Mondialisation, libre-échange et protectionnisme

Venez discuter des problèmes du travail dans notre pays, mais aussi des problèmes sociaux ( retraites, chomage...)
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johanono
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Mondialisation, libre-échange et protectionnisme

Message non lu par johanono » 20 déc. 2010, 13:45:00

Je me permets d'ouvrir un nouveau fil afin de continuer notre débat sur la mondialisation. 


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Je vais essayer de poser une vrai réflexion sur la libre échange quii me parait intéressante pour enrichir le débat
C'est un peu long mais c'est argumenté
GIBET
[quote]


Protectionnisme : libres échanges
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mardi 31 mars 2009

Les instances économiques internationales - Fonds monétaire international (FMI), Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Banque mondiale, Organisation mondiale du commerce (OMC) – avaient déterminé que le salut de chaque pays passait par la spécialisation commerciale, par par une implication plus grande dans les rouages du commerce international (lire « Mais exportez donc ! dit le FMI », de Gabriel Kolko). La répression, voire la dépression actuelle constituent donc un choc d’autant plus terrible qu’elles sont souvent plus prononcées dans les pays concernés qui s’étaient dessiné un profil d’exportateur. Le niveau des ventes chinoises à l’étranger de février dernier est en baisse de 26 % par rapport au même mois de l’année précédente ; l’OMC prévoit pour 2009 un recul de 9 % du commerce mondial.
Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? La crise actuelle va-t-elle conduire chaque pays à re-localiser nombre de ses productions ? Un recul du commerce mondial réduira-t-il la pression que la libéralisation des échanges a exercée sur les salaires des catégories populaires, constamment soumises au chantage des délocalisations ? Ce chantage a-t-il constitué un argument supplémentaire des classes dirigeantes ou leur principal instrument pour accroître à leur avantage la part de la richesse produite ?
On le sent bien, sous ses diverses formes, la question du protectionnisme est partout posée. Et les Etats ont beau se récrier qu’une telle hypothèse les horrifie, presque chacun pratique ce qu’il dénonce…
Le Monde diplomatique, qui a consacré un dossier à ce sujet en mars, présente quelques-unes des contributions au débat, suscitées par « Le retour du protectionnisme et la fureur de ses ennemis », un article de Jacques Sapir.

Table des matières
  • Un tabou et un totem, le rapport entre le capital et le travail (Pierre Khalfa)
  • Le long terme, le court terme et la bonne foi… Réponse à mes contradicteurs sur la question du protectionnisme (Jacques Sapir)
  • Protectionnisme : pour un débat rigoureux (Michel Husson)
  • Remarques sur la réponse de Jacques Sapir (Pierre Khalfa)
  • Le mot de la fin ? (Jacques Sapir)
  • Dans le {Monde diplomatique}[/list:u]

    Un tabou et un totem,
    le rapport entre le capital
    et le travail
    (Pierre Khalfa) Image
    La profondeur de la crise actuelle remet au goût du jour le débat sur le protectionnisme. Quelles sont les causes profondes de la crise et quelles solutions avancer ? Résumons rapidement la thèse de Jacques Sapir.
    « En effet pour préserver l’emploi, les gouvernements des pays dont les entreprises sont soumises directement à la concurrence de la production à bas coûts et à faible protection sociale tentent de préserver le niveau des profits sur leur territoire (condition nécessaire pour éviter les délocalisations) en transférant les cotisations sociales des entreprises vers les salariés. (…) Cela contribue à peser sur le revenu de la majorité des ménages, qui ne peuvent maintenir leur niveau de consommation que par un recours croissant à l’endettement. (…) Au cœur de la crise ne se trouvent donc point les banques (…) mais bien le libre-échange, dont les effets sont venus se combiner à ceux de la finance libéralisée. (…) La déflation salariale importée y (en Europe et aux Etats-Unis) engendre une explosion de l’endettement des ménages. (…) La déflation salariale trouve son origine dans les politiques prédatrices menées, en matière de commerce international, par les pays d’Extrême-Orient depuis 1998-2000 à travers le libre-échange généralisé. (…) La déflation salariale importée s’est également installée dans l’Union européenne à la faveur de l’élargissement ».
    La thèse est cohérente. Sapir l’argumente par une batterie de chiffres montrant l’accroissement des inégalités, la baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée et l’explosion de l’endettement dans un certain nombre de pays. Si l’on pourrait discuter de la notion de déflation salariale [1], là n’est pas l’essentiel et les chiffres ne sont pas contestables. Il est indéniable que la part des salaires dans la valeur ajoutée a baissé dans tous les pays développés. Un rapport récent de l’OCDE [2] donne une baisse moyenne de 10 points pour les pays développés depuis 1976. Cela signifie que la masse salariale globale a augmenté à un rythme bien plus faible que le PIB. Mais affirmer cela ne dit rien sur la cause de cette situation et il ne suffit pas d’affirmer plusieurs fois que la déflation salariale est « importée » pour démontrer la réalité du phénomène.
    Comme on l’a vu, Sapir date la déflation salariale de 1998-2000 et, dans le cas de l’Union européenne (UE), de l’élargissement de 2004. Or comme le rappelle Michel Husson [3], « le recul salarial est enclenché dès la première moitié des années 1980 ». Cette baisse de la part salariale s’est déroulée dans la décennie 1980, en France entre 1983 et 1998. Depuis, la part salariale s’est à peu près stabilisée. On ne peut donc faire aucune corrélation entre celle-ci et la politique exportatrice à bas coûts salariaux de la Chine ou d’autres pays émergents ni avec l’élargissement de l’Union européenne qui datent de bien plus tard.
    En fait ce recul salarial plonge ses racines dans la crise du fordisme des années 1970 qui a abouti notamment à un chômage de masse, dégradant ainsi considérablement les rapports de forces des salariés. Cette situation a été propice à une offensive généralisée des gouvernements et des patronats des pays développés contre les droits des salariés. Elle s’est traduite par des défaites sociales considérables qui ont permis de briser le rapport salarial construit dans la période fordiste et d’instaurer un nouveau type de capitalisme fondé sur la « création de valeur pour l’actionnaire ». Un nouveau rapport salarial a vu ainsi progressivement le jour, basé sur une précarité et une flexibilité accrues et sur la déconnexion entre l’évolution des gains de productivité et l’évolution des salaires.
    La « déflation salariale » n’est pas « importée » de l’extérieur, elle se trouve au cœur du modèle productif néolibéral, résultat de l’inversion des rapports de forces entre le capital et le travail. Il ne s’agit pas d’une situation qui serait imposée aux gouvernements et aux entreprises, comme le laisse entendre Sapir, mais d’une volonté politique systématique, plus ou moins freinée par les réactions de mouvements sociaux, de remise en cause des droits sociaux. La déflation salariale n’est pas créée par la Chine ou les nouveaux entrants dans l’Union européenne, mais par les classes dirigeantes des pays du Nord et à leur bénéfice.
    Certes Sapir note que ce processus « sert à enrichir encore plus une mince élite dont la fortune a littéralement explosé ces dernières années », mais il ne semble pas voir que ce phénomène trouve sa source dans l’avènement de la logique actionnariale qui domine le fonctionnement du capitalisme néolibéral. La baisse de la part salariale n’a pas servi à accroître la compétitivité des entreprises en augmentant l’investissement. Celui-ci est resté globalement stable. Elle a permis l’explosion des dividendes versés aux actionnaires qui passent de 3,2 % du PIB en 1982 à 8,5 % du PIB en 2007 [4]. En liant les dirigeants d’entreprise aux intérêts des actionnaires par une série de mécanismes financiers (stock-options, salaire indexé sur le cours de l’action, bonus divers), la logique actionnariale les pousse à augmenter sans cesse le niveau des profits. C’est ce mécanisme qui a nourri la financiarisation de l’économie.
    Sapir fait du transfert des cotisations sociales des entreprises vers les ménages la conséquence directe de la concurrence des pays à bas coût du travail et à faible protection sociale. Le différentiel de salaire entre l’UE à 15 et les pays d’Europe centrale et orientale (Peco) est en moyenne de 1 à 6 [5] et va jusqu’à 1 à 30 avec la Chine. Comment penser que le transfert de quelques points de cotisation sociale serait à même de combler un tel écart ? On est loin du compte et le coût du travail dans l’UE à 15 et aux Etats-Unis, malgré la baisse de la part salariale, reste incomparablement plus élevé que dans ces pays. Le patronat n’a pas attendu la généralisation du libre-échange pour entonner sa complainte sur les « charges » des entreprises et le coût de la protection sociale. Sapir « oublie » une fois de plus le rapport entre le capital et travail pour ne faire de la baisse des cotisations sociales qu’une conséquence des délocalisations.
    Une telle analyse ne peut expliquer un fait simple : pourquoi, alors qu’il existe de tels différentiels de coûts salariaux, reste-t-il des entreprises dans les pays développés ? Pourquoi certaines relocalisent, même si ce phénomène est limité ? Certes, tout employeur cherchera à payer ses ouvriers le moins cher possible, mais ce n’est pas le seul critère qui entre en ligne de compte. Outre la qualité des produits [6], le coût du transport, l’existence d’un marché potentiel et d’infrastructures de qualité, c’est la productivité du travail qui est un élément essentiel. Un récent rapport d’information du Sénat [7] fournit des indications intéressantes sur les différentiels de productivité entre les pays émergents et les pays du Nord. Ainsi, le rapport indique que la productivité du secteur manufacturier en Inde ne représente qu’un peu plus de 2 % du niveau américain et moins de 3 % par rapport à l’UE à 15. Celle de la Chine est à peine supérieure : un peu plus de 5 % du niveau américain et moins de 7 % du niveau de l’UE à 15. Si les écarts de productivité sont moins importants avec les nouveaux Etats membres de l’UE, ils restent encore très importants : 20 % du niveau américain, 26 % de celui de l’UE à 15. Même si ces chiffres, notamment dans le cas de la Chine et de l’Inde, sont discutables, il ne fait pas de doute qu’il existe des écarts importants en matière de productivité. Ce sont ces différentiels de productivité qui expliquent en grande partie le fait que le tissu industriel n’a pas disparu dans les pays développés.
    Sapir défend l’idée d’un « important tarif communautaire » pour protéger le marché de l’Union. Mais l’instauration de mesures protectionnistes vise, pour lui, à « pénaliser non pas tous les pays pratiquant les bas salaires, mais ceux dont la productivité converge vers nos niveaux et qui ne mettent pas en place des politiques sociales et écologiques également convergentes ». On voit donc que les principaux pays responsables, pour Sapir, de la déflation salariale, comme par exemple la Chine, en seraient par là-même exclus au vu des différentiels de productivité, de même d’ailleurs que les Peco. Quel serait d’ailleurs le seuil qui déterminerait une convergence de productivité et à quels pays s’appliqueraient donc de telles mesures ?
    Il préconise la mise en place de « montants compensatoires monétaires » au sein de l’Union européenne pour « compenser les écarts de taux de change, mais aussi de normes sociales et écologiques entre les pays de la zone euro et les autres membres de l’Union ». On peut se demander pourquoi faire une telle distinction entre les pays de la zone euro et les autres membres de l’Union ? Des pays comme la Slovaquie, la Slovénie, Chypre et Malte sont membres de la zone euro et ont des normes sociales très inférieures à celles de pays comme la France ou l’Allemagne, membres de la zone euro, ou de la Suède qui n’y appartient pas. Et pourquoi ne pas appliquer une telle mesure à l’Allemagne qui a imposé à ses salariés une baisse des salaires réels entre 1995 et 2006 pour booster ses exportations au sein de l’Union européenne au détriment de ses partenaires européens ?
    Au-delà de ces contradictions, la mesure proposée par Sapir apparaît problématique d’un point de vue pratique. Sapir indique que la « recette des montants compensatoires devrait abonder un fonds de convergence social et écologique ». Or, si les montants compensatoires visaient réellement à compenser le différentiel salarial, ils devraient être très élevés et signifieraient, de fait, une interdiction des exportations venant des Peco. L’alimentation du fonds préconisé par Sapir pour aider ces pays serait donc inexistante. Mais si ces montants compensatoires sont faibles, ils n’auront alors aucun effet dissuasif.
    Il faut sortir de ces contradictions. Il ne s’agit pas ici de nier les dégâts du libre-échange généralisé, notamment pour de nombreux pays du Sud, ni les drames sociaux qu’entraînent les délocalisations, et de les combattre, mais de refuser une analyse qui fait de « la Chine et ses voisins (les) responsables de la déflation salariale [8]  ». La déréglementation financière et la liberté de circulation des capitaux, combinées au libre-échange, ont certes permis une mise en concurrence des salariés du monde entier, notamment en profitant des salaires partout plus faibles des femmes, qui a renforcé encore les rapports de forces créés par le patronat dans le cadre du capitalisme actionnarial. Mais ils n’en sont pas la cause. Comme le note d’ailleurs Sapir, de façon contradictoire avec le reste de sa thèse, le patronat prend « prétexte » de la concurrence des pays à bas coût du travail pour faire pression sur les salariés. Il ne s’agit effectivement que d’un prétexte, d’une pression psychologico-politique pour arracher des concessions supplémentaires au monde du travail. Elle pèse sans aucun doute sur les capacités de réaction des salariés. Mais ce n’est pas en tenant des propos qui légitiment, de fait, le discours patronal que l’on permettra à ceux-ci de mieux réagir.
    Contrairement à ce qu’affirme Sapir, le choix n’est pas entre protectionnisme et libre-échange et le combat pour l’Europe sociale n’est pas « la grande illusion » qu’il dénonce. C’est même la seule façon de sortir par le haut de la situation actuelle. Il s’agit, comme le Manifeste d’Attac-France et les Attac d’Europe le préconisent, d’imposer par des mobilisations sociales et citoyennes une série de mesures comme l’harmonisation par le haut des droits sociaux des salariés, en particulier l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes, la mise en œuvre de critères de convergences sociaux et fiscaux, une augmentation significative du budget européen pour aider les nouveaux entrants… Au-delà, il faut prendre une série de mesures visant à casser la logique du capitalisme actionnarial, telles que la fixation d’une rémunération maximale pour les dirigeants et d’un taux de profit maximal [9], une taxation plus importante des profits non réinvestis…
    Que cela soit très difficile à réaliser, cela ne fait aucun doute. Mais est-ce vraiment plus difficile à mettre en œuvre que la solution illusoire qu’il nous propose qui suppose elle aussi de toutes façons un accord unanime des pays de l’Union ? A moins que sa proposition ne vise qu’à être appliquée dans un seul pays, en l’occurrence la France, ce qui signifierait dans ce cas une guerre commerciale généralisée et l’aggravation de la concurrence entre les différents pays de l’Union. Bref, l’exact contraire du but recherché par Sapir.
    Le long terme, le court terme et la bonne foi…
    Réponse à mes contradicteurs
    sur la question du protectionnisme
    (Jacques Sapir) Image
    Comme il fallait s’y attendre, la crise a – enfin – permis au débat sur le protectionnisme de s’ouvrir. Ayant défendu, avec d’autres comme J. L. Gréau, E. Todd et H. El-Karoui, la thèse du protectionnisme, mais l’ayant fait aussi au titre d’universitaire, il est logique que mes positions attirent la critique.
    Un véritable débat devrait avoir pour but de définir soigneusement les arguments utilisés par les uns et les autres pour en tester la pertinence et dégager, progressivement, ce qui peut être retenu de ce qui doit être abandonné. Mais, un véritable débat doit éviter la caricature et l’usage d’arguments de mauvaise foi. Dans le cas du protectionnisme, ce n’est – hélas – pas toujours le cas car ce thème semble toucher à des domaines qui ressortent de l’émotif, voire de l’inconscient.
    Ces critiques se concentrent sur mon article récent dans Le Monde Diplomatique. En réalité ce texte vient à la suite de publications nombreuses sur ce sujet, dont la première fut l’ouvrage Le Fin de l’Eurolibéralisme (2006). Si l’on veut critiquer de manière sérieuse et honnête mes positions, le matériau ne manque pas. Il devrait permettre à mes lecteurs critiques de se faire une opinion assez juste de ce que j’ai dit, et n’ai pas dit, sur la question du protectionnisme. Force cependant m’est de constater qu’ils ont eu, hélas, la mémoire courte et la lecture sélective.
    Le long et le court terme
    Une critique qui m’est adressée tant par Michel Husson que par Pierre Khalfa [10] serait que mon analyse de la déflation salariale ne prendrait point en compte le mouvement de long terme de baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée. En bref, que j’attribuerai au libre-échange une transformation qui ne lui est nullement imputable. Ces deux auteurs (ou plus exactement Husson, car Khalfa ne fait que reprendre son argumentaire) estiment que la coupure dans l’évolution du rapport entre salaires et profit date du début des années 1980.
    En vérité je n’ai jamais dit autre chose, bien au contraire. Dans l’article que j’ai publié en mai 2008 dans la revue Real-World Economics Review, j’insiste, graphiques et statistiques à l’appui, sur le changement dans l’économie américaine au début des années 1980 [11]. Dans la note « D’un monde à l’autre », du 23 octobre 2008 je reprends l’argument et le développe. De même dans une autre note titrée « Les sources internationales de la crise » qui a longuement circulé sur internet et en particulier sur le site de mon collègue André Gunthert de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), je compare le cas américain à celui de la France et je montre qu’il y a deux mouvements, un qui se joue dans les années 1980 et un autre qui se joue après 2000. Dans l’article publié dans la Revue de la Régulation j’indique bien que les racines de la crise actuelle se trouvent dans la révolution conservatrice des années 1980 [12]. Prétendre que je ne tiendrai pas compte des évolutions de long terme est donc faux et relève du mensonge.
    La thèse que je défends n’est pas que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’en 2000, mais que nous avons eu une nouvelle inflexion très significative à partir de la crise de 1998, et que cette inflexion est largement due à l’accélération de l’impact du libre échange. Le fait me semble pouvoir être totalement et définitivement établi dans le cas des Etats-Unis où la crise actuelle trouve son origine géographique. On voit de manière très nette la position internationale du pays se dégrader de manière spectaculaire à partir de 1998.
    Tableau 1
    Évolution de la balance commerciale des Etats-Unis depuis 1990.
    [table cellspacing="1"][tr][td]
    [/td][td]Exportations en milliards de Dollars [/td][td]Importations en milliards de Dollars [/td][td]Solde commercial en milliards de Dollars [/td][td]PIB en milliards de Dollars (prix courants) [/td][td]Solde commercial en % du PIB [/td][/tr][tr][td]1990 [/td][td]552,4 [/td][td]630,3 [/td][td]-77,9 [/td][td]5 803,1 [/td][td]-1,3% [/td][/tr][tr][td]1991 [/td][td]596,8 [/td][td]624,3 [/td][td]-27,5 [/td][td]5 995,9 [/td][td]-0,5% [/td][/tr][tr][td]1992 [/td][td]635,3 [/td][td]668,6 [/td][td]-33,3 [/td][td]6 337,7 [/td][td]-0,5% [/td][/tr][tr][td]1993 [/td][td]655,8 [/td][td]720,9 [/td][td]-65,1 [/td][td]6 657,4 [/td][td]-1,0% [/td][/tr][tr][td]1994 [/td][td]720,9 [/td][td]814,5 [/td][td]-93,6 [/td][td]7 072,2 [/td][td]-1,3% [/td][/tr][tr][td]1995 [/td][td]812,2 [/td][td]903,6 [/td][td]-91,4 [/td][td]7 397,7 [/td][td]-1,2% [/td][/tr][tr][td]1996 [/td][td]868,6 [/td][td]964,8 [/td][td]-96,2 [/td][td]7 816,9 [/td][td]-1,2% [/td][/tr][tr][td]1997 [/td][td]955,3 [/td][td]1 056,9 [/td][td]-101,6 [/td][td]8 304,3 [/td][td]-1,2% [/td][/tr][tr][td]1998 [/td][td]955,9 [/td][td]1 115,9 [/td][td]-160,0 [/td][td]8 747,0 [/td][td]-1,8% [/td][/tr][tr][td]1999 [/td][td]991,2 [/td][td]1 251,7 [/td][td]-260,5 [/td][td]9 268,4 [/td][td]-2,8% [/td][/tr][tr][td]2000 [/td][td]1 096,3 [/td][td]1 475,8 [/td][td]-379,5 [/td][td]9 817,0 [/td][td]-3,9% [/td][/tr][tr][td]2001 [/td][td]1 032,8 [/td][td]1 399,8 [/td][td]-367,0 [/td][td]10 128,0 [/td][td]-3,6% [/td][/tr][tr][td]2002 [/td][td]1 005,9 [/td][td]1 430,3 [/td][td]-424,4 [/td][td]10 469,6 [/td][td]-4,1% [/td][/tr][tr][td]2003 [/td][td]1 040,8 [/td][td]1 540,2 [/td][td]-499,4 [/td][td]10 960,8 [/td][td]-4,6% [/td][/tr][tr][td]2004 [/td][td]1 182,4 [/td][td]1 797,8 [/td][td]-615,4 [/td][td]11 685,9 [/td][td]-5,3% [/td][/tr][tr][td]2005 [/td][td]1 309,4 [/td][td]2 023,9 [/td][td]-714,5 [/td][td]12 433,9 [/td][td]-5,7% [/td][/tr][tr][td]2006 [/td][td]1 467,6 [/td][td]2 229,6 [/td][td]-762,0 [/td][td]13 194,7 [/td][td]-5,8% [/td][/tr][tr][td]2007 [/td][td]1 640,3 [/td][td]2 353,0 [/td][td]-712,7 [/td][td]13 843,8 [/td][td]-5,1% [/td][/tr][/table]
    Source : US Bureau of Economic Analysis et US Bureau of Labour & Statistics.
    Le solde commercial, qui oscillait entre -0,5 du PIB et -1,3 du PIB plonge progressivement sous la barre des -5 . Les travaux du Joint Economic Committee que je cite dans mes divers textes montrent que ceci correspond bien à une cassure dans l’évolution des revenus. Le travail de Josh Bivens [13], qui a poussé Paul Krugman à ré-ouvrir le débat, porte aussi sur cette période [14]. On voit d’ailleurs très clairement dans un graphique produit par le JEC que la divergence entre le rythme de progression de la productivité du travail et celui des rémunérations au sens large (salaires et primes ou « job compensations ») correspond parfaitement à l’évolution des chiffres du commerce international.
    Graphique 1
    Image
    En ce qui concerne les pays européens, nous voyons un mouvement comparable, qui se traduit par le processus que j’ai qualifié « d’euro-divergence ». La situation de la balance commerciale de plusieurs pays se détériore de manière spectaculaire à partir de 1998, tandis que l’Allemagne, qui a choisi un modèle néo-mercantiliste fondé sur la délocalisation d’une large partie de ses chaînes de sous-traitance dans les pays à bas coûts salariaux de l’est de l’Europe, dégage un important excédent [15].
    Graphique 2
    Image
    L’impact, suivant les pays considérés a été différent. Mais, on voit en France que les éléments indicateurs de la dépression salariale indiquent une dégradation nouvelle de la situation à partir de 2002.
    Tableau 2
    Épargne et endettement des ménages en France de 1998 à 2007.

    [table cellspacing="1"][tr][td]
    [/td][td]Taux d’épargne en % du PIB [/td][td]Endettement des ménages en % du PIB [/td][/tr][tr][td]1998 [/td][td]21,0% [/td][td]33,1% [/td][/tr][tr][td]1999 [/td][td]22,4% [/td][td]34,4% [/td][/tr][tr][td]2000 [/td][td]21,5% [/td][td]34,6% [/td][/tr][tr][td]2001 [/td][td]21,9% [/td][td]35,1% [/td][/tr][tr][td]2002 [/td][td]20,5% [/td][td]36,1% [/td][/tr][tr][td]2003 [/td][td]20,0% [/td][td]37,5% [/td][/tr][tr][td]2004 [/td][td]20,3% [/td][td]39,7% [/td][/tr][tr][td]2005 [/td][td]19,6% [/td][td]42,5% [/td][/tr][tr][td]2006 [/td][td]20,7% [/td][td]45,1% [/td][/tr][tr][td]2007 [/td][td]20,9% [/td][td]47,6% [/td][/tr][/table]
    Source : INSEE et BCE
    Le taux d’endettement des ménages était resté stable dans notre pays jusqu’en 1998. Il augmente en fait en deux temps. D’une part, il glisse à la hausse de 3 points de PIB entre 1998 et 2002 (sous le gouvernement Jospin). Puis, le glissement s’accélère avec un accroissement de11,5 points de PIB entre 2002 et 2007.
    On est, certes, loin des niveaux des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne ou de l’Espagne, voire de l’Allemagne. Mais, la cassure du trend de longue période à partir de la fin des années 1990 est absolument indiscutable. Elle correspond à une nouvelle dégradation de la part des salaires dans la valeur ajoutée à partir de 2002.
    Graphique 3 Image
    Source : INSEE
    Sans la réforme des « 35 heures », cette dégradation serait probablement survenue plus rapidement.
    L’évolution des balances des paiements depuis 1999 est ici instructive.
    Tableau 2
    Soldes des balances des paiements depuis 1999 en milliards de dollars
    [table cellspacing="1"][tr][td]
    [/td][td]Pays développés [/td][td]Dont Etats-Unis [/td][td]Dont Japon [/td][td]Pays émergents [/td][td]Dont Chine [/td][/tr][tr][td]1999 [/td][td]-107,9 [/td][td]-299,8 [/td][td]114,5 [/td][td]37,8 [/td][td]21,1 [/td][/tr][tr][td]2000 [/td][td]-265,7 [/td][td]-417,4 [/td][td]119,8 [/td][td]125,3 [/td][td]20,5 [/td][/tr][tr][td]2001 [/td][td]-204,5 [/td][td]-384,7 [/td][td]87,7 [/td][td]88,9 [/td][td]17,4 [/td][/tr][tr][td]2002 [/td][td]-211,1 [/td][td]-459,6 [/td][td]112,6 [/td][td]133,9 [/td][td]35,4 [/td][/tr][tr][td]2003 [/td][td]-208,9 [/td][td]-522,1 [/td][td]136,2 [/td][td]226,3 [/td][td]45,8 [/td][/tr][tr][td]2004 [/td][td]-220,6 [/td][td]-640,2 [/td][td]172,1 [/td][td]295,9 [/td][td]68,6 [/td][/tr][tr][td]2005 [/td][td]-431,6 [/td][td]-759,9 [/td][td]165,7 [/td][td]518,0 [/td][td]160,8 [/td][/tr][tr][td]2006 [/td][td]-508,8 [/td][td]-811,5 [/td][td]170,4 [/td][td]681,6 [/td][td]250,0 [/td][/tr][tr][td]2007 [/td][td]-499,8 [/td][td]-784,3 [/td][td]195,9 [/td][td]684,2 [/td][td]380,0 [/td][/tr][/table]
    FMI, World Economic Outlook, Washington, DC, Octobre 2007
    L’accroissement du déficit des pays développés s’explique par celui des Etats-Unis et de l’Europe hors Allemagne. En effet, si on retire le Japon et l’Allemagne on constate que le déficit global est substantiellement supérieur à celui des Etats-Unis, qui est lui-même, comme on l’a déjà indiqué, considérable.
    Il me semble donc que l’on peut considérer comme bien établi l’enchaînement suivant :
    Nous avons bien un tournant qui se joue entre 1980 et 1985 et que, contrairement à ce que prétendent Husson et Khalfa sur la base d’une lecture tronquée et déformante de mes textes, je n’ignore nullement.
    Mais, nous avons un second tournant qui, en un sens, constitue une aggravation très substantielle du premier, à partir de la fin des années 1990. La pente des courbes d’endettement des ménages dans plusieurs pays développés change brutalement, et l’on passe aux Etats-Unis d’une dépression salariale relative à une dépression salariale absolue dans certains secteurs, ce que traduit la baisse du revenu du ménage médian.
    Ce deuxième tournant correspond bien à un changement notable dans les logiques du commerce international.
    À vouloir élargir l’horizon temporel de l’analyse, Husson et Khalfa perdent de vue le pivotement que nous connaissons depuis dix ans, en fait depuis la crise des marchés émergents (1997-1999) et ses conséquences. L’absence d’un raisonnement en économie politique internationale les rend aveugles sur un changement majeur et déterminant du capitalisme. En fait, le modèle néo-libéral qui se met en place grâce à la trilogie Reagan-Thatcher-Delors, et qui prend toute son expansion avec la disparition de l’URSS en 1991, rencontre ses limites lors de cette crise. Nous pouvons, rétrospectivement, nous en rendre compte aujourd’hui. L’accélération de la libéralisation de la finance aux Etats-Unis mais aussi au niveau mondial et les tentatives de l’OMC de faire passer un régime généralisé de libre-échange que nous connaissons à partir de 1999, sont une réaction face à cette crise par une véritable fuite en avant. La crise actuelle en est le produit direct.
    Une erreur de perspective…
    Le texte de Pierre Khalfa nous offre cependant quelques surprises qui révèlent ce que l’on peut qualifier, par pure bonté d’âme, d’erreur de perspective.
    Une première citation permet de s’en convaincre :
    « La " déflation salariale" n’est pas " importée" de l’extérieur, elle se trouve au cœur du modèle productif néolibéral, résultat de l’inversion des rapports de forces entre le capital et le travail. Il ne s’agit pas d’une situation qui serait imposée aux gouvernements et aux entreprises, comme le laisse entendre Sapir, mais d’une volonté politique systématique, plus ou moins freinée par les réactions de mouvements sociaux, de remise en cause des droits sociaux. La déflation salariale n’est pas créée par la Chine ou les nouveaux entrants dans l’Union européenne, mais par les classes dirigeantes des pays du Nord et à leur bénéfice. »
    En quoi le fait qu’une politique soit liée à une décision intérieure empêche-t-il que cette politique ait un lien avec l’extérieur ? Khalfa ignore-t-il donc que le thème de la « contrainte extérieure », soit la pression concurrentielle des importations se traduisant par la dégradation de la balance courante, a été le principal argument des gouvernements, en France en particulier, pour imposer les politiques de « rigueur » qui sont à l’origine de l’évolution du partage de la valeur ajoutée ?
    Le débat de 1981-1982 qui a aboutit au « tournant » imposé par Jacques Delors qui a conduit à une inflexion brutale dans le partage de la valeur ajoutée a justement opposé ceux qui souhaitaient plus de protection (par des droits de douane et une dévaluation plus agressive du franc) et ceux qui défendaient une ouverture commerciale et la politique du franc fort. La question du déficit commercial, autrement dit des conditions de gestion du commerce international, a été l’instrument central du tournant des années 1980 en France. Cette question est un instrument à la fois d’un point de vue idéologique (la « contrainte extérieure » venant justifier la politique de « rigueur ») et d’un point de vue macroéconomique (la hausse brutale du chômage induite par la tragique politique de Jacques Delors permettant le basculement des normes de la relation salariale). Jean-Pierre Chevènement, qui était opposé à cette politique et prônait le recours à des protections tarifaires, en tira les conséquences en démissionnant du gouvernement. Il y a là un oubli, tant de la part de Khalfa que de Husson, qui me semble un peu plus réel que ceux que ces deux auteurs m’imputent.
    Ainsi, et contrairement à la présentation quasi-autarcique qui en est faite tant par Husson que par Khalfa, dès le début des années 1980 la question de l’économie politique internationale est centrale dans les évolutions du rapport salarial en France.
    Pour la période récente, nous avons droit de la part de Khalfa à une autre perle qui mérite citation :
    « Sapir fait du transfert des cotisations sociales des entreprises vers les ménages la conséquence directe de la concurrence des pays à bas coût du travail et à faible protection sociale. Le différentiel de salaire entre l’UE à 15 et les pays d’Europe centrale et orientale (Peco) est en moyenne de 1 à 6 et va jusqu’à 1 à 30 avec la Chine. Comment penser que le transfert de quelques points de cotisation sociale serait à même de combler un tel écart ? On est loin du compte et le coût du travail dans l’UE à 15 et aux Etats-Unis, malgré la baisse de la part salariale, reste incomparablement plus élevé que dans ces pays. Le patronat n’a pas attendu la généralisation du libre-échange pour entonner sa complainte sur les « charges » des entreprises et le coût de la protection sociale. Sapir « oublie » une fois de plus le rapport entre le capital et travail pour ne faire de la baisse des cotisations sociales qu’une conséquence des délocalisations. »
    On est ici devant un tissu d’inconséquences logiques et de mauvaise foi, qu’il faut démonter pièce par pièce.
    Khalfa reconnaît que l’on a des écarts de salaires de 1 à 6 avec les PECO et de 1 à 30 avec la Chine, mais pour lui, la déflation salariale ne peut pas être importée…Ceci ne serait vrai que dans un cas : si la productivité du travail en France était supérieure à 6 fois celle des PECO et 30 fois celle de la Chine.
    Il y a ensuite une phrase magnifique : « Comment penser que le transfert de quelques points de cotisation sociale serait à même de combler un tel écart ? »
    Certes, la TVA sociale ne règlerait pas le problème. Mais en quoi cela signifie-t-il que l’on ne se sert pas de la pression extérieure pour démanteler la protection sociale ? Je n’ai jamais prétendu que la politique des gouvernements néo-libéraux serait efficace, ou qu’il fallait introduire la TVA sociale, et ce pour une bonne et simple raison : je ne suis pas néo-libéral !
    Ah, le beau syllogisme…Dire que la preuve qu’une politique existe est qu’elle doit être efficace est digne d’un Pangloss. Où alors, cela signifie que Khalfa affecte de croire que les acteurs (du moins pour la bourgeoisie) sont de pures machines rationnelles, capables d’anticiper (rationnellement s’entend) la totalité des conséquences de leurs actions. Mais, si tel est le cas, il y a une solution d’équilibre inter-temporel stable et Pareto-efficient. On attend avec impatience qu’il nous la présente…
    Bien sûr que le patronat n’a de cesse de faire baisser les charges ; mais cela ne veut pas dire qu’il y arrive toujours (ou alors Khalfa doit nous faire la démonstration de la thèse de la paupérisation absolue permanente du salariat, comme le défendait le PCF dans les années 1950…). Si nous connaissons aujourd’hui une tendance à la paupérisation relative, et dans certains cas absolue, c’est bien à travers le changement du rapport des forces entre le salariat et le capital qui découle de la pression concurrentielle exercée par des pays qui combinent à la fois un faible coût salarial et des gains en productivité qui sont importants.
    Il faut enfin ajouter sur ce point que la présentation, chez Husson comme chez Khalfa, de la politique patronale se fait comme si cette dernière était parfaitement unifiée ; comme si, du patron artisan ou de PME jusqu’à la direction de la multinationale, depuis l’industrie mécanique jusqu’à la finance la plus débridée, il y a à la fois unité d’intérêt et de représentations.
    La réalité est bien plus complexe. En fait les politiques combinant l’ouverture commerciale et une surévaluation du taux de change (le franc fort) n’ont pas seulement permis de changer le rapport entre travail et capital, mais ont aussi permis une répartition des profits différente au sein même du capital. C’est bien la raison pour laquelle ces politiques aujourd’hui ne font plus consensus au sein du capital, ce dont – à l’évidence – Khalfa ne s’aperçoit nullement.
    Khalfa présente ensuite l’argument selon lequel la productivité de pays comme l’Inde et la Chine est tellement basse que les faibles coûts salariaux ne peuvent expliquer la pression concurrentielle de ces pays. Mais il oublie de dire que l’étude qu’il cite est globale et ne tient pas compte des écarts entre branches. Or, citer un chiffre « moyen » n’a de sens que si l’échantillon est homogène. On apprend cela en général en deuxième année de licence…
    Par ailleurs, même si pour toutes les branches la productivité du travail en Chine n’était que de 7 % de celle de l’UE, alors le rapport des salaires devrait être de 1 à 14 et non de 1 à 30 comme il le reconnaît lui-même (100/7 = 14,28). Khalfa n’est donc pas seulement fâché avec la logique mais aussi avec l’arithmétique…
    La même chose se passe pour les PECO. Khalfa affirme que la productivité est de 26 % de celle de l’UE. En réalité, il s’agit à nouveau d’une moyenne. Or, dans le domaine de la sous-traitance automobile qui a été le secteur où les délocalisations directes et indirectes ont été les plus importantes, on est plus proche de 50 à 75 pour des pays comme la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie. Mais, passons sur ce détail et admettons le chiffre de 26 . Ceci impliquerait que les salaires soient dans un rapport de 1 à 4. Or, Khalfa reconnaît qu’ils sont dans un rapport de 1 à 6…
    Il y a donc bien un problème de compétitivité lié à la différence qui existe entre le rapport des salaires et le rapport des productivités, et ceci même si on raisonne à partir des chiffres « moyens ».
    Sans doute faudrait-il se cotiser pour offrir une calculette à Khalfa….
    Continuons la lecture pour tomber cette fois de l’erreur de logique et d’arithmétique à l’argument de pure mauvaise foi : « Sapir "oublie" une fois de plus le rapport entre le capital et travail pour ne faire de la baisse des cotisations sociales qu’une conséquence des délocalisations.  »
    Pauvre Khalfa ! C’est bien triste d’en arriver là ! Si, au lieu de se livrer à des affirmations aussi abruptes et d’oublier de lire ce que j’ai produit sur la question depuis 2005, il avait repris les pages de mon livre La Fin de l’eurolibéralisme qui portent sur ce sujet, il aurait vu que je montre comment c’est le chantage à la délocalisation qui permet justement la modification du rapport entre capital et travail.
    Il faut donc croire que Khalfa, qui jure n’avoir d’autre boussole que les intérêts du salariat, n’a jamais parlé à des ouvriers de Bosch, de Citroën (PSA) où d’autres entreprises où la direction a mis les salariés devant l’alternative de devoir soit abandonner des acquis salariaux et sociaux soit voir l’entreprise se délocaliser.
    On a ici le cœur un peu lassé devant la méthode, mais hélas la mauvaise foi continue, à preuve la citation suivante :
    « Sapir défend l’idée d’un " important tarif communautaire " pour protéger le marché de l’Union. Mais l’instauration de mesures protectionnistes vise, pour lui, à " pénaliser non pas tous les pays pratiquant les bas salaires, mais ceux dont la productivité converge vers nos niveaux et qui ne mettent pas en place des politiques sociales et écologiques également convergentes ". On voit donc que les principaux pays responsables, pour Sapir, de la déflation salariale, comme par exemple la Chine, en seraient par là-même exclus au vu des différentiels de productivité, de même d’ailleurs que les Peco. »
    Et bien non, pauvre Khalfa. D’abord parce que si l’on s’en tient au rapport même que vous citez, il y a bien un écart sensible entre le salaire correspondant à la productivité et celui qui est pratiqué, de 1 à 14 à 1 à 30 pour la Chine, et de 1à 4 à 1 à 6 pour les PECO. Ensuite, parce que j’ai toujours affirmé que ces protections devraient être différentes, suivant les branches et secteurs d’activité, car en réalité les gains en productivité des pays que je vise n’ont pas lieu dans TOUTES les activités industrielles.
    Un peu plus bas (dans tous les sens du terme) Khalfa ajoute à propos de mon projet d’introduire au sein de l’UE des mesures inspirées des montants compensatoires monétaires qui fonctionnèrent dans les années 1960 et 1970 :
    « Au-delà de ces contradictions, la mesure proposée par Sapir apparaît problématique d’un point de vue pratique. Sapir indique que la "recette des montants compensatoires devrait abonder un fonds de convergence social et écologique". Or, si les montants compensatoires visaient réellement à compenser le différentiel salarial, ils devraient être très élevés et signifieraient, de fait, une interdiction des exportations venant des Peco. »
    Si je m’en tiens aux chiffres présentés par Khalfa, nous avons un écart de 1 à 4 entre les productivités et de 1 à 6 entre les salaires (et ceci sans tenir compte de la protection sociale, soit du salaire indirect) pour les PECO entrés dans l’UE. En considérant les coûts de transport comme nuls (ce qui est une simplification, mais ils sont effectivement assez faibles aujourd’hui), il faudrait mettre une taxe à 50 % ce qui, à l’échelle des taux historiquement pratiqués, n’est pas si excessif que cela.
    Notons, d’ailleurs, que si Khalfa s’était donné la peine de lire ce que j’ai écrit sur ce sujet, il verrait que je préconise des montants compensatoires négociés de manière à pousser les pays à converger en fonction de leur progression de productivité, vers le niveau salarial et social des pays les plus avancés. Un tel accord peut admettre pour une période de 2 à 3 ans un avantage pour le pays émergent. Si cet avantage est de court terme, il est insuffisant pour constituer une incitation à la délocalisation, directe et indirecte.
    Sur le fond, ma position quant aux sources profondes de la crise n’a pas changé depuis le texte « Le monde qui vient », qui fut posté sur internet le 24 octobre 2008, qui circula largement, et que Khalfa se garde bien de citer car il révèlerait dans toute son ampleur la mauvaise foi de sa critique [16] :
    « Si la récession dans laquelle nous sommes entrés est appelée à être importante, on ne doit pas non plus en sous-estimer la durée. Contrairement aux affirmations fallacieuses de certains économistes "médiatiques" en 2007 ou au premier semestre de 2008, nous ne sommes pas dans un simple " cycle " économique. Cette crise est avant tout celle d’un modèle de croissance ou d’un mode d’accumulation qui s’est mis en place à partir des années 1980.
    « Contrairement au mode d’accumulation antérieur, il a été caractérisé par une capture presque totale des gains de productivité par les profits au détriment des salaires. Ceci a permis de développer les versements de dividendes aux actionnaires de manière considérable, et plus encore de développer les rendements des placements financiers. Ces derniers ont pu aussi progresser grâce à la déréglementation des opérations bancaires et financières qui a permis la mise en place de leviers de financement caractérisé par des rapports entre le capital initial et les fonds empruntés de 1 à 25 ou 30. Le recours à la titrisation des dettes a permis une dissémination du risque que l’on a confondu avec sa mutualisation. Elle a permis une baisse des taux d’intérêts rendant l’endettement d’autant plus facile et venant renforcer les pratiques d’effet de levier. La finance a fonctionné comme une trappe à valeur ajoutée. Dans un premier temps, ceci a conduit à de fortes hausses des prix des actifs, qu’ils soient mobiliers ou immobiliers.
    « La valeur actionnariale a été un des principes de ce mode d’accumulation financiarisé, où la richesse semblait ne devoir provenir principalement non des revenus du travail mais des rendements des patrimoines accumulés. Mais ceci n’a pas été le seul principe fondateur de ce régime d’accumulation.
    « Pour aboutir à ce résultat, il ne fallait pas seulement la mise e place d’une fiscalité de moins en moins redistributrice comme on l’a vu aux Etats-Unis à partir de 1980 puis progressivement en Europe. Il fallait encore pouvoir créer une véritable déflation salariale. L’ouverture progressive et la mise en place d’un cadre généralisé de libre-échange a été l’instrument principal de cette déflation salariale. Si le mouvement des délocalisations a été relativement faible au total, l’impact de la menace de ces dernières a été décisive pour non seulement comprimer la hausse réelle des salaires mais aussi conduire à des baisses des prestations sociales. La pression exercée par la combinaison de faibles salaires et d’une absence de protection sociale et écologique dans des pays où les transferts de capitaux ont permis des gains de productivité très rapide a fait éclater le compromis social issu de 1945, voire des années 1930. »
    Je n’ai donc attendu ni Husson ni Khalfa pour indiquer que cette crise vient de loin et trouve ses racines dans le tournant des années 1980. Seulement, là où ils soutiennent implicitement une thèse à la fois idéaliste (l’intention induit directement le changement du réel sans médiation) et semi-autarcique (ce qui se passe dans une économie nationale n’est pas mis en relation avec ses modes d’interaction avec les autres économies) je m’efforce quant à moi d’avoir un point de vue matérialiste.
    Peu m’importent les intentions. Ce qui importe, c’est à travers quelles médiations elles s’attaquent au monde réel pour le transformer. Dans le cas présent, ce sont bien les politiques d’ouverture commerciale, combinées à la libéralisation financière et dans le cas de la France à la politique de change, qui ont permis la mise en place du mode d’accumulation qui a conduit à cette crise à travers un changement majeur dans la relation travail – capital. Mais, comme je le rappelle dans la première section de ce texte, un tournant peut en cacher un autre. Identifier celui de 1980 ne doit pas conduire à nier celui de 1998. C’est là où la question de l’économie politique internationale, qui est le point aveugle du raisonnement de Husson, par ailleurs fort riche dans son approche statistique, prend tout son sens.
    Enlevez l’ouverture internationale et les politiques visant à transformer le rapport travail-capital perdent leur cohérence et leur efficacité. Ceux qui, en 1981-1982, se sont battus contre Delors et sa contre-révolution benoîtement empaquetée d’hypocrisie sociale-chrétienne ne s’y étaient pas trompés.
    Retour à l’économie politique internationale de la crise actuelle
    Il faut ici revenir sur l’économie politique internationale de la crise et les évolutions des dix dernières années. Je vais citer un tableau, que j’ai beaucoup utilisé dans mes derniers textes, mais que Khalfa « oublie » systématiquement d’analyser.
    Tableau 3 :
    Évolution de l’indice de similitude d’exportation avec l’OCDE
    [table cellspacing="1"][tr]1972 1983 1994 2005 [/tr][tr][td]Taiwan [/td][td]0,14 [/td][td]0,17 [/td][td]0,22 [/td][td]0,22 [/td][/tr][tr][td]Hong Kong [/td][td]0,11 [/td][td]0,13 [/td][td]0,17 [/td][td]0,15 [/td][/tr][tr][td]Corée [/td][td]0,11 [/td][td]0,18 [/td][td]0,25 [/td][td]0,33 [/td][/tr][tr][td]Singapour [/td][td]0,06 [/td][td]0,13 [/td][td]0,16 [/td][td]0,15 [/td][/tr][tr][td]Chine [/td][td]0,05 [/td][td]0,08 [/td][td]0,15 [/td][td]0,21 [/td][/tr][tr][td]Inde [/td][td]0,05 [/td][td]0,07 [/td][td]0,09 [/td][td]0,16 [/td][/tr][tr][td]Mexique [/td][td]0,18 [/td][td]0,20 [/td][td]0,28 [/td][td]0,33 [/td][/tr][tr][td]Brésil [/td][td]0,15 [/td][td]0,16 [/td][td]0,19 [/td][td]0,20 [/td][/tr][tr][td]Argentine [/td][td]0,11 [/td][td]0,09 [/td][td]0,09 [/td][td]0,13 [/td][/tr][/table]
    Source : P.K. Schott, “The relative sophistication of Chinese exports”, Economic Policy, n°55, Janvier 2008, pp. 7-40, p. 26.
    Ce tableau montre la rapidité de la remontée de filière technique que l’on connaît en Chine, et qui n’a d’équivalent que celle, mais depuis une base plus élevée, de la Corée du Sud.
    La responsabilité de la Chine et de ses voisins, mais aussi des PECO pour l’impact sur l’Europe occidentale dans la déflation salariale, est absolument indiscutable.
    Le constater n’est pas démoniser les Chinois. J’ai écrit qu’ils n’avaient probablement pas eu d’autre choix et je vais citer un autre de mes textes qui a été posté sur le site de mon collègue André Gunthert de l’EHESS [17] :
    « La crise de 1997-1999 marqua un changement de régime dans l’ordre financier international [18]. C’est en effet cette crise de 1997-1999, on doit s’en souvenir, qui a conduit de nombreux pays à se doter de réserves en devises excessives pour se prémunir contre cette instabilité. Cette politique a un coût interne non négligeable, qui pourrait être évité si l’on avait un système financier international moins dysfonctionnel [19].
    La croissance des pays qui ont eu recours à cette stratégie aurait pu être mieux équilibrée, tant sur le plan social qu’écologique. »
    Avec un autre système monétaire international et en particulier des convertibilités monétaires limitées au compte courant, il est clair que la Chine aurait eu d’autres options que la politique prédatrice qu’elle a menée. De même, si l’on avait eu le courage politique de dire aux PECO que leur entrée dans l’UE était prématurée et si l’on avait mis en place un réel programme d’assistance et non cette triste farce que furent les programmes PHARE et TACIS [20], les choix de ces pays auraient pu être différents. internes et celles de l’EPI, au contraire du raisonnement autarcique de Khalfa qui veut tout ramener aux déterminants internes, que je puis constater à la fois la responsabilité des politiques prédatrices de certains pays dans la déflation salariale tout en expliquant pourquoi elles se sont mises en place et pourquoi elles ne sont pas des choix robustes à long terme. De même, il devient possible d’analyser les choix de notre bourgeoisie qui a délibérément joué de l’ouverture du commerce et de la finance ainsi que de l’accrochage du Franc au Mark pour modifier le rapport salarial travail.
    La question des parités monétaires est d’ailleurs étroitement liée à celle du régime de commerce international.
    Entre 1982 et 2000, la déflation salariale découle de la combinaison de l’ouverture commerciale et de la politique dite de « Franc Fort ». La hausse brutale du chômage que cette combinaison a induit permet de modifier de manière très significative le rapport entre le travail et le capital, au profit de ce dernier. Depuis 2000, la question du libre-échange devient prioritaire, même si la surévaluation de l’Euro, que ce soit face audollar ou au yuan et monnaies associées, accroît le problème à partir de 2005/2006.
    Le débat qui vient va donc porter simultanément sur la question des régimes de change et sur celle des niveaux de protectionnisme à adopter. De fait, les deux sont étroitement liées. Une dévaluation est l’équivalent d’un montant protecteur pour les agents opérant sur le marché intérieur qui serait par ailleurs transféré aux exportateurs. C’est un mécanisme simple, rapide à mettre en œuvre, mais qui est peu discriminant entre activités et qui peut poser un problème si le pays et ses agents sont endettés dans une devise étrangère. Les droits de douane peuvent, eux, être modulés suivant les activités pour mettre en place une politique industrielle. Les sommes sont transférées à l’État qui peut, alors, les ré-allouer suivant sa politique. C’est moins simple, mais plus précis et cela évite de créer un problème avec la dette extérieure, quand elle existe.
    Cette expérience historique montre qu’il faut en général, pour tendre vers le plein emploi, combiner les deux. Keynes était ainsi en faveur d’une flexibilité contrôlée des taux de change et de mesures protectionnistes [21]. Dans la mesure où la crise actuelle ne pourra pas se dénouer sans un retour vers une certaine inflation, et dans la mesure où les structures économiques des pays européens sont assez différentes en particulier dans le lien entre croissance et inflation, la question de la flexibilité monétaire sera à nouveau posée.
    Il reste une question qui, tout en relevant de l’économiepolitique internationale nous ramène directement au débat sur le protectionnisme, c’est celle d’une évaluation réaliste des modes d’action de la déflation salariale importée. Si l’on veut évaluer de manière honnête ce que l’on appelle les délocalisations, il faut tenir compte de 3 effets distincts, mais se renforcent.
    • Les délocalisations directes. Il s’agit ici d’emplois déjà existants dans un pays et transférés dans un autre pays (par fermeture de l’usine dans le pays d’origine). On considère de manière générale que ces délocalisations ont affecté environ entre 1% et 1,5% des emplois industriels en France soit à peu près 0,4% à 0,6% de la population active. C’est, sous cette forme directe, fort peu. C’est ce qui justifie l’argumentation des défenseurs du libre-échange qui prétendent que les délocalisations ne posent pas de véritable problème.[/list:u]
      • Les délocalisations indirectes. Il s’agit cette fois de la création délibérée d’emplois à l’étranger pour servir non pas le marché local mais pour la réexportation vers le pays d’origine. Ce mouvement est quant à lui complètement ignoré dans les débats sur les délocalisations. Il correspond à la décision d’une grande entreprise qui conçoit un nouveau produit et en réalise l’industrialisation d’emblée dans un pays à faibles coûts salariaux et ce à but de réexport. Cette pratique, on le sait, est devenue systématique dans l’industrie automobile mais aussi la mécanique depuis une dizaine d’année. Il y a là un « manque à employer » plus qu’une destruction directe d’emploi. Les délocalisations indirectes constituent donc l’équivalent du « coût d’opportunité » par rapport aux délocalisations directes qui seraient le coût immédiatement constaté. On peut chiffrer dans le cas de la France et suivant les hypothèses de productivité l’impact de ces délocalisations indirectes entre 1 % et 1,6 % de la population active.[/list:u]
        • L’effet dépressif sur le marché intérieur. La menace des délocalisations et le chantage auquel se livrent les entreprises ont conduit à maintenir les salaires dans l’industrie à un niveau très faible et à exercer une pression croissante sur les salariés. Ces deux effets contribuent à déprimer le marché intérieur et sont la forme induite de la déflation salariale. La faiblesse des revenus tend à déprimer la consommation et donc la demande intérieure. Dans le même temps, la pression exercée sur les salariés, pour que les gains de productivité compensent les bas salaires, est une des causes principales du stress au travail et des maladies qui en sont induites. Faute d’une enquête épidémiologique systématique en France, le coût de ces maladies n’a pas été globalement estimé. Pour des pays comme la Suisse ou la Suède, où des enquêtes systématiques ont été réalisées, on arrive à 3 % du PIB. En France, ceci signifierait près de 60 milliards d’euros, qu’il faut comparer aux 15 milliards du déficit de la sécurité sociale [22]. Il est clair que si les gains salariaux avaient pu suivre ceux de la productivité, et si l’on avait pu économiser ne serait-ce que 1 % du PIB en cotisations tant salariées que patronales, on aurait eu un impact très fort de ce surcroît de pouvoir d’achat sur la croissance et donc sur l’emploi.[/list:u]
          Si l’on additionne les trois effets, on obtient un impact important sur l’emploi, en partie concentré sur l’emploi industriel directement concerné par les deux premiers effets. Mais, il faut savoir que pour toute quantité d’emplois industriels perdus, nous avons des pertes induites dans les services. L’effet multiplicateur des pertes d’emplois provoquées par les délocalisations directes et indirectes vient alors s’ajouter aux destructions d’emplois induites par le troisième effet.
          Personne n’a jusqu’à maintenant cherché honnêtement à calculer l’impact de ces trois effets. Les discussions, pour l’instant, se sont concentrées sur le premier. Une approche prudente laisse à penser que l’on pourrait bien être à un chiffre de l’ordre de 4 % de la population active totale, soit 50 % du taux de chômage de 2007.
          Cependant, pour prendre en compte l’ensemble des dynamiques issues de ces trois effets et en particulier la possibilité de ré-allouer une partie de l’argent public qui sert à amortir le chômage et ses conséquences vers des usages plus créateurs comme la formation professionnelle ou les investissements matériels, cette approche prudente sous-estime à coup sur l’impact réel du libre-échange sur l’emploi.
          Pour ne pas conclure…
          Ceci me conduit à ce qui aurait dû être la conclusion naturelle du débat, s’il avait été mené de bonne foi. Il me semblait clair que mon article dans le Monde Diplomatique ne contenait par définition qu’une partie de mon argumentation, ne serait-ce que parce que le format de ce mensuel ne permet pas d’aller jusqu’au fond de raisonnements qui nécessitent la mobilisation d’arguments techniques. Ayant beaucoup publié sur ce thème [23], je pensais que mes critiques auraient l’honnêteté et la rigueur intellectuelle d’aller chercher mon argumentation dans toute sa cohérence.
          Je me suis à l’évidence trompé, du moins pour certains d’entre eux. C’est dommage, car ceci ne fait que retarder le débat et les ajustements d’une gauche dont ce ne serait pas la première fois qu’elle commettrait sur ce terrain une erreur stratégique [24].
          Le problème en réalité n’est pas le protectionnisme, dont le retour est inévitable. Mais, le protectionnisme n’étant qu’une condition nécessaire et non suffisante à une modification du rapport entre travail et capital et à la mise en place de politiques de plein emploi, il convient de définir ce que devraient être les politiques industrielles, financières mais aussi fiscales venant accompagner le protectionnisme. Si une critique devait m’être faite, c’est bien sur ce point. Il y a à l’évidence ici un énorme chantier sur lequel je me suis trop peu exprimé.
          Frédéric Lordon a fait considérablement avancer le débat pour ce que devrait être une réforme de la finance. Mais, pour éviter que les entreprises, financières et non-financières, se délocalisent pour échapper aux contraintes qu’il veut introduire, il faudra bien envisager des mesures de protection rendant trop coûteux à ces entreprises de vouloir opérer sur le marché intérieur depuis l’extérieur.
          La question de la politique industrielle (et de ce fait des taux de protection à adopter suivant les activités) doit aussi être posée. Elle ne saurait être pensée en dehors d’une démarche de développement durable car dans le choix des techniques à soutenir dans les différentes branches de l’activité économique, la question de l’empreinte environnementale sera déterminante.
          La question de la monnaie, du maintien dans la zone euro ou d’une sortie de cette dernière, doit aussi être abordée. J’ai un peu plus avancé sur cette question, ayant été un des rares à avoir pronostiqué une crise de la zone euro dès 2006 [25].
          Enfin, la question des nouvelles règles sociales à inventer, et de la nécess
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Message non lu par El Fredo » 20 déc. 2010, 14:37:00

Ça a l'air intéressant, je te promets de le lire quand j'aurais 2 ou 3 heures de libre icon_mrgreen
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Message non lu par GIBET » 20 déc. 2010, 14:55:00

Oui tu as raison mais c'est un vrai débat d'idée argumenté entre des économistes Jacques SAPIR qui défend une forme de protectionnisme consistant principalement à sortir de l'Euro, à créer une monnaie flottante et à instaurer des taux de change prenant en considération les différentiels sociaux des concurrents qui déstabilisent l'économie avec des prix faussés et qui par ce fait renforçent l'écart entre les masses salariales et la rémunération du capital
Pierre Khalfa et Michel Husson lui apportent la contradiction. Certes il y a de la polémique mais on ne peut pas éviter cela entre expert. J'aurai pu faire une synthèse mais on m'aurait accusé de subjectivité.
La lecture prend une 1/2 heure pour quelqu'un comme toi El Fredo déjà familiarisé avec les théoriee économiques et  tu peux sauter les parties polémiques entre eux pour savoir si l'inflation systémique à été importée ou si elle est née en interne et à quelle époque 1970-1980 ou fin des années 90. Cela ne présente qu'un intérêt doctrinal.
Bonne lecture quand même
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Message non lu par Golgoth » 20 déc. 2010, 14:59:00

En fait je en comprends pas pourquoi tu es gêné par l'apparition de la polémique dans un argumentaire. Il n'y a pas plus polémique que l'économie, qui reste une science humaine malgré les efforts pour la mathématiser à outrance.
Je vais essayer de lire ce mini roman car ça a l'air intéressant.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 20 déc. 2010, 15:01:00

Je le lirai aussi mais demain ou ce soir.

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Message non lu par Golgoth » 20 déc. 2010, 15:23:00

Après une lecture rapide, une chose est sure, tout le monde est d'accord sur le fait que depuis 1980 les rentiers prospèrent sur le dos des actifs.

Je suis assez d'accord sur ce passage :
En liant les dirigeants d’entreprise aux intérêts des actionnaires par une série de mécanismes financiers (stock-options, salaire indexé sur le cours de l’action, bonus divers), la logique actionnariale les pousse à augmenter sans cesse le niveau des profits. C’est ce mécanisme qui a nourri la financiarisation de l’économie.
Le débat est vif mais pertinent en tout cas :P
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

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Message non lu par GIBET » 20 déc. 2010, 15:51:00

johanono a écrit : Je me permets d'ouvrir un nouveau fil afin de continuer notre débat sur la mondialisation. 

Alors de quoi s'agit-il exactement ? Commençons par définir les mots. 

La mondialisation est traditionnellement présentée par ses zélateurs comme la conséquence directe du progrès technique. Ainsi, puisque l’on n’arrête pas le progrès, on ne pourrait pas empêcher la mondialisation. À défaut d’enrayer ce processus, il faudrait donc s’y adapter. En réalité, invoquer la fatalité masque une résignation face aux dérives actuelles (« que voulez-vous, on ne peut rien y faire, c’est la mondialisation ») et évite de se poser les bonnes questions.
REPONSE GIBET: Si on veut rester à la véritable définition de la mondialisation ce terme qui est la traduction du mot américain "Globalization" ne concerne que la politique de financiarisation et de spéculation bancaire qui a provoqué une déstabilisation des économies mondiales en provoquant des dettes publiques énormes pour soutenir les monnaies. Ce système purement financier a été examiné sous l'angle de ses impacts économiques sur les pays en voie de développement et les Pays très pauvres qui ont été les premières victimes de ce processus spéculatif ... mais pas le seul et l'UE en est aujourd'hui la preuve.
Ce n'est que par extension que le mot "mondialisation est aujourd'hui utilisé par l'opinion publique pour désigner tout ce qui échappe à la souveraineté des états . Mais ce n'était pas le sens premier


johanono a écrit :Car la mondialisation ne résulte en rien du progrès technique. Même si les transports sont devenus plus aisés, même si Internet et les satellites ont révolutionné les communications, une marchandise produite à l’autre bout du monde doit quand même pénétrer physiquement en France pour y être vendue. Quand un avion atterrit à Roissy, quand un camion franchit la frontière, quand un navire accoste au Havre, on peut facilement savoir d’où il vient et ce qu’il transporte. Ce n’est pas le progrès technique qui empêche nos douanes de contrôler les marchandises importées en France, voire de les saisir, mais un manque de volonté politique.

REPONSE GIBET: On ne peut pas dire que c'est un manque de volonté politique, ce sont surtout des accords multilatéraux commerciaux. D'ailleurs Edith Cresson s'était affrontée au protectionnisme français en s'opposant à l'entrée de quelques centaines de magnétoscopes chinois pour réagir contre l'invasion de textile a prix cassé. La réaction a été telle que le recul a téé immédiat car par réciprocité la menace de bloquer l'entrée en chine de tout ce qui était en provenance de France aurait eu des conséquences catastrophiques;
De m^me l'attitude des marchés américains suite à l'Irak et au refus français de coopérer à vite été une mesure vite critiquée par le gouvernement américain , car m^me,;eux ne peuvent se couper des marchés de l'Europe; Dire cela ce n'est pas défendre la position mais c'est mettre en évidence les vrais leviers qui sont en jeu

johanono a écrit :Donc contrairement à ce que beaucoup de gens croient, feignent de croire ou font croire, la mondialisation n’est pas une fatalité, mais un choix politique : le choix du libre-échangisme. Elle résulte uniquement des politiques menées depuis maintenant plusieurs décennies par les différents gouvernements nationaux, et consistant en une suppression progressive des barrières douanières et du contrôle des changes. Ces politiques de libéralisation des échanges ont été initiées au sortir de la seconde guerre mondiale, puis sans cesse approfondies, d’abord dans le cadre du GATT, puis de l’OMC.
REPONSE GIBET: la mondialisation que l'on dit "irréversible" est celle de la financiarisation du marché et la spéculation car elle échappe aux États et joue à partir de Bourse sur lesquelles on n'a aucun poids. Il est clair que si nous revenions au franc il faudrait le faire flotter comme le Yuang car sinon il fera immédiatement l'objet d'une spéculation baissière (comme Georges Soro l'a fait sur la livre en 1992) qui obligera la banque de France à jouer sur la planche à billet pour soutenir la franc. Cet type d'opa on n'y peut rien sauf si notre monnaie est autonome par rapport à toutes les autres. Le Yuang chinois le peu compte tenu de son poids économique mondial . Nous ne le pouvons pas ! C'est déjà une première chose.
Je suppose que si tu suis l'économie tu sais que Sarkozy a vendu des tonnes d'or français? Donc aujourd'hui nous ne pourrions même plus asseoir nitre monnaie sur l'or!!
Vous le savez çà???
En revanche je suis d'accord que nous pouvons remettre en cause le libre échange mais il faut supprimer le traité de Rome qui a fondé toute l'Europe sur le principe du Libre échange. Il défaut donc revenir sur 60 années de construction européenne en accord avec les autres , car le faire tout seul ne sert à rien. Mais je te suis car j'ai toujours été contre cette politique libérale ...comment faisons nous concrètement pour ne pas nous isoler. Suivons nous Jacques SAPIR...car le FN ne répond rien à tout cela!!
J'en déduis si tu n'a pas la réponse technique qu'il ne reste plus qu'à gérer la situation existante en attendant de la changer et c'est là et uniquement là que je dis que DSK est actuellemnt le mieux à même de savoir jouer des leviers, bien qu'étant de gauche. Voila le propos sur lequel on m'a fait un procès d'intention.

johanono a écrit :Plusieurs raisons ont pu motiver ce choix : la croyance naïve, dans un contexte d’opposition au communisme, que le libre-échangisme apporterait progrès et prospérité, ou encore la peur d’aller à l’encontre des Américains, à qui l’Europe devait la victoire de 1945, puis le plan Marshall, etc. 

Ainsi, toutes les entreprises de tous les pays du monde peuvent désormais écouler leur production partout dans le monde, du fait même de la suppression des barrières douanières. Par exemple, une entreprise basée en France peut exporter sa production partout dans le monde, mais elle doit aussi faire face à la concurrence d’entreprises étrangères. Les échanges économiques ignorent désormais les frontières administratives. C’est cela, la mondialisation : rétablissons les barrières douanières, et la mondialisation ne sera plus.

De fait, toutes les entreprises du monde se retrouvent en concurrence entre elles. Dans ce contexte, afin de demeurer compétitives, elles sont conduites à s’installer dans les pays qui leur offrent les coûts de production les plus faibles, c’est-à-dire ceux qui proposent la main-d’œuvre la moins chère et la législation sociale la moins contraignante. La suppression des barrières douanières leur laisse une entière liberté de choix, puisque quel que soit leur implantation, elles pourront écouler leur production partout dans le monde.
REPONSE GIBET: D'accord avec ton analyse sur le libéralisme du libre échange. Mais libre échange (un marché en libre échange c'est un marché sur lequel le principe des libres "offres et demandes" s'imposent sans exercice de monopole financés par l'état ou sous forme de trusts d'entreprises) ne veut pas dire sans barrière douanière. Il n'y a pas de barrière douanière qu'entre les Etats de l'UE évidemment . Partout ailleurs les droits de douane existent
johanono a écrit :Et tous les pays du monde se retrouvent en concurrence pour attirer les investisseurs. Tout État qui prétendrait revaloriser les salaires, augmenter les impôts pour financer une dépense sociale utile ou un service public, ou rendre la législation du travail plus contraignante afin de protéger les travailleurs, ou encore encadrer les rémunérations des grands patrons, deviendrait moins compétitif, ce qui risquerait de faire fuir les investisseurs en place ou de dissuader les investisseurs potentiels. Non seulement la concurrence internationale conduit à renoncer à des acquis sociaux supplémentaires, mais elle conduit même à l’abandon progressif des acquis sociaux existants, à travers le démantèlement progressif de nos services publics et de notre protection sociale. C'est assez flagrant en Allemagne. De même, et fatalement, les politiques de baisses d’impôts continuellement menées implique des restrictions budgétaires, qui se font au détriment de nos services publics et de notre protection sociale. 

Cette politique de dumping fiscal et social s’impose à tous les États, quelle que soit la tendance politique de leurs gouvernements. Les réformes menées chez nos voisins sont souvent prises en exemple par les libéraux français. C’est que le but est toujours le même : sous couvert d’une nécessaire modernisation, ces réformes visent toutes à réduire massivement les dépenses publiques, afin de mieux faire face à la mondialisation. C'est assez flagrant en Allemagne. La France elle-même n’échappe pas à cette tendance. 

La tendance à la remise en cause des acquis sociaux existants se retrouve au niveau de chaque entreprise. Classiquement, on l’a vu, ce sont les salariés qui revendiquent des acquis sociaux supplémentaires, et les patrons qui sont dans leur rôle en rejetant ces revendications, l’argument le plus souvent invoqué à l’appui de ce refus tenant désormais le plus souvent à la contrainte que constitue la mondialisation. Désormais, fait nouveau, en France comme en Allemagne, dans des petites entreprises comme dans de grandes firmes de notoriété publique, ce sont les patrons eux-mêmes qui présentent leurs revendications à leurs salariés. Il faudra désormais travailler plus d’heures par semaine, renoncer à des jours de congés, le tout sans gagner plus, voire pour gagner moins. L’argument avancé est toujours le même : la concurrence internationale. Les syndicats grognent, mais face au chantage à la délocalisation, se voient contraints d’accepter.
 
REPONSE GIBET: 100% d'accord avec cette analyse et c'est tout a fait ce que les socialistes dénoncent dans leur analyse économique depuis très longtemps; C'est ce mécanisme qui tue la masse salariale et qui créé pauvreté et misère: cela porte un nom le libéralisme et la forme c'est le capitalisme

johanono a écrit :Hélas, sauf à abroger notre droit du travail, à abandonner notre système de protection sociale et à diviser le SMIC par dix, la France sera toujours moins compétitive que les pays à bas coût de main-d’œuvre. Tout simplement parce que les niveaux de vie, ainsi que les normes sociales et environnementales ne sont pas les mêmes. C’est ainsi que la France assiste impuissante, depuis tant d’années, à des délocalisations massives. Ce sont donc ces satanés travailleurs français, des nantis et des privilégiés à côté de leurs homologues chinois, qui conduiraient donc notre pays à la ruine... 

Les différents ministres confrontés à des fermetures d’usines ont beau jeu de fustiger ces délocalisations, de dénoncer les patrons voyous et de promettre une reconversion du site, mais leurs promesses démagogiques et leurs propos indignés, la main sur le cœur, n’y changeront rien. Que peuvent-ils face à une entreprise qui n'a plus aucune contrainte pour choisir ses sites de production ? 


Alors il est de bon ton, également, de minorer l’impact des délocalisations. D'après des estimations, l'industrie française a perdu 2 millions d'emplois en 30 ans (source). Et l'on ne parle ici que de l'industrie... La mondialisation fait aussi des ravages sur notre agriculture et même dans le secteur des services.  


Par ailleurs, on nous rétorquera que cela n’a aucun sens d’ajouter les emplois "non localisés" aux emplois "supprimés" pour mesurer les effets des délocalisations. Mais pourtant, il est bien évident que les délocalisations "pures" (c’est-à-dire une usine fermée en France pour être implantée aussitôt dans un autre pays à bas coût de production) représentent une petite partie des pertes d’emplois liées aux délocalisations. Quand on s'intéresse à l'impact des délocalisations sur l’emploi en France, il faut donc s’intéresser aussi aux délocalisations masquées et aux non localisations d’emplois. 

C’est logique. Les entreprises désireuses de délocaliser savent en effet qu'une fermeture brutale d'usine émeut l'opinion et suscite la médiatisation. Pour éviter des conflits sociaux trop durs, elles agissent plus subtilement. Elles pratiquent des délocalisations masquées, voire des non-localisations d’emplois. La délocalisation masquée peut revêtir les modalités suivantes :
- Dans un premier temps, le site de production en cause est filialisé, c'est-à-dire transformé en entité juridique distincte. Le capital de cette filiale est ensuite cédé à un tiers, qui joue alors un rôle de sous-traitance, pendant deux ou trois ans. Ensuite, les commandes au profit de l'ancien site de production ne sont pas renouvelées, mais confiées à des sous-traitants étrangers. Le site périclite ainsi peu à peu, mais comme le lien juridique avec l'ancienne maison mère a disparu, cela n'émeut guère.
- Autre variante de délocalisation masquée : l'externalisation de certaines fonctions, c'est-à-dire le transfert vers une société extérieure de certaines missions jusque là accomplies par des salariés de l'entreprise. Tel est le cas, par exemple, d'une société agro-alimentaire disposant de services commerciaux et comptables pour chacun de ses sites en France et en Europe. Puis la structure juridique nouvellement constituée décide de regrouper toutes ses activités à l'étranger. Ce faisant, il n'y a pas de fermeture d'établissement, mais seulement quelques suppressions d'emplois par établissement. Comme il n'y a pas de fermeture d'établissements, cela n'émeut pas l'opinion.
- Un procédé encore plus discret : la non-localisation, c'est-à-dire le lancement de nouvelles unités de productions à l'étranger. Les nouveaux produits prennent peu à peu la place des anciens qui étaient produits en France. L'activité du site nouvellement ouvert à l'étranger croît progressivement, tandis que l'activité du vieux site français décline progressivement. C'est ce qui se passe dans l'automobile, où de plus en plus de modèles (y compris ceux vendus en France) sont fabriqués dans des usines étrangères au lieu d'être confiées aux sites français comme Flins, Sochaux ou Sandouville, qui voient ainsi leur production décroître peu à peu.
REPONSE GIBET: Tout a fait d'accord c'est l'analyse que je vous ai mise


johanono a écrit :GIBET, l'étude que tu cites tombe dans un travers assez commun : elle raisonne en termes de balance commerciale et de flux financiers, et pas en termes d'emplois. Or la mondialisation détruit beaucoup d'emplois dans des secteurs à faible valeur ajoutée et crée quelques emplois dans des secteurs à plus forte valeur ajoutée. Forcément, si l'on raisonne en termes de balances commerciale ou de flux financiers, cela conduit à une vision tronquée de la réalité.
REPONSE GIBET: C'est tout à fat inexact reprende le temps de la relire c'est important . Justement l'analyse de Jacques SAPIC prende la totalité des paramètres dont en particulier les délocalisation et la perte d'emplois:
Jacques Sapir a écrit :Il reste une question qui, tout en relevant de l’économiepolitique internationale nous ramène directement au débat sur le protectionnisme, c’est celle d’une évaluation réaliste des modes d’action de la déflation salariale importée. Si l’on veut évaluer de manière honnête ce que l’on appelle les délocalisations, il faut tenir compte de 3 effets distincts, mais se renforcent.

* Les délocalisations directes. Il s’agit ici d’emplois déjà existants dans un pays et transférés dans un autre pays (par fermeture de l’usine dans le pays d’origine). On considère de manière générale que ces délocalisations ont affecté environ entre 1% et 1,5% des emplois industriels en France soit à peu près 0,4% à 0,6% de la population active. C’est, sous cette forme directe, fort peu. C’est ce qui justifie l’argumentation des défenseurs du libre-échange qui prétendent que les délocalisations ne posent pas de véritable problème.

* Les délocalisations indirectes. Il s’agit cette fois de la création délibérée d’emplois à l’étranger pour servir non pas le marché local mais pour la réexportation vers le pays d’origine. Ce mouvement est quant à lui complètement ignoré dans les débats sur les délocalisations. Il correspond à la décision d’une grande entreprise qui conçoit un nouveau produit et en réalise l’industrialisation d’emblée dans un pays à faibles coûts salariaux et ce à but de réexport. Cette pratique, on le sait, est devenue systématique dans l’industrie automobile mais aussi la mécanique depuis une dizaine d’année. Il y a là un « manque à employer » plus qu’une destruction directe d’emploi. Les délocalisations indirectes constituent donc l’équivalent du « coût d’opportunité » par rapport aux délocalisations directes qui seraient le coût immédiatement constaté. On peut chiffrer dans le cas de la France et suivant les hypothèses de productivité l’impact de ces délocalisations indirectes entre 1 % et 1,6 % de la population active.

* L’effet dépressif sur le marché intérieur. La menace des délocalisations et le chantage auquel se livrent les entreprises ont conduit à maintenir les salaires dans l’industrie à un niveau très faible et à exercer une pression croissante sur les salariés. Ces deux effets contribuent à déprimer le marché intérieur et sont la forme induite de la déflation salariale. La faiblesse des revenus tend à déprimer la consommation et donc la demande intérieure. Dans le même temps, la pression exercée sur les salariés, pour que les gains de productivité compensent les bas salaires, est une des causes principales du stress au travail et des maladies qui en sont induites. Faute d’une enquête épidémiologique systématique en France, le coût de ces maladies n’a pas été globalement estimé. Pour des pays comme la Suisse ou la Suède, où des enquêtes systématiques ont été réalisées, on arrive à 3 % du PIB. En France, ceci signifierait près de 60 milliards d’euros, qu’il faut comparer aux 15 milliards du déficit de la sécurité sociale [22]. Il est clair que si les gains salariaux avaient pu suivre ceux de la productivité, et si l’on avait pu économiser ne serait-ce que 1 % du PIB en cotisations tant salariées que patronales, on aurait eu un impact très fort de ce surcroît de pouvoir d’achat sur la croissance et donc sur l’emploi.


Si l’on additionne les trois effets, on obtient un impact important sur l’emploi, en partie concentré sur l’emploi industriel directement concerné par les deux premiers effets. Mais, il faut savoir que pour toute quantité d’emplois industriels perdus, nous avons des pertes induites dans les services. L’effet multiplicateur des pertes d’emplois provoquées par les délocalisations directes et indirectes vient alors s’ajouter aux destructions d’emplois induites par le troisième effet.
Personne n’a jusqu’à maintenant cherché honnêtement à calculer l’impact de ces trois effets. Les discussions, pour l’instant, se sont concentrées sur le premier. Une approche prudente laisse à penser que l’on pourrait bien être à un chiffre de l’ordre de 4 % de la population active totale, soit 50 % du taux de chômage de 2007.
johanono a écrit :Toutes ces pertes seraient supportables si d’autres secteurs de l’économie française, malgré la mondialisation ou grâce à elle, avaient pris le relais des activités en déclin. Il ne s’agirait alors que d’une simple mutation économique comme notre histoire en a déjà connu de multiples, des activités économiques disparaissant, remplacées par d’autres. Mais le pire, c’est que le mouvement ne semble pas prêt de s’arrêter, car toutes nos activités économiques, y compris celles prétendument à haute valeur ajoutée, se trouvent menacées par les délocalisations. 

L’économie bretonne, par exemple, repose essentiellement sur l’agro-alimentaire et sur l’usine PSA, implantée à Rennes. Que lui restera-t-il une fois que ces deux activités auront été entièrement délocalisées à l’étranger ? 

On pourrait aussi ajouter que c'est la libéralisation de la circulation des capitaux qui a conduit à la mise en place d'un capitalisme financier incontrôlable dans lequel les marchés financiers ont pris une importance démesurée. 

En résumé, dans l'espoir de vendre quelques Airbus et quelques bouteilles de Bordeaux ou de Champagne, nous avons sacrifié des millions d'emplois principalement dans l'industrie et l'agriculture, nous avons accepté le démantèlement progressif de notre système social, ainsi qu'une recrudescence des emplois précaires, et nous avons également accepté la mise en place d'un capitalisme financier incontrôlable. 

Cette tendance lourde dépasse largement le débat entre la gauche et la droite : tous les gouvernements successifs, depuis trente ans, ne font qu'accompagner cette dérive. C'est logique, le PS comme l'UMP/UDF/RPR/MODEM ont voté tous les accords libre-échangistes qui ont conduit à la situation actuelle... Donc malgré leurs désaccords théoriques, la gauche comme la droite mènent la même politique économique, et cette politique mondialiste, pour les raisons que je viens d'exposer, est fondamentalement incompatible avec la défense d'un quelconque modèle social.
REPONSE GIBET: Mais je partage totalement ce que tu dis mais tu oublies d'ajouter ton volet des propositions. Que sont-elles? Car c'est là qu'il faut innover et j'attends de pouvoir analyser les tiennes
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Message non lu par GIBET » 20 déc. 2010, 15:58:00

Golgoth a écrit : En fait je en comprends pas pourquoi tu es gêné par l'apparition de la polémique dans un argumentaire. Il n'y a pas plus polémique que l'économie, qui reste une science humaine malgré les efforts pour la mathématiser à outrance.
Je vais essayer de lire ce mini roman car ça a l'air intéressant.
Écoutes je pense que notre différent n'apporte rien au débat de ce forum
1 - je te respecte et je te fais observer que si vous ne m'aviez pas accusé d'être de droite je n'aurai pas eu besoin de me défendre. Ce qui en découle amaintenat tient au rridicule bde situation
2 - je suis d'accord pour une polémique (ce que moi j'appelle une dialectique) dès lors qu'elle est argumentée comme vient de le faire Johanonio. ON peut avori des avis divergents sans se crêper le chignon ni s'accuser mutuellement de tous les satans du monde
3 - en vue de remettre les pendules à l'heure et de repartir ensemble sur des bases correctes réciproquement , je retire pour ma part toutes les inutilités que j'ai pu t'adresser et te prie de m'en excuser car tout cela ne sert à rien
4 - sur ces bases je suis d'accord pour les échanges constructifs sur des faits et des sources, les petites phrases assassines n'apportant rien à personne
Voila, maintenant tu fais ce que tu veux de ma main tendue , tu ne serais ni le premier, ni le dernier à l'ignorer
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Message non lu par Ilikeyourstyle » 20 déc. 2010, 16:10:00

El Fredo a écrit :Ça a l'air intéressant, je te promets de le lire quand j'aurais 2 ou 3 heures de libre icon_mrgreen
Moi quand je serai retraité, j'aurai le temps de lire ce genre de machins. 

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 20 déc. 2010, 16:14:00

Je suppose que si tu suis l'économie tu sais que Sarkozy a vendu des tonnes d'or français? Donc aujourd'hui nous ne pourrions même plus asseoir nitre monnaie sur l'or!!Vous le savez çà???


Non,je ne le savais pas et ça me fout les boules ,non content de brader notre patrimoine il a vendu notre or c'est un **propos hors sujet** Tout ça pour des arnaut et bettencourt on aura sa peau à ce **propos hors sujet** !
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Message non lu par Golgoth » 20 déc. 2010, 16:15:00

@Gibet :

Je parlais de la polémique dans ton article Gibet, pas de la notre :P

Tu n'as pas à t'excuser, tu n'as rien fait de terrible, mais si tu le fais alors je veux bien le faire aussi pour avoir dit que tu étais de droite, visiblement cela te blesse et je le regrette, ce n'étais pas le but.

Par contre désolé chacun son style, moi j'aime bien les phrases courtes un peu provoc :mrgreen:
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Message non lu par GIBET » 20 déc. 2010, 16:31:00

Golgoth a écrit : @Gibet :

Je parlais de la polémique dans ton article Gibet, pas de la notre :P

Tu n'as pas à t'excuser, tu n'as rien fait de terrible, mais si tu le fais alors je veux bien le faire aussi pour avoir dit que tu étais de droite, visiblement cela te blesse et je le regrette, ce n'étais pas le but.

Par contre désolé chacun son style, moi j'aime bien les phrases courtes un peu provoc :mrgreen:
Merci d'avoir saisi ma main.
Provoquons ensemble la discussion pas les interlocuteurs et nous seront d'accord.
Moi j'ai plus de temps que beaucoup d'entre vous car je suis à la retraite et j'essaie d'apporter des textes objectifs (que je ne partage pas toujours) pour alimenter le débat
Je suis de gauche et d'une origine très modeste par mes parents. Ce que j'ai eu c'est par mon travail. C'est pourquoi je suis attaché aux valeurs de gauche. Honnêtement je suis l'écologie des très près, de même que tous les partis de gauche car je ne suis pas en tous point d'accord avec le PS. C'est le cas quand il ne vote pas une loi d'assouplissement du permis à points , pour de simples raisons démagogiques.
J'avais une carte du PS avec un numéro qui avait 40 ans ...mais je l'ai déchiré par colère après le comportement de Jospin en 2002 et j'ai été longtemps en freelance
Je l'ai repris récemment du bout des doigts (après avoir hésité entre Chevènement en souvenir du Cérès mais c'est il y a bien longtemps, et Mélanchon mais qui est trop agressif contre les socialistes) ce qui fait que j'ai un numéro très récent...cela me rajeuni!! icon_biggrin icon_biggrin icon_biggrin
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Message non lu par Golgoth » 20 déc. 2010, 17:15:00

Merci pour ce dernier post qui te rend plus "humain". icon_biggrin
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Message non lu par GIBET » 20 déc. 2010, 19:41:00

Demain je pars pour 8 jours dans le pays des rêves de mes petits enfants. ;fly;
Je vous laisserai un peu tranquille avec mes trucs..
En attendant je vous souhaite à tous un Joyeux Noël et que cette fête vous apporte du bonheur et illumine vos familles :oops:
GIBET
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johanono
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Message non lu par johanono » 20 déc. 2010, 19:54:00

@ GIBET : 

Sur les causes de la mondialisation, disons que celle-ci résulte d'une volonté politique, celle de supprimer toutes les barrières douanières, par le biais des multiples accords internationaux signés ces dernières décennies. Et aujourd'hui, si la mondialisation n'est pas remise en cause, c'est en raison d'un manque de volonté politique, puisque presque personne ne songe à dénoncer ces traités. 

Je reste dubitatif quand tu affirmes que la mondialisation que l'on dit "irréversible" est celle de la financiarisation du marché. Ceux qui disent que la mondialisation est irréversible parlent de la mondialisation en général, c'est-à-dire la liberté de circulation des capitaux et des biens, pour mieux refuser toute forme de protectionnisme. Et la financiarisation de l'économie n'est pas non plus irréversible : elle est la conséquence de la liberté de circulation des capitaux. 

Le libre-échange implique une absence de barrières douanières. Une zone de libre-échange n'est pas forcément universelle. Elle peut se limiter à quelques pays. Et à l'intérieur de cette zone, il n'y a pas de barrières douanières, sinon, ce ne serait plus une zone de libre-échange. En revanche, tout autour de cette zone, les barrières douanières peuvent tout à fait subsister. Aux origines de la construction européenne, ça devait d'ailleurs fonctionner comme ça : une zone de libre-échange entre quelques pays européens, et des barrières douanières communes à tous ces pays européens. Ca tenait la route. C'est par la suite que les barrières douanières européennes ont été supprimées, si bien que le marché européen est désormais ouvert aux quatre vents du commerce mondial. 

Je constate que nous sommes d'accord pour constater que ce libre-échangisme (c'est-à-dire la suppression des barrières douanières pour permettre une libre circulation des capitaux et des marchandises) a engendré des pertes d'emplois, une précarisation croissante des emplois existants et une déflation salariale. J'en reviens donc à mon constat de départ : comment défendre un quelconque modèle social dans ces conditions ? La suppression des barrières douanières est donc fondamentalement incompatible avec la défense d'un quelconque modèle social. Tant que les gens n'auront pas compris ça, le débat restera biaisé, et les socialistes auront beau jeu de discourir sur le modèle social français ou l'Europe sociale, alors que dans les faits, ils ne valent pas mieux que les centristes et la droite. Et DSK ne changera rien à ça. 

J'attends toujours que l'on me démontre comment, dans un contexte de libre-échange, on pourrait défendre un quelconque modèle social, empêcher les pertes d'emplois, lutter contre la précarisation des emplois existants ou inverser la tendance à la compression des salaires. A ce jour, je n'ai jamais eu de réponse à cette question.

S'agissant de Jacques Sapir, il y a pas mal de points entre son analyse et la sienne. Mais dans le texte que tu as cité, il y a pas mal de graphiques ou de diagrammes relatifs aux échanges commerciaux, à la balance des paiements, et autres flux financiers de ce genre. Autant d'informations probablement très intéressantes, mais qui ne répondent vraiment à la problématique je pose, c'est-à-dire celle des pertes d'emplois, de la précarité croissante ou de la compression des salaires.

Dans le même ordre d'idées, on lira avec attention les analyses de Maurice Allais, seul économiste français à avoir jamais eu le Prix nobel, et qui s'est acharné toute sa vie à démontrer les effets néfastes du libre-échange. Lisons ceci, par exemple : 

http://osonsallais.wordpress.com/2010/1 ... -vive-le-p…

http://osonsallais.wordpress.com/2010/0 ... rs-de-la-m…

Saluons également Emmanuel Todd, qui s'était jadis illustré en prophétisant la chute de l'empire soviétique, qui développe également très analyses très pertinentes sur la dimension anthropologique du développement économique, et qui fait donc partie des rares partisans du protectionnisme : 

http://www.marianne2.fr/Emmanuel-Todd-l ... -est-la-se…

Le protectionnisme européen est donc la meilleure réponse à apporter aux problèmes actuels. Je suis pour le libre-échange, à condition qu'il se fasse entre pays partageant à peu près les mêmes coûts de production. Je suis donc partisan d'une zone de libre-échange entre les pays d'Europe de l'Ouest, à l'exclusion des pays de l'Europe de l'Est et de l'Irlande, qui nous font de la concurrence déloyale alors que nous leur versons des subventions. Bien sûr, cette solution est contraire à tous les traités internationaux votés ces dernières années. C'est contraire également à l'élargissement à l'Est. Des traités internationaux et un élargissement au sujet desquels il y a consensus entre l'UMP et le PS... 

Dans sa dernière intervention télévisée, Sarkozy a évoqué la concurrence de l'Allemagne. La belle affaire... Certes, il y a des cas où les Allemands font une concurrence déloyale à nos entreprises (dans l'agroalimentaire, notamment). Mais ça reste marginal. Quand des entreprises basées en France délocalisent leur production, ce n'est pas pour s'installer en Allemagne... Bref, Sarkozy, malgré ses beaux discours sur la défense de l'industrie française, passe à côté de l'essentiel, puisque lui non plus ne remet pas en cause les traités internationaux et l'élargissement à l'Est qui ont conduit à la situation actuelle. 

Le protectionnisme européen ne serait pas possible ? Peut-être. Mais si on menace les Allemands de planter l'euro, il y aura peut-être de quoi les faire céder. Et à supposer que, malgré tout, il ne soit pas possible d'obtenir un accord de nos partenaires européens sur cette question, alors il faudra avoir le courage de sortir de l'Europe. Ca ne va pas dire que la France doit rester recroquevillée sur elle-même, ça veut simplement dire que le monde est grand, qu'il y a de nombreux terrains de jeux possibles, et que s'il n'est pas possible de s'entendre avec nos voisins européens, alors on pourra toujours s'entendre avec d'autres pays. 

Le protectionnisme nous exposerait-il à des rétorsions de la part de pays tels que la Chine ? Bien sûr qu'il y a aura des rétorsions. Mais comme je l'ai montré, si on fait la balance entre les effets positifs et les effets négatifs de la situation actuelle, on constatera qu'il y a davantage d'effets négatifs. Quant aux Chinois, tout le monde a peur d'eux, mais il ne faut pas oublier qu'ils ont davantage besoin de l'Europe pour écouler leur production que l'Europe n'a besoin de la Chine. 

Quand je parle de protectionnisme, je veux parler de barrières douanières. D'un point de vue technique, c'est pour moi la seule solution pour empêcher que des pays à bas coûts de production puissent écouler leur production de façon déloyale chez nous. Il y a peut-être d'autres procédés qui ont des fondements philosophiques un peu différents, mais qui ont à peu près les mêmes effets que les protectionnisme. El Fredo nous parlera peut-être de sa taxe écologique, très intéressante d'un point de vue théorique, mais qui me semble délicate à mettre en oeuvre. En fait, du point de vue des "modalités techniques" de maîtrise des échanges internationaux et de lutte contre les distorsions de concurrence, il me semble que les barrières douanières sont la seule solution vraiment efficace. Mais s'il y a d'autres alternatives avec des fondements différents mais qui aboutissent au même résultat, alors pourquoi pas, je reste ouvert à la discussion.

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