Sans études, peut-on (encore) réussir dans la vie ?

[Adeline]

Trouver un boulot, ce n'est pas facile par les temps qui courent. D'une part nous avons la crise économique et les entreprises qui réduisent les embauches au maximum, d'autre part, les emplois exigent souvent, de plus en plus de qualifications.

Selon vous, peut on encore réussir dans la vie sans un minimum de diplômes ?

Si oui, quels sont les métiers qui n'exigent que la bonne volonté du salarié ?

[mordred]

Avec un BEP et CAP, j'ai réussi à me rendre presque indispensable. 50 heures semaine et plus. Trois gros postes administratifs sous ma responsabilité (sans personnel !) Surmenage et fatigue chronique au bout de 21 ans.
J'ai réussi à me prouver que je pouvais faire beaucoup de choses. Mais j'ai pas gagné ma croûte. Et j'ai perdu ma santé.
Moralité : mieux vaut faire des casses.

[Nolimits]

Pas impossible, mais quand même assez limitatif. Les diplômes sanctionnent quand même une certaine "ouverture d'esprit" et des capacités d'adaptation (au delà des aspects purement techniques et des savoirs institutionnels).

[Jeff Van Planet]

déjà il faudrait définir ce qu'est "réussir". A moins que de se laisser porter par les clichés du "milliardaire qui se la coule douce sur une plage Caraïbes en sirotant des cocktails toute l'année" je pense que réussir est de s'élever économiquement et de transmettre un petit patrimoine à ses enfants.

Vu comme ça: oui on peut encore réussir sans études, surtout dans les métiers manuels comme, entre autres, le bâtiments (maçonnerie plomberie couvreur etc etc) dans la restauration, dans la boucherie charcuterie, et même dans le tourisme.

[Ramdams]

J'ai un diplôme bac +2 qui pour le moment ne me sert strictement à rien. Le pire, c'est que si j'avais fait une inutile licence pro (dont les avis sont généralement négatifs), j'aurais davantage de crédit auprès des employeurs alors que cette troisième année de formation n'est qu'une compilation des deux précédentes. Bref, je n'aurais rien appris de nouveau et tout juste, cela m'aurait-il permis d'accéder à un stage supplémentaire.

C'est surtout l'expérience qui joue un rôle en France. Et c'est autant problématique pour les personnes très qualifiées.

[Jeff Van Planet]

notons les exemples que j'ai donné, à part le bâtiment, les autres sont des secteurs très demandeurs de MO, ils en manquent souvent. Là où je veux en venir, c'est qu'il ne faut pas écouter les profs des lycées qui orientent les ados vers des cursus longs car ces jeunes formés auront beaucoup de mal à trouver du taff dans ces secteurs. D'ailleurs, les plus de 30 ans, combien de vos amis ont des diplômes et qui ne travaillent pas dans ce secteurs? j'ai dans mes amis un maître chien et il n'est pas maître chien, il à fait après une autre formation et à enfin trouver du taff.
Ce qu'il faut faire (dite le à vos enfants) c'est de chercher un secteur demandeur de MO et après, faire le tri parmi ceux-ci et se demander ceux qui donnent la possiblité d'évoluer professionnellement, puis parmi ceux-ci, ce qui nous plairait le plus, et surtout pas l'inverse.

[Ramdams]

Ce que tu dis Jeff se confirme pour moi. J'ai cru que je ne pouvais m'épanouir que dans un poste qualifié, proche de mes centres d'intérêt. En réalité, je me suis même épanoui dans des emplois précaires. J'ai perdu pratiquement deux ans à rechercher en priorité un poste dans mon domaine. Aujourd'hui, ma priorité, ce sont des CDD, des missions d'intérim courtes, afin de me faire ici et là des expériences et des (petits) salaires.

Et effectivement, de tout mon entourage, je ne connais pas un seul qui ait réussi dans la voie qu'il a choisie. J'ai fait des études de communication et personne de ceux que je connais n'a continué dans ce domaine une fois le diplôme en poche. Une fille que je connaissais au lycée s'était inscrite dans une école privée de commerce très réputée, qui coûte 5000 € par an. Cinq ans plus tard, elle fait du commerce... Oui... Elle est caissière à Auchan.

Je ne me moque pas, j'ai beaucoup de respect pour les caissières mais elle devra beaucoup travailler pour rembourser ses 20 000 € de frais de scolarité. Des amis se sont lancés dans l'immobilier. Patatra, la crise est intervenue au même moment, impossible de trouver de l'emploi au sortir de l'école. Aujourd'hui, l'un d'eux suit une formation pour être magasinier, malgré son bac +4.

Le plus difficile, c'est de ne pas se tromper sur les métiers porteurs. Dans mon cas, on m'a vendu que la communication en était un. Et personnellement, je n'ai plus envie de trouver un métier dans ce secteur, même s'il était réellement porteur.

[Narbonne]

Il faut essayer de rentrer dans une grande boite même à un niveau très bas.

[Jeff Van Planet]

Je me doutais que tu pouvais te reconnaître dans ce message et tu n'es pas le seul, la preuve tu as trouvé en "deux minutes" trois amis qui ont subit ce système éducatif infantilisant.


ceci dit, Oui ll ne faut pas se tromper, comme par exemple ces jeunes qui se sont formés dans l’immobilier, et manque de chance, la crise est passée par là. Mais ça peut aussi se produire 20 ou 30 ans après le début de la vie active. Dans la vie rien n'est jamais acquis.

Mais pour éviter ce genre de choses on devrait mettre en relation les écoles et les professionnels. Quelque chose comme: "nous, professionnels, allons avoir besoin de X diplômés dans notre secteurs, SVP, formez-les". Alors qu'actuellement, on est plutôt dans le système suivant: "l'EN à des profs pour donner tels cours, remplissons ces cours d'élèves. Quoi? ce secteurs n'est pas porteur? on s'en moque! il faut remplir les classes de ces profs!"

[Ramdams]

Le problème est qu'en France, beaucoup considèrent l'école comme un sanctuaire. On est resté à l'époque de l'école de la IIIe République, déconnectée du reste de la société.

[Baltorupec]

Les boites françaises sont très demandeuses en diplôme. Je pense que les diplômes et les études sont souvent nécessaires mais pas forcément les grandes études. Je suis très méfiant vis à vis du système FAC/Master.

Le fait est que beaucoup de formations sont surfaites, mais si l'on a une idée précise de ce que l'on veut faire et que l'on veut bosser dans un domaien de précis, les études peuvent être très importantes.

Personnellement, j'ai étudié dans le milieu artistique, un milieu ou les écoles sont à la fois très importantes et pas du tout.

J'ai 23 ans et un certains nombre de mes amis ou connaissances commencent à avoir fini leurs études ou formation. Globalement, ceux qui trouvent du boulot le plus facilement sont paradoxalement ceux qui ont fait des cursus cours et avec un champs d'ouverture réduit mais précis. Ceux qui ont fait des BTS de comm' par exemple ne trouve aucun travail, la plupart des sortant de faculté non plus, par contre celui qui a fait préparateur en pharmacie, électricien ou un domaine précis (métallurgie) ont un boulot et sont épanouis.

[Jeff Van Planet]

Il faut essayer de rentrer dans une grande boite même à un niveau très bas.

C'est possible, ce n'est pas facile, et ça ne convient pas à tous: certains veulent un capital.

Le problème est qu'en France, beaucoup considèrent l'école comme un sanctuaire. On est resté à l'époque de l'école de la IIIe République, déconnectée du reste de la société.

C'est une bonne partie du problème.


@Balto:
Oui les études peuvent aider, oui, mais il ne faut pas tomber dans l'erreur de l'EN qui ne regarde que par les études supérieurs.

[Baltorupec]

C'est surtout que l'on peut étudier sans étudier.

Tu peux faire cinq ans d'études et rester dans des domaines très abstraits, voir des belles idées mais ne pas être confronté à la réalité technique de ton boulot. Pour ma génération, arriver à s'insérer dans un boulot avec un salaire supérieur au SMIC est déjà la preuve d'une certaine réussite.
Et là dessus pour ce but, je remarque que ceux qui font des formations courtes et techniques y arrivent largement mieux que ceux qui font des études longues et théoriques. Je connais un certain nombre de contre-exemples, mais il s'agit d'avantage d'exceptions.

[Baltorupec]

Pour clarifier mon message qui peut paraitre absconds.

Etudier n'est pas à mon sens un réel atout pour "réussir sa vie" mais le véritable objectif, c'est de se former.

[Jeff Van Planet]

<<Et là dessus pour ce but, je remarque que ceux qui font des formations courtes et techniques y arrivent largement mieux que ceux qui font des études longues et théoriques. Je connais un certain nombre de contre-exemples, mais il s'agit d'avantage d'exceptions.>>

Ceci s'explique certainement par ce que je disais plus haut:

Ce qu'il faut faire (dite le à vos enfants) c'est de chercher un secteur demandeur de MO et après, faire le tri parmi ceux-ci et se demander ceux qui donnent la possiblité d'évoluer professionnellement, puis parmi ceux-ci, ce qui nous plairait le plus, et surtout pas l'inverse.