les orteils a écrit : ↑29 déc. 2023, 19:55:52
Être contre Delors c'est être contre l'Europe, mais il faut alors le dire. Notre Europe n'est certes pas parfaite, j'aurais préféré l'harmonisation fiscale par exemple avant la libre circulation. Il y a aussi trop de différences, idéologiques entre autres, avec nombre de pays de l'Est.
Ceci dit, Delors a été un grand acteur de la construction mais il était largement suivi : qu'on lui fasse porter la responsabilité des échecs ou qu'on lui attribue le mérite des réussites est très exagéré.
Oui, Delors a été suivi. Mais les hommages qui lui sont rendus le présentent comme le grand artisan de la construction européenne dans les années 80 et 90. Donc il n'est pas scandaleux de vouloir dresser le bilan de cette construction européenne dont il fut un des principaux architectes.
Être contre Delors, ce n'est pas être contre l'Europe en général, c'est être contre la construction européenne telle qu'elle se pratique depuis les années 80, et dont il fut, d'après ses adorateurs, l'un des grand artisans. Une Europe supra-nationale, fondée sur la logique de libre-échange, qui a consisté en une déréglementation de nombreux secteurs d'activité (capitaux, services publics, etc.), qui a exposé notre appareil de production (agriculture, pêche, industrie, etc.) à la concurrence étrangère déloyale, qui réglemente la taille de la rondelle de saucisson ou la forme de la boîte de Camembert mais qui s'avère incapable de s'imposer face aux USA ou à la Chine dans les relations commerciales ou diplomatiques. Une Europe qui s'est retournée contre les classes populaires (chômage accru à cause de la désindustrialisation, pression à la baisse des salaires à cause de la concurrence étrangère, etc.), des classes populaires qui l'ont bien compris et se sont détournées d'une gauche qui était censée les défendre mais les a abandonnées.