Odon Vallet et sa fondation L'historien qui donnait 100 millionsPar David Caviglioli
« Rue 89 » publiait récemment une interview-fleuve de l'historien et spécialiste des religions, qui a fait don de son héritage à sa fondation - 100 millions d'euros tout de même, redistribués à des étudiants pauvres et méritants.
Il dit qu'il n'aurait pas « le temps (...) de dépenser tout cet argent. » Tout cet argent, ce sont les 320 millions de francs (70 millions d'euros) hérités en 1989, lors de la vente de la compagnie d'assurance GPA-Athéna que son père dirigeait. C'était l'époque où on pouvait encore faire fructifier son capital : dix ans plus tard, Odon Vallet était à la tête d'une fortune de 100 millions d'euros.
Sipa
Odon Vallet
On connaît Odon Vallet, intellectuel vif à l'allure précieuse qui publie régulièrement des essais sur Dieu chez Albin Michel. Il a fait l'ENA, occupé tout un tas de postes dans la finance et l'université. Tous savoirs dehors, avec un air malicieusement hautain, il aurait pu devenir horripilant comme un Alain Minc. Mais il a su imposer une parole plutôt agréable, classique sans être empesée, modérée sans être molle.
Voici donc qu'on lui découvre un côté Warren Buffet de la connaissance. Comme l'investisseur américain qui donna 80% de sa fortune personnelle à la fondation de son ami Bill Gates, Odon Vallet a donc fait cadeau à sa fondation, créée en 1999, de la quasi-totalité de son héritage. La fondation en question, qui porte son nom, se charge de repérer les grosses têtes dans les zones paupérisées - à Paris, au Viêt Nam et au Gabon - et de financer leur scolarité.
25.000 bourses ont été accordées en dix ans. Il expliquait l'an dernier à « la Croix » qu'il va lui-même donner l'argent au jeune lauréat, qui dès lors sera suivi de près. Tout redoublement signifiera la perte de la bourse. Les candidats vietnamiens ou gabonais qui souhaitent poursuivre leurs études en Europe devront s'entretenir en tête-à-tête avec lui. « Je refuse les passe-droits, je traque les fraudeurs, assène-t-il. Je vérifie les diplômes, les parcours, les motivations. Pour être retenu, il faut se classer premier ou second au bac de son pays, plus présenter de solides capacités d'adaptation. » Comme ces deux qualifications nous font penser à quelqu'un, on le dit comme on le pense : il faudra tout de même se méfier de ne pas trop accueillir de futurs Alain Minc.
