Les intermittants du spectacle font (encore) parler d'eux

Venez discuter des problèmes du travail dans notre pays, mais aussi des problèmes sociaux ( retraites, chomage...)
phoenix72
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Re: Les intermittants du spectacle font (encore) parler d'eux

Message non lu par phoenix72 » 23 juin 2014, 21:32:11

Jeff Van Planet » Lun 23 Juin 2014 - 17:09 a écrit :
freeze » 23 Juin 2014, 17:06:16 a écrit :ben faut mobiliser les syndicats dans le privé
mais vu que personne ou très peu de personnes ne se syndicalise, il ne se passe rien
Le rapport avec la choucroute?
C'est le même sujet ,mais quand on veut pas comprendre....

C'est un peu comme les régimes spéciaux ,on donne aux uns et pas aux autres ,c'est celui qui g..........le plus fort qui obtient le plus pendant que les autres bossent beaucoup plus et qu'aucun syndicat ne défend ,la réponse de freeze est tout à fait pertinente ,mais les syndicats ne s’intéressent qu'aux grandes gueu...cela leur fait de la pub ,pour les autres ils signent en douce des modifications désastreuses pour les salariés du privé.Et je réitère mon opinion un intermittent du spectacle n'est pas supérieur à un travailleur du privé donc même contrat de chômage pour tous.

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artragis
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Re: Les intermittants du spectacle font (encore) parler d'eux

Message non lu par artragis » 23 juin 2014, 21:37:47

Et je réitère mon opinion un intermittent du spectacle n'est pas supérieur à un travailleur du privé donc même contrat de chômage pour tous.
Non, car la manière dont est employé un intermitant est... intermitante. Qu'il y ait deux régimes différents n'est guerre étonnant.
Pour info, si on mettait tout le monde sur les régimes des intermitants on ferait plus d'économies que si on mettait les intermitants dans le régime général...
mais les syndicats ne s’intéressent qu'aux grandes gueu...cela leur fait de la pub
Faut pas tout confondre.
Les syndicats défendent leurs interêts comme ils le peuvent. Ceux qui défendent plus (souvent en gueulant plus) obtiennent plus, n'inversons pas les rôles.
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Re: Les intermittants du spectacle font (encore) parler d'eux

Message non lu par phoenix72 » 23 juin 2014, 22:27:31

artragis » Lun 23 Juin 2014 - 21:37 a écrit :
Et je réitère mon opinion un intermittent du spectacle n'est pas supérieur à un travailleur du privé donc même contrat de chômage pour tous.
Non, car la manière dont est employé un intermitant est... intermitante. Qu'il y ait deux régimes différents n'est guerre étonnant.
Pour info, si on mettait tout le monde sur les régimes des intermitants on ferait plus d'économies que si on mettait les intermitants dans le régime général...
mais les syndicats ne s’intéressent qu'aux grandes gueu...cela leur fait de la pub
Faut pas tout confondre.
Les syndicats défendent leurs interêts comme ils le peuvent. Ceux qui défendent plus (souvent en gueulant plus) obtiennent plus, n'inversons pas les rôles.
Les salariés qui travaillent dans le prêt à porter ou dans les restaurants sont des intermittents et pourtant ils sont dans le régime général

Les syndicats en effet défendent leurs intérêts personnels et pas les intérêts des salariés du régime général

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Re: Les intermittants du spectacle font (encore) parler d'eux

Message non lu par artragis » 23 juin 2014, 22:47:59

Les syndicats en effet défendent leurs intérêts personnels et pas les intérêts des salariés du régime général
Ce que tu dis ne veut rien dire.
Un syndicat n'est pas une "personne" donc il ne peut avoir un "interrêt personnel". Par contre, quand on veut sans cesse remettre en cause des droits (rappelons que "renégocier" signifie toujours perdre des droits) c'est sûr qu'ils montent au créneau. Moi aussi j'aimerai des syndicats qui vont plus dans la négociation. Mais à chaque fois, on les "force" au rapport de force en leur imposant des choses. Dans un rapport de force, le syndicat n'a qu'une arme : la grève.

Faut arrêter de jalouser les intermitents. Ils ont un régime spécial car ils ont un rythme de travail spécial. Que cela soit réservé au spectacle c'est juste parce que l'état a prétendu que c'était pour "l'exception culturelle".
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Re: Les intermittants du spectacle font (encore) parler d'eux

Message non lu par phoenix72 » 24 juin 2014, 14:56:17

Ce n'est pas une question de jalousie mais d'équité et avant de critiquer il faut connaitre tous les métiers précaires qui ne disposent pas eux de privilèges.
Ensuite pour les syndicats je connais parfaitement leurs intérêts ,ils vont vers ceux qui suivent leurs grèves politiques et non vers ceux qui ont vraiment besoin d'eux et qui subissent la pression du patronat sans pouvoir se défendre .Dans la dernière entreprise il y a eu trois plans sociaux sans avantages, des licenciements secs ,on attend toujours ses fameux syndicats ,malgré notre appel .Il est vrai que c'était une entreprise de prêt à porter avec une quarantaine de salariés bof cela ne valait pas le coup de faire un coup d'éclat.

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Re: Les intermittants du spectacle font (encore) parler d'eux

Message non lu par freeze » 24 juin 2014, 17:38:51

les syndicats viendront si vous êtes syndiqués
sinon tu peux toujours attendre
perso je paie une cotisation chaque mois en échange de leur aide

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Message non lu par artragis » 24 juin 2014, 17:46:00

[tab=30]
Ce n'est pas une question de jalousie mais d'équité et avant de critiquer il faut connaitre tous les métiers précaires qui ne disposent pas eux de privilèges.
Je ne critique pas. Ce que je vois, c'est qu'alors que les intermitents ont eu un statu qui leur convenait au prix d'un combat social important, ceux qui n'ont rien demandé n'ont rien eu.
Lorsque les allemands en ont eu marre en 2013 de leurs bas salaires, ils ont fait grève et ont eu des revalorisation de salaire.
On peut faire ça avec toutes nationalités car elles vont toutes dans le sens de l'Histoire.
Faut arrêter avec le terme "privilège". C'est un terme de jalousie et quand j'écoute les gens qui en parlent, ils oublient souvent de parler des "avantages" de leur propre statu.
Je ne compte plus le nombre de fois où un employé dont les vacances sont payés à 70% par le CE décrit les enseignants comme "privilégiés".
Je ne compte plus le nombre d'indépendants qui ne travaillent que les heures qu'ils désirent et -à condition d'avoir des clients- peuvent se faire beaucoup d'argent, s'offusquer des "privilèges" des gens d'EDF qui paient peu d'électricité.
etc.
Les intermitents ont eu un régime qui colle à leur travail. L'état est venu y ajouter le fait que c'était pour "l'exception culturelle". Résultat d'autres personnes au travail intermitent sont sur le régime général.
Le jour où l'état en aura le courage, ils mettront ces gens là sous le régime de l'intermitence.
PS : j'ajouterai que le flou est entretenu entre les régimes chômages, retraites et les conventions collectives. Quand on gratte un peu, on se retrouve avec un jargon technique assez complexe qui crée des confusions assez énorme. On le voit avec la SNCF où les média prétendent que personne ne sait pourquoi ils font grève.
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Re: Les intermittants du spectacle font (encore) parler d'eux

Message non lu par Jeff Van Planet » 26 juin 2014, 17:03:30

Ce que je vois, c'est qu'alors que les intermitents ont eu un statu qui leur convenait au prix d'un combat social important, ceux qui n'ont rien demandé n'ont rien eu.
En 1936 est créé le régime salarié intermittent à employeurs multiples pour les techniciens et cadres du cinéma6. Ce régime est encouragé par les producteurs de cinéma qui à l'époque ne trouvaient pas de techniciens, souvent des artisans et des ouvriers dans diverses corporations (menuisiers, peintres, décorateurs, ensembliers). Ceux-ci préféraient travailler chez un patron en fixe avec une paye toute l'année, d'où la difficulté pour le cinéma de trouver du personnel pour des périodes courtes et ponctuelles. Avec ce régime particulier, ils pouvaient travailler pour des films quelques mois et le reste du temps une caisse leur donnait une indemnité pour continuer à vivre et surtout à être disponibles. Le nombre de personnes concernées était à l'époque très modeste.
lire l'article complet de wikipédia.

aucunes demandes de la part des salariés, mais juste une réponse du marché pour palier au manque de main d'oeuvre.
Le grand problème de notre système démocratique c'est qu'il permet de faire démocratiquement des choses non démocratiques.
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Re: Les intermittants du spectacle font (encore) parler d'eux

Message non lu par artragis » 26 juin 2014, 17:28:08

Affirmer que le régime n'a pas évolué au fil des demandes des intermittants c'est limite, quand même.
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Re: Les intermittants du spectacle font (encore) parler d'eux

Message non lu par Jeff Van Planet » 26 juin 2014, 20:00:31

alors ta phrase n'à pas reflété ta pensée, par ce que tu dis "ont eu un statu".
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J.Saramago

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Re: Les intermittants du spectacle font (encore) parler d'eux

Message non lu par politicien » 26 juin 2014, 21:01:03

La CGT-spectacle a prévenu jeudi que "la lutte continuait", après le feu vert du gouvernement à la nouvelle convention d'assurance chômage qui entrera en vigueur le 1er juillet et permettra aux chômeurs de bénéficier d'un système plus favorable de "droits rechargeables".

Traduction d'un accord entre le patronat et trois syndicats (CFDT, FO, CFTC), la nouvelle réglementation, décriée par les intermittents, a été entérinée par un arrêté publié au Journal officiel, comme le gouvernement s'y était engagé.

Les "droits rechargeables", qui permettront aux 2,2 millions d'allocataires d'accumuler les droits à indemnisation chaque fois qu'ils retravaillent, ne seront toutefois effectifs qu'au 1er octobre, le temps pour Pôle emploi de former ses agents. Selon l'Unédic, l'organisme paritaire qui gère l'assurance chômage, "près d?un million d?allocataires" verront leurs droits allongés.

La convention prévoit en revanche de durcir les conditions d'indemnisation des intermittents (93.000 allocataires), en rallongeant notamment le délai de carence entre la fin des périodes travaillées et le versement des allocations. Cette mesure reste au c?ur de la contestation qui agite le monde de la culture depuis le mois d'avril et menace les festivals d'été.

Pris en étau entre l'impossibilité de remettre en cause le paritarisme et la fronde des intermittents, le Premier ministre a annoncé mi-juin que l'Etat prendrait en charge ce différé et "le financerait pour que Pôle Emploi n'ait pas à l'appliquer", pour un coût estimé à 40 millions d'euros.

Cet agrément "n'est pas une surprise", mais "la lutte continue sur le terrain (...) et on va appeler à ce que la mobilisation continue jusqu'à la fin de l'année 2014", a prévenu Denis Gravouil, le secrétaire général de la CGT-spectacle, à l'occasion d'une manifestation de salariés et intermittents à Paris. Le festival d'Avignon sera "certainement perturbé d'une façon ou d'une autre", a-t-il ajouté.

(...)

L'intégralité de cet article à lire sur News Yahoo.com
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire » Le débat ne s'arrête jamais sur Actu-Politique

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Re: Les intermittants du spectacle font (encore) parler d'eux

Message non lu par artragis » 26 juin 2014, 21:11:15

alors ta phrase n'à pas reflété ta pensée, par ce que tu dis "ont eu un statu".
Bah oui, puisqu'ils l'ont aujourd'hui, c'est qu'ils l'ont eu un jour ou l'autre. Je n'ai JAMAIS dit qu'ils avaient tout eu d'un coup. J'ai juste dit qu'avant la nouvelle réforme qui arrive, ils avaient un statu qui leur convenaient à peu près. C'est toi qui a cru bon d'aller chercher l'apparition du statu. Et si je t'en remercie pour ma culture perso, ça n'était pas du tout à ça que se référait très clairement mon propos.
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Re: Les intermittants du spectacle font (encore) parler d'eux

Message non lu par politicien » 30 juin 2014, 20:57:05

Bonjour,
Peut-on vouloir mourir par devoir ? Qu'est-ce que le sacrifice de soi ? 63 ans après la mise en scène mythique de Jean Vilar, avec Gérard Philipe et Jeanne Moreau, le festival d'Avignon répond à nouveau aux interrogations de l'oeuvre immortelle de Kleist, Le Prince de Hombourg, avec Anne Alvaro et Xavier Gallais, dans une mise en scène de Giorgio Barberio Corsetti dont l'audace artistique n'a d'égale que sa quête toujours renouvelée de nouvelles formes d'expression scéniques. Grandes oeuvres du répertoire, mais aussi exploration passionnée de tous les champs de la création contemporaine, les festivals d'Avignon, de Montpellier, d'Aix, de Marseille et bien d'autres nourrissent, depuis des décennies, l'expérience artistique et humaine de centaines de milliers de visiteurs venus du monde entier.

Lire aussi sur la crise : Si vous n'avez rien suivi à la crise des intermittents

Le sens du ministère de la culture dans la République est de défendre avec passion cette extraordinaire liberté des formes, y compris dans leurs expressions esthétiques et politiques les plus radicales, car ces festivals sont des rassemblements qui ponctuent nos histoires et nos mémoires collectives et individuelles. Combien de spectateurs n'ont pas été bouleversés, en 2013, par l'Elektra de Strauss, à Aix-en-Provence, ultime mise en scène de l'irremplaçable Patrice Chéreau, par Robot de Blanca Li à Montpellier-Danse ou par l'extraordinaire concert de M. aux Francofolies de La Rochelle ? Les festivals d'été génèrent bien sûr des retombées économiques considérables, mais ce sont d'abord des moments intimes, intenses et paradoxaux puisque chacun, communiant avec tous les autres devant un plateau où se livrent des artistes, est renvoyé à sa subjectivité et à la nécessité impérieuse de donner un sens « aux changements confus d'un monde en gestation », comme l'écrit Aragon. Et tout en défendant l'approche la plus exigeante de l'art, les festivals ont su rendre les oeuvres de l'esprit accessibles à tous, en allant au plus près des habitants, dans les quartiers, les écoles, auprès des publics handicapés ou empêchés, pour faire de la culture plus qu'un divertissement, plus qu'un supplément d'âme : une nourriture essentielle qui donne corps au vers d'Yves Bonnefoy « le blé qui va lever ici sera le pain de nouveaux échanges ».

Ce foisonnement créatif inouï, qui place la France au tout premier rang des grandes puissances culturelles, est fondé, depuis le Front Populaire, sur un dispositif unique au monde : une indemnisation du chômage reposant sur le caractère discontinu (« intermittent ») de l'emploi des artistes et techniciens du spectacle. Mais si l'emploi est intermittent, le travail, lui, est permanent !

(...)

L'intégralité de cet article à lire sur Le Monde.fr


Qu'en pensez vous ?
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Nico37
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Re: Les intermittants du spectacle font (encore) parler d'eux

Message non lu par Nico37 » 01 juil. 2014, 17:22:39

Terres du Son : Un camp d’exploitation culturelle comme tant d’autres Jibédé www.polemixetlavoixoff.com 01/07

Voyage hallucinant dans les coulisses néo-libérales de Terres du Son, festival-supermarché comme tant d’autres, qui paye très cher les têtes d’affiche mais ne rémunère pas (ou peu) les "petits" artistes locaux. Ni les bénévoles pas toujours heureux de leur servitude volontaire.
Comme nombre de festivals déguisés en sympathiques associations qui aiment la culture,Terres du Son est une entreprise commerciale négrière. Avant d’explorer ses coulisses, signalons qu’en Touraine, bien des festivaliers n’aiment pas qu’on les mène en bateau. Surtout ceux qui ont depuis longtemps pris des habitudes de bon accueil, de confort et surtout de tarifs accessibles. Politiques cultivées depuis toujours, par exemple, par le festivalAucard de Tours. Sans parler des fêtes-festivals privés que l’on peut fréquenter en région depuis des années [1].

Comparons Terres du Son avec Aucard de Tours

Reprenons l’exemple d’Aucard de Tours, organisé depuis 29 ans par Radio Béton. Pour seulement 25 euros les 5 jours (!), le festivalier est accueilli sur un site à taille humaine, abondamment décoré, aux multiples bars et espaces thématiques où l’on peut s’attabler, boire ou manger pour moins de 3 euros. Quand Aucard de Tours fait éventuellement du bénéfice, celui-ci est réinvesti l’année d’après dans l’économie du festival. Pas sur le compte en banque privé des organisateurs. Aucard, qui défend une image de la « culture alternative », n’est pas une entreprise à but lucratif mais un cadeau plein de bonne humeur qu’une bande de potes fait à sa ville. Détail important : tous les artistes, même locaux, qui jouent dans l’enceinte d’Aucard, sont rémunérés.
Autre avantage : pas plus de 4 000 festivaliers sur le site d’Aucard. Passé les 2 500 personnes, on passe du registre de la fête sympa à celui de l’industrie anonyme. L’un des secrets de la convivialité, c’est le nombre. Terres du Son, c’est 32 000 festivaliers en 2013. Intime. Convivial. Cela doit en faire des bières vendues à 3 euros.
Objection fréquemment entendue à propos d’Aucard : « Ils n’ont pas de tête d’affiche ». Traduction : « Ils n’ont pas d’artistes "connus" qui demandent 50 000 euros de cachet. » Pour être intéressants, les artistes programmés devraient être « vus à la télé ». Sinon, ce ne sont pas des artistes.
Mais au-delà de la musique, l’essentiel n’est-il pas l’espace-temps de socialisation offert ? Qu’importe si des groupes ne plaisent pas. Au lieu de rester seul chez soi devant un écran, on peut, pour un tarif dérisoire, passer du temps dehors dans une ambiance de guinguette Rock’n’Roll, se vautrer dans l’herbe tendre de la Gloriette en la compagnie de gens que l’on ne fréquente qu’en cette occasion.

Terres du Son, le pays où la vie est plus chère

Tarifs 2014 : 67,69 € les trois soirs, ou 32,99 € par soir.

Juillet 2013. Après parfois plus de deux heures de bouchon et d’attente, une fois garé au fin fond d’un champ, le festivalier passe cinq check-points avec vigiles, puis débouche un sinistre couloir de barrières au bout duquel l’attendent les rares stands d’un « village associatif » (pour lequel les assos présentes doivent payer [2]). C’est là, sur une petite scène, que jouent gratuitement les artistes du coin. Seul brin de décor et de poésie à l’horizon, la compagnie tourangelle Le Muscle a installé son immense bulle lumineuse qui abrite la scène des DJ locaux.

Passé ce corridor, le festivalier est interné dans un immense champ vide, cerné de barrières. Trônent là deux grosses scènes et une troisième plus petite sous un chapiteau : les scènes des artistes rémunérés. Le long des grillages, quelques stands anonymes débitent des kilomètres de bières. Ne manquent que les miradors de ce camp de rétention musicale, ou en troupeau, les consommateurs vont, pendant toute la soirée et par milliers, migrer d’une scène à l’autre.

Terres du Son, festival qui ne paye pas les "petits" artistes locaux

En 2013, désireux de jouer devant du public, mon comparse de Polémix et La Voix Offsuggère que l’on se produise trois soirs à Terres du son. Gratuitement bien sûr. Premier soir, fatigué par un autre boulot, je décide de ne pas jouer. Arguant que si un festival veut être certain d’avoir des artistes, il faut d’abord payer ces derniers. Terres du Son reste gagnant : je bosserai gratis deux soirs au lieu de trois. Sans défraiement.
Ce discours fait hurler mes copains, les autres DJ Tourangeaux bénévoles, qui eux, se battent pour bosser gratuitement à Terres du Son. « Mais pour qui te prends-tu pour ainsi exiger d’être payé ? ». Précisons que la plupart de ces DJ ont par ailleurs des emplois stables leur permettant de jouer les artistes sur leur temps libre. Et de ce fait, de pulvériser le marché.

Un copain batteur dans un groupe jazz-swing du coin me racontait récemment :
« Mon groupe marche bien. Il y a trois ans, une nana de Terres du Son m’appelle :
— Salut c’est Terres du Son, on adore ton groupe. On le veut.
— Super. Voilà notre tarif : C’est tant.
Silence gêné au téléphone, puis :
— ...Bein... On est Terres du Son. On ne paye pas les artistes locaux qui jouent sur la petite scène. Mais vous allez pouvoir vous produire devant les milliers de personnes qui passent devant l’entrée du festival ! Une super opportunité de vous faire connaitre !
— Désolé, on ne travaille pas gratuitement.
— Tant pis pour vous. Salut. »
Tarif du groupe britannique Skunk Anansie : 55 000 euros (?!) confie un bénévole dépité.

En coulisses : l’école de commerce s’amuse

Coulisses de Terres du Son, semblables à celles de bien d’autres festivals. Un rêve néo-libéral déguisé en cool attitude : des centaines de bénévoles triment. 500 bénévoles en 2011. 600 en 2012, 680 en 2013, 800 bénévoles revendiqués en 2014 ! Ils sont membres de l’assoTerres du son, dont ils ont réglé les 6 euros de cotisation. Ils payent donc pour travailler ! "C’est pour profiter de l’assurance de l’asso en cas de pépin", me rassure l’un d’entre eux. Nous voilà rassurés.
Ambiance école de commerce en vacances. Stage pratique en entreprise. Et joyeux camping : pour eux, c’est « Terres dans l’fion » rigolent certains. Tous les bénévoles auxquels j’ai à faire sont sympas, prévenants, réactifs. Un chouette esprit de winners. Très pro ! Très efficace !
Comme une armée : Organisation, Discipline, Hiérarchie. Les soldats sont en tee-shirt rouge. Leurs contremaîtres en tee-shirt mauve. Code couleur bien pratique pour s’y retrouver entre ces centaines de personnes. J’en aperçois faire des briefings à la fin desquels ils se congratulent, comme des cadres qui ont fait monter la cote de leur entreprise. Car Terres du Son fleure bon la « culture managériale » décomplexée. Jusqu’en backstage.
Hiérarchie encore : contrairement aux coulisses d’Aucard de Tours où, de l’artiste connu au bénévole anonyme, tout le monde mange la même excellente cuisine à la même table, les coulisses de Terres du Son sont divisées en deux espaces. Dont un espace artiste-VIP, où l’on ne voit pas l’ouvrier de base, qui lui, fréquente la cantine du petit personnel.

" Grève " de bénévoles à l’entreprise Terres du Son ?

Des anciens me confient qu’au début du festival, ce manque de considération du management aurait déclenché une " grève " . Furieux du traitement infligé l’année d’avant, des dizaines de bénévoles en connivence ne seraient pas venus travailler le jour dit. Faux-bond volontaire au dernier moment. Revendication pour plus de respect vis-à-vis d’une main d’œuvre gratuite, indispensable à la viabilité économique de l’entreprise.
Un copain bénévole et fan de Terres du son pondère : « Sur 800 bénévoles, j’imagine que l’expérience ne se passe pas forcément "bien" pour tout le monde. Statistiquement, ça serait assez logique que plusieurs bénévoles vivent une "mauvaise" expérience, parce que la réalité du bénévolat ne s’accordait pas avec leurs attentes. Le ressenti et la déception peuvent parfois faire dire des choses infondées. Et comme dans chaque système, il y a aussi bien sûr toujours des choses à améliorer. » Le chiffre d’affaire du festival semble quant à lui tout à fait amélioré. On a vu comment.

Des esclaves aux Stars-VIP : Micro-société très hiérarchisée

Chic ! Bien que ne passant pas à la télé, j’ai droit à la même nourriture que les artistes connus. Dans un coin, un très vieux monsieur noir qui ressemble à George Clinton tremblote sur une chaise de jardin en plastique blanc. Les ragots de l’année circulent : les Skunk Anansie, ayant décrété que la nourriture ne leur conviendrait pas, exigeraient une enveloppe de cash pour se faire un resto à Tours. Et menaceraient de ne pas jouer. L’organisation aurait payé rubis sur l’ongle.
On m’évoque aussi cet escroc des musiques électroniques connu pour avoir composé la musique d’un jeu vidéo (!?). Ce "DJ" aurait exigé de résider dans un relais-château hors de prix. Après une "prestation" complètement défoncé, (la diffusion d’un "enregistrement" pendant lequel il fait mine de toucher quelques boutons), le gars serait monté à moitié inconscient dans une voiture avec chauffeur, accompagné d’un harem de gamines très virulentes, direction son relais-château... Pathétiques clichés de la Rock’n’Roll Star attitude... Dans ce registre, et sans plus de commentaires, notons cette année la présence à l’affiche de Bertrand Cantat. Qu’importe. Les bars débitent de la bière par montagnes de fûts. Pour un chiffre d’affaire que l’on imagine astronomique.

Servitude « culturelle » volontaire

Mis à part le fait qu’ils m’aient amené à travailler gratuitement de manière volontaire, je n’ai pas de rancœur vis-à-vis des organisateurs de Terres du Son qui font ce qu’ils ont à faire : c’est à dire du fric. Ce qui n’est pas illégal. Ni hors du commun. Les scandales de l’exploitation commerciale de la culture ne manquent pas, ici, comme ailleurs.
Comme bien d’autres "gros" festivals français, les commerçants de Terres du Son ne font que proposer un produit sur un marché. Comme ces arnaqueurs forains d’autrefois qui appâtaient les gogos pour les attirer dans des entre-sorts et les faire payer pour voir la femme-sirène ou l’homme à deux têtes. Si ce n’est que ces "forains" là font aussi tourner leur énorme attrape-nigaud avec de l’argent public.
Outre les auteurs de cette entreprise esclavagiste déguisée en manifestation culturelle, les fautifs ne sont-ils pas aussi le public ? Les bénévoles ? Les « artistes » gratuits qui se soumettent à ce système ? Comme je l’ai fait. Sans nigauds, il n’y aurait pas d’attrape-nigaud.

Pourquoi il n’y-a-t-il pas de stand du MEDEF au village associatif ?

Lors des grèves d’intermittents de 2003, il se disait déjà que la culture et le spectacle sont de formidables laboratoires d’expérimentation en matière de flexibilité du travail. A Terres du son, comme dans bien d’autres festivals, on baigne dans le rêve de tout patron : des travailleurs qui payent pour bosser sans salaire. Une piste de réflexion pour résoudre le problème des intermittents du spectacle ?
Le copain bénévole confirme qu’il y a pourtant des exploiteurs bien pires que ceux de Terres du son : « Je peux comparer mon expérience de bénévole à TDS avec celle de bénévole à Solidays l’an dernier. Deux festivals totalement incomparables, tant Solidays joue dans une autre cour, avec 160 000 festivaliers, 1500 bénévoles, comparées aux 32 000 festivaliers de TDS. Et j’ai le sentiment d’être mieux "traité" à TDS qu’a Solidays. Même si je n’attend pas forcément un "traitement royal", puisqu’en tant que bénévole, je m’engage pour un un projet, des idéaux, une expérience. Quitte à en chier, j’y prend plaisir. Il y a peut être une part de masochisme, en tout cas, personne ne m’a jamais forcé à faire quoi que ce soit. » Et c’est justement ce qui est formidable dans ce "chantier de jeunesse" : pas besoin de payer de gardiens.
Bien entendu, quand on n’est pas riche, le bénévolat est aussi une façon de participer aux festivals. Mais sinon, qu’est-ce qui pousse ainsi ces centaines d’individus à se faire volontairement exploiter ? L’illusion d’œuvrer, non pas pour un patron, ni pour une secte, mais pour une association qui promeut "la Culture" et "l’esprit rock" ? Le rock, oui... Mais le rock de droite maquillé en œuvre associative qui exploite ses travailleurs. Exploite le rêve hippie de changer un peu le monde par les décibels. Exploite l’angélisme et la générosité de simples fans de musique.
Personne ne force non plus les festivaliers à payer aussi cher pour se faire ainsi interner dans un supermarché pour y entendre le tube de la star dont on a acheté le CD en prix vert à la FNAC. Même à Aucard de Tours, le rock et autres musiques « actuelles » ou « alternatives » ne sont plus vraiment des étendards de la contre-culture, mais des produits qui se vendent et s’achètent en fonction des cours d’un marché.

Milliers d’atomes d’ultra-moderne solitude en recherche d’Histoire ?

A Terres du Son, comme dans d’autres transhumances commerciales à la Vieilles Charrues, le grand public semble heureux de communier autour de cette consensuelle consommation « culturelle » de masse qui surtout ne revendique rien. On séjourne dans un espace-temps traversé par des artistes têtes-de-gondoles. On aura quelque-chose à raconter. On y était.
Mais au-delà de cette consommation faisant appel à l’instinct grégaire, le public n’est-il pas surtout en recherche d’une expérience collective ? Les rassemblements publics d’antan ont disparu. On ne fête plus ni la Saint-Jean, ni les moissons. Le 1er mai 2014 à Tours comptait à peine 600 personnes. Le foot et la gay-pride mis à part, les occasions de communier et de socialiser dans l’espace public sont donc devenues très rares.
En partageant une expérience reconnue par les médias dominants, ces festivaliers, milliers d’atomes anonymes de l’ultra-moderne solitude, ne cherchent t-ils pas à croire qu’il s’inscrivent enfin dans l’Histoire ? Ou par défaut, dans cette histoire ?
Alors comme on dit dans les concerts : « Faites du bruit ». Faites du bruit...
Mais surtout fermez vos gueules. Et consommez. Si vous en avez les moyens.

Notes

[1] Les plus vieux se souviennent par exemple des légendaires « Fêtes Yo » des années 90-2000, ou des fêtes « Où t’es content d’y être ». Saluons aussi « Le Potager électronique », festival convivial et gratuit organisé par l’association des Hommes Verts, au potager de la Gloriette quand il ne pleut pas. Le festival gratuit des Peuples en Mouvement Place Paul Bert. Le Festival Intergalactique de Mettray. Ainsi que les super fêtes de cet hiver autour du projet des Colettes... Les exemples ne manquent pas.
[2] En moyenne, les associations présentes s’acquittent d’une adhésion de 20€. Quant à l’organisation logistique requise par le festival, certains parlent d’un « protocole très lourd ».

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karoline
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Re: Les intermittants du spectacle font (encore) parler d'eux

Message non lu par karoline » 02 juil. 2014, 23:02:03

En dehors des considérations qui concernent les intermittents, je pense que tous les artistes devraient commencer par se faire respecter. Jamais jouer, que ce soit pour une soirée organisée par des amis ou un organisme officiel sans être correctement rémunérés.
Pourquoi un musicien p.e. qui a dû travailler pendant des années et années son instrument, viendrait se produire sans rémunération correcte? Le traiteur ne travaille pas gratuitement, le loueur de salles non plus, ni les serveurs, ni etc. etc., pourquoi la musique devrait être gratuite? Je suis totalement contre les spectacles gratuits, proposés un peu partout, cela nuit totalement au respect des artistes. Regarder un artiste sans payer, tout en mangeant un sandwich, qui n'était pas gratuit, c'est incohérent et irrespectueux pour le travail des artistes.
Malheureusement la médiocrité de ce que l'on nous propose à la télé fait que parmi les artistes bien payés il y a tellement plus de médiocres, que parmi ceux qui vivent de la misère.

Le problème des intermittents du spectacle est dû au fait que l'on ne fait pas la différence entre un artiste et un technicien, il est certain que le statut d'intermittent doit être réformé, mais rendre leur vie encore plus difficile n'est pas acceptable. Il est très difficile pour un artiste de réunir les conditions qui lui permettent seulement de bénéficier du régime actuel, ce n'est pas possible de rendre leur conditions encore plus précaires, ils ne méritent vraiment pas ça. l'art est aussi vital que notre nourriture.

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