intégralité de l'article ...Les expressions et les gestes « inconvenants » sont de plus en plus fréquents dans la vie publique, comme s’il fallait désormais prendre acte de la dégradation de nos débats. Plus le temps passe, plus les acteurs – et non des moindres : un ancien président de l’Assemblée nationale, en France ; un maire de Turin en Italie – semblent incapables de discuter sans recourir aux invectives. Je dis tout haut ce que les autres pensent tout bas… et quand cela ne suffit pas, j’insulte ! L’affaissement de ce que nos ancêtres appelaient la civilité – l’ensemble des règles censées permettre aux citoyens de bien se conduire – traduit le malaise de notre civilisation. Car la civilité n’est pas juste une forme de politesse. Comme le disait Montesquieu, il s’agit d’une façon « universelle » et « humaniste » de se comporter afin de rendre possibles les rapports entre les hommes. À la différence de la politesse, qui « flatte nos vices », la civilité « nous empêche de mettre les nôtres au jour : c’est une barrière que les hommes mettent entre eux pour s’empêcher de se corrompre ». Certes, il ne faut pas en abuser afin de ne pas retomber dans les méandres hypocrites du discours courtisan.
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