espace d’un mois, les parquets ont été saisis de 4164 auteurs, 26 mis en cause pour l’une des 549 natures d’infractions susceptibles d’être liées aux violences urbaines ». L’ampleur a été telle qu’elle a obligé les magistrats à «modéliser les organisations à mettre en place en pareille situation et à intégrer la gestion de crise dans leur fonctionnement quotidien».
D’autant que, face à ce contentieux de masse, l’institution judiciaire a choisi la sévérité: 65% des auteurs sont passés par le tribunal correctionnel, dont 60% par la comparution immédiate et 12% par la comparution sur reconnaissance de culpabilité (CRPC). Un recours massif «décidé en fonction de critères plus larges que ceux habituellement retenus. L’absence d’antécédents judiciaires n’a pas fait obstacle au choix de cette voie». «83% des majeurs déférés selon ces procédures ont été condamnés», dont «60% à une peine d’emprisonnement ferme». Alors que «la moyenne nationale est de 38% sur l’ensemble de l’année 2022». Dans plus de 50% des cas, des mandats de dépôt ou maintiens en détention ont été prononcés, tandis que le taux d’aménagement de peine dès l’audience a été inférieur à la moyenne annuelle habituelle.
Une grande majorité des émeutiers interpellés sont des jeunes individus de nationalité française, mais originaires de l’immigration principalement du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne
Quant aux profils des émeutiers, nous sommes très loin d’une révolte contre le joug insupportable des violences policières et de l’injustice: «L’émotion suite au décès de Nahel M. est invoquée dans moins de 8% des cas et plutôt par les auteurs résidant à Nanterre ou en région parisienne.» Et «les motivations idéologiques ou politiques, exprimées dans 0,3% des cas, sont rares». Aussi les émeutes de juillet dernier apparaissent-elles comme une grande jacquerie, gratuite, «d’opportunisme», trouvant sa source dans «l’influence de groupe», «la curiosité» ou la «recherche d’adrénaline», analysent les experts. En somme, l’ultraviolence du désœuvrement.
Majoritairement âgés de 18 à 24 ans, les condamnés se déclarent à 87% célibataires, sans enfant à charge, hébergés à titre gratuit et à 36% inactifs. 29% des auteurs ne détiennent aucun diplôme et 38% sont titulaires d’un diplôme inférieur au baccalauréat (BEP, CAP, brevet des collèges). Enfin, selon la Préfecture de police de Paris, «une grande majorité des émeutiers interpellés sont des jeunes individus de nationalité française, mais originaires de l’immigration (2e ou 3e génération), principalement du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne».
Cela confirme que beaucoup d'entre nous savions déjà.