Grosse fatigue et épidémie de flemme : quand une partie des Français a mis les pouces

Venez discuter des problèmes du travail dans notre pays, mais aussi des problèmes sociaux ( retraites, chomage...)
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johanono
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Grosse fatigue et épidémie de flemme : quand une partie des Français a mis les pouces

Message non lu par johanono » 13 nov. 2022, 11:55:00

Grosse fatigue et épidémie de flemme : quand une partie des Français a mis les pouces

La crise sanitaire a modifié nos modes de vivre, de consommer et de travailler, mais a aussi accru la valorisation du temps libre et de la sphère privée. Plus précisément, quel est son impact sur la motivation et le rapport à l’effort des individus ? Une enquête d’opinion menée en partenariat avec l’Ifop, et dont les résultats sont analysés par Jérôme Fourquet et Jérémie Peltier, permet de faire le point.

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Jérôme Fourquet est un brillant observateur de la société française. Ses études sont toujours très pertinentes. Et celle-ci confirme ce dont on pouvait se douter : les Français entretiennent un rapport de plus en plus compliqué à la valeur travail, ils sont même en train de devenir une société de feignants.

Cette tendance ne date pas du COVID, elle est assez ancienne : elle a été entretenue par les gouvernements de gauche au pouvoir depuis 1981 (retraite à 60 ans, 35 heures, fiscalité assommante sur les revenus du travail, etc.). Ces différentes mesures ont progressivement instillé dans l'esprit des Français l'idée que le travail n'est pas émancipateur mais aliénant, que le loisir devient un objectif en soi, et si lesdits loisirs coûtent cher, l’État pourra toujours venir apporter quelques subsides supplémentaires. La gauche au pouvoir a progressivement détruit la culture de l'entreprise et le goût de l'effort. La droite au pouvoir n'a pas fait mieux. Et le COVID n'a fait que parachever cette évolution.

Ça s’appelle l’entrée en décadence, par excès de confort et d’assistanat. Les électeurs votent pour ceux qui promettent le plus de confort à crédit, sans vision à long terme.

On notera aussi que les sympathisants d'extrême-gauche sont les moins ardents au travail. Logique, on sait bien qu'ils n'aiment pas le travail (perçu comme un instrument d'exploitation) et qu'ils préfèrent partager les richesses créées par les autres.

Dans le monde dans lequel nous vivons, le TRAVAIL constitue la seule et unique façon de produire des richesses, qui elles-mêmes garantissent notre niveau de vie. Cette évolution aura donc pour conséquence une baisse sensible du niveau de vie. Il faut en être conscient.

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Yakiv
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Re: Grosse fatigue et épidémie de flemme : quand une partie des Français a mis les pouces

Message non lu par Yakiv » 13 nov. 2022, 12:47:04

Français, bande de fainéants.
Les Français ont bien des tares... mais c'est loin d'être la principale pour moi.

Si on regarde ce qui se passe avec la semaine de 4 jours par exemple, on voit qu'elle vient d'être instituée en Belgique et qu'elle est en phase d'expérimentation dans différents pays qui ne sont pas tous réputés "gaucho" : Royaume Uni, Espagne, Nouvelle Zelande, Islande, des grandes entreprises allemandes, japonaises, canadiennes etc.
https://fr.euronews.com/next/2022/06/15 ... e-reussite
Si les Français étaient si fainéants que ça, on aurait pu s'attendre à ce que notre pays ait un peu plus d'avance sur ce sujet.

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johanono
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Re: Grosse fatigue et épidémie de flemme : quand une partie des Français a mis les pouces

Message non lu par johanono » 17 nov. 2022, 22:36:01

Les Français sont-ils devenus plus fainéants depuis le Covid ?

La « flemme » a contaminé une grande partie des Français si l’on en croit une récente enquête d’opinion. Motivation, fainéantise, fatigue… La pandémie de Covid-19 semble avoir bouleversé les habitudes des Français mais aussi leur rapport à l’effort.

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Camille
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Re: Grosse fatigue et épidémie de flemme : quand une partie des Français a mis les pouces

Message non lu par Camille » 17 nov. 2022, 23:07:33

Johanono, à l'évidence tu n'as pas vraiment lu le rapport de Jérôme Fourquet. Déjà, parce qu'il observe que cette baisse de motivation ne touche pas seulement le travail, loin s'en faut, mais également les lieux de convivialité. Les confinements ont, de ce point de vue, porté un coup dur et la fermeture de nombreux commerces post-Covid n'aident pas vraiment à sortir de chez soi.

Quant à la perte d'appétence pour la fameuse "valeur travail", ce n'est pas une mauvaise chose.
L’essor et le développement de cette société de loisirs au cours des dernières décennies n’ont pas que fait relativiser la place du travail dans la vie de nos concitoyens. Ils ont plus globalement introduit une dévaluation de la valeur de l’effort. La dimension « sacrificielle » du travail et de l’effort qu’avaient en partage et le catholicisme (« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ») et toute une partie du monde ouvrier, qui s’est battu pour instaurer la fête du Travail le 1er mai, ne fait plus autant recette aujourd’hui. L’assertion selon laquelle « il faut souffrir pour réussir » coupe ainsi le pays en deux avec 51% d’adhésion et 49% de désapprobation. Sur ce sujet, le clivage n’est ni éducatif (52% d’adhésion parmi les diplômés du second ou troisième cycle, contre 50% chez les titulaires du bac et 53% parmi ceux qui ne l’ont pas), ni sociologique (45% d’adhésion parmi les cadres et les professions intellectuelles versus 47% chez les professions intermédiaires et 48% auprès des catégories populaires). Le « no pain, no gain » des Anglais semble en revanche nettement plus clivant selon l’âge, comme le montre le graphique ci-dessous. (...)

Si la mystique de l’effort fait de moins en moins recette dans les tranches d’âge les plus jeunes, on constate en revanche que ces dernières semblent beaucoup plus décomplexées que leurs aînés sur la question de l’ambition, qui est revendiquée par près de deux tiers des moins de trente-cinq ans, alors que moins d’une personne sur deux âgée de plus de 50 ans se définit comme tel. Les 35-49 ans, tranche d’âge intermédiaire, affichent une proportion d’ambitieux de 56%, taux se situant à égale distance des scores observés aux deux extrémités de la pyramide des âges.
Vous connaissez sûrement l'adage "Don't work hard, work smart". C'est celui qui semble prévaloir aujourd'hui.

On s'est tué à la tâche hier pour ne plus avoir à le faire aujourd'hui. Les bullshit jobs actuels ne donnent de toute façon aucune raison de le faire.

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johanono
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Re: Grosse fatigue et épidémie de flemme : quand une partie des Français a mis les pouces

Message non lu par johanono » 17 nov. 2022, 23:17:16

Il convient de bien cerner les enjeux. C'est notre niveau de vie qui est menacé par ce manque d'appétence pour le travail.

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Camille
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Re: Grosse fatigue et épidémie de flemme : quand une partie des Français a mis les pouces

Message non lu par Camille » 17 nov. 2022, 23:30:15

Maintenir notre niveau de vie en se tuant à la tâche ? Tu ne trouves pas ça contradictoire ? Ca revient à dire que pour être en bonne santé, il faut la détruire.

De manière générale, il n'y a pas un rejet du travail, mais simplement une réflexion sur la place que doit occuper le travail dans nos vies actuelles, par rapport à nos besoins réels. Et ce n'est pas propre à ces assistés de Français comme tu laisses l'entendre, les Américains et même les Chinois (conceptualisé sous le nom de Tangping) sont frappés par le même phénomène. Lire cet article par exemple.

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johanono
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Re: Grosse fatigue et épidémie de flemme : quand une partie des Français a mis les pouces

Message non lu par johanono » 18 nov. 2022, 11:04:21

Pour qu'une société fonctionne correctement et vive correctement, il faut que les gens travaillent.

Pour te permettre de manger à ta faim, et sauf à vivre à la campagne en autosuffisance alimentaire, il faut :
- des agriculteurs qui travaillent pour produire de la nourriture,
- des gens qui travaillent dans l'agroalimentaire (ouvriers, chargés de maintenance, etc.) pour produire les aliments transformés,
- des chauffeurs-routiers pour assurer le transport,
- des gens qui travaillent dans les supermarchés où tu pourras acheter ta nourriture.

Pour te permettre de t'habiller, il faut bien :
- des vêtements fabriqués par des ouvriers dans des usines,
- des gens qui travaillent dans les magasins où tu pourras acheter tes vêtements,
- des chauffeurs-routiers pour assurer le transport.

Pour te déplacer, il te faut :
- soit des transports en communs (avec des conducteurs, des mécaniciens, des logisticiens, etc.),
- soit une voiture fabriquée dans une usine par des ouvriers, et entretenue par des mécaniciens.

Si tu veux habiter dans une maison correctement entretenue et habitable, il te faut :
- des artisans qui vont construire ta maison (maçons, plaquistes, couvreurs, électriciens, etc.)
- d'autres artisans pour procéder à d'éventuelles réparations.

L'informatique ayant pris une large place dans nos vies, il est utile que des gens travaillent pour fabriquer nos ordinateurs, concevoir les logiciels, assurer la maintenance, etc.

Si tu as des petits soucis de santé, il te faudra bien compter sur des soignants (médecins, infirmières, aides-soignantes, etc.).

Pour ton bien-être, tu pourrais avoir besoin des services d'un coiffeur, d'une esthéticienne, etc.

Si tu as des enfants, tu auras besoin de puéricultrices, d'enseignants, d'ATSEM, de personnels de cantine, de conducteurs de cars pour le transport scolaire, etc.

Pour l'ordre public, des magistrats, des flics, des pompiers, peuvent être utiles.

Et pour toutes ces activités, il faut :
- de l'énergie (électricité produite dans des centrales nucléaires, produits pétroliers produits dans des raffineries puis transportés, etc.),
- des gens pour assurer les tâches annexes (nettoyage, maintenance, comptabilité, logistique, etc.).

Liste non exhaustive, bien sûr...

Voyons de ce qui se passe aujourd'hui : si des pénuries de main-d’œuvre apparaissent dans tous ces métiers, la vie devient rapidement plus compliquée, avec des pénuries, des services qui ne sont plus assurés, etc.

Et d'un point de vue plus économique, ce sont les richesses produites par notre économie (notamment l'industrie et l'agriculture) qui, en étant redistribuées (par les entreprises elles-mêmes ou par la puissance publique), nous assurent un niveau de vie correct. Si notre économie ne produit plus rien, alors il n'y a plus de richesses à distribuer, il faut tout importer, ça coûte cher, l’État peut acheter la paix sociale à coups de déficits publics, mais ça ne dure qu'un temps.

On ne peut pas se contenter de répondre que "nos ancêtres se sont tués à la tâche, nous ne voulons plus faire pareil" ou que "il faut s'interroger sur la place du travail dans notre société" ou que "le bien-être est prioritaire". Je veux bien qu'on s'interroge sur les conditions de travail dans certains métiers. En revanche, il ne doit pas y avoir de doute sur la place du travail dans notre société : le travail est nécessaire, à la fois pour satisfaire les besoins de tout un chacun, et plus généralement pour nous assurer à tous un niveau de vie correct.

Si j'attache tant d'importance à la valeur travail, ce n'est pas simplement pour le plaisir de traiter les gens de faignants, c'est simplement parce que le délitement de cette valeur est porteur de lourdes menaces pour notre bien-être collectif : besoins individuels non satisfaits (ou de moins en moins bien satisfaits), niveau de vie global en baisse.

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Camille
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Re: Grosse fatigue et épidémie de flemme : quand une partie des Français a mis les pouces

Message non lu par Camille » 18 nov. 2022, 11:59:52

Tu t'es fatigué à écrire ce long message pour rien, car comme je l'ai dit le débat ne consiste pas à dire s'il faut travailler ou non, mais de savoir s'il faut donner une dimension mystique au travail ou non. C'est assez facile à déterminer à quelle école on appartient : ceux qui parlent de "valeur travail" lui donnent une dimension sacrée, les autres se contentent d'un point de vue utilitariste.

Il y a aussi la question du temps du travail. Par rapport à nos aînés, les gains de productivité se font de moins en moins sur la base du volume horaire, parce que l'automatisation des systèmes de production nous permettent tout simplement de travailler plus vite. À plusieurs reprises, dans le cadre de mon boulot j'ai été amenée à faire acte de présence plus qu'à travailler. Je ne m'en plains pas, j'ai été payée pour ça mais je me suis interrogée à ce moment-là sur l'utilité et la valeur ajoutée que je pouvais apporter. Mais en toute humilité, je ne place pas mon métier dans la catégorie des métiers utiles, au sens qui seraient nécessaires en cas de guerre par exemple (et les confinements ont été un bon moyen de déterminer quels étaient ces métiers utiles et ceux qui ne l'étaient pas).

Pour ce qui est des métiers utiles, ils ont été mis sous tension durant le Covid et je pense que cette injonction à travailler plus provoque un ras-le-bol légitime. Ces professionnels ont bien compris que le rapport de force était maintenant en leur faveur et qu'on leur demandait de faire le travail normalement dévolu à plusieurs personnes, d'où l'envie de lever le pied, ce que certains interprètent comme de la paresse. Se pose enfin la question de la juste répartition de la richesse et de la juste contribution à l'effort de toutes les catégories sociales.

Bref, il y a deux phénomènes ici : ceux qui lèvent le pied parce qu'ils ont pris conscience par le Covid qu'ils faisaient un bullshit job, et ceux qui lèvent le pied parce qu'ils ont pris conscience qu'ils étaient essentiels mais mal considérés.

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johanono
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Re: Grosse fatigue et épidémie de flemme : quand une partie des Français a mis les pouces

Message non lu par johanono » 18 nov. 2022, 12:28:49

Camille a écrit :
18 nov. 2022, 11:59:52
Tu t'es fatigué à écrire ce long message pour rien, car comme je l'ai dit le débat ne consiste pas à dire s'il faut travailler ou non, mais de savoir s'il faut donner une dimension mystique au travail ou non. C'est assez facile à déterminer à quelle école on appartient : ceux qui parlent de "valeur travail" lui donnent une dimension sacrée, les autres se contentent d'un point de vue utilitariste.
Bof. Ce distinguo est assez théorique. Pour moi, le travail est nécessaire, indispensable, pour les raisons très pratiques et très concrètes que j'ai détaillées : pour permettre la satisfaction de nos besoins, et pour garantir notre niveau de vie.

L'enjeu est plutôt de savoir si les gens acceptent de travailler, ou bien s'ils trouvent des prétextes pour ne pas travailler, sachant bien sûr que, dans ce cas, la collectivité subviendra à leurs besoins (grâce à ceux, de plus en plus rares, qui travaillent encore).
Il y a aussi la question du temps du travail. Par rapport à nos aînés, les gains de productivité se font de moins en moins sur la base du volume horaire, parce que l'automatisation des systèmes de production nous permettent tout simplement de travailler plus vite. À plusieurs reprises, dans le cadre de mon boulot j'ai été amenée à faire acte de présence plus qu'à travailler. Je ne m'en plains pas, j'ai été payée pour ça mais je me suis interrogée à ce moment-là sur l'utilité et la valeur ajoutée que je pouvais apporter. Mais en toute humilité, je ne place pas mon métier dans la catégorie des métiers utiles, au sens qui seraient nécessaires en cas de guerre par exemple (et les confinements ont été un bon moyen de déterminer quels étaient ces métiers utiles et ceux qui ne l'étaient pas).
La question du temps de travail et de la productivité est un faux problème, un prétexte trouvé par ceux qui ne veulent pas bosser. Déjà, des études ont montré que la productivité au travail est en train de diminuer (j'en ai fait état sur ce forum).

Par ailleurs, on parle de nombreux métiers confrontés à une pénurie de main-d’œuvre. Pour ces métiers, il n'est donc pas question de temps de travail ou de productivité, mais de gens qui ne veulent pas bosser (alors pourtant, rappelons-le, qu'il y a des millions de chômeurs dans ce pays).
Pour ce qui est des métiers utiles, ils ont été mis sous tension durant le Covid et je pense que cette injonction à travailler plus provoque un ras-le-bol légitime. Ces professionnels ont bien compris que le rapport de force était maintenant en leur faveur et qu'on leur demandait de faire le travail normalement dévolu à plusieurs personnes, d'où l'envie de lever le pied, ce que certains interprètent comme de la paresse. Se pose enfin la question de la juste répartition de la richesse et de la juste contribution à l'effort de toutes les catégories sociales.

Bref, il y a deux phénomènes ici : ceux qui lèvent le pied parce qu'ils ont pris conscience par le Covid qu'ils faisaient un bullshit job, et ceux qui lèvent le pied parce qu'ils ont pris conscience qu'ils étaient essentiels mais mal considérés.
Peu importe la raison invoquée : tu confirmes donc qu'il y a donc de plus en plus de gens qui ne veulent pas bosser (mais qui bien sûr, sauront compter sur les subsides de la collectivité).

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Yakiv
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Re: Grosse fatigue et épidémie de flemme : quand une partie des Français a mis les pouces

Message non lu par Yakiv » 18 nov. 2022, 13:54:44

Le rapport à l'effort au travail est en grande partie liée à la question de la richesse / productivité et aujourd'hui à l'environnement / réchauffement aussi.
Quand on est pauvre, on travaille dur pour manger, se loger, se vêtir, on a pas le choix.
A partir du moment où on gagne en productivité et donc en richesses, la question se pose un peu différemment.

Schématisons la quantité globale de travail et l'effort au travail dans le cadre d'1 journée de travail :
  • 8h à 12h => je travaille pour manger, payer le loyer. Pas de temps à consacrer aux enfants / famille / amis / loisirs / sport
  • 14h à 15h => je travaille pour m'offrir des fringues et les prochaines vacances. Pas de temps à consacrer aux enfants / famille / amis / loisirs / sport
  • 15h à 16h => je travaille pour moderniser mon électroménager. Pas de temps à consacrer aux enfants / famille / amis / loisirs / sport
  • 16h à 17h => je travaille pour quoi ??? J'ai le choix entre travailler pour m'offrir un nouveau SUV et passer du temps avec mes enfants et quelques loisirs
On peut admettre que ce créneau de 16-17 heures est discutable. Que si on préfère opter pour les proches et les loisirs plutôt que pour le SUV à partir de 16 heures, on est pas forcément un gros branleur de 1ère catégorie, si ?
Et c'est d'autant plus vrai pour les créneaux suivants, 17, 18 heures et jusqu'à plus soif.
Quand bien même dans d'autres pays malheureusement, les créneaux de 16, 17, 18 heures et plus servent encore à manger, à se loger et donc : pas le choix.

Sans oublier que passer du temps avec ses enfants plutôt que de continuer à bosser jusqu'au bout de la nuit, c'est sans doute largement préférable du point de vue climatique...

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Camille
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Re: Grosse fatigue et épidémie de flemme : quand une partie des Français a mis les pouces

Message non lu par Camille » 18 nov. 2022, 16:35:27

C'est assez bien résumé et c'est un peu la logique qui prévaut en Chine, parmi les adeptes du "tangping" que je mentionnais plus haut. La revue Usbek & Rica a consacré un long article à ce sujet, intéressant à plus d'un titre.

On n'est pas dans un pays qui favorise "l'assistanat" et pourtant, des jeunes préfèrent se contenter de considérations matérielles moindres pour avoir plus de temps libre. En sachant que, de toute façon, le travail ne paie pas, quoi qu'en dise johanono qui balaie du revers de la main les raisons qui amènent les gens à travailler moins.
Pour Valarie Tan, une analyste du groupe de réflexion allemand Merics, spécialiste des débats de société et de la communication politique chinoise, le mouvement Tang Ping a très vite pris de l’ampleur car de nombreux jeunes chinois, particulièrement actifs sur les réseaux sociaux, ont trouvé dans le témoignage de Luo Huazhong un écho à leur propre vie : « Pour ces jeunes-là, la poursuite des désirs matériels n’est plus souhaitable et la perception du rêve chinois n’est plus réalisable. Malgré de longues heures de travail acharné, ils se sentent bloqués et ont l’impression qu’ils ne pourront jamais avoir une grande maison, une belle voiture ou envoyer leur enfant dans la meilleure école de Pékin ou de Shanghai », explique-t-elle.
Cela concerne la Chine, mais ce n'est pas si différent des pays occidentaux, où l'effort au travail porte de moins en moins ses fruits. Pour les jeunes, le prix de l'immobilier augmente bien plus que les salaires, le rattrapage devient impossible. Et j'ai à plusieurs reprises rappelé sur ce forum qu'on ne devient pas riche par le travail, mais par les revenus passifs qui, eux, sont beaucoup moins taxés que le travail en France. D'où la tendance du "early retirement" (qui fait notamment des émules aux Etats-Unis), qui consiste à vivre très tôt de ses rentes. Je ne pense pas que ça soit un modèle viable, mais je peux comprendre qu'il y a une désillusion quant au travail, au sens qu'on lui donne et aux profits qu'on peut réellement en tirer.

À l'instar de johanono, l'appareil politique chinois s'efforce tant que possible de condamner cette pratique : égoïsme, paresse, ingratitude, irresponsabilité, "peu importe la raison invoquée".
Mais encore une fois, il s'agit de travailler à hauteur ce qu'on est payé, pas plus, ni moins. Tant que le travail ne paiera pas, par rapport aux revenus passifs, alors le travail ne sera pas valorisé, pour ceux qui s'inquiètent du déclin de la "valeur travail".

hérisson
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Re: Grosse fatigue et épidémie de flemme : quand une partie des Français a mis les pouces

Message non lu par hérisson » 18 nov. 2022, 21:17:27

En temps normal, les chômeurs survivent dans la misère noire dans l'indifférence générale. Ils sont fainéants, indésirables etc... Aucune réforme n'est votée pour les sortir du pétrin en organisant le marché du travail. Les chiffres du chômage sont faussés pour que personne ne bouge. Mais quand des places se libèrent en nombres, les chômeurs deviennent d'un seul coup des héros que l'on appellent en les traitant de fainéants (!) ou en faisant du chantage à l'immigration (!).

Bref le marché du travail est toujours aussi risible et pathétique.

Je remarque aussi que certains qui ont des professions privilégiées, souvent obtenus avec piston, disent aux chômeurs qu'ils doivent aller trimer dans les métiers en tension sans augmenter les salaires et les conditions de travail (travailler 8 heures sans rester 10 secondes à rien faire :mur: ). Le partage des richesses n'est pas à l'ordre du jour. Je rappelle que la France n'a jamais été aussi riche.

L'architecture et l'attractivité de certaines PME sont aussi à revoir. Certaines entreprises ont des façades horribles avec des briques du 18 ème siècle. Après ils s'étonnent que les gens ne soient pas fascinés par leurs entreprises horribles ! Cela ressemble souvent à l'antichambre de l'enfer.

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Re: Grosse fatigue et épidémie de flemme : quand une partie des Français a mis les pouces

Message non lu par Yakiv » 19 nov. 2022, 07:11:13

Il y a aussi une intéressante actualité RH chez Twitter qui a encore plus sa place ici que sur le fil spécifiquement consacré à Twitter.
Le "troll en chef", sublime surnom de Camille, a clairement notifié à ses salariés que s'ils voulaient continuer à être payés par l'oiseau bleu, il allait falloir morfler.
Résultat, il va peut-être falloir à nouveau recruter chez Twitter...
PresseCitron a écrit :
Twitter : des centaines de salariés démissionnent après un ultimatum

Les employés de Twitter ont répondu à leur manière à l’ultimatum posé par Elon Musk.

Publié le 18 novembre 2022 à 09:30 Par Jean-Yves Alric
(...)

Le deal était clair : accepter de rester travailler de longues heures, sur un rythme très dur, ou partir avec trois mois de salaire. Ils devaient répondre d’ici jeudi, et beaucoup ont tranché. Les médias américains font ainsi état de centaines de démissions de salariés. (...)
https://www.presse-citron.net/twitter-d ... ultimatum/
Charente Libre a écrit :
Mercredi, Elon Musk a demandé individuellement aux employés du réseau social de s’engager à « travailler de longues heures à haute intensité », « pour bâtir un Twitter 2.0 révolutionnaire et réussir dans un monde de plus en plus concurrentiel ». « Seule une performance exceptionnelle vaudra une note suffisante », a-t-il précisé dans ce courrier interne.

Les départs se multiplient chez Twitter depuis jeudi, au lendemain d’un ultimatum d’Elon Musk, propriétaire de Twitter depuis trois semaines, qui a demandé aux employés rescapés de la première vague de licenciements de choisir entre se donner « à fond, inconditionnellement », et partir.
« Je suis peut-être exceptionnelle, mais […] je ne suis pas inconditionnelle », a par exemple tweeté Andrea Hors
t, dont le profil LinkedIn affiche encore « Responsable de la chaîne d’approvisionnement (survivante) chez Twitter ».
(...)

Les salariés avaient jusqu’à jeudi après-midi pour cliquer sur la case « oui », sous peine de devoir quitter Twitter avec une indemnité correspondant à trois mois de salaire. Une méthode qui détonne même aux États-Unis, où le droit du travail est moins protecteur des salariés que dans beaucoup de pays développés.
(...)
https://www.charentelibre.fr/sciences-e ... 021075.php
Le Point a écrit :
"Que feriez-vous ? Est-ce que vous sacrifieriez votre temps avec vos enfants pendant les vacances pour de vagues promesses et (pour) rendre une personne riche encore plus riche ?", a résumé Peter Clowes, ingénieur informatique et directeur chez Twitter et "survivant des licenciements", d'après son profil LinkedIn.
https://www.lepoint.fr/monde/le-destin- ... 334_24.php

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