La vidéosurveillance, vers un Big Brother sous peu ?

Venez parler de notre sécurité ( la police, la violence... ) mais aussi venez parler de la sécurité sur le web ( piratage, compte bancaire... )
Avatar du membre
politicien
Site Admin
Messages : 34347
Enregistré le : 30 août 2008, 00:00:00
Compte Twitter : @LActuPolitique

Re: La vidéosurveillance, vers un Big Brother sous peu ?

Message non lu par politicien » 12 mars 2012, 09:13:21

Bonjour,

Je voulais relancer ce sujet, avec un article sur la vidéosurveillance :
Un homme déambule entre les allées d'un parking et s'attarde "anormalement" près d'une voiture. A 3 kilomètres de là, devant son mur d'écrans relié à une trentaine de caméras, un opérateur se lasse de voir passer des anonymes et s'assoupit. Mais un signal d'alarme attire son attention sur l'écran 15, où la silhouette du maraudeur est cerclée de rouge. Si l'opérateur en croit l'"intelligence" de la caméra, cet homme s'apprête à voler un véhicule. Il avertit donc la police, qui sera sur les lieux cinq minutes plus tard. Et trouvera un voleur... ou un rêveur.

Après avoir été présentées comme la panacée pour lutter contre la délinquance, les caméras de vidéosurveillance sont jugées assez inefficaces par les professionnels de la sécurité : la capacité d'attention d'un opérateur ne dépasserait pas deux heures pour huit écrans. Les caméras ont sans doute un effet dissuasif, mais n'ont pas fait chuter la délinquance (Le Monde du 29 octobre 2011).

Les logiciels de "détection des comportements anormaux" vont changer la donne, assurent les promoteurs de la vidéosurveillance intelligente (VSI). En 2006, l'Agence nationale de la recherche (ANR) finance un projet du laboratoire d'informatique de Lille (LIFL-CNRS) : CAnADA, acronyme de "comportements anormaux : analyse, détection, alerte"... Objectif : "Classer les comportements d'individus afin de les interpréter en termes de menace", et "établir une typologie des signaux visuels de dangerosité". Dès le départ, des chercheurs en droit et sciences politiques sont associés au projet, coordonné par l'Ecole des mines de Douai, pour en discuter les questions éthiques. Leurs réflexions ont bien été publiées, mais, sur le terrain, elles ne font plus l'objet de débat...

(...)

Une étude menée par le sociologue Tanguy Le Goff (Institut d'aménagement et d'urbanisme d'Ile-de-France) sur des opérateurs de vidéosurveillance a montré que les jeunes sont moins "ciblés" (suivis sur écran) pour ce qu'ils font (souvent d'ailleurs ils ne font rien, ce qui est jugé suspect) que pour leur apparence vestimentaire et physique. Les caméras donneront-elles l'alerte en cas d'apparition d'une casquette sur une personne au visage basané et, circonstance aggravante, avachie sur un banc ?

Toujours dans l'optique d'assistance aux opérateurs, certaines sociétés (Orélia par exemple) proposent d'ajouter aux caméras des capteurs audio. Un bris de verre, des cris perçants, et la caméra zoome vers la scène supposée violente. Inconvénient : la portée ne dépasse pas les 20 à 50 mètres selon le bruit de fond ambiant. A moins de truffer les réverbères de micros, l'efficacité n'est pas garantie. La société Survision, elle, s'est spécialisée dans la lecture automatisée des plaques d'immatriculation. Intégré à une caméra placée sur un véhicule de police, le bloc optique infrarouge fonctionne aussi la nuit, et compare toute plaque d'immatriculation croisée dans son champ de vision au fichier des voitures volées. Il lit même les plaques d'un véhicule roulant en sens inverse à grande vitesse...
(...)

Les professionnels de la sécurité, eux, continuent de miser sur la technique. Après la détection du comportement suspect, ils comptent bien identifier le suspect lui-même. Problème : les techniques biométriques actuelles requièrent sa coopération. Il doit poser sa main si on veut reconnaître ses empreintes digitales, ou regarder fixement une caméra pour l'identification de son iris.

L'avenir appartient donc aux biométries que l'on peut collecter à la volée, comme la forme du visage. "Les systèmes basés sur les images 2D ont montré leurs faiblesses face aux variabilités causées par le changement de la pose, des conditions d'éclairages ou encore des expressions faciales, explique Mohsen Ardabilian, maître de conférences à l'Ecole centrale de Lyon-Liris. Les caméras 3D, en revanche, permettent de reconnaître un visage même quand il n'est pas de face et s'il est illuminé différemment. Une de nos techniques consiste à repérer sur le visage des points d'intérêt ayant une information de courbure ou de texture discriminante ainsi que leur position. Ce qui nous donne des taux de reconnaissance proches de 98 %." Mais ces données s'entendent sur une base test de quelques centaines de visages, non représentatifs de la population.

(...)


Avec le programme FAST ("technologie de surveillance des attributs futurs"), les Américains souhaitent repérer à leur insu les individus ayant l'intention de commettre un délit, en développant des capteurs mesurant, à distance, le rythme cardiaque des personnes passant aux points de contrôle, les contractions des pupilles, la température du visage, les expressions faciales... Un scénario à la Minority Report, ce film de Steven Spielberg où trois mutants doués d'un don de prescience préviennent le gouvernement qu'un crime va être commis, ce qui mène à l'arrestation des meurtriers potentiels... alors qu'ils n'ont encore rien fait. Sommes-nous si loin d'un tel scénario ?

La prochaine caméra Kinect 2, de la console de jeu XBox 360 de Microsoft, pourrait détecter les expressions du visage, mesurer notre degré de satisfaction ou d'agacement. Une fonction transposable pour des applications de vidéosurveillance ? De nombreux laboratoires y travaillent. "Mais la technologie est neutre, c'est l'usage qu'on en fait qui doit être arbitré par la société", estime Bernard Didier.

Pour l'instant, la réglementation interdit totalement l'identification à la volée, et encore plus la reconnaissance des émotions. Jusqu'à ce qu'un bon argument marketing convainque nos élus qu'un individu à l'air stressé dans un parking constitue une sérieuse menace pour la sécurité...
Retrouvez l'intégralité de cet article sur Le Monde.fr
Qu'en pensez vous ?

A plus tard,
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire » Le débat ne s'arrête jamais sur Actu-Politique

Emmanuel
Messages : 968
Enregistré le : 09 févr. 2011, 00:00:00

Re: La vidéosurveillance, vers un Big Brother sous peu ?

Message non lu par Emmanuel » 12 mars 2012, 16:24:24

Message supprimé
Modifié en dernier par Emmanuel le 03 juil. 2014, 16:59:23, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Nombrilist
Messages : 63371
Enregistré le : 08 févr. 2010, 00:00:00

Re: La vidéosurveillance, vers un Big Brother sous peu ?

Message non lu par Nombrilist » 12 mars 2012, 16:24:46

Mais c'est très bien. On va pouvoir vendre tout ça à Al Assad.

Avatar du membre
El Fredo
Messages : 26459
Enregistré le : 17 févr. 2010, 00:00:00
Parti Politique : En Marche (EM)
Localisation : Roazhon
Contact :

Re: La vidéosurveillance, vers un Big Brother sous peu ?

Message non lu par El Fredo » 12 mars 2012, 16:50:19

AMHA c'est déjà fait, cf. le contrat Amesys avec la Libye :

http://actu-politique.info/en-libye-j-a ... t6200.html
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

Avatar du membre
Nombrilist
Messages : 63371
Enregistré le : 08 févr. 2010, 00:00:00

Re: La vidéosurveillance, vers un Big Brother sous peu ?

Message non lu par Nombrilist » 12 mars 2012, 20:13:16

Oui, la Lybie c'est avéré. Au début du soulèvement, les barbouzes françaises ont équipé Khadafi de matériel d'espionnage informatique des foules (forcément sous les ordres de Sarkozy). ça a été révélé par le Canard Enchaîné. Quel cynisme tout de même, notre bon président.

Répondre

Retourner vers « Notre sécurité »

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré