Qu'en pensez vous ?« En France, on croit avoir les meilleures cartes bancaires du monde mais en réalité elles sont parmi les moins adaptées aux besoins des consommateurs. Le système français souffre d'un archaïsme très fructueux pour les banques », accuse Alain Bazot, président de l'UFC Que choisir. Selon l'association de consommateur, la carte bancaire génère une myriade de coûts directs et indirects dont la grande majorité est injustifiée. A elle seule, la cotisation annuelle, de 47,8 euros en moyenne, constitue un tiers des frais qu'un client règle chaque année à sa banque. Au total, l'UFC Que Choisir a calculé que les détenteurs de cartes bancaires versent ainsi annuellement 2,8 milliards d'euros à leur banque pour bénéficier de l'usage de ce moyen de paiement. Ce montant paraît d'autant plus exorbitant qu'une large partie n'a pas de justification économique. Dans le cas de la carte bancaire internationale à débit immédiat, qui représente 72,30 % du marché des cartes en France, cette proportion est de 42 %. « Ce sont ainsi 430 millions d'euros qui, chaque année, sont facturés au consommateur sans aucune justification », accuse l'UFC Que Choisir. Une marge brute de 83 % L'association s'offusque plus particulièrement des pratiques tarifaires des banques dans le domaine des incidents de paiement liés à la carte bancaire. Selon ses calculs, ces commissions représenteraient 2,7 milliards d'euros, soit autant que les cotisations annuelles. Encore une fois, leur justification économique est limitée tant les procédures sont automatisées. « Le coût pour les banques n'est que de 459 millions d'euros, leur marge brute atteint donc 83 % », souligne Maxime Chipoy, chargé de mission à l'UFC Que Choisir. Parmi ces frais, la commission d'intervention est, de très loin, le premier poste de coût pour le consommateur. Versée en cas d'irrégularités sur le compte entraînant un traitement particulier, cette commission est en moyenne facturée 8,5 euros par transaction. Faute de plafond légal susceptible de limiter le nombre d'interventions, les banques s'autorisent à prélever jusqu'à cinq commissions par jour sans prévenir le client. « Où est passé le devoir de conseil ? », s'étonne Maxime Chipoy, chargé de mission à l'UFC Que Choisir. Alain Bazot pointe enfin le caractère « pousse au crime » des cartes bancaires françaises dont il estime les services surdimensionnés par rapports aux besoins réels des consommateurs. Ceux-ci n'utilisent en moyenne que 15,8% des capacités de leur carte. Parmi les populations les plus fragiles, seulement la moitié à en particulier une carte bancaire à autorisation systématique. Globalement, alors que dans les autres pays européens, le taux d'équipement en cartes à autorisation systématique avoisine 50 %, ce taux est inférieur à 14 % pour la France. L'UFC Que Choisir a fait cinq propositions (lire l'encadré) afin de limiter les incidents de paiement et d'améliorer la tarification. La Fédération Bancaire Française (FBF) a toutefois estimé que certaines d'entre elles 'vont à l'encontre de la liberté de choix des clients et conduiraient à une régression d'ensemble du niveau de service, comme la volonté d'imposer un système à autorisation systématique, plus contraignant pour les consommateurs et les commerçants'. Selon elle, 'chaque banque propose une large gamme de cartes et le client peut choisir en fonction de ses besoins'. Cinq propositions pour une carte responsable L'UFC Que choisir a fait cinq propositions qu'elle vient de transmettre à la ministre de l'Economie Christine Lagarde pour prévenir les incidents de paiement et réformer la tarification. 1. Adopter un système de vérification systématique du compte du client avant tout paiement. 2. Améliorer l'information du client pour réagir en amont des incidents. 3. Créer une carte bancaire modulable en fonction du besoin du client et non pas en fonction du type de carte dont la logique est celle du « package ». 4. Supprimer les commissions d'intervention. 5. Harmoniser les frais d'incidents entre débit immédiat, aujourd'hui désavantageux, et débit différé, favorable alors que la carte est plus compliquée à gérer Les Echos.fr
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