"Politicien national, toi qui entres ici avec l'intention de bien faire le travail pour lequel tu as été élu, abandonne tout espoir de gloire dans ton pays !" Ce mot d'ordre devrait être inscrit sur le fronton du Parlement européen. Car le seul organe de l'UE directement élu au suffrage universel a beau être généreux avec ses députés, il n'en est pas moins ingrat en termes de reconnaissance à l'extérieur. "Ce travail rend humble", reconnaît l'UMP Jean-Paul Gauzès.
Peu de gens à Paris connaissent cet eurodéputé, par ailleurs maire de la petite commune normande de Sainte-Agathe-d'Aliermont. À Bruxelles et à Strasbourg, Gauzès est connu pour son travail à l'influente commission parlementaire des Affaires économiques et monétaires, très impliquée dans les réformes de la zone euro. Il siège aux côtés de Sylvie Goulard, élue MoDem, dont le sérieux, la connaissance des dossiers et le sens du débat ne sont plus à démontrer... dans le cercle restreint des eurocrates et des diplomates en poste à Bruxelles. "Ils s'impliquent à fond dans leur job", reconnaît un diplomate. "C'est au niveau des commissions que se fait le travail de fond, c'est là où l'on peut influencer les décisions", explique Jean-Claude Gauzès. "Les réunions de la sous-commission Défense, que je préside, durent de quatre à sept heures. C'est un vrai boulot", précise Arnaud Danjean, de retour d'une mission au Mali.
"Voeu de chasteté médiatique"
Un tour d'horizon des statistiques du site spécialisé VoteWatch Europe, combiné à un sondage rapide à Bruxelles, permet de constater que les élus français sont dans la bonne moyenne, même si moins impliqués que les champions de l'assiduité, qui sont allemands. "C'est beaucoup mieux qu'avant", constate Alain Lamassoure, qui en est à son quatrième mandat. Le cas de ce président de la commission des Budgets est assez représentatif. Ancien député et deux fois ministre, il a plus ou moins disparu de l'écran radar des médias généralistes. "Ceux qui veulent bien faire leur boulot au niveau européen doivent faire voeu de chasteté médiatique", plaisante-t-il.
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Pire encore, ces pourfendeurs de "l'Europe apatride" ou de l'Europe monétariste et antisociale s'illustrent par leur absence lors des votes importants, comme récemment sur le budget de l'UE ou sur la réforme de la politique agricole commune : deux dossiers pourtant cruciaux pour la France. Au contraire des députés eurosceptiques britanniques, qui ne perdent aucune occasion d'user de leur vote et de leur droit de parole pour conspuer la construction européenne et tenter de faire avancer leur cause, "les Le Pen et Mélenchon ne défendent même pas leurs idées. Où était Mélenchon lorsque le Parlement a plafonné les bonus des banquiers ? Je ne l'ai pas entendu. Choquant !" juge Alain Lamassoure.
Il n'est pas le seul. José Bové s'en est pris au patron du Front de gauche dans la presse et sur son blog. Il s'indigne de ses appels à donner "un grand coup de balai politique", tout en se nourrissant sur la bête européenne. "Du balai pour qui ? Il se prend pour qui ? Il lance l'opprobre à tous les élus, alors qu'on est nombreux à bosser dur", s'étrangle l'élue EELV Michèle Rivasi. "Je n'ai appris qu'il siégeait au Parlement européen que lors de la campagne présidentielle française", rigole l'eurosceptique néerlandais Derk Jan Eppink. "Lui et les Le Pen utilisent l'argent et les structures du Parlement sans rien faire. S'ils étaient dans le privé, ils auraient été virés depuis longtemps."
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