- la tuerie de Crépol, dans la Drôme,
- et Mourad le jardinier agressé par un vieux raciste dans le Val-de-Marne.
Le parallèle entre les deux faits divers est intéressant :
En fonction de nos opinions politiques, nous sommes davantage sensibles à certaines choses qu'à d'autres. Nous avons tous un peu l'indignation sélective, et c'est l'essence même du débat politique.De Thomas à Mourad, ces politiques se jettent sur les faits divers pour activer « un sentiment de peur »
Quand l’extrême droite regarde Crépol, la France insoumise se tourne vers le Val-de-Marne. Entre les deux, l’étrange impression de devoir choisir ses victimes.
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Donc si on est de gauche, on sera davantage sensible au sort de Mourad, victime d'une affreuse agression raciste de la part d'un petit vieux, et de Nahel, ce petit ange trop tôt disparu.
Si on est de droite, on est davantage sensible au sort d'honnêtes citoyens victimes de la racaille : Thomas actuellement, Lola il y a quelques mois.
Tous ces faits divers confortent les uns et les autres dans leurs convictions, et c'est pour ça que certains partis font de la récupération. Mais est-ce un mal de faire de la récupération ? Pour moi, non. Parce que c'est un peu facile de clamer son indignation sans tirer aucune conclusion politique de ce qui vient de se passer.
François Ruffin a publié un commentaire intéressant :
Commentaire équilibré de prime abord, mais un brin hypocrite.François Ruffin a écrit :Samedi soir à Crépol, Thomas a été assassiné par une bande venue poignarder des jeunes dans une fête de village. Une violence gratuite, débridée, cruelle. Plusieurs sont blessés, certains grièvement. Nos condoléances aux camarades, aux proches, aux parents de Thomas qui vivent le plus terrible des drames : perdre son enfant. Que la justice frappe l'assassin, les agresseurs.
Lundi à Villecresnes, Mourad a failli être égorgé au cutter par un violent raciste, vociférant « espèce de sale bougnoule, rentre chez toi ». Il s’en sort par miracle, avec la gorge tailladée sur 15 cm. Mais, contre l'évidence, le motif raciste de l'agression n'est pas retenu. Nous entourons Mourad d’affection, le soutenons dans ses démarches pour obtenir réparation et justice.
Quels sentiments nous habitent, tous, toutes, confrontés à ces faits ? La colère contre les violents. La compassion, la tendresse pour les victimes, pour leurs familles. Simple, évident, universel. Pourtant une ambiance pesante, insidieuse, non-dite, règne dans les médias, sur les réseaux sociaux : comme s’il fallait choisir son camp, selon l’origine réelle ou supposée des victimes ou des agresseurs. « Être Thomas » ou « être Mourad ». Bref, comme si, qu’importe les sujets désormais, la règle était devenue l’hémiplégie, la demi-cécité dans notre humanité.
Soyons, chacun d’entre nous, des remparts face à ces divisions, ces affects malsains. Restons pleinement humains.
Parce que ce qui est arrivé à Mourad (qui n'est que légèrement blessé) me semble être un fait divers isolé (d'autant plus que ledit Mourad semble avoir bien provoqué ce petit vieux à moitié impotent).
Parce que Thomas a été assassiné par une bande de racailles afro-maghrébines de cité, venue opérer une razzia dans son village, avec des motivations établies. Et ce qui est arrivé à Thomas (un honnête citoyen qui se fait canarder par une racaille) est de plus en plus fréquent en France. Des faits divers de ce genre ne sont plus isolés.
Les deux agressions sont condamnables, oui. Mais l'une me semble plus grave que l'autre. Et moi, je me sens davantage menacé par les racailles afro-maghrébines. Et de façon générale, je pense que l'ordre public en France est davantage menacé par ces racailles que par des petits vieux à moitié impotents, fussent-ils un peu racistes sur les bords).
Donc mettre les deux faits divers sur le même plan me semble hypocrite, de la part de François Ruffin.
Et c'est peut-être cette différence de sensibilité entre la gauche et la droite qui achève de me convaincre que je ne suis définitivement pas de gauche.