Y a-t-il des idées non représentées en politique française ?

[Ramdams]

J'ouvre ce topic après la remarque de Jeff, qui répète (à juste titre) qu'il n'y a aucune formation, ni personne pour représenter ses idées en politique en France. Êtes-vous dans le même cas ? Par "représentées", je ne veux pas dire "représentées et en mesure de l'appliquer" mais juste représentées, à l'instar des royalistes qui sont représentés en politique française mais qui n'ont à mon sens aucun élu et encore moins d'élus gestionnaires.

Me concernant, je crois que d'une manière générale, il n'y a aucune formation politique en France qui soit purement libérale et encore moins libertarienne. Toutes les formations sont acquises au jacobinisme et les libéraux purs existent peu, voire pas du tout : il y a quelques personnalités qui portent des idées économiquement libérales mais sociétalement conservatrices tandis que d'autres, à l'inverse, portent des idées sociétalement libérales mais économiquement étatistes. Nous Citoyens est la formation qui se rapproche le plus de cette version du libéralisme pure mais elle s'en défend.

Je ne trouve pas davantage mon compte dans l'offre politique française. On a une pléthore de partis politiques mais ils sont somme toute très semblables, y compris les tout petits partis. Personnellement, je me suis éloigné du FN car je n'aimais pas cette vision d'Etat-stratège, considérant que l'Etat français était au contraire trop présent. En revanche, j'aime le discours du FN sur ce que j'appellerai la "responsabilisation de chacun" et son attachement aux identités régionales, que j'estime menacées. Par contre, en tant que défenseur de la légalisation du cannabis, de la prostitution, de l'euthanasie, je n'y trouve pas forcément mon compte. Même si je considère par ailleurs que ces questions devraient faire l'objet d'une législation régionale dans le cadre d'une fédéralisation interne de la France... mais cela signifierait également rendre la souveraineté aux Français de chaque région, et donc réduire considérablement les pouvoirs d'une UE qui s'introduit aujourd'hui dans tous les débats, jusqu'à la courbure des concombres.

Bref, je serais partisan d'un parti plutôt libéral dans le fonctionnement de l'Etat, qui renoue avec la (vraie) démocratie locale, anti-jacobin donc, voire régionaliste (prêt à accorder l'indépendance à qui la demande), sociétalement libéral, n'ayant aucun tabou sur les sujets de société cités ci-dessus, qui garantit tout de même la sécurité sociale de ses concitoyens, qui n'intervient pas sur le marché (pas de salaire minimum uniforme par exemple...) sauf pour garantir la libre-concurrence et éviter les situations de monopole, qui fait davantage confiance à la société civile plutôt qu'aux mandats politiques représentatifs, qui a une acceptation très large de la liberté d'expression (de l'extrême gauche jusqu'aux néonazis en passant par les islamistes), qui se soucie également de la biodiversité et des réserves naturelles du pays. Ailleurs, de tels partis existent. En France, par contre...

Et vous, sentez-vous orphelin de vos idées en France ?

[Narbonne]

La combinatoire des idées est tellement vaste qu'il est normal de ne pas se retrouver dans un parti.

[Nombrilist]

Ramdams, ce que tu décris, c'est l'Union Européenne. Pas franchement un succès. En ce qui me concerne, je cherche une offre souverainiste à gauche. Pour le moment, c'est le néant absolu.

[Ramdams]

Tu sais que j'abhorre l'UE car elle remet en cause le principe de la souveraineté régionale. Or, la démocratie ne peut s'épanouir qu'au plus petit échelon. Actuellement, la primauté est telle que : droit européen > droit national > droit national (pour les Etats fédéraux), je suis partisan de l'inverse.
Par exemple, aux Pays-Bas, un parti comme D66 me conviendrait pas, sauf qu'il est europhile. Pour moi, l'UE doit être limitée à une organisation continentale de coopération. Or, elle a un pouvoir trop coercitif qui empêche la coopération.

Le souverainisme de gauche est en effet inexistant en France.

[Narbonne]

Chevènement n'a plus de parti ?

[Ramdams]

Quand on parle de "souverainisme de gauche", on pense tout de suite à Chevènement. Je pense qu'on peut être plus exigeant.

[Narbonne]

Il a voté "non" au TCE, laique pur jus, il prône la relance par la demande, ile travail est une valeur pour lui , favorable à l'intégration et il est honnete.

[Ramdams]

Je ne dis pas le contraire mais il a manqué d'ambition.

Si la gauche radicale veut exister, elle doit être souverainiste. Actuellement, elle est internationaliste.

[Narbonne]

Il a essayé plusieurs fois mais maintenant il est agé.

[El Fredo]

Moi mes idées sont représentées par plusieurs partis à la fois, et jamais toutes en même temps, donc je n'ai pas de fidélité particulière envers un parti. En ce moment c'est plutôt le PS, avant ça c'était EE (pas EELV), mon premier bulletin de vote a même été pour Génération Ecologie en 1992.

[Arcanepunk]

Je ne tiens pas à être représenté. Je n'ai aucune confiance aux représentants. Je n'ai pas envie qu'on parle à ma place. Je n'ai pas envie qu'on déforme mes propos. Je n'ai pas n'ai pas envie qu'on trahisse mes convictions. Je veux être citoyen, pas électeur. Je veux être souverain, pas esclave.

[johanono]

Je ne tiens pas à être représenté. Je n'ai aucune confiance aux représentants. Je n'ai pas envie qu'on parle à ma place. Je n'ai pas envie qu'on déforme mes propos. Je n'ai pas n'ai pas envie qu'on trahisse mes convictions. Je veux être citoyen, pas électeur. Je veux être souverain, pas esclave.

La démocratie directe n'est pas encore prévue au programme. Il faudra donc se contenter de démocratie représentative.

Je ne dis pas le contraire mais il a manqué d'ambition.

Si la gauche radicale veut exister, elle doit être souverainiste. Actuellement, elle est internationaliste.

En effet, il y a une contradiction fondamentale chez ces partis de gauche. Ils veulent défendre un modèle "social", voire "socialiste", mais l'Etat avec ses frontières sont le meilleur moyen de mettre en œuvre leur idéal. En se disant internationalistes, ils se privent donc du moyen d'appliquer cet idéal.

Quand on parle de "souverainisme de gauche", on pense tout de suite à Chevènement. Je pense qu'on peut être plus exigeant.

Pourtant, il est idéologiquement très cohérent. Mais il est aujourd'hui très âgé, il ne représente plus l'avenir, et il n'a pas vraiment d'héritier politique. Montebourg aurait pu être celui-là, mais je doute qu'il aille au bout de sa démarche.

[Narbonne]

wikipedia :
"L’internationalisme est une théorie du mouvement ouvrier (inspirée notamment du marxisme et du socialisme libertaire ) qui prône la solidarité et l'unité internationale.

L'internationalisme, qui apparaît au XIXe siècle en étant notamment issu des révolutions démocratiques, souhaite la fin des affrontements entre les États, et vise :
dans un premier temps, à la solidarité internationale entre les prolétaires (ouvriers, paysans, employés, salariés, précaires, chômeurs, etc.) ce qui implique de s'opposer au nationalisme et au chauvinisme , en défendant des intérêts qui sont communs à l'humanité ;
après un processus révolutionnaire , à la mise en place d'un régime international supprimant les États et leurs frontières ; c'est alors le socialisme (ou communisme ), une société qui ne comprend ni États, ni classes , ni exploitation."

[Arcanepunk]

La démocratie directe n'est pas encore prévue au programme. Il faudra donc se contenter de démocratie représentative.

Que je sois représenté ne l'est pas non plus. La démocratie représentative est par définition capitaliste, les représentants pour faire campagne (donc pour avoir le pouvoir) doivent avoir du pognon, et du pognon quand ils n'en ont pas, ils doivent en demander à ceux qui en ont. Les partis politiques sont les débiteurs des banques. En d'autres termes, ce sont les banques qui sont représentées. Et pourquoi cela ? Parce que les élus ne doivent rien aux électeurs, la constitution leur permet de faire ce qu'ils veulent une fois élu, même s'ils font l'exacte contraire de ce qu'ils ont promis. Les élus doivent des comptes à ceux qui leur ont permis de faire campagne.

Alors vote si tu veux (le vote blanc ne compte pas non plus dans le résultat des suffrages exprimés), mais n'espère rien.

[Narbonne]

"Qui ne dit mot consent."