Ukraine, Géorgie, Moldavie : le conflit ukrainien pousse plusieurs pays à adhérer à l'Union européenne

[Camille]

Non, c'est complètement faux. Le parti au pouvoir s'était présenté comme pro-OTAN et pro-UE. Il a, je le rappelle, déposé une candidature d'adhésion à l'UE en 2022 (peut-être pour brouiller les pistes ?). Mais les élus ont retourné leur veste récemment.

Rêve géorgien est un parti politique favorable à une économie libérale et à un rapprochement avec l'Occident, l'OTAN et l'Union européenne, tout en étant résolument antirusse.
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%AAve_g%C3%A9orgien

Il n'y a pas d'appétence, au sein du peuple géorgien, pour vivre sous la chape de plomb russe, ou alors c'est très marginal.

Bidzina Ivanichvili, le chef de "Rêve georgien" jusqu'en 2021, est un oligarque pro-russe proche de Vladimir Poutine...
https://www.lepoint.fr/monde/bidzina-iv ... 217_24.php

C'est plus compliqué que ça, il entendait jouer sur les deux tableaux, à la fois normaliser ses relations avec la Russie et adhérer à l'OTAN. Quand il était Premier ministre, il ne pouvait pas se targuer d'une position va-t'en-guerre, le pays était militairement insignifiant (l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie ont plié en 7-10 jours) et le peuple craignait revivre ce cauchemar, comme celui d'un nouvel embargo. S'il voulait s'aligner sur les intérêts russes, il y a mieux à faire qu'annoncer qu'on veut rejoindre l'OTAN et l'UE. C'est un parti qui, globalement, a toujours été pro-occidental.

Après, il avait peut-être (et ça se confirme aujourd'hui) un agenda caché avec la Russie. Mais ce que je veux dire, c'est que le bénéfice du doute lui bénéficiait, et que les électeurs ne pouvaient pas vraiment le savoir. Il ne faut pas voir chez eux une quelconque envie de se soumettre à la Russie, même de la part des russophones (qui ne sont qu'une infime majorité de toute façon), puisque partager la même langue n'a jamais été synonyme de partager le même dessein politique. En l'espèce, le parti au pouvoir a gagné les élections de 2020 surtout parce que le gouvernement a bien géré la crise du Covid. Et on ignorait tout des intentions de la Russie vis-à-vis de l'Ukraine à ce moment-là.

[Yakiv]

Notez aussi que lors de la dernière présidentielle ukrainienne, Zelensky était vu comme conciliant vis-à-vis de la Russie, en tout cas bien plus que son adversaire, le sortant Porochenko.
C'est sûr et certain que si c'est Porochenko qui avait été réélu, on aurait dit qu'il portait la responsabilité de la guerre et que Zelensky l'aurait évité, car plus "ouvert" sur l'usage de la langue russe en Ukraine par exemple et sur un plan de paix au Donbass.
Cet article de France Info précise d'ailleurs son programme de l'époque :

• "Relancer le processus de paix avec la Russie"

• "Rompre avec "l'ukrainisation" "

https://www.francetvinfo.fr/monde/europ ... 09787.html

Et donc, ça n'a pas empêché la Russie de mener une guerre contre l'Ukraine...
Ce qui démontre bien qu'une orientation pro-occidentale prise par un ancien satellite de la Russie n'est pas le principal casus belli.
La Russie exige une soumission totale et inconditionnelle (ce qui était le cas sous Ianoukovitch).
Tous les gens qui prétendaient que ces pays devaient être "neutres" pour calmer la Russie ont donc eu tort.
La Russie a toujours procédé de cette manière, on est avec elle ou on est contre elle. C'est d'ailleurs régulièrement rappelé par des officiels russes qui évoquent la guerre de l'occident contre leur pays quand les occidentaux de manière un peu ridicule essaient quant à eux de soutenir le contraire.

Bref, je ne suis pas sûr que l'orientation récente prise par la Géorgie ne la rende pas plus instable qu'elle ne l'était déjà.

[Camille]

C'est une remarque très pertinente. Poutine, ancien officier du KGB, est insensible aux initiatives d'ouverture et de marques d'amitié comme celles proposées pour maintenir la paix. Pour être respecté de Poutine, il faut être craint par celui-ci. Donald Trump se vantait d'être craint, et prétend que s'il avait été réélu, Poutine n'aurait jamais enclenché de guerre en Ukraine. C'est du Trump habituel, mais étant donné sa personnalité borderline, jusqu'au-boutiste et imprévisible (comme durant l'incident diplomatique avec la Corée du Nord), ce n'est peut-être pas tout à fait faux.

À vrai dire, je me demande si on ne fait pas pire en voulant préserver à tout prix des relations cordiales avec la Russie. Quand je vois le Kazakhstan, qui commence à voler de ses propres ailes après avoir longtemps été sous la coupe de la Russie, et qui se fait qualifier de traître par cette dernière, je me dis qu'il est bon de garder des relations distantes avec ce pays. Les pays africains qui réclament la venue des Russes vont l'apprendre à leurs dépens.

[johanono]

Concernant la Géorgie, je n'ai pas bien suivi les fluctuations politiques de l'actuel Premier ministre. Si j'ai bien compris, il est en conflit avec la présidente Salomé Zourabichvili, perçue comme anti-russe et pro-occidentale, alors pourtant qu'ils appartiennent à la même coalition (Rêve géorgien").

Concernant l'Ukraine, la remarque de @Yakiv est tout à fait pertinente : l'apparent tropisme pro-russe de Zelensky n'a pas empêché l'invasion du pays par la Russie.

[Camille]

Pour être précise, la présidente a été soutenue par la coalition "Rêve géorgien" mais s'est présentée en tant qu'indépendante. Il faut dire que son principal adversaire, Grigol Vachadze, était lui plus radicalement anti-russe.

Mais les pouvoirs de la présidente restent limités, sans être insignifiants.

[Yakiv]

Le gouvernement géorgien a retiré son projet de loi.
Mais les manifestations se poursuivent malgré tout.