johanono a écrit : ↑02 juin 2023, 09:12:23
@Camille :
La notion d'extrême est forcément un peu subjective, elle revêt généralement une connotation péjorative, mais les mots ont un sens, quand même...
Selon moi, les extrêmes en politique (de droite ou de gauche) se caractérisent par plusieurs critères cumulatifs :
- la volonté de changer radicalement ce qui existe,
- un discours anti-système, anti-élites, confinant au complotisme et au révisionnisme,
- l'existence d'un bouc émissaire rendu responsable de presque tous les maux du pays (les immigrés pour l'extrême-droite, les riches pour l'extrême-gauche, les juifs pour les nazis, etc.),
- le mépris des règles démocratiques les plus élémentaires (tendance à employer la force pour faire prévaloir leurs idées et faire taire leurs opposants), mépris au demeurant tout à fait conforme à l'histoire, car l'analyse de l'histoire montre que les courants politiques extrémistes (fascisme, nazisme, communisme, islamisme, etc.) ne se sont jamais accommodés de la démocratie.
Rien de tout cela chez les centristes en général, et chez Macron en particulier.
Tu lui reproches un manque de respect des corps intermédiaires. Mais ce défaut n'est pas spécifique à Macron. Tous les présidents se sont comportés ainsi. Sarkozy avait même assumé la chose en déclarant, au sujet de chef de la CGT, qu'il n'avait qu'à se présenter à la présidentielle s'il voulait diriger le pays. Je ne dis pas que c'est bien, juste que ça n'est pas spécifique à Macron.
Tu lui reproches aussi un manque de respect du parlement. Il ne respecte le parlement ni plus ni moins que ses prédécesseurs. Le 49-3, que cela plaise ou non, est prévu par la constitution. Mitterrand, notamment, en fit allègrement usage, après avoir pourtant théorisé le "coup d’État permanent". Concernant la réforme des retraites, Macron et son gouvernement ont passé des mois et des mois à discuter, à négocier. Ils ont même fait d'importantes et onéreuses concessions. Ce n'est pas de leur faute si les députés de droite, qui appartiennent à une famille politique pourtant traditionnellement favorable à l'augmentation de l'âge de départ en retraite, ont fait primer de basses considérations politiciennes sur l'intérêt général.
Je ne suis pas macroniste, et j'ai beaucoup de choses à lui reprocher (notamment son manque de vision politique). Mais quand je lis ou entends certaines critiques que je trouve excessives, ridicules, voire idiotes, j'ai envie de le défendre. Il a beaucoup de défauts, certes, mais le dépeindre comme un président extrémiste ou autoritaire est d'une stupidité sans nom...