Salaires contre profits: le rapport qui bouscule les idées r

Venez discuter des problèmes du travail dans notre pays, mais aussi des problèmes sociaux ( retraites, chomage...)
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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 21 janv. 2011, 17:19:00

http://www.lexpansion.com/economie/sala ... port-qui-b…
Salaires contre profits: le rapport qui bouscule les idées reçues

Joël Bourdin (UMP) et Patricia Schillinger (PS) ont rendu un rapport décapant sur le malaise dans les entreprises. Celui-ci se cristallise autour d'un partage de la valeur ajoutée défavorable aux salaires et des tensions sur les conditions de travail.

Ralentissement des hausses de salaires et inégalités salariales

Depuis 1975, les gains salariaux sont déconnectés de la productivité apparente du travail, expliquent les auteurs, citant l'INSEE. Les rémunérations augmentent de moins en moins vite, ce que les sénateurs montrent de plusieurs façons.

D'abord, les négociations salariales sont peu nombreuses : 16% des entreprises seulement ont connu des discussions collectives sur les salaires. 40% de ces négociations n'aboutissent pas. Les obligations légales d'ouverture de pourparlers sur les salaires font l'objet "d'une application moyenne" selon les auteurs.

De même, les sénateurs notent une tendance "à l'augmentation individualisées des salaires" de plus en plus forte, notamment dans les services. Cela favorise les disparités à long terme au sein même de l'entreprise.

L'examen des critères qui conduisent à l'augmentation de salaire est aussi surprenant. Les résultats financiers ne sont cités que par 20% des entreprises comme cause d'augmentations salariales. Un fort bénéfice ne garantit pas des gains salariaux.

Un partage de la valeur ajoutée défavorable aux salaires

Mais les auteurs du rapport ne s'arrêtent pas là. Ils n'hésitent pas à remettre en cause le diagnostic d'une stabilité du partage de la valeur ajoutée, réaffirmé en 2009 par le directeur général de l'Insee, Jean-Philippe Cotis, dans un rapport à Nicolas Sarkozy. Les chiffres de l'OCDE, sur lesquels ils s'appuient, montrent en effet que la part des salaires a chuté de 15 points depuis 1975 dans l'Union européenne. En France, s'il n'existe pas d'étude globale, ils citent une enquête portant sur les 250 plus grosses entreprises cotées en bourse (SBF 250). Celles-ci ont augmenté la part de leur profit de près de 20 points depuis 1990 alors même que "l'intensité capitalistique de la production" est restée stable.

Les sénateurs estiment que les résultats obtenus par les autres études sur le sujet tendent à "sous-estimer la part des profits dans la valeur ajoutée" et que leurs conclusions "obligent non seulement à remettre en cause le consensus de stabilité du partage de la valeur ajoutée, mais encore à donner crédit à l'hypothèse d'une poursuite de la réduction de la part salariale dans la valeur ajoutée". Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer cet "affaiblissement du salariat" comme le niveau du chômage, l'augmentation des situations de monopole, la hausse de la part des femmes dans la masse salariale...

Une mutation des conditions de travail défavorable aux salariés

D'emblée, les deux sénateurs font le constat "d'abandons en termes de sécurité de l'emploi", alors qu'augmentent les formes de travail précaire. En contrepartie, on a cherché à renforcer l'employabilité et la motivation des individus, même si les discours manageriaux "sont souvent illusoires".

Sous l'effet de la mondialisation, les entreprises sont passées sous un mode de gouvernance "corporate", qui transfère une grande partie du pouvoir de direction aux investisseurs. Ainsi, note le rapport, les lieux de décisions "se sont éloignés des salariés", participant à une dégradation des relations sociales. La réduction du temps de travail, autant que les impératifs de rentabilité, conduisent à une intensification du travail et à une pression accrue sur les salariés.

Or la "vulnérabilité accrue" des salariés entraîne des "coûts objectifs" pour une entreprise. Une étude de l'INRS de 2009 montre que le stress au travail couterait entre 2 et 3 milliards d'euros par an, ce qui est une "estimation basse". De manière générale, le "climat de défiance est contre-productif pour l'entreprise" selon les sénateurs.

Quelles solutions?

Pour sénateurs, la situation ne fera que se dégrader si la tendance reste la même et si le législateur n'intervient pas. Disant vouloir "respecter les mécanismes du marché", ils appellent à revaloriser le travail, tant financièrement que qualitativement, réguler les excès de concurrence, produire les biens publics par l'Etat... Le code du travail doit être "rénové" et adapté. Ils estiment l'échelon national dépassé, notamment en termes de politique économique et veulent réhabiliter le "long terme" dans les stratégies des entreprises. Enfin, M. Bourdin et Mme Schillinger prônent un "gouvernance plus partenariale" où l'ensemble des acteurs trouverait sa place. Reste à savoir si ce rapport aura le commencement d'une traduction législative.
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sarkonaute
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Message non lu par sarkonaute » 21 janv. 2011, 17:52:00

accumulation de poncifs éculés.
Tous ensemble pour un nouveau rêve bleu avec Nicolas Sarkozy en 2012

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KALIKO
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Message non lu par KALIKO » 21 janv. 2011, 18:02:00

Le Sénat qui se mêle de ça... C'est probablement pour mieux faire passer une de leurs saloperies UMPistes en douce.
On agite un drapeau rouge, on enfume et une loi débile passe sur le chemin d'à côté.
Ou alors c'est qu'ils sont sûrs, nos vieilles vieilleries croûtonneuses, que le Sénat va virer PS et alors ils se gauchisent... Gugusses !
PAS MORT ?... PLUS FORT !

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Golgoth
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Message non lu par Golgoth » 22 janv. 2011, 07:26:00

Du coup les salariés s'endettent trop et quand la bulle pète c'est le retour de bâton. Un beau système qu'il faut donc absolument continuer à défendre.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

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Ilikeyourstyle
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Message non lu par Ilikeyourstyle » 22 janv. 2011, 13:08:00

Les salaires, c'est la rémunération du travail dans une économie de marché. Les salaires sont fixés par l'état du marché de l'emploi, qui lui dépend du marché tout court. C'est une erreur grave que de lier le salaire au capital et au profit du capital. Bref une étude de m... de plus à mettre au pilon. Pauvre France.

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johanono
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Message non lu par johanono » 22 janv. 2011, 22:44:00

Les choses ne sont pas si simples. Certaines études approfondies montrent que la part des salaires dans la VA en France est stable depuis le début des années 90 (c'est-à-dire depuis 20 ans), après avoir augmenté dans les années 70 et baissé dans les années 80.

http://www.liberation.fr/economie/01013 ... it-la-gauc…

http://www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1136/ip1136.pdf

http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.a ... ATTEF08103

Dans d'autres pays européens (l'Allemagne, notamment), la part des salaires dans la VA a continué de baisser ces 20 dernières années. C'est probablement pour cela que les entreprises françaises sont désormais moins compétitives, et que l'économie allemande continue à exporter massivement...

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 22 janv. 2011, 23:14:00

Sauf que malgré tout ça un salarié Français coûte moins cher qu'un Allemand (et les salaires allemands plus élevés).

http://www.20minutes.fr/article/656334/ ... nd-coute-p…

Et:

http://www.eric-verhaeghe.fr/le-travail ... gne-quen-f…
Au final, le coin fiscalo-social (c’est-à-dire la part des prélèvements sociaux et de l’impôt sur le revenu dans le coût du travail) est supérieur en Allemagne (52% contre 49,3%). Le niveau supérieur du salaire moyen et du coût annuel du travail en Allemagne ne semble pas être justifié par une productivité supérieure du travail et n’est que partiellement lié au nombre d’heures travaillées.
(...)
le coût horaire du travail au niveau du salaire moyen demeure supérieur en Allemagne (24,6€ contre 23,6€)
De plus :
le coût du travail en Allemagne a effectivement évolué moins vite à partir de 2004, alors que son augmentation est régulière en France. Cet infléchissement de tendance s’explique par la politique de désinflation compétitive menée en Allemagne, dont le principal point a consisté à développer les ressources fiscales de la sécurité sociale. Autrement dit, le financement de la sécurité sociale en Allemagne repose de plus en plus sur l’impôt. La part des cotisations sociales a donc diminué dans les recettes de la sécurité sociale. L’invention de la TVA sociale en 2007 a joué un grand rôle dans ce rééquilibrage, car elle a permis de financer la sécurité sociale sans augmenter le coût du travail.
Je voudrais t'interpeller sur ce dernier point johanono : on sait que tu es fervent partisan de la TVA sociale, autrement dit du transfert du financement de la Sécu des cotisations vers la fiscalité. On le voit avec l'exemple allemand, c'est une piste intéressante pour résoudre les problèmes que la France rencontre actuellement pour financer sa protection sociale. Or durant nos discussions relatives à la "réforme" des retraites j'avais émis l'hypothèse qu'on puisse transférer le financement des pensions sur le budget général de l'Etat alimenté par l'impôt et non plus par les seules cotisations (soumises aux problèmes démographiques bien connus). Tu avais pourtant critiqué cette idée. Avec le recul je réalise la similitude qu'ont pourtant les deux propositions, donc je te pose la question maintenant : ne penses-tu pas que mon idée est validée par l'exemple allemand et qu'elle n'est pas très éloignée de la TVA sociale que tu défends ?
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Message non lu par Ilikeyourstyle » 23 janv. 2011, 03:04:00

El Fredo a écrit :Sauf que malgré tout ça un salarié Français coûte moins cher qu'un Allemand (et les salaires allemands plus élevés).

http://www.20minutes.fr/article/656334/ ... nd-coute-p…

Et:

http://www.eric-verhaeghe.fr/le-travail ... gne-quen-f…
Au final, le coin fiscalo-social (c’est-à-dire la part des prélèvements sociaux et de l’impôt sur le revenu dans le coût du travail) est supérieur en Allemagne (52% contre 49,3%). Le niveau supérieur du salaire moyen et du coût annuel du travail en Allemagne ne semble pas être justifié par une productivité supérieure du travail et n’est que partiellement lié au nombre d’heures travaillées.
(...)
le coût horaire du travail au niveau du salaire moyen demeure supérieur en Allemagne (24,6€ contre 23,6€)
De plus :
le coût du travail en Allemagne a effectivement évolué moins vite à partir de 2004, alors que son augmentation est régulière en France. Cet infléchissement de tendance s’explique par la politique de désinflation compétitive menée en Allemagne, dont le principal point a consisté à développer les ressources fiscales de la sécurité sociale. Autrement dit, le financement de la sécurité sociale en Allemagne repose de plus en plus sur l’impôt. La part des cotisations sociales a donc diminué dans les recettes de la sécurité sociale. L’invention de la TVA sociale en 2007 a joué un grand rôle dans ce rééquilibrage, car elle a permis de financer la sécurité sociale sans augmenter le coût du travail.
Je voudrais t'interpeller sur ce dernier point johanono : on sait que tu es fervent partisan de la TVA sociale, autrement dit du transfert du financement de la Sécu des cotisations vers la fiscalité. On le voit avec l'exemple allemand, c'est une piste intéressante pour résoudre les problèmes que la France rencontre actuellement pour financer sa protection sociale. Or durant nos discussions relatives à la "réforme" des retraites j'avais émis l'hypothèse qu'on puisse transférer le financement des pensions sur le budget général de l'Etat alimenté par l'impôt et non plus par les seules cotisations (soumises aux problèmes démographiques bien connus). Tu avais pourtant critiqué cette idée. Avec le recul je réalise la similitude qu'ont pourtant les deux propositions, donc je te pose la question maintenant : ne penses-tu pas que mon idée est validée par l'exemple allemand et qu'elle n'est pas très éloignée de la TVA sociale que tu défends ?
Je suis absolument opposé à ce type de meures concernant les retraites. Les socialistes et communistes se feraient une joie de sombrer encore plus dans le populisme égalitariste et de redistribuer encore plus. En d'autres termes, d'établir des systèmes de pension qui donneraient des pensions proportionnellement plus élevées aux gens ayant cotisés le moins, voire les mêmes pensions.


Avec cet argument là et d'ailleurs, j'en revois du coup ma position sur la protection sociale qui doit demeurée financée telle qu'elle l'est aujourd'hui. 

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johanono
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Message non lu par johanono » 23 janv. 2011, 22:51:00

El Fredo a écrit : Sauf que malgré tout ça un salarié Français coûte moins cher qu'un Allemand (et les salaires allemands plus élevés).

http://www.20minutes.fr/article/656334/ ... nd-coute-p…

Et:

http://www.eric-verhaeghe.fr/le-travail ... gne-quen-f…

Au final, le coin fiscalo-social (c’est-à-dire la part des prélèvements sociaux et de l’impôt sur le revenu dans le coût du travail) est supérieur en Allemagne (52% contre 49,3%). Le niveau supérieur du salaire moyen et du coût annuel du travail en Allemagne ne semble pas être justifié par une productivité supérieure du travail et n’est que partiellement lié au nombre d’heures travaillées.
(...)
le coût horaire du travail au niveau du salaire moyen demeure supérieur en Allemagne (24,6€ contre 23,6€)
De plus :

le coût du travail en Allemagne a effectivement évolué moins vite à partir de 2004, alors que son augmentation est régulière en France. Cet infléchissement de tendance s’explique par la politique de désinflation compétitive menée en Allemagne, dont le principal point a consisté à développer les ressources fiscales de la sécurité sociale. Autrement dit, le financement de la sécurité sociale en Allemagne repose de plus en plus sur l’impôt. La part des cotisations sociales a donc diminué dans les recettes de la sécurité sociale. L’invention de la TVA sociale en 2007 a joué un grand rôle dans ce rééquilibrage, car elle a permis de financer la sécurité sociale sans augmenter le coût du travail.
Je voudrais t'interpeller sur ce dernier point johanono : on sait que tu es fervent partisan de la TVA sociale, autrement dit du transfert du financement de la Sécu des cotisations vers la fiscalité. On le voit avec l'exemple allemand, c'est une piste intéressante pour résoudre les problèmes que la France rencontre actuellement pour financer sa protection sociale. Or durant nos discussions relatives à la "réforme" des retraites j'avais émis l'hypothèse qu'on puisse transférer le financement des pensions sur le budget général de l'Etat alimenté par l'impôt et non plus par les seules cotisations (soumises aux problèmes démographiques bien connus). Tu avais pourtant critiqué cette idée. Avec le recul je réalise la similitude qu'ont pourtant les deux propositions, donc je te pose la question maintenant : ne penses-tu pas que mon idée est validée par l'exemple allemand et qu'elle n'est pas très éloignée de la TVA sociale que tu défends ?

Attention ! Je n'ai jamais critiqué le transfert du financement des retraites vers l'impôt !


Tout d'abord, la TVA sociale a vocation à financer l'assurance-maladie, pas forcément les retraites.  


Ensuite, je ne suis pas contre un transfert du financement des retraites vers l'impôt, mais je demande surtout un minimum de cohérence. Dans le système actuel, le droit à pension est fonction de la durée de cotisation et du revenu moyen pendant la vie active. Dans ces conditions, il est assez logique que le financement soit effectué par les revenus des actifs. Si on veut réformer le système et opérer un transfert de financement vers l'impôt, il faut aller au bout de la logique, par exemple avec l'idée, que j'avais suggérée, d'un remplacement des retraites existantes par une allocation forfaitaire unique, égale pour tous à partir d'un certain âge, et ceci quel que soit le salaire moyen et la durée de cotisation : une telle réforme aurait eu le mérite de simplifier un système aujourd'hui opaque et d'avantager les personnes ayant eu des carrières morcelées. Mais on ne peut pas rester au milieu du gué en maintenant un système dans lequel le droit à pension est toujours fonction de la durée de cotisation et du revenu moyen pendant la vie active mais où le financement est assuré par l'impôt et non plus par les cotisations. C'est ce manque de cohérence que j'avais pointé.

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Message non lu par El Fredo » 23 janv. 2011, 23:55:00

johanono a écrit :Dans le système actuel, le droit à pension est fonction de la durée de cotisation et du revenu moyen pendant la vie active. Dans ces conditions, il est assez logique que le financement soit effectué par les revenus des actifs.
Pourquoi ? Il n'y a aucune obligation de coupler le paiement des pensions aux cotisations des actifs. Si on découple on a d'un côté un besoin de financement représenté par la somme des pensions à verser, chiffre connu et prévisible, et de l'autre une variété de sources de financement (dont les cotisations, mais pas seulement) dont la somme peut varier en fonction de la conjoncture économique, à charge pour l'Etat d'assurer l'équilibre du système d'une année sur l'autre par tous les moyens à sa disposition.
Si on veut réformer le système et opérer un transfert de financement vers l'impôt, il faut aller au bout de la logique, par exemple avec l'idée, que j'avais suggérée, d'un remplacement des retraites existantes par une allocation forfaitaire unique, égale pour tous à partir d'un certain âge, et ceci quel que soit le salaire moyen et la durée de cotisation : une telle réforme aurait eu le mérite de simplifier un système aujourd'hui opaque et d'avantager les personnes ayant eu des carrières morcelées.
C'est le modèle beveridgien, que je considère comme une régression du fait que ces allocations sont en général très insuffisantes (à noter qu'elles existent déjà sous la forme du minimum vieillesse) et qu'il consacre la privatisation du système par l'obligation de souscrire à des plans de capitalisation si l'on veut s'assurer une retraite décente. Je privilégie le système de comptes notionnels où la pension est proportionnelle au nombre de points acquis en fonction des sommes cotisées.
Mais on ne peut pas rester au milieu du gué en maintenant un système dans lequel le droit à pension est toujours fonction de la durée de cotisation et du revenu moyen pendant la vie active mais où le financement est assuré par l'impôt et non plus par les cotisations. C'est ce manque de cohérence que j'avais pointé.
Je ne vois pas où se trouverait l'incohérence (cf ma première remarque). De plus l'impôt est lui aussi dépendant du niveau de revenus du futur bénéficiaire, donc d'un point de vue macroéconomique on reste dans les mêmes ordres de grandeur, mais avec une souplesse accrue dans le choix des financements.

Enfin bref, on ne va pas refaire le débat sur les retraites. Il faut juste noter que, de même que pour la TVA sociale, transférer le financement du système des cotisations salariales et patronales vers la fiscalité classique (IR+TVA+Capital) est un facteur de simplification important compte tenu de la régressivité de notre système fiscal (cf. le site "Pour une révolution fiscale" de Piketty et. al. http://www.revolution-fiscale.fr/le-sys ... gressifs-/… )
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Message non lu par GIBET » 24 janv. 2011, 00:47:00

Ilikeyourstyle a écrit :
Je suis absolument opposé à ce type de meures concernant les retraites. Les socialistes et communistes se feraient une joie de sombrer encore plus dans le populisme égalitariste et de redistribuer encore plus. En d'autres termes, d'établir des systèmes de pension qui donneraient des pensions proportionnellement plus élevées aux gens ayant cotisés le moins, voire les mêmes pensions.
Avec cet argument là et d'ailleurs, j'en revois du coup ma position sur la protection sociale qui doit demeurée financée telle qu'elle l'est aujourd'hui. 
Autrement dit dans une discussion économique tu te replie sur une argumentation purement politicienne de préjugé anticommuniste. Mais je te signale qu'Attali, que tu sembles tolérer, propose cette mesure sans suppression du bouclier fiscal. Tu vois tu as raison il ne dis pas que des conneries!!
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Message non lu par Ilikeyourstyle » 24 janv. 2011, 00:54:00

GIBET a écrit :
Ilikeyourstyle a écrit : Je suis absolument opposé à ce type de meures concernant les retraites. Les socialistes et communistes se feraient une joie de sombrer encore plus dans le populisme égalitariste et de redistribuer encore plus. En d'autres termes, d'établir des systèmes de pension qui donneraient des pensions proportionnellement plus élevées aux gens ayant cotisés le moins, voire les mêmes pensions.
Avec cet argument là et d'ailleurs, j'en revois du coup ma position sur la protection sociale qui doit demeurée financée telle qu'elle l'est aujourd'hui. 

Autrement dit dans une discussion économique tu te replie sur une argumentation purement politicienne de préjugé anticommuniste. Mais je te signale qu'Attali, que tu sembles tolérer, propose cette mesure sans suppression du bouclier fiscal. Tu vois tu as raison il ne dis pas que des conneries!!
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Attali c'est Attali, et moi je suis moi. J'ai exprimé ma propre opinion; je suis pour l'équité et absolument contre l'égalitarisme à tout crin. Je ne travaille pas pour payer la retraite de Momo qui a campé au PMU en touchant le RMI pendant 40 ans, je travaille pour ma retraite and I want my money back (sans espoir de ce côté).

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Message non lu par El Fredo » 24 janv. 2011, 09:52:00

C'est bien là le problème : dans un système par répartition tu ne travailles pas pour ta retraite mais pour celle des autres, et les autres travailleront pour la tienne plus tard. Si tu veux travailler pour ta retraite et en avoir pour ton argent, tu n'as qu'à épargner. Libre à toi de te soumettre aux aléas des marchés pour assurer ta subsistance.
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Message non lu par GIBET » 24 janv. 2011, 20:57:00

Ilikeyourstyle a écrit :
GIBET a écrit :
Ilikeyourstyle a écrit : Je suis absolument opposé à ce type de meures concernant les retraites. Les socialistes et communistes se feraient une joie de sombrer encore plus dans le populisme égalitariste et de redistribuer encore plus. En d'autres termes, d'établir des systèmes de pension qui donneraient des pensions proportionnellement plus élevées aux gens ayant cotisés le moins, voire les mêmes pensions.
Avec cet argument là et d'ailleurs, j'en revois du coup ma position sur la protection sociale qui doit demeurée financée telle qu'elle l'est aujourd'hui. 



Autrement dit dans une discussion économique tu te replie sur une argumentation purement politicienne de préjugé anticommuniste. Mais je te signale qu'Attali, que tu sembles tolérer, propose cette mesure sans suppression du bouclier fiscal. Tu vois tu as raison il ne dis pas que des conneries!!
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Attali c'est Attali, et moi je suis moi. J'ai exprimé ma propre opinion; je suis pour l'équité et absolument contre l'égalitarisme à tout crin. Je ne travaille pas pour payer la retraite de Momo qui a campé au PMU en touchant le RMI pendant 40 ans, je travaille pour ma retraite and I want my money back (sans espoir de ce côté).
Comme le dit El Fredo, expliques moi pourquoi avec ces idées tu ne capitalises pas? Tu cesses tes versements à la SS et tu te fais ta retraite tout seul
C'est peut-être mieux d'avoir la garantie de l'état dans un processus de répartition, plutôt que de s'assumer tout seul avec des fonds de pension.
Méfies toi quand tu craches dans la soupe de ne pas être obligé de la manger toi-même
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Message non lu par johanono » 24 janv. 2011, 23:50:00

El Fredo a écrit :
johanono a écrit :
Dans le système actuel, le droit à pension est fonction de la durée de cotisation et du revenu moyen pendant la vie active. Dans ces conditions, il est assez logique que le financement soit effectué par les revenus des actifs.

Pourquoi ? Il n'y a aucune obligation de coupler le paiement des pensions aux cotisations des actifs. Si on découple on a d'un côté un besoin de financement représenté par la somme des pensions à verser, chiffre connu et prévisible, et de l'autre une variété de sources de financement (dont les cotisations, mais pas seulement) dont la somme peut varier en fonction de la conjoncture économique, à charge pour l'Etat d'assurer l'équilibre du système d'une année sur l'autre par tous les moyens à sa disposition.


Si on veut réformer le système et opérer un transfert de financement vers l'impôt, il faut aller au bout de la logique, par exemple avec l'idée, que j'avais suggérée, d'un remplacement des retraites existantes par une allocation forfaitaire unique, égale pour tous à partir d'un certain âge, et ceci quel que soit le salaire moyen et la durée de cotisation : une telle réforme aurait eu le mérite de simplifier un système aujourd'hui opaque et d'avantager les personnes ayant eu des carrières morcelées.

C'est le modèle beveridgien, que je considère comme une régression du fait que ces allocations sont en général très insuffisantes (à noter qu'elles existent déjà sous la forme du minimum vieillesse) et qu'il consacre la privatisation du système par l'obligation de souscrire à des plans de capitalisation si l'on veut s'assurer une retraite décente. Je privilégie le système de comptes notionnels où la pension est proportionnelle au nombre de points acquis en fonction des sommes cotisées.


Mais on ne peut pas rester au milieu du gué en maintenant un système dans lequel le droit à pension est toujours fonction de la durée de cotisation et du revenu moyen pendant la vie active mais où le financement est assuré par l'impôt et non plus par les cotisations. C'est ce manque de cohérence que j'avais pointé.

Je ne vois pas où se trouverait l'incohérence (cf ma première remarque). De plus l'impôt est lui aussi dépendant du niveau de revenus du futur bénéficiaire, donc d'un point de vue macroéconomique on reste dans les mêmes ordres de grandeur, mais avec une souplesse accrue dans le choix des financements.

Enfin bref, on ne va pas refaire le débat sur les retraites. Il faut juste noter que, de même que pour la TVA sociale, transférer le financement du système des cotisations salariales et patronales vers la fiscalité classique (IR+TVA+Capital) est un facteur de simplification important compte tenu de la régressivité de notre système fiscal (cf. le site "Pour une révolution fiscale" de Piketty et. al. http://www.revolution-fiscale.fr/le-sys ... gressifs-/… )

Tu rappelles toi-même que tu défends un système dans lequel la pension est proportionnelle au nombre de points acquis en fonction des sommes cotisées. Mais si dans le même temps, on dit que le financement est assuré par l'impôt, alors les cotisations versées pendant la vie active ne veulent plus rien dire, car elles sont soit supprimées, soit réduire à une portion symbolique. Donc tu prônes un système reposant sur deux piliers (les cotisations versées par chaque salarié d'une part, le droit à pension qui est fonction de ces cotisations d'autre part) mais en transférant le financement vers l'impôt, tu affaiblis voire supprimes l'un des deux piliers. C'est pour cela qu'il faut aller au bout de la logique, par exemple avec la retraite forfaitaire et l'allocation universelle. 

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