Faut-il obliger les titulaires du RSA à travailler 7 heures par semaine ?

[politicien]

Bonjour,

"Désormais, chaque bénéficiaire du RSA devra exercer une activité au profit de la collectivité en contrepartie de son allocation." Dans une interview au Journal du dimanche, Nicolas Sarkozy donne ses premières instructions à ses élus après la victoire de ses troupes aux élections départementales. Et fait de la lutte contre "l'assistanat", qu'il accuse le gouvernement d'avoir encouragé, un de ses chevaux de bataille.

Le président de l'UMP semble ainsi reprendre une vieille idée proposée par Laurent Wauquiez en 2011, lorsque ce dernier l'érigeait en "cancer" de la société française. À l'époque, pourtant, la proposition n'avait pas fait l'unanimité dans le parti. Le centriste Marc-Philippe Daubresse, chargé par l'ex-président d'un rapport sur le sujet, s'y était opposé.

Une expérimentation très limitée
L'ancien chef de l'État s'était donc contenté d'expérimenter des contrats aidés de sept heures par semaine dans les collectivités territoriales et les associations pour les titulaires du "RSA socle" (ex-RMi) jugés "les plus éloignés de l'emploi", conformément aux propositions de Daubresse. Ces contrats d'une journée par semaine étaient accompagnés d'une rémunération pour un gain net de l'ordre de 136 euros par mois par rapport au versement du "RSA socle".

Mais l'expérimentation n'a pas vraiment rencontré le succès attendu, malgré un coût très limité pour les 16 départements qui avaient joué le jeu. En tout, 634 contrats ont été signés en 2012, contre un objectif affiché de... 10 000. Si bien qu'en 2013 la gauche revenue au pouvoir a mis fin à l'expérimentation en supprimant le cofinancement de l'État nécessaire pour subventionner l'employeur.

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"Envisager une contrepartie obligatoire non rémunérée de travaux d'utilité sociale aux allocataires du RSA inactifs serait une fausse bonne idée (...) parce que le risque d'établir un travail sans salaire pourrait conduire à la destruction d'emplois peu qualifiés, puisque des employeurs pourraient faire travailler gratuitement des allocataires au lieu de leur verser un salaire, y compris subventionné", expliquait d'ailleurs Marc-Philippe Daubresse dans son rapport commandé par l'ex-chef de l'État en 2011.

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"Si c'est une forme d'emploi aidé destinée à une population bien ciblée parmi les titulaires du RSA, pourquoi pas, mais à condition de bien les former en parallèle, confirme l'économiste André Zylberberg. Mais ce spécialiste des politiques de l'emploi met aussi en garde : "Ces personnes ne sont pas forcément des gens qui ne veulent pas travailler. Le risque est de les stigmatiser encore un peu plus, ce qui serait contre-productif."

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L'intégralité de cet article à lire sur Le Point.fr

Qu'en pensez vous ?

[Nombrilist]

Bah oui, n'en voilà une idée qu'elle est bonne. Nous avons le plein-emploi et trop de travail pour tout le monde. On peut bien demander à certains d'entre nous de bosser gratos. ça tirera le salaire des salariés à la hausse, à n'en pas douter.

[albert]

Sarkozy reprend donc une idée qu’il avait déjà expérimentée et qui s'était soldée par un échec. Ce mec ne fait que recycler ce qu’il avait déjà fait lorsqu’il était président et qui n’avait pas marché. C’est sans doute ce qu’il appelle "tourner le dos à la médiocrité", et c’est également sans aucun doute tourner le dos à l’imagination. Et puis pourquoi s’attaquer aux vrais problèmes lorsqu’il est si facile d’en créer des faux ?

[johanono]

Au-delà de l'aspect moral, il faut aussi évoquer l'usine à gaz administrative que ce système générerait : il faudrait recruter les chômeurs, les affecter dans des services, les contrôler, etc.

[Ramdams]

C'est la plus mauvaise idée de Sarkozy et c'est en même temps l'idée phare de son prochain programme. Le défaut principal de ce dispositif est même souligné par un type de l'UMP : "

"Envisager une contrepartie obligatoire non rémunérée de travaux d'utilité sociale aux allocataires du RSA inactifs serait une fausse bonne idée (...) parce que le risque d'établir un travail sans salaire pourrait conduire à la destruction d'emplois peu qualifiés, puisque des employeurs pourraient faire travailler gratuitement des allocataires au lieu de leur verser un salaire, y compris subventionné", expliquait d'ailleurs Marc-Philippe Daubresse dans son rapport commandé par l'ex-chef de l'État en 2011.

Mais c'était en 2011. Depuis, les ténors de l'UMP sont contraints au silence.

[johanono]

L'impact de cette mesure sur le marché du travail peut se discuter. Quand on dit qu'il faut que les bénéficiaires du RSA travaillent pour la collectivité 7 heures par semaine, ça ne veut pas dire qu'ils doivent nécessairement travailler dans des entreprises de droit privé. On peut imaginer les faire travailler dans des associations. On sait que beaucoup d'associations n'ont pas les moyens d'embaucher des salariés : la présence de bénéficiaires du RSA dans ces associations leur permettrait d'accomplir des missions qui, autrement, ne seraient pas du tout accomplies, ou moins bien, faute de moyens financiers et de présence humaine.

Pour moi, ce qui est gênant dans cette mesure, c'est surtout la gestion administrative qu'elle impliquera.

[Ramdams]

L'offre de travail n'est pas infinie, même si on inclut le tissu associatif. En plus de l'usine à gaz administrative (dont Sarkozy est un habitué), je m'attends à ce que l'on donne des tâches inutiles aux titulaires du RSA, juste parce qu'il est une obligation légale de leur trouver une activité. C'est pourquoi je parlais de "casser des cailloux" dans un autre topic. Où est la finalité dans ce cas ?

Le dispositif de Sarkozy ne fonctionnerait qu'avec un taux de chômage quasi-nul, dans un contexte où il y a beaucoup plus d'offres que de demandes d'emplois. Mais pas dans un contexte où plus de 2 millions de foyers touchent le RSA et d'un taux de chômage à deux chiffres.

[johanono]

Je suis d'accord avec toi sur l'usine à gaz administrative qui risque d'en résulter. Néanmoins, je pense qu'il y a quand même des besoins dans les associations, qui ne sont pas satisfaits faute de moyens (car il s'agit souvent d'emplois non marchands, que les associations ne peuvent pourvoir que grâce à des subventions). Pourvoir à ces emplois ne porterait donc préjudice à aucun chômeur.

[albert]

Il s’agit de savoir si ce serait obligatoire ou basé sur le volontariat.

Si c’est basé sur le volontariat, ça ne concernera que quelques centaines de personnes (voir l’expérimentation de 2011 qui a été un fiasco).

Si c’est obligatoire, cela posera d’énormes problèmes d’application. D’abord, je doute que beaucoup d’associations accepteraient de jouer ce rôle de STO, d’autant que, dans le même temps, on cherche à développer le bénévolat.

Il faut également prendre en compte que certains allocataires du RSA sont des gens inemployables. Il faudrait donc déployer des efforts considérables pour les rendre opérationnels, avec un taux d’échec probablement important. Et s’ils refusent ou n’y arrivent pas ? On leur coupe leurs allocs ? Ca fera des SDF en plus, joli résultat.

[Narbonne]

C'est du Sarko pur jus.

[Nombrilist]

C'est juste pour satisfaire le cerveau reptilien de son électorat individualiste.

[Narbonne]

[Golgoth]

Oui, on imagine déjà le bon père de famille UMP, le Figaro à la main :"génial, on va faire bosser ses feignasses !"
Prochain proposition : 7 heures de plus par semaine pour les fonctionnaires.

[politicien]

Mais est-ce que cela ne pourrait pas permettre à certains de revenir un peu dans la vie active ?

[Nombrilist]

Non. Pas avec un marché du travail saturé, 7 millions de chômeurs et autant de précaires.