Voilà un nouveau chiffre que les défenseurs du RSA ne manqueront pas d'utiliser : le revenu de solidarité active a permis l'an dernier à 140.000 foyers de franchir le seuil de pauvreté. C'est deux fois plus qu'en 2009, même si ce chiffre reste encore inférieur aux espoirs initiaux du « père » de la loi, Martin Hirsch. Dévoilée la semaine dernière lors d'une réunion du comité de suivi du dispositif, cette statistique viendra sans nulle doute nourrir les débats qui agitent la majorité : les propositions de Laurent Wauquiez de plafonner les minima sociaux à 75 % du SMIC et d'imposer en contrepartie du RSA quelques heures de travail pour la communauté ont viré à la foire d'empoigne au sein du parti majoritaire. Premier bilan du dispositif, à quelques jours de son deuxième anniversaire, le 1 er juin, et de la convention que l'UMP va lui consacrer, le 8 juin. 1. Les succès L'incitation à la reprise d'emploi La réduction de la pauvreté laborieuse Avec le versement du RSA activité, le revenu médian des travailleurs pauvres s'est accru de 18 %, selon le rapport intermédiaire du comité d'évaluation du RSA publié au début de l'année. Le montant moyen de RSA activité versé est de 170 euros par mois. Un volet insertion renforcé
Seule la moitié des RMIstes bénéficiaient d'un contrat d'insertion. Désormais, pour les nouveaux entrants, le rendez-vous avec un référent (agent de Pôle emploi, services sociaux du conseil général ou de la commune...) est obligatoire sous peine de suspension de l'allocation. Le renforcement du suivi par Pôle Emploi fait lui aussi partie de la réforme : 32 % des bénéficiaires du RSA socle sont inscrits chez l'opérateur public, contre 24 % du temps du RMI. C'est mieux, mais insuffisant. Il faut dire que le gouvernement (et notamment Laurent Wauquiez quand il gérait l'Emploi) ne pousse pas beaucoup à ces inscriptions qui font monter les chiffres du chômage ! 2. Les ratés : Une lente montée en charge Un accompagnement vers l'emploi déficient
Issu d'une fusion compliquée entre l'ANPE et les Assedic, Pôle Emploi a dû de surcroît encaisser une forte hausse du chômage avec la crise. Du coup, les efforts déployés vers les allocataires du RSA n'ont pas été à la hauteur. De surcroît, l'investissement théorique de Pôle emploi a amené certains départements, qui avaient jusque-là pris en charge le suivi des intéressés, à réduire leurs efforts. Les CAF débordées
Bien que le nombre de bénéficiaires soit inférieur aux estimations, le flux des dossiers à traiter est plus important que prévu, du fait des changements fréquents de situation (lire ci-dessous). Les caisses d'allocations familiales, qui gèrent la prestation, sont engorgées. Certaines antennes doivent épisodiquement fermer leurs portes pour résorber les dossiers en retard. Des effets encore à démontrer sur le retour à l'emploi
Les expérimentations menées ex ante avaient conclu à un effet bénéfique du RSA sur le retour à l'emploi par rapport à une population similaire n'y ayant pas accès. Mais cet effet était modéré et il n'y a pas eu de nouvelles évaluations depuis. 3. Les pistes de réforme Simplifier les démarches Généraliser les guichets uniques
Ces espaces où sont regroupés les différents interlocuteurs existent déjà en Côte-d'Or ou dans le Calvados. L'objectif serait de généraliser cette pratique dans tous les départements. La fusion du RSA avec la prime pour l'emploi
Martin Hirsch le souhaitait, mais n'avait pas eu gain de cause en raison de l'hostilité de l'UMP. La fusion des deux dispositifs permettrait de renforcer l'incitation financière à la reprise d'emploi. La ministre des Solidarités, Roselyne Bachelot, en charge du dossier, en fait une piste de réflexion. Mais rien ne dit que cette solution fera cette fois consensus au sein de la majorité.
Qu'en pensez vous ? A plus tard,