intégralité de l'article ...Chada Mint M'Beyrick a des enfants, mais n'a jamais été mère. Elle a été une machine reproductrice. Elle est née il y a trois ou quatre décennies, quelque part entre les dunes du Sahara. Dans cette vaste région désertique aux confins de la Mauritanie, du Mali, de l'Algérie et du Sahara-Occidental, les frontières sont aussi floues que l'âge des hommes. D'aussi loin qu'elle se souvienne, Chada a toujours travaillé. Petite fille, elle gardait des chèvres. Plus tard, des chameaux, qu'elle amenait paître sous un soleil aride. C'était un travail éreintant. Quand elle a eu sa première fille, Teslem, elle ne s'est pas arrêtée. Elle la portait sur son dos, de l'aube au crépuscule.
Un jour, le maître de Chada est venu chercher Teslem pour l'offrir à son fils. La fillette devait avoir 4 ans, tout au plus. Chada n'a pas protesté. Dans son univers étriqué, cela semblait être dans l'ordre des choses. Puis, Chada a eu une deuxième fille, M'Barka. Le maître l'a donnée en cadeau à sa sœur. "Il a récupéré mes enfants comme ça, un à un, pour les distribuer aux membres de sa famille. Il ne m'a pas demandé mon avis." Il n'avait pas à le faire. Au fil des ans, Chada en a donné neuf à son maître. Neuf petits esclaves, comme elle. Esclaves d'aujourd'hui
Il n'y a aucune richesse à exploiter dans ce pays, pour que les pays occidentaux n'y aillent pas, au nom des droits de l'homme ?