Son physique de colosse - 114 kilos de muscles - passe difficilement inaperçu parmi les centaines de milliers de manifestants pro-européens rassemblés depuis vendredi sur la place de l'Indépendance de Kiev. Du haut de ses 2 mètres 02, il tient même la dragée haute aux forces de police antiémeute qui n'ont pas hésité à disperser violemment la foule samedi. Cet opposant se nomme Vitali Klitschko et n'est autre que le champion du monde de boxe en titre WBC des poids lourds. Sa présence au coeur des manifestations n'a rien de symbolique, puisqu'il en est l'un des leaders.
"J'appelle tout le monde à rester aujourd'hui sur la place" de l'Indépendance, a-t-il lancé dimanche soir aux manifestants, furieux que le président Viktor Ianoukovitch ait refusé de signer vendredi un accord d'association avec l'Union européenne. "Nous devons mobiliser tout le pays, ne pas perdre l'initiative. [...] Le gouvernement et le chef de l'État devraient démissionner", exige-t-il. Comment la terreur des rings s'est-elle retrouvée propulsée à la tête de la fronde anti-Ianoukovitch ?
Triple champion du monde
Ukrainien né en 1971 dans la République du Kirghizistan (Asie centrale), ce fils d'un colonel de l'armée de l'air soviétique arrive à Kiev à l'âge de 14 ans, après un passage en République tchèque. Pratiquant tout d'abord le kick boxing, le géant se passionne très vite pour la boxe anglaise, en compagnie de son frère cadet, Wladimir (qui deviendra également champion du monde, NDLR). Punch ravageur et technique imparable, sa progression est fulgurante. Deuxième aux championnats du monde amateurs de Berlin en 1995, il devient professionnel l'année suivante, avant de s'installer en Allemagne, où il boxe au sein de l'écurie Universum de Hambourg.
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Ambition présidentielle
Décrit comme un homme doux et modeste, derrière son regard de glace, l'opposant ne cache pas ses ambitions. Il a déjà annoncé sa candidature à la présidentielle de 2015. Un objectif réaliste, si l'on en croit les derniers sondages parus en octobre, qui le donnent vainqueur au second tour face à Viktor Ianoukovitch, lui aussi déjà candidat. Mais outre l'actuel président ukrainien, le chef de file d'Oudar devra également se méfier de ses "alliés" de l'opposition, bien décidés à ne pas laisser le champion du monde rafler leur candidature unique.
En témoigne le récent amendement, déposé en octobre au Parlement par un député du parti de Ioulia Timochenko, qui écarte de la prochaine présidentielle toute personne ne vivant pas de façon permanente en Ukraine, ce qui exclurait de fait Vitali Klitschko, qui est basé en Allemagne. C'est peu dire qu'en pro-européen convaincu - comme l'ensemble de l'opposition en Ukraine -, Klitschko a saisi l'opportunité du "non" du président Ianoukovitch à l'Europe pour relancer la contestation.
Devenu de fait le porte-parole le plus médiatique des manifestants, celui qui ne se promène jamais sans son hygiaphone ni son garde du corps - plus petit que lui - invite désormais les Ukrainiens à la grève générale pour forcer le pouvoir à la démission. "Son but est clairement de provoquer des élections parlementaires et présidentielle anticipées", analyse Ioulia Shukan. Entre-temps, le boxeur devra régler une question capitale. Absent des rings depuis août 2012, Vladimir Klitschko a jusqu'au 15 décembre prochain pour annoncer s'il défend sa couronne de champion du monde WBC, ou s'il raccroche définitivement les gants de boxe.
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