Les déçus de l'autoentreprenariat

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politicien
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Les déçus de l'autoentreprenariat

Message non lu par politicien » 24 janv. 2012, 11:56:12

Bonjour,
A 22 ans, Nathan rêve de s'acheter une voiture, pour pouvoir parcourir plus souvent la centaine de kilomètres qui le séparent de sa fiancée. L'aide financière de ses parents – 400 euros mensuels en plus de son loyer – ne suffit pas à cet étudiant en licence professionnelle de management informatique, installé à Rennes. En mars 2009, trois mois après la création du régime de l'autoentrepreneur par le gouvernement Fillon, Nathan décide donc de monter son "petit business, sans prétention, pour arrondir les fins de mois".

(...)

Mais, malgré un investissement humain et financier croissant pour faire connaître ses services, il ne voit pas décoller son activité. "Je gagnais en moyenne 150 euros par mois une fois les charges retirées, alors que je travaillais plus de dix heures par semaine". Une fois son diplôme acquis, il est embauché en CDI et laisse de côté son autoentreprise, après un an et demi d'efforts vains.

"TRÈS MAUVAISE SURPRISE"
Malgré le slogan accrocheur du régime de l'autoentrepreneur – "pas de chiffre d'affaire, pas de charge" – Nathan reçoit fin 2010 un courrier qui lui réclame plus de 600 euros, au titre de la cotisation foncière des entreprises (CFE). Cet impôt forfaitaire, qui remplace en partie la taxe professionnelle, vise à financer les collectivités territoriales et varie selon l'implantation géographique. Pour un autoentrepreneur, dont l'entreprise est généralement située à son domicile, elle constitue dans les faits une seconde taxe foncière. Une "très mauvaise surprise" pour le jeune homme, qui s'acquitte de la somme, mais résilie ensuite son statut d'auto-entrepreneur. "J'ai baissé les bras", conclut l'informaticien, partagé entre amertume et "honte" d'avoir renoncé.

En 2007, Nathan avait voté pour Nicolas Sarkozy. "Parce qu'il voulait nous mettre au travail et que moi, je ne demandais que ça", avoue-t-il aujourd'hui, une nuance de gêne dans la voix. Celui qui représentait "le cœur de cible du sarkozysme" ne sait toujours pas pour qui voter en mai prochain, mais à 25 ans, il n'a toujours pas de voiture.

INDICATEURS EN BAISSE
Comme Nathan, ils sont nombreux à avoir opté pour le régime de l'autoentrepreneur et à avoir déchanté depuis. Un système de charges "bien trop élevées proportionnellement au chiffre d'affaires" pour Raphaël, 22 ans, autoentrepreneur en Haute-Savoie. "Un manque d'encadrement juridique et économique", dénonce pour sa part Sylvain, 31 ans, qui propose en indépendant des formations et du coaching de dirigeants. "Une simplicité apparente, mais derrière, les ennuis s'accumulent", déplore Charlie, 25 ans, domicilié à Anglet.

En 2011, l'Insee a relevé une baisse de 18,9 % des créations de ce statut. Selon les prévisions économiques, le million d'autoentreprises devrait être atteint le 15 février. Un chiffre dont se félicite le gouvernement, mais qui doit tout de même être nuancé, selon Grégoire Leclercq, président de la fédération des autoentrepreneurs. "On recense depuis la création du régime 370 000 résiliations de statut et sur le reste, seuls 50 % des autoentrepreneurs sont considérés comme actifs et dégagent un chiffre d'affaires", affirme Grégoire Leclercq, lui-même autoentrepreneur.

(...)

>> A lire : Le livre blanc de l'autoentrepreneur

Au cœur de ces propositions, miser sur la "formation et l'accompagnement" des autoentrepreneurs. "Quand on va a la rencontre des autoentrepreneurs, ils nous disent souvent 'c'est terrible, on souffre de solitude'", explique Grégoire Leclercq. "En lançant le régime, on n'était pas préparé en France à former et accompagner toute une nouvelle population d'entrepreneurs", affirme l'ancien gendarme, qui a fait partie des mille premiers autoentrepreneurs français.

"D'UNE PRÉCARITÉ À UNE AUTRE"
Un accompagnement d'autant plus primordial que le régime a été pris d'assaut par de nombreuses personnes "en situation précaire", considérant l'autoentreprise comme une potentielle issue de secours au chômage.

Le régime de l'autoentreprenariat a été pris d'assaut par de nombreuses personnes "en situation précaire", qui l'ont considéré comme une potentielle issue de secours au chômage.

"Gagner quelques centaines d'euros, c'était toujours ça", explique ainsi Sophie, 42 ans, qui a créé l'an dernier en Mayenne une autoentreprise pour se lancer à temps plein dans la vente de bijoux. Grâce à un microcrédit, elle a pu se fournir auprès d'un grossiste et a commencé son activité sur les marchés.

(...)

"L'ÉCHEC D'UNE POLITIQUE ÉCONOMIQUE"
Pour d'autres, le statut constitue également "une aubaine", car il est souvent "la dernière chance de se faire embaucher". A 57 ans, après un licenciement, retrouver un travail était "une mission quasiment impossible" pour Daniel, dessinateur-projeteur en Normandie. En 2009, il se renseigne sur le statut d'autoentrepreneur et bénéficie d'une aide à la création d'entreprise pour se lancer dans l'aventure. Grâce à son réseau, il parvient à réaliser 27 000 euros de chiffre d'affaires en 2010, puis 17 000 euris en 2011. Une baisse qu'il explique par le contexte économique difficile et la "condition précaire du régime", mais il maintient que "ce statut [lui] a évité la mort professionnelle".

(...)
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Lucas
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Re: Les déçus de l'autoentreprenariat

Message non lu par Lucas » 24 janv. 2012, 12:13:33

Ce système aurait mieux marcher, si l'autoentrepreneur aurait pu déduire une partie de ses achats, car sinon il faut soit faire de sacré marge pour gagner de l'argent, ou avoir très peu de frais (achat et déplacement)

lancelot
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Re: Les déçus de l'autoentreprenariat

Message non lu par lancelot » 24 janv. 2012, 13:14:03

Ce statut (pourri) n'aurait jamais du voir le jour. Combien de bonnes volontés prises au piège pour tenter de dégonfler les stats du chômage ?

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Golgoth
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Re: Les déçus de l'autoentreprenariat

Message non lu par Golgoth » 24 janv. 2012, 13:16:12

Je pense que ce statut peut être intéressant si bien utilisé. Cela concerne un nombre restreint de cas.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

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Lucas
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Re: Les déçus de l'autoentreprenariat

Message non lu par Lucas » 24 janv. 2012, 13:21:45

Je suis pas d'accord avec toi lancelot, ce statut n'est pas pourri, il fallait juste qu'il y ait des ajustements, et le problème c'est que certains patrons ont fait dérivé ce statut (ça c'est pas normal), et il y aurait du avoir des gardes fou.

lancelot
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Re: Les déçus de l'autoentreprenariat

Message non lu par lancelot » 24 janv. 2012, 13:28:32

Non, pas d'accord : c'est pourri pour trois raisons essentielles :

1 - du coté client : pas de garanties, pas de solvabilité.

2 - du coté bizness : pas de récup de tva, l'autoentrepreneur ne peut être compétitif en étant 20% plus cher.

3 - du coté de l'autoentrepreneur : seuils trop bas, pas d'accompagnement ni d'aide au développement, pas de capital donc pas de soutien des banques, donc méfiance des fournisseurs,et la taxe foncière qu'on leur plante dans le dos en cours de jeu qui en a achevé plus d'un.

Même une eurl à 1000€ est plus compétitive, en tant que structure.

Maintenant, il y a certainement des niches, qui compte tenu des seuils, ne peuvent être développées que pour des retraités ou des revenus d'appoint.

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Vincendix
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Re: Les déçus de l'autoentreprenariat

Message non lu par Vincendix » 24 janv. 2012, 13:48:36

Mettre l'accent sur le négatif, c'est la mauvaise habitude, je connais de nombreux autoentrepreneurs qui ont réussi mais il faut avoir les qualités requises pour diriger une entreprise et surtout se remuer, dans un premier temps, oublier les trente-cinq heures par semaine et les vacances.
Le statut n'est pas parfait, il faudrait instituer un permis de conduire une entreprise et je suis certain que même des patrons en place échoueraient.
Comme un collier de joyaux rares dont le fil rompu laisse lentement tomber des gouttes de lumière, la vie égrène nos jours.Georges Clemenceau

lancelot
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Re: Les déçus de l'autoentreprenariat

Message non lu par lancelot » 24 janv. 2012, 15:59:18

prendre en compte le négatif évite tout simplement de se planter. C'est d'ailleurs applicable à tout création d'activité qu'elle soit eutoentrepreuriale ou pas.

Il n'en demeure pas moins que les tares de ce système sont bien celles que j'ai listées (entre autres).

Pour le reste, tu crois vraiment qu'il y a des gens qui se contentent de se déclarer puis qui attendent qu'on vienne les chercher ?

Si oui, ils peuvent monter n'importe quoi, ce sera voué à l'échec. Ce n'est donc pas cela qui plombe ce statut.

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Alegre
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Re: Les déçus de l'autoentreprenariat

Message non lu par Alegre » 24 janv. 2012, 16:11:15

Je suis d'accord avec Lucas, le statut de l'auto-entrepreneur n'est pas pourri! Je connais des étudiants qui s'en sortent très bien, il suffit juste de se faire connaitre, de faire quelque chose d'original et d'en vouloir! Après, c'est sur, il n'y a pas beaucoup de garanties mais généralement, les investissements sont pas bien grands! Je trouve que ce statut peut être bon pour de nombreux étudiants, qui a coté de leurs cours, leur permet d entrer dans la vie professionnelle et d'avoir de nombreux contacts!
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Re: Les déçus de l'autoentreprenariat

Message non lu par mps » 24 janv. 2012, 16:30:50

Il suffit de lire l'article pour voir ce qui coince.

D'un côté, une fiscalité territoriale mal comprise : en principe, un indépendant débutant doit être exonéré de toutes charges sauf une petite cotisation sociale, du moins jusqu'à un certain seuil de bénéfices.

D'autre part, il ne suffit pas d'avoir une idée et envie de s'acheter une bagnole pour réussir dans ce domaine exigeant.
Ni de venir pleurer "qu'on n'a pas été encadré".

Aucune activité indépendante ne garantit le succès des amateurs ...
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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Re: Les déçus de l'autoentreprenariat

Message non lu par lyly » 24 janv. 2012, 16:40:46

Les gens que je connais et qui ont tenté de se " mettre à leur compte" ont pratiquement tous fini par renoncer.
Non pas qu'ils attendaient qu'on les tienne par la main ( ce que je trouve assez réducteur .. au passage .. ) mais plutot car ils ont, pour la pluaprt été clairement poussé par des organismes tel que pole emploi .... mais sans le suivi que cela demandait.
He oui ... pour gérer une entreprise, il faut un minimum d' encadrement quand on n'a pas d'experience !! du moins en France .. en Belgique, c'est peut être différent :D

Reprocher aux gens d'avoir esperé trop de soutien est totalement déplacé !
[hr]


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Re: Les déçus de l'autoentreprenariat

Message non lu par mps » 24 janv. 2012, 16:45:16

Etre indépendant demande d'être un athlète complet : bon gestionnaire, bon commercial, créatif, talentueux, volontaire ... Il y a forcément beaucoup d'appelés et peu d'élus.

Mon principe comme conseiller : tout faire pour décourager les gens, et se mobiliser fortement pour les aider s'ils persistent. Visiblement, votre Pôle Emploi a privilégié les statistiques sur la qualité.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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Re: Les déçus de l'autoentreprenariat

Message non lu par lyly » 24 janv. 2012, 16:56:52

mps a écrit :Etre indépendant demande d'être un athlète complet : bon gestionnaire, bon commercial, créatif, talentueux, volontaire ... Il y a forcément beaucoup d'appelés et peu d'élus.

Mon principe comme conseiller : tout faire pour décourager les gens, et se mobiliser fortement pour les aider s'ils persistent. Visiblement, votre Pôle Emploi a privilégié les statistiques sur la qualité.
Donc en gros, si tu rencontres un personne qui a de supers idées mais qui manque d'assurance, il va se faire remballer ?
ou est ce qu'il y a un soupçon de soutien pour leur apprendre les bases qui ne sont pas forcement " innées" .. ?
[hr]


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Vilaine
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Re: Les déçus de l'autoentreprenariat

Message non lu par Vilaine » 24 janv. 2012, 17:05:47

lancelot a écrit :
2 - du coté bizness : pas de récup de tva, l'autoentrepreneur ne peut être compétitif en étant 20% plus cher.
C'est surtout là le gros point négatif. L'accent n'est pas assez mis là-dessus dès le départ et pourtant tout se joue là ou presque. Un auto-entrepreneur, s'il veut s'en sortir, doit entreprendre sur du Service. Et non sur la vente de produits. Sinon en effet, avec la TVA non récupérable il ne peut s'aligner sur la concurrence, et c'est une partie perdue d'avance.
Le FN c'est caca.
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Re: Les déçus de l'autoentreprenariat

Message non lu par politicien » 24 janv. 2012, 17:11:49

Bonjour,

Oui mais par exemple les prestations de service sont imposés trimestriellement à 23% (13% pour les ventes de marchandises)
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